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Nouvelles : La vie est un manège (chapitre 4)
Publié par aliv le 28-04-2013 12:30:00 ( 1149 lectures ) Articles du même auteur



Chapitre 4 : Un geste incontrôlable


Deux semaines plus tard, Dimanche, 10h00

Je suis en retard, et pour dire la vérité cela ne m'arrive pas souvent. D'habitude j'arrive vers neuf heures trente, alors que je ne commence qu'à dix heures trente. Je vais rapidement mettre ma tenue et ensuite je me mets en route pour récupérer mes clés et ma radio. Je pénètre dans le bâtiment préconstruit. Je fais face à un petit comptoir que je relève pour passer. J'aperçois Gary qui est assis sur son bureau, l'air grave. Je m'approche, j'attrape ma radio, la mets autour du cou et retourne vers la sortie. Mais une force invisible et très puissante me fait me retourner. Je me mords légèrement la lèvre inférieure et reviens sur mes pas. Je prends place à côté de l'homme et j'attends je ne sais pas trop quoi. Je ne veux pas le déranger. Je préfère qu'il fasse le premier pas. Je prends le temps de détailler sa musculature parfaite, ses yeux noisette, son nez fin, ses minces lèvres...

Enfin il tourne la tête vers moi. Ses yeux sourient à la place de sa bouche. Je crois savoir ce qui ne va pas alors je lui dis :
- j'ai appris que c'est toi qui remplaces Christophe.
- Malheureusement, répond-il tristement.
- C'est gentil pour nous, opérateurs de manèges.
- Tu sais bien que je préfère être au poste. C'est mon métier, aider, soigner les gens, argumente-t-il.
- Mais attend, tu feras la même chose. Tu vas nous aider. Tu es le seul dans ce parc à faire attention à nous, à prendre en considération nos dires. Si l'un de nous est blessé, malade, tu es le premier sur les lieux. On est tous content que ça soit toi qui le remplace. On a confiance en toi, explique-je avec douceur.

Il ne répond pas. Il se contente d'afficher un sourire. Je peux apercevoir une dentition blanche et parfaite sans le moindre problème.
- Et toi, comment tu vas ? Me demande-t-il.
- Moi très bien. Il n'y a rien à signaler du côté de ma cheville.
- Ce n'est pas de cela dont je parlais. j'ai appris que tu avais abandonné tes études.
Je souffle d'exaspération et ajoute :
- je n'ai pas eu le choix.
Je remarque de l'incompréhension dans son regard alors je lui explique ma situation.
- Pour faire court, pour continuer ma formation je devais avoir un stage mais il s'avère que le directeur du lieu ou j'étais à refuser de me reconduire. Donc pas de stage, pas de deuxième année. Je n'ai pas pu expliquer cela à mon père. Tu le connais c'est une tête de mule.
- J'en connais une autre, me rétorque-t-il en riant.
Je lui rends sa risette puis je continue quelque peu dépitée par la situation dans laquelle je suis :
- et puis cela ne me plaisait pas. J'ai repris les études pour ne plus avoir mon père sur le dos. En ce moment je cherche du travail, vu que la saison au parc est bientôt terminée mais, ce n'est pas facile. Sans parler que je suis obligée d'entamer mes économies pour payer mon loyer. J'espère trouver assez rapidement.
- Je sais que tu vas trouver. Tu as de grandes capacités, tu es courageuse. Soit tu as un caractère bien trempé mais tu as un grand cœur.

Sur ses paroles réconfortantes, je sens mes joues chauffer. Je plante mon regard dans le sien et le remercie en bégayant des mots indéfinissables. Un sourire apparaît sur son visage marqué par l'âge. Je ne peux plus m'empêcher de suivre ses lèvres du regard. Il me parle, je vois sa bouche remuer mais je n'entends rien. Je me demande bien quel goût elles peuvent avoir. Soudain, je pose mon index sur sa lippe le stoppant net. Je m'approche lentement puis dépose mes lèvres sur les siennes. Je le sens légèrement se raidir alors je me retire. Mes joues se teintent en rouge, une chaleur suffocante s'insinue en moi, je baisse les yeux car je discerne son regard sur moi. Avant qu'il ne dise mot, je me lève et sors précipitamment du bureau.

En sortant, la pluie me gifle le visage mais cela ne m'empêche pas de courir. De courir le plus loin possible de moi, de ma débilité, de mes actes, de mes choix. Malgré le froid qui me tiraille les entrailles, je sens une chaude larme s'échapper sur ma joue.

000


Ma première journée en tant que chef des opérateurs manèges commence. Il y a déjà deux absents. Je dois retourner encore et encore le planning de distribution des attractions pour trouver une solution. Je préfère faire mon inventaire au poste de secours plutôt de me prendre la tête avec cela. J'attends la porte s'ouvrir, je ne prends même pas la peine de lever les yeux de mon document. Une présence s'approche de moi puis s'installe à côté. Je me sens observer, m'obligeant à relever la tête. La première chose que je croise ce sont ses yeux amande. Une discussion s'engage sur mon changement de poste. Ses paroles rendent le poids que j'ai sur les épaules plus léger. Elle me parle de son problème. J'essaie de la rassurer au maximum mais, elle me coupe en déposant son index sur mes lèvres. Son visage se rapproche du mien. Je sais ce qui va arriver. Je dois l'empêcher mais je ne fais rien. Je la laisse m'embrasser. Avant même de dire un mot, elle est dehors. Je fixe la porte toute en effleurant ma lèvre du bout des doigts. J'aurais voulu que cela dure un peu plus longtemps...


000


Dimanche, 12h00

J'ai passé une heure et demie aux manèges avec un manque certain de concentration. Une vérification des tailles superflues, des enfants mal attachés, oubli de mettre le manège en route et j'en passe. Heureusement que ma collègue était présente pour corriger mes étourderies. Mon esprit ressasse sans cesse mon comportement envers Gary.

Alors que les attractions ferment leurs portes pour la pause déjeuner, je m'engouffre dans la cabine et retire cette monstrueuse robe violette, qui me va trois fois trop grande. Pour Halloween on a le choix entre cette tenue difforme ou mettre nos propres costumes. Aujourd'hui je n'étais pas d'humeur à me ridiculiser davantage.

Des rayons de soleil arrivent à traverser les gros nuages gris. Je décide de ne pas mettre la veste du parc et m'en vais chercher mon repas au snack le plus proche du réfectoire. Je me colle à la barrière en bois pour laisser passer les chevaux et les cow-boys qui se préparent pour la parade de treize heures.
La terrasse du restaurant apparaît sur ma droite, j'emprunte l'allée. Je vais pour entrer dans le lieu quand je l'aperçois, accoudé au comptoir, parlant à son ami. Je veux faire demi-tour, mais mon ventre désire le contraire. Je m'avance droit vers l'homme enrobé, portant une tignasse blonde, sans donner un regard sur le côté. Je sens mes joues devenir brûlantes.

- Bonjour princesse, me lance le patron du snack. Tu as commandé pour midi? Me demande-t-il avec un sourire.
Je lui réponds positivement. Il sort de derrière son comptoir et se dirige vers la cuisine. Je n'entends pas ce qu'il dit. La présence à côté de moi me met mal à l'aise. Je sens son regard sur moi. Il n'est pas dur mais plutôt peiné, calme.
- Tout va bien ? Me demande-t-il enfin.
Je me retourne malgré moi vers la voix. Immédiatement ses yeux me transpercent le cœur et je fonds comme neige au soleil. De la tête j'affirme un oui mais mes traits disent le contraire. Je me mords la lèvre inférieure puis je lâche faiblement :
- je suis désolée pour ce matin.
Il fait un pas vers moi et m'enlève la mèche de cheveux brune qui obscurcit légèrement ma vue.
- Tout est oublié, me souffle-t-il avec un mince sourire plus pour me rassurer.
Je lui rends sa risette. Je prends mon repas, paie ma commande puis m'en vais. Au moment de sortir je m'immobilise et jette un dernier coup d'œil à mon secouriste. Il parle de nouveau avec le blond mais sentant qu'on l'observe, il tourne la tête vers moi et me sourit de nouveau.
Je rougis, baisse le regard puis me retire pour de bon cette fois.

La journée se passe très calmement malgré le fait que je n'arrive pas à m'enlever Gary de la tête. Je vois en permanence son regard intense avec cette flamme qui brûle de vie, sa fine et douce bouche, sa petite moustache qui m'a délicatement chatouillée quand je l'ai embrassé...

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Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 29-04-2013 05:38  Mis à jour: 29-04-2013 05:38
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: La vie est un manège (chapitre 4)
C'est la partie qui devient intéressante. Tiens, Gary a une moustache !
"Les enfants mal attachés", l'amour est dangereux pour les autres ;). En même temps, si le manère n'est pas démarré, il n'y a aucun risque à part faire des déçus ...

Merci
aliv
Posté le: 01-05-2013 21:13  Mis à jour: 01-05-2013 21:13
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: La vie est un manège (chapitre 4)
Toujours au rendez-vous.
Merci de me suivre.
Loriane
Posté le: 06-05-2013 18:59  Mis à jour: 06-05-2013 19:00
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: La vie est un manège (chapitre 4)
Bravo, les filles qui prennent l'initiative, c'est tout bon. Au canada c'est souvent comme ça, les filles draguent les premières.
Je trouve la partie des réflexions de Gary un peu timide, réservée.

Je suis en retardPour dire la vérité pas tellement.

La phrase me parait un peu maladroite, comme si il manquait quelques mots de précisions.
Comme :
Ce matin là, je suis en retard, et pour dire la vérité cela ne m'arrive pas souvent.
Comme chante Nicolletta," ma vie est un manège ..."
Merci
aliv
Posté le: 06-05-2013 20:45  Mis à jour: 06-05-2013 20:45
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: La vie est un manège (chapitre 4)
Merci Loriane pour ton commentaire je vais aller changer la phrase tout de suite, maintenant que tu m'en as fait la remarque, je la trouve bancal moi aussi.
Alisée
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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