A une belle amie qui, après m'avoir lu, Ne pourra que savoir que ces strophes sont siennes.
Au premier temps, l’amant Avance doucement Son pas sur le plancher :
Il caresse sans voix Cette larme de bois Qui court sous les flambeaux
Pour se perdre toujours Dans les sombres contours De la nuit s’annonçant.
Il se tient, vigoureux Ce tout jeune amoureux, Sur son rameau penché
Face au grave visage Qui règne sans partage Sur son âme soumise.
Sur ses deux blanches joues Tombe une double roue Aux reflets de bordeaux ;
Et le galant ne voit Que son charmant minois Au bal assourdissant.
Elle entre dans la danse De son pas en cadence A tout égard promise ;
S’enflamment les regards Des hommes là épars : Quels ignobles corbeaux.
De son insigne grâce Mêlée de tant d’audace Soudain, elle s’élance.
Il l’observe tourner Dans le rythme acharné Des accords rugissant.
Et dans les airs ses ailes Se mêlent, se démêlent Quand sonnent les reprises.
Le clavecin d’ivoire Accompagne sa gloire Dans le soir qui s’avance.
Elle danse, elle danse, Et vogue dans sa transe Sur les lattes anciennes.
Telle la nef de Cumes Bravant la blanche écume Elle fend, elle brise
Le voile vermillon Qui tombe du plafond Et s’agite en tout sens.
Sans l’ombre d’un espoir, Il s’enfuit dans le noir A l’écart des danseurs.
Pour voir et pour entendre La musique pourfendre Les ombres de son cœur.
Tout cela, je le vis Dans les bourgs d’Italie A Rome et puis à Sienne.
J’assistais aux échos Des bals pontificaux Que l’on donnait à Sienne.
Et je vis cette danse, L’amant et son silence. Comme elle m’a plus, Sienne.
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