Moi qui suis né esclave de l'Amour désespéré, je dédie ces quelques lignes à celle qui, dans son infinie bonté ; a su déceler les multiples cicatrices dont mon corps et mon Ame sont parsemées. Car, si aujourd'hui, je ne suis plus cet écorché vif hurlant sans cesse son désespoir à la face du Monde ; c'est uniquement parce qu'un jour, mon Aimée a oser regarder plus loin que cette apparence inféconde ; dont le Destin m'a doté sans que je puisse jamais m'en débarrasser.
O Dieux, combien j'aurai aimé briller aux yeux de ces femmes que j'ai tant adoré ; au point de me fourvoyer aux fins fonds des basses-fosses les plus tourmentés. J'y ai croisé tant de fantômes aux doigts glacés par le désir de m'envoyer ; au sein de cet Au-delà où n'existe ni Avenir ni Passé ; que je ne sais si j'aurai été en capacité d'affronter ; cette folie Démoniaque sans ce bouclier idéalisé qu'elle a par sa présence matérialisé. O Seigneurs, combien j'aurai désiré être cet Homme qu'elles ont tant cherché sans jamais l'avoir trouvé ; afin de les honorer de ce que j'ai toujours dissimulé aux tréfonds de mon Cœur enfiévré. Mais, je ne suis pas un idiot, du moins je l'espère du plus profond de mon Etre ; et je suis parfaitement conscient que celles m'ayant chassé de leur horizon dans le but avoué de séduire d'autres Maitres ; se sont souvent ri, hors de ma présence, de mes traits couturés de stigmates safranés. Et il n'y en a qu'une qui a réalisé que si j'étais incapable de franchir ces murs intérieurs que ces femmes ont progressivement dressé ; autour de moi, pour bâtir cette prison dorée au centre de laquelle j'ai longtemps été enfermé ; c'est uniquement parce que je n'ai pas pu leur échapper.
J'ai donc dû, des années durant, et sans possibilité de me protéger de leurs griffes acérées ; me défendre sans répit contre des sentiments profondément ancrés ; aux tréfonds de ma personnalité mutilée. Et, chaque nuit enténébrée, lorsque le silence et la solitude m'enveloppaient de leurs ombres pétrifiées ; je n'ai eu d'autre choix que de pleurer cette impossibilité de partager cet émoi condamné. Puis, de plonger lentement et irrémédiablement au sein d'Abysses infinies ; qui, à l'heure actuelle encore, n'ont pas entièrement quitté mon Esprit angoissé.
Alors, lorsque mon Aimée a posé les yeux sur cette Créature frêle et contrefaite ; et ne l'a aucunement jugée indigne des puissants sentiments qu'elle tentait à l'issue de ses multiples défaites ; d'arracher de son Cœur mille fois maudit ; je me suis interdit de croire en ce miracle qui m'a si longtemps été interdit. Je me suis écroulé devant elle, craignant d'être puni par l'impudence d'avoir entrepris la conquête ; de cette Aimée jadis inaccessible au commun en Quête d'Absolu.
C'est pour cette raison que, depuis lors, je me bat parfois jusqu'a la dernière goutte de mon sang ; afin de lui offrir en permanence le plus beau de présent. Et si un jour, je dois vendre mon Ame au Diable dans le but de la satisfaire ou de lui plaire ; je ne reculerai pas devant ce sacrifice ultime et volontaire. Je marcherai sans l'ombre d'un regret en direction de l'Antre de la Mort ; je traverserai les cloaques aux pièges fatals et aux odeurs nauséabondes ; je gravirai les plus hautes cimes enneigées, je franchirai les déserts les plus arides où abondent ; monstres cauchemardesques et douleurs immondes ; afin de pourvoir au bonheur de celle ayant attaché son existence à la mienne...
Dominique