Il y a dans le port quand paraît le matin
Sur les mâts quelques teintes de carmin.

Il y a dans le port d'innombrables voilages
Qui enchantent nos rêves, nos mirages.

Il y a dans le port les marins, les navires
Qui font tanguer nos songes d'avenir.

Il y a dans le port cet invite des barges
Qui appelle mon être vers le large.

Il y a dans le port lorsque monte le soir
Dans les embruns de la mer quelque espoir.

Il y a dans le port des centaines de voiles
Que fait hurler le vent sous les étoiles.

Mais mon pays jaloux enchaînent mes chevilles
M'empêchant de rejoindre la flottille.

Il me dit les beautés de ses hautes montagnes,
De ses forêts, ses vallons, sa campagne ;

Je me tais et j'écoute et je vois ces merveilles
Qui jaillissent sous mes yeux, sans pareil.

Je demeure éblouis devant ma belle terre
Que je n'abandonnerai pour la mer.

Je ne peux que rester sous mes cieux allongés
Avec les chants des marins pour songer.