| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Accueil >> xnews >> Azéline - Nouvelles - Textes
Nouvelles : Azéline
Publié par arielleffe le 11-08-2013 18:00:00 ( 1185 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles



Chapitre 1

Beryl est à l’hôpital, le neurologue entre dans sa chambre suivi de trois jeunes filles. Il est souriant, mais vient généralement seul, il doit avoir les résultats des examens, et ça doit être sérieux :

« Bonjour ma belle Beryl, vous avez vu ? dit il à ses collègues,

« belle » et « Béryl », ça commence pareil ! Bon, j’ai les résultats de l’IRM, et c’est bien ce que nous pensions, ma jolie Béryl, vous avez fait un AVC. Vous avez eu beaucoup de chance de vous en sortir aussi bien ».

Sous le choc, Béryl sent une chaleur bizarre l’envahir, et sa chemise de nuit se retrouve complètement trempée de sueur. Il l’a rassure :

« Vous n’en ferez probablement pas d’autres, tout cela est dû à la pilule que vous preniez, vous avez arrêté n’est-ce pas ? »,

« Oui, oui, vous m’aviez dit de ne plus la prendre à mon entrée à l’hôpital, j’ai suivi vos conseils. »
« Maintenant tout va rentrer dans l’ordre », il se tourne vers les trois jeunes femmes qui se nomment Laetitia, Agnès et Chloé,

« vous voyez ? cette jeune personne n’a pas du tout le profil de quelqu’un qui peut faire un Accident Vasculaire Cérébral, elle est encore jeune, n’a pas de problème de poids, fait du sport, et pourtant si on regarde l’IRM, il n’y a aucun doute possible."

Il montre la radio à Béryl, on voit une tache noire sur l’hémisphère droit de son cerveau. Son dos, son bras gauche, sa main et une partie de son visage sont encore insensibles, mais le spécialiste lui assure que tout ira bien, elle a 99 % de chances de récupérer complètement, et il lui dit en riant que si elle avait autant de chances de gagner au loto, il faudrait qu’elle joue tout de suite.
L’équipe s’en va, et Béryl reste seule dans sa chambre, elle a l’impression d’avoir échappé à un accident de la circulation très grave : une voiture serait arrivée en face d’elle sur l’autoroute, et elle aurait tout simplement réussi à l’éviter. Ce qui était bizarre c’est que malgré sa blessure, mon cerveau semblait fonctionner tout à fait normalement.
Elle appelle Florent pour lui annoncer la nouvelle, il est au lycée et elle sent l’affolement dans sa voix :
« j’arrive tout de suite ».
Elle essaie de se remémorer la journée où tout a commencé.

Nous sommes vendredi, il pleut encore aujourd’hui, Béryl a plein de choses à faire, et elle est fatiguée. Cela fait un an que ça dure, elle dort, et plus elle dort et plus elle est fatiguée. Et toutes ces heures supplémentaires qu’il faut faire pour subvenir aux besoins de la famille. Charlotte doit continuer ses études supérieures, ça marche pour elle, il faut que Béryl tienne encore un peu. Axel se débrouille, il gagne de l’argent l’été.
Allez, on y va ! Arrivée au lycée à 7h45, elle croise ses charmants collègues d’anglais, qui tournent la tête en la voyant arriver, elle regarde dans son casier, rien, des courriers qu’elle a déjà reçus par la messagerie officielle. Elle est professeure d’anglais dans un lycée professionnel et chaque journée commence comme un combat.
Elle entre dans sa classe, la clenche de la porte a été sciée à l’intérieur de la classe, bizarre. La première classe entre dans la salle,

« Bonjour Madame ça va aujourd’hui ? »,

« Pas mal et vous ? »

« Ca ira mieux ce soir après l’école ».

Elle écrit la date au tableau puis quelques phrases. Au programme aujourd’hui, le futur :
- I am taking the shuttle today at 2 pm.
- I will get married when I am 30 with an English girl.
- I am going to become a car body builder in the UK.

Les élèves doivent examiner les structures des phrases et en déduire les règles de grammaire, ils finissent par la traduction. Le mot « shuttle » pose problème. Béryl explique que c’est le nom du train qui emprunte le tunnel sous la Manche.
Pierre s’écrie,

« un tunnel sous la Manche c’est nouveau ! ».
La construction du tunnel a dû commencer au moment de sa naissance, et Pierre a déjà au moins 18 ans…
Béryl n’est plus étonnée par ce genre de réaction, elle a parfois l’impression que ses élèves vivent dans un autre monde, un monde où on mange, on boit, on dort, mais où on parle le moins possible, et où on évite de faire fonctionner son cerveau.

« Non Pierre ça n’est pas nouveau, le tunnel existe depuis une vingtaine d’années, on met la voiture dans un train, et on voyage sous la mer ».

Pierre est perplexe. Le professeur et ses élèves rentrent dans le détail des explications grammaticales, quand il s’écrie :

« mais alors par la fenêtre, on voit les poissons ! ».

Le monde de Némo s’ouvre devant lui, Béryl voit à sa tête, qu’il s’imagine dans un train voyageant sous la mer, au milieu des algues et des poissons. Elle fait un dessin au tableau et lui montre ainsi qu’aux autres qui semblent incrédules, que l’on peut creuser sous le fond de la mer, et que les trains sont parfaitement au sec. La plupart des garçons (il n’y a pas de filles dans la classe) découvrent que la mer possède un fond en terre … Dans leur imaginaire, la mer n’a pas de fond, elle continue jusqu’au centre de la terre.

La sonnerie retentit, c’est une petite mélodie qui rappelle les contes de fée, on a l’impression que les nains de Blanche Neige viennent de débarquer dans les couloirs du lycée. Les élèves se précipitent vers la porte, et John commence à paniquer,

« Madame, on ne peut pas ouvrir la porte, il n’y a plus de poignée ! »,

Béryl doit intervenir rapidement avant qu’ils ne décident de défoncer la porte, ils sont 28 et tous agglutinés devant la sortie bloquée :

« on est prisonniers ! ».

Elle les fait reculer et leur dit que tout va bien :

« quelqu’un nous a joué un bon tour en sciant la clenche, mais nous sommes plus malins que lui,"

elle parvient à ouvrir à l’aide de sa clef, il faudra que qu’elle signale l’incident et qu’elle remplisse une demande sur le cahier de la loge, la clenche sera peut-être changée l’an prochain.
La matinée se poursuit comme elle avait commencé, peu d’anglais enseigné mais beaucoup de digressions sur le fonctionnement du monde. Et de la discipline ! Les classes se succèdent.

Soudain, Louis se met à se gratter frénétiquement, il semble souffrir de démangeaisons insupportables.

« Que se passe-t-il Louis ça ne va pas ? »,

Louis se lève :

« J’ai chaud ! »,

il ouvre la fenêtre au fond de la classe, et se penche jusqu’à mi-corps, pour respirer et regarder le sol deux étages plus bas. Il ne faut pas que béryl lui fasse peur ou il risque de tomber. Elle lui demande de refermer la fenêtre, et lui propose d’aller à l’infirmerie, il se retourne, vers elle, puis referme la fenêtre, donne un coup de poing dans le carreau, et frappe le bureau de son voisin en criant

« Tu as peur hein ? ».

Puis très calmement, il tend son carnet de correspondance à Béryl, que le rempli comme si tout était normal, les autres sont terrifiés et la professeure n’en mène pas large.
Louis part voir l’infirmière qui est prévenue par téléphone, heureusement avec les portables on se sent moins isolés quand des problèmes surviennent. Louis souffre d’une maladie psychiatrique et il a probablement oublié de prendre ses médicaments.

Cet après midi, Béryl doit aller visiter un élève en stage sur la zone industrielle. Les adresses des entreprises sont toujours impossibles à trouver, et avec ce temps, tout est gris, les façades et les rues se ressemblent toutes. Elle se sent vraiment fatiguée, et elle a hâte d’avoir fini cette visite pour pouvoir profiter du weekend.

En route, son bras lui fait mal, elle le masse, mais il semble comme engourdi. Encore une vertèbre qui a dû se coincer pense-t-elle. Son bras semble lourd, Béryl décide de rebrousser chemin, elle ira visiter David la semaine prochaine.
Elle doit aller chercher son fils Axel au lycée, il faut lui acheter des vêtements pour son cours de cuisine, il est en bac professionnel dans un lycée hôtelier.

Arrivés dans le magasin, la jeune femme se rend compte que son écharpe la gêne, elle semble trop épaisse pour le tour de son cou. Ils rentrent en voiture et elle se dit qu’il faudra qu’elle voit le docteur la semaine prochaine, son dos lui joue encore des tours, c’est probablement le stress qui la bloque, il lui faut des vacances.

Dans la soirée, son compagnon Florent rentre, il est enthousiaste,

"j’ai envie de partir aux Etats Unis l’an prochain en moto, ça te dit ?"

« Oui pourquoi pas ? »

Il faut faire la cuisine, mettre les machines en route, son cou et son bras sont raides, elle n’en parle à personne, elle a toujours mal quelque part, depuis l’opération de son hernie discale elle a très souvent des douleurs, et l’an dernier, elle a dû s’arrêter deux semaines et prendre de la cortisone pour calmer le mal.

Florent regarde sur internet les loueurs de motos :

« tu préfères une Harley ou une Goldwing, tu nous imagines sur les routes de Californie, ça va être super ! ».

Béryl ne répond pas tout de suite, elle est un peu inquiète, son cou se bloque de plus en plus.

Florent continue ses recherches, les hôtels, les vols :

« ça ne t’intéresse pas ? Tu t’en fous ? Je paye les vacances, ça va être bien non ? »,

« Oui ça va être bien, mais on a le temps, il faut calculer le budget, voir ce que les enfants font pendant les vacances. »

Florent est excédé :

« de toutes façons on ne peut jamais rien prévoir ! Leur père va se manifester au dernier moment, on ne peut jamais rien prévoir ! ».

C’est vrai, il est difficile de prévoir quoi que ce soit, le père de Charlotte et Axel s’occupe peu de ses enfants, et il fait exprès de s’organiser au dernier moment pour embêter tout le monde. Les enfants vivent dans l’attente de savoir ce qu’ils vont faire.

« Excuse moi Florent mais je vais me coucher, j’ai très mal au cou, je vais prendre le cocktail habituel : anti-inflammatoire, anti- douleur, et myorelaxant, et demain ça ira mieux. »

« Bon, j’espère que ça ira mieux demain, tu te rappelles qu’on a les journées « portes ouvertes » au lycée, il faut se lever de bonne heure »,

« Oui je sais, répond Béryl, j’ai préparé mon diaporama sur notre projet européen ».

Ce projet lui tient à cœur, elle veut obtenir de l’Europe, de l’argent pour emmener ses élèves dans différents pays européens, ce projet doit motiver de nouveaux élèves à s’inscrire dans leur lycée. Elle a déjà beaucoup travaillé sur ce sujet, et elle sera fière de montrer les différents pays qui vont participer.

Béryl prend une douche, et se couche, elle s’endort tout de suite, les cachets sont puissants et la font sombrer dans un sommeil sans rêve.

Vers 4 heures du matin, elle se réveille, son côté gauche est complètement engourdi, la moitié de son dos aussi, et une partie de son ventre. Elle ne bouge pas et ne dit rien, elle pense qu’elle est en train de faire une crise cardiaque, pourtant elle ne donne pas l’alerte. A 7 heures, le portable sonne, elle se lève, s’asperge le visage d’eau, elle ne sent plus rien sur sa joue gauche. Elle monte dans la baignoire, l’eau coule sur son corps nu et pourtant aucune sensation dans le dos, sur le ventre et le bras, une partie de sa main est en train de s’engourdir. Florent se lève, il est d’excellente humeur et commence à plaisanter :

« ça va petite plume, tu te sens mieux ma petite junkie ? tu as ronflé toute la nuit ! »,

« je crois qu’il faut aller à l’hôpital, je ne sens plus mon côté gauche, je suis inquiète ».

Florent voit à sa tête que quelque chose ne va pas, ils se précipitent aux urgences de l’hôpital le plus proche, il connaît le neurologue qui exerce là bas, il a une excellente réputation.

Page Facebook : arielleffe

Article précédent Article suivant Imprimer Transmettre cet article à un(e) ami(e) Générer un PDF à partir de cet article
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 11-08-2013 19:48  Mis à jour: 11-08-2013 19:48
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Azéline
Bonsoir Arielleffe .
Je ne peux oublier cette leçon portant sur la forme possessive:
- My aunt's hat is bigger than my uncle's garden.
C'est fou comme ça aide bien à retenir !
couscous
Posté le: 11-08-2013 20:14  Mis à jour: 11-08-2013 20:14
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Azéline
Heureuse de retrouver Azéline ici.

Rejoignez-la ici (pour ma part, c'est déjà fait ...)

https://www.facebook.com/arielleffe?fref=ts
arielleffe
Posté le: 12-08-2013 14:28  Mis à jour: 12-08-2013 14:28
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Azéline
C'est étonnant un chapeau plus grand qu'un jardin.. mais si ça t'a aidé à retenir. Avec mes élèves, il vaut mieux éviter ce genre de subtilité, ça les embrouille !
arielleffe
Posté le: 12-08-2013 14:28  Mis à jour: 12-08-2013 14:28
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Azéline
Merci Coucous!
aliv
Posté le: 19-08-2013 19:35  Mis à jour: 19-08-2013 19:35
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: Azéline
Coucou, j'ai enfin réussi à lire ce premier chapitre. Je l'ai trouvé une peu long mais je pense que c'est surtout dû à la forme du texte, il n'est pas assez aéré, donc difficile à lire.

J'ai aussi repéré deux phrases ou j'ai eu du mal.
"mon cerveau semblait fonctionner tout à fait normalement." ce n'est pas plutôt "son cerveau".
" il faudra que qu’elle signale l’incident" = il y a un "que" en trop.

Ou sinon j'ai bien aimé car tu nous raconte le quotidien du professeur. Un quotidien pas facile fasse à des jeunes de plus en plus inculte lol.

à bientôt pour la suite.
Loriane
Posté le: 20-08-2013 23:15  Mis à jour: 20-08-2013 23:15
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Azéline
Couscous, on ne met aucun lien sur la partie texte mais on les place dans la partie publicité.
Merci
Loriane
Posté le: 20-08-2013 23:22  Mis à jour: 20-08-2013 23:22
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Azéline
Voilà une lecture plaisante et bien soutenue.
Tu me rappelles des souvenirs, quoique mes élèves étaient bien plus calmes que ceux de ton récit, et que si la serrure avait été sciée, ( ce qui ne se serait jamais produit), cela aurait été réparé dans la journée pour des raisons de sécurité.
J'ai aimé cette lecture.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
36 Personne(s) en ligne (9 Personne(s) connectée(s) sur Textes)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 36

Plus ...