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Nouvelles : La Cité des leurres
Publié par Ahmed le 06-04-2013 10:39:21 ( 1174 lectures ) Articles du même auteur



La Cité des leurres

Roman écrit en arabe par Ahmed Khettaoui
Traduit au français par Ben Adam Abdessabor

5°partie

Il détecta, de loin, un autre morceau de viande de porc qui se faisait rôtir, sur un feu pareil au précédent et au même endroit…
Les signes précurseurs de la soirée, imminente en son imagination, le stupéfiaient, alors qu’il donnât à ses pas le départ vers le bar…
Sa toque juive fut l’objet d’un jeu que se donnait un vent soufflant subitement… Il y mit sa main gauche pour la retenir…
Il perçut une étincelle de pensée qui le fit voyager, virtuellement, vers son ami Moh… Il l’avait accompagné d’El-Bayyadh (ex-Géryville) à Marseille, sur un bateau de fortune, usé, dégradé… L’objet de ce voyage était de revoir ses affaires à la Courneuve…
Il ramassa ainsi des fragments de souvenirs qui s’étaient dérobés de sa mémoire… Il revit les étapes de son parcours dans la vie… Il craignait qu’il tombât un jour dans les mains de la police française, pour ses récidives dans la drogue et ses vols de bagages d’émigrés et de leur argent…
Enfin, il entra au bar… Il s’assit au fin fond du comptoir, ne saluant personne… Zona la Méditerranéenne était là, en train de nettoyer les parties du bar près desquelles il campait habituellement… Elle lui lança un sourire malicieux qu’il déchiffra avant qu’il lui arrive, (un message codé)…
D’un regard perçant, il la dévoila longuement avant de faire signe au garçon pour qu’il lui versât des doses de « Ricard » dans son verre… Ce qu’il fit…
L’effet se vit immédiatement dans ses yeux…
Tous ses espoirs, ses vœux et ses souhaits se déversèrent dans sa coupe… La mousse de ce moment éphémère et de désespoir l’attire graduellement vers un abîme, une noyade dans un verre plein de whisky, tandis que le serveur lui remit une cigarette bourrée de drogue, tout en lui chuchotant à l’oreille : « C’est un cadeau de Zona la Méditerranéenne, ((«encore plus s’ensuivra !... »…)) = ((« chi lli jeyy kther !...» !... ».. ))… Il enfourcha la croupe de son imagination et de ses illusions, tandis que la fumée des cigarettes, bourrées ou non, s’étalaient pour s’accaparer de toute l’atmosphère du bar… Il ne fit pas attention aux regards et aux attentes de Zona la Méditerranéenne qui continuait à rôtir la tranche de viande de porc… Il s’efforça de dire, avec une voix rauque malmenée par des doses de whisky : «C’est à qui ce morceau de viande ???... »… Le garçon lui répondit : «C’est
Zona la Méditerranéenne qui le poivre au pigment fort, nul doute qu’elle… »,mais il se tut…
-« Que la malédiction frappe la sotte !!!... »rétorqua Larbi, en criant, à haute voix…
Ce qui attira Zona la Méditerranéenne qui se tourna vers lui brusquement…, faisant tomber le balai de sa main… Elle le reposa dans un coin du bar… Elle reprit sa besogne en soufflant sur la braise, afin d’activer le rôtissage…, tout en fredonnant un air d’un morceau d’une chanson de l’artiste populaire marocaine Cheïkha el-Hamdaouiya…
((« èf-hèmhè têyera » = « Il l’a comprise, volante»))… Il s’empressa d’avaler, à sec, des gorgées de « Ricard », sans eau, qu’il couronna en aspirant longuement de sa cigarette bourrée…
L’absorbant, la résorbant, un instant, puis la déversant dans ces chaleurs extrêmes de midi, là où le soleil est au zénith, de même que dans son exil à lui, et dans son exil à elle…Les cris des vendeurs et des vendeuses l’avaient étouffé, au-delà des comptoirs…, dans les couloirs et les galeries des bars, dans les ruelles de Barbès, dans quelques-uns de ses ascenseurs, et de ses rampes d’accès… Il déversa cet instant d’extase, de saoulerie, dans le « Ricard » du moment même, sans eau… Ainsi que dans les aléas des exils…Il s’était montré hautain envers elle, elle s était montrée arrogante envers lui…
« Lèffèhoumê dhêtè leylètine, lihêfoun mouchtèrèk »((= « Une certaine nuit, un même drap les enveloppa… »)) … Il déversa son présent, à elle, dans ce qui restait de la mousse de son deuxième verre, empli, sans eau, par le garçon à qui il ordonna…
Tandis que s’était accrochée à sa mémoire la discussion sur la partie principale d’un livre, « El-Mètn El-Ghê-ib » d’Ibn El-Arabi ((= « le corpus absent ou introuvable »)), et un exemplaire du livre« Les misérables » de Victor HUGO, que lui avait donné, en cadeau, son instituteur français Devoischel, au village, alors qu’il n’eût que neuf ans…
Il ne savait pas, à l’époque, le sens d’un cadeau, d’un don, d’un présent, et la véritable portée d’un livre… Ce qui l’emmena à offrir le livre à El-Hadj Miloud « l’hwennty » (( = « l’épicier »)), qui était le bourgeois de la cité… Ce dernier ne sut qu’en faire, il départagea le livre en feuilles volantes pour emballer les arachides et les pois chiches aux petits enfants vendeurs, et desquels, il faisait partie…
Il s’est aussi souvenu des « Mille vers » (poésie) d’Ibn-Mâlik, d’El-Ajromiya, et ce qu’il put se rappeler du Saint-Coran…
Il en avait appris les trois-quarts (environ 45 chapitres ou 45 Hizb)… Malheureusement, tous les Versets se retirèrent de sa mémoire, la conduite et l’orientation qu’il épousa, par la suite, furent la cause… Il se rappela aussi de Ghassâne Kenèfêny (Ghassan Kanafani) sur l’autre trottoir de la vie, de même que cette terre d’oranges si triste, car exilée entre les cimetières d’outils usés, d’appareils, (de boulonneries de quincailleries, (parce que ne servant plus à rien), une tranche de viande de porc, un jus de fantômes, et d’oranges noyant des coupes)…
Et, d’un geste extrême, il étreignit cet instant, ce moment, le rapprochant encore plus de sa poitrine… Il l’enlaça avec passion et amour comme s’il venait de retrouver un étranger perdu, depuis un certain temps, dans les marais, dans une boue visqueuse …
A suivre

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Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 08-04-2013 16:05  Mis à jour: 08-04-2013 16:05
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: La Cité des leurres
L'écriture est de plus en plus facile à lire, mais toujours les noms de personnes sont très difficiles à retenir.
Et toujours un sourire en lisant l'expression "saint-coran", saint-coran, sainte-bible' ces précautions oratoires, pour moi qui ne suis pas du tout croyante, comme pour tous les non-croyants, ont quelque chose de surannées pour ne pas dire plus.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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