| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Accueil >> xnews >> Le grand mensonge ( suite et fin) - Nouvelles - Textes
Nouvelles : Le grand mensonge ( suite et fin)
Publié par Salimbye le 09-08-2013 04:51:34 ( 978 lectures ) Articles du même auteur



VIII- Depuis le jour où la situation socio-économique de l'instituteur avait commencé à évoluer positivement, beaucoup de familles se lancèrent dans des stratégies inextricablement compliquées pour le marier. On n'hésitait pas à lui faire envoyer des repas par des filles légèrement habillées et exagérément maquillées. Toutes les femmes de la tribu, déterminées, quel que soit le prix, à avoir le mistrou comme gendre, exigeaient de leurs filles qu'elles restent avec lui jusqu'à ce qu'il ait fini son repas pour …rapporter les ustensiles. Il fallait bien que quelqu'un (ou quelqu'une) lui tînt compagnie afin qu'il puisse manger à son aise.
Mais le maître demeurait insensible à toutes ces offres indirectement généreuses : la veuve Batoul qui venait chaque soir, vers vingt-et-une heures, chercher sa bougie, comblait largement certains de ses besoins.
Cette fois, le vieil homme s’est mis debout pour s’adresser à moi dans l’intention de me prendre à témoin :
-Comment voulez vous que je reste calme ? Voilà, le narrateur qui commence lui aussi à médire sur nos femmes et nos filles. A l’entendre parler ainsi, vous allez croire que nos adolescentes courent derrière le premier étranger qui vient chez nous. Ce qui est tout à fait faux.
- J’ai fait remarquer au cheikh que nous n’étions pas dans un tribunal. Je lui ai rappelé que c’était, lui-même, qui avait exigé la liberté d’expression des personnages, qu’il pouvait lui aussi dire ce qu’il voulait, sans gêne au sujet de l’instituteur.
- Et bien, si c’est comme ça, moi, je vais vous dire ce qui s’est passé ensuite.
« Va-y ! Nous t’écoutons ».

IX- Le jour où le pays allait organiser ses premières élections parlementaires, l'instituteur a compris rapidement que son heure de gloire avait sonné. Il ne devait en aucune manière rater cette occasion inespérée. Pour parvenir à son objectif, il demanda à ma femme la main de ma fille. Le mariage a été célébré dans l'intimité. Et mon gendre, que voici, s'est installé avec son épouse chez moi.
- C’est toi qui as exigé qu’on s’installe chez toi, a déclaré l’ex-instituteur d’une voix gênée. Tu avais peur du qu’en dira-t-on. Le gendre du représentant des autorités habite dans une salle de classe délabrée !
Tous les documents nécessaires pour la constitution de son dossier de candidature parlementaire libre et sans étiquette politique ont été produits d'une manière difficile. Certains ne se gênaient pas à répéter que tous les papiers de ce dossiers étaient faux ou produits d’une manière douteuse. Et voilà comment il récompense aujourd’hui notre tribu.
L'instituteur se consacra alors, corps et âme, à sa campagne électorale. Il insista auprès des habitants sur un seul point essentiel et déterminant : il userait de tout son poids auprès du gouvernement pour faire sortir des entrailles de la terre leur richesse tant attendue. Les ouvriers, ceux qui ne possédaient pas de terres n’étaient pas très enthousiastes. Alors, le cheikh collecta une certaine somme d’argent auprès de tous les paysans pour acheter les voix des indécis. Il promit à ces derniers un pourcentage sur les revenus de l’or noir.
Tout le monde était content.
Les Mrahis étaient fiers de leur futur représentant.
Le jour du scrutin, l’ex-mistrou devança largement tous ses adversaires.
- Tu as vendu alors tous tes biens, y compris l'école, et t’es acheté une somptueuse limousine noire. Ma fille qui était sans doute de connivence avec toi, s’est rendue en ville - la veille de votre départ pour la capitale - pour se faire couper les cheveux. Elle en a ramené une grosse boîte de maquillage qui a rendu les jeunes filles de la tribu toutes blêmes.
Elle a même abandonné définitivement le port du foulard ».
Le vieil homme continuait à accuser son gendre. Il lui reprochait d’avoir induit toute la tribu en erreur. Ils en sont venus aux mains.
Voulant attraper le mistrou par le col de sa djellaba, le cheikh a renversé la table qui me servait de bureau. Quelques livres sont tombés par terre. Le portrait de ma femme qui trônait sur la table a été piétiné et cassé. Un portrait auquel je tenais beaucoup, car, chaque fois que ma femme s’emportait contre moi, je commençais à l’épousseter. Et ce geste simple mais plein de sens, finissait toujours par la calmer.
Les deux personnages criaient. Ils roulaient comme deux bisons en période de rut, renversant tout ce qui se trouvait autour d’eux.
Ayant entendu le bruit, ma femme et mes deux enfants sont arrivés en courant. Mon bureau était sens dessus dessous.
Le jour où j’allais quitter la clinique psychiatrique, le médecin traitant m’a ordonné de ne plus m’isoler dans ma petite chambre située au fond du jardin. Il a averti ma femme et mes deux enfants que de telles crises pourraient m’être fatales.

M. LAABALI


Article précédent Article suivant Imprimer Transmettre cet article à un(e) ami(e) Générer un PDF à partir de cet article
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
70 Personne(s) en ligne (25 Personne(s) connectée(s) sur Textes)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 70

Plus ...