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Nouvelles confirmées : Entre deux eaux
Publié par Bacchus le 05-04-2013 22:40:00 ( 1270 lectures ) Articles du même auteur



pour celle qui ne mangera pas de crustacés, ce printemps.

C'est aussi simple que de voir le soleil se lever. On ouvre les yeux et on voit des rayons de lumière à travers les volets. Si l'idée est instantanée, elle n'en sera que plus savoureuse. " Je vais aller faire des oursins ! "
L'expression si elle n'est pas limpide, n'en est pas pour autant moins réjouissante : je viens de décider de me lever, de prendre tout mon petit matèriel qui se trouve dans un coin du grenier et de filer vers la route des Sanguinaires, à Santa Lina , qui, depuis des décennies, me voir surgir avec tout mon barda, comme ça, à l'improviste. J'ai toujours eu horreur des programmes établis d'avance.
Santa Lina à toujours été un petit coin de paradis, avant que les promoteurs ne lui règlent son compte. Mais il en reste toujours quelque chose : sa côte.Ils y penseront surement un jour...
En attendant, me voici , soleil surgissant derrière les montagnes , en train de descendre le petit chemin me menant au bord de l'eau.
J'ai, tant de fois, procédé à la même opération que mes pieds savent exactement sur quel rocher se poser, où bifurquer, où être prudent, et qu'en fait, je fonce vers MA plateforme avancée et que je m'y assoie d'un seul mouvement. Me voici les pieds dans l'eau qui clapote contre mes mollets. Ici, la mer est toujours d'huile, le matin, jusqu'à 11h-midi, quand le vent solaire commence à agiter la mer.
Je prends le temps de regarder autour de moi, toujours.
Sur ma droite, je vois la plage de Marinella , bordée du muret entourant la propriété de Tino Rossi, le " Scudo ". Derrière, au loin, le chapelet des iles Sanguinaires.
Sur ma gauche, au delà du Littoral d'Alaccio, je vois , après la tour de Capitello, où se rejoignent deux fleuves, la Gravona et le Prunelli, le collier de plages de sable longeant le Ricanto, Le bout de piste de Campo dell'Oro et Porticcio, petit village de villas que j'ai vu surgir du maquis, il y a déjà bien longtemps.
Tout cela sous un ciel bleu, mais d'un si beau bleu....et puis la mer qui s'en va encore plus vers le sud.

J'ai toujours beaucoup de plaisir à m'équiper, avant de me mettre à l'eau. Ce sont les gestes auxquels je pense durant l'hiver et que je peux enfin accomplir, pour de bon.: mes palmes, mon masque sur le front avec le tuba, mon poignard attaché à ma cheville gauche, ma fourche à deux dents, télescopique, que je fais fonctionner plusieurs fois pour la décoincer, et mon filet à deux anses, orange, parce que je le répère mieux sur le fond quand je le dépose pour batifoler , de temps en temps.

Je me laisse glisser dans l'eau, lentement, en ajustant mon masque..Et le monde change.Je suis alors transporté dans un univers de silence , de calme, de détente absolue, un monde dont je reconnais chaque rocher, chaque paroi, chaque goufre. Les couleurs ont un peu changé, avec les années , mais le fond est encore coloré , des traces de corail sont encore apparentes. Il y a cinquante ans, j'y trouvais de splendides nacres de 80 centimètres. Les jeunes ne savent même plus qu'elles ont existé là.
Mais je ne vous ai pas dit ! ( ah zut..Je l'ai dit plus haut ) Qu'est-ce que je viens chercher, ici, avec tout mon fourbi ? Mais des oursins, pardi ! Des oursins qui vivent là en colonies et qui n'auront surement pas le temps de se planquer en me reconnaissant !
Je fais d'abord un petit tour dans la petite crique, pour faire l'inventaire des bancs installés. Il y en a toujours beaucoup, vraiment beaucoup. L'endroit n'est pas visé par les professionnels du ramassage d'oursins, pour l'unique raison que son accès est un peu risqué pour leurs embarcations, à cause des rochers à fleur d'eau, et que des oursins, il y en a autant ailleurs. Bizarrement, je n'ai jamais vu quelqu'un d'autre que moi à cet endroit.
Je commence, paresseusement , ma cueillette. J'ai le coup de main. J'accroche un oursin avec ma fourche et je le transfère dans mon filet entrouvert. Il y en a tellement que je n'ai pas besoin de me presser. En une demie heure, j'aurai rempli mon filet : 10 à 12 douzaines environ, mais que des femelles !
Là, ça mérite un petit intermède.
Un des nombreux plaisirs qu'offrent les touristes, quand c'est la saison, c'est de voir leur maigre récolte, quand ils ont décidé de cueillir des oursins. Déjà, voir l'état de leurs mains, pleine d'aiguilles, voire leurs mollets ou leurs fesses est déjà un spectacle. Mais voir ce qu'ils ont ramené en est toujours un autre. Je ne sais pas comment ils se débrouillent pour trouver en un quart d'heure plus d'oursins mâles que je n'en verrai dans la saison ! Parce que, enfin, tout le monde sait bien que les mâles sont immangeables ! ( et imbuvables, tu dis, Lauriane ? )
Leçon :
Les mâles sont de gros timides qui ne s'aventurent au milieu des femelles qu'à une pèriode bien déterminée. Ils sont très discrets. On les reconnait à leur laideur : ( laisse-moi terminer, Lauriane ) . Tout petit corps riquiqui entouré de longues épines. Ils sont toujours noirâtres, souvent visqueux, et ont tendance à s'isoler les uns des aures.
Les femelles ? comme toutes les femelles, de toutes espèces. Dodues, prospères, un corps épais avec de petites aiguilles, et des couleurs, madame ! ça va du brun sombre au marron clair, avec des bêcheuses en violet, en roux, et puis une technique de drague à toute épreuve . C'est qu'on veut se faire remarquer, qu'on veut être plus belle que sa copine d'à côté ! alors, ça se met des bijoux, à la fortune du pot, des fanfreluches qui, soit dit en passant, permettent un répèrage sans équivoque pour un cueilleur: un petit coquillage posé sur les épines, une bricole originale trouvée au hasard des fonds, bout de plastique, de journal, de petites pierres colorées.Enfin, ça fait sa coquette.
Ben le parisien, il écoute toutes ces informations , la bouche ouverte, devant ses six ou sept mâles qu'il a ramené au prix de son sang et dont, de toutes façons, il cessera d'en tenter l'ouverture qu'après de nouvelles et douloureuses blessures.
Moi, m'en fiche: je continue.
De temps en temps, je pose mon filet au fond et je folâtre aux alentours. Quand j'aperçois un poulpe, je vais l'enquiquiner un peu. Ils sont curieux et méfiants, une associasion qui ne leur est pas toujours profitable. Moi , je les aime bien, au propre et au figuré, mais l'achat de sachets me suffit. Je les taquine avec ma fourche. Des fois, il y en a un qui s'énerve et qui s'enroule autour du tube, et il ne veut plus lâcher. J'essaie de l'arracher avec ma main et il s'enroule autour de mon poignet.ça fait un drôle d'effet de décoller ses ventouses.
Parfois aussi, pendant que je me déplace en regardant le fond, je vois une flêche noire qui me file sous le ventre: un cormoran qui est en train de pêcher. Ils sont marrants, les cormorans. Ils peuvent rester très longtemps sur un rocher, dans l'eau à regarder autour d'eux. J'ai remarqué que si je m'approche d'eux en nageant lentement, je peux arriver très près d'eux, à les toucher, mais dès que je me hisse sur le rocher, ils se débinent.
Rarement, je m'assoie sur un rocher à fleur d'eau et, à l'aide de mon poignard, j'ouvre quelques oursins que je déguste, en regardant autour de moi. Oh, c'est juste histoire de dire, parce que les oursins, si j'en ai ouvert des centaines pour les autres, je n'en raffole pas du tout. Ouaih , c'est dommage. Moi, j'attends plutôt le camembert.

Quand mon filet est plein , ou quand je sais que peu seront nécessaires pour cette fois, je regagne mon rocher de départ et, tranquillement, je regroupe mon matèriel et retourne à ma voiture qui, du haut du muret, en bord de route, m'a surveillé pendant toute ma pêche.

Et je retourne en ville, faire plaisir à quelqu'un.

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Auteur Commentaire en débat
Grenouille
Posté le: 06-04-2013 13:32  Mis à jour: 06-04-2013 16:02
Plume d'Or
Inscrit le: 22-01-2012
De: Alsace
Contributions: 317
 Re: Entre deux eaux
Bacchus, arrête, je vais déprimer ...

La jalousie n'est pas loin
Quand Bacchus parle d' oursins
Mais mon esprit vagabond
Me dit que c'est bon
De recevoir en pleine main
Les piquants des oursins
Merci pour cette pêche
De hérissons qui alléchent
couscous
Posté le: 06-04-2013 13:51  Mis à jour: 06-04-2013 13:51
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Entre deux eaux
Comme toi, je préfère le camembert aux fruits de mer !
Bacchus
Posté le: 06-04-2013 19:57  Mis à jour: 07-04-2013 01:23
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Entre deux eaux
Du temps de ma prime jeunesse,
En pêchant, je m' étais perché
Pour un instant, sur un rocher,
Dans le feu de mon allégresse.
En m'asseyant, je le confesse,
J'aurais dû un peu me pencher,
Voir si un oursin y nichait :
Il s'installa sur mes deux fesses...
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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