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Accueil >> xnews >> Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3) - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3)
Publié par couscous le 27-08-2013 07:12:49 ( 1151 lectures ) Articles du même auteur



chapitres précédents ici :
http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=2688
http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=2701
http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=2723

Le coucou suisse au-dessus de la cheminée commence à entonner son cri de midi. Dad transporte Lucie jusqu’à table. Sa femme a sorti sa porcelaine de Limoges et son argenterie. De délicieux effluves s’échappent des divers plats disposés sur la table. Lucie mène sa petite enquête :
« Comment faites-vous pour vous ravitailler ? »
Dad termine de remplir son assiette avant de répondre :
« Un livreur passe une fois par mois. Nous stockons dans le congélateur. J’ai un potager pour les légumes, des poules pour les œufs et la viande. Mom fait son pain elle-même.
- Et vous n’avez plus de famille qui vienne vous rendre visite ?
- Non … jamais ! s’exclame Mom sur un ton cinglant. »
Ils ont beau faire frémir, ce n’est pas une raison pour les abandonner à leur triste sort !
« Et que se passerait-il si l’un de vous deux tombait gravement malade ?
- Mon jardin regorge de plantes médicinales.
- Pas très efficaces en cas d’infarctus tout de même !
- Ne t’en fais pas pour nous. Personne ne le fait. »
Lucie s’inquiète surtout pour elle !
« Quand passe votre livreur ?
- Dans quelques semaines. Pourquoi ? Tu as besoin de quelque chose ? s’énerve Dad.
- Euh … je me disais qu’il pourrait m’emmener chez ma tante.
- Pas nécessaire. Mange et tais-toi. »
Cette dernière phrase résonne dans la cuisine et Lucie préfère ne pas insister car elle est affamée. Mom remplit généreusement l’assiette de son invitée qui s’en verra servir rapidement une seconde fournée. Le dessert a juste un petit coin de son estomac pour se loger. Lucie remercie la vieille dame et loue ses talents de cuisinière.
« Je t’apprendrai quand tu iras mieux. Tu deviendras un cordon bleu, ma fille !
- Enfin, je ne compte pas rester ici indéfiniment mais je serai ravie de revenir vous saluer. »
L’expression de Mom change brusquement et Lucie perçoit de la colère dans ses yeux clairs. Elle se met à débarrasser nerveusement la table. Dad l’aide, tout en lui glissant de petites phrases dans l’oreille. Lucie ne parvient pas à en déterminer la teneur mais elles ont le don de l’apaiser. Le vieillard remet ensuite Lucie dans le canapé. En quelques minutes, elle glisse vers une sieste peu réparatrice, peuplée de cauchemars, avec la sensation d’une fuite obligatoire alors que ses jambes refusent de lui obéir.
Lucie s’éveille en nage. Il est près de quinze heures. Elle remarque que Mom est restée près d’elle et a terminé la confection d’un bonnet de laine avec un reste de pelote couleur saumon. Elle le fait essayer à son modèle et semble satisfaite du résultat.
« Veux-tu que je te tricote des moufles ?
- Non, merci. Par contre, je désire me rendre aux toilettes, s’il-vous-plaît. Pourriez-vous m’aider ? »
La vieille dame se met à crier : « Dad ! Viens ici ! »
Son mari fait une apparition, les mains pleines de terre en demandant de quoi il retourne. Debout, les bras autour des cous de ses hôtes, Lucie est amenée à la porte des toilettes qui arbore un trou en forme de cœur. Dans un coin, une énorme araignée est postée au milieu de sa toile. Lucie pousse un hurlement de terreur.
« Pourriez-vous tuer cette affreuse bête ?
- Vous êtes folle. C’est moi qui la nourris. Elle est notre hôte, comme toi, s’indigne l’homme.
- Vous avez d’autres toilettes ?
- Accroupie dans le jardin ? »
Dad semble plus enclin à l’humour que sa femme. Lucie ne peut que se résoudre à se dépêcher, en priant que le monstre ne se décide pas à faire connaissance avec une homologue prisonnière.
De retour dans le salon, Mom s’approche de Lucie avec une boîte. Elle craint un peu d’en connaître le contenu mais il ne s’agit que de matériel de maquillage. Sans lui demander son avis, la vieille dame commence par lui poudrer le visage. Ensuite, elle souligne ses yeux de mascara noir, lui passe du rouge à lèvres couleur sang et termine par quelques touches de rose sur les joues. Elle annonce alors joyeusement :
« Tu es prête pour les photos. »
Les photos ? Lucie se demande ce qui l’attend. Elle entend le couple en grande discussion dans la cuisine avant que Dad vienne la cueillir pour aller la déposer sur une chaise de la terrasse. Lucie se trouve pour la première fois dans le jardin. Il est grand vaste et s’apparente à un parc. Sur la gauche, se trouve un potager bien garni. Lucie s’étonne de la taille des citrouilles. Elles sont dignes de participer à un concours.
Dad apporte un vieux Polaroid. Se peut-il que ce « machin » puisse encore fonctionner ? Inutile de leur parler de l’ère du numérique. Mom fait les dernières retouches maquillage à la lumière du jour, elle dispose correctement la robe à fleurs lorsqu’elle se met à souffler. A droite, le vêtement porte une tache de sang provenant du pansement. La dame semble plus inquiète de la réussite de la photo que de l’état de santé de Lucie. Elle dispose un bouquet de roses sur la tache et demande au modèle malgré elle de poser ses deux mains sur les fleurs. Dad se positionne, l’attente est longue avant que le bruit caractéristique du déclencheur se fasse entendre. La photo sort du tiroir. Les deux vieux attendent impatiemment de découvrir le résultat. Un sourire naît à la fin du processus de colorisation. Dad présente à Lucie le cliché. Quelle horreur ! Elle est méconnaissable. Ce maquillage blafard, cette expression de fatigue, on dirait … une poupée de porcelaine.
Les heures passent et, à dix-neuf heures, elle se retrouve face à une casserole de soupe à la citrouille et des tartines beurrées. Le repas se déroule dans un silence pesant. Les bols vides, Dad la monte dans la chambre d’enfant. Mom l’aide à enfiler la robe de nuit qu’elle a lavée à la main et séchée au vent de novembre. Avant de quitter la pièce, Mom borde religieusement Lucie et lui dépose un baiser sur le front.
« Bonne nuit, ma chérie !
- Mais il est trop tôt, proteste Lucie. Auriez-vous … un livre ? »
La vieille dame attrape un bouquin au hasard dans la bibliothèque rose bonbon et le dépose dans les mains de Lucie. Il s’agit d’un recueil de contes pour enfants.
« Vous n’auriez rien pour adulte ? Je les connais depuis longtemps ces histoires.
- Non. Mais c’est parfait pour t’endormir et faire de jolis rêves. Tu veux que je te les lise ?
- Non, ça ira. Merci. Bonne nuit. »
La jeune femme, enfin seule, a une envie folle de crier : « Au secours ! Sortez-moi de cette maison de fous ! ». Mais sa voix ne porte pas à dix kilomètres. Il faut qu’elle échafaude un plan. La nuit est parfaite pour cela. Dans les contes, peu d’inspiration. Raiponce s’est échappée de sa tour grâce à ses cheveux surdimensionnés. Lucie aimerait s’enfuir par la fenêtre mais ses cheveux n’ont pas la taille minimale requise. Hansel et Gretel ont failli être dévorés. Pourvu que le couple ne l’engraisse pas en vue de la cuisiner cet hiver, lorsque leurs réserves de viande seront épuisées. Le Petit Poucet était très malin avec ses petits cailloux blancs. Si Lucie avait su ! Et Cendrillon ? Le Prince est venu la sauver des griffes de sa belle-mère grâce à son escarpin. Et si Lucie lançait sa basket par la fenêtre de sa chambre, quelqu’un s’inquièterait-il de savoir à qui elle appartient ? Jack avait un haricot magique …
Non ! Ce qu’elle vit est loin d’un conte de fée. Elle a plus l’impression d’être Paul Sheldon, prisonnier d’Annie dans « Misery ». Comment s’en est-il sorti ? Lucie n’a vu que le film, incapable de finir un bouquin. Elle se souvient qu’il était recherché car c’était un écrivain célèbre et sa voiture accidentée a été retrouvée dans un ravin. Mais Lucie est loin d’être une célébrité et son vélo est dans le garage.
Elle a beau retourner le problème dans tous les sens, elle est bel et bien coincée ici avec ces deux vieux fous qui la prennent pour une poupée. Bon, au moins, elle est nourrie et soignée, tous les otages n’ont pas cette chance. Quelqu’un finira bien par s’inquiéter de son absence … dans quelques semaines ! Mais personne ne sait qu’elle a rendu visite à sa tante. Elle le fait un peu en cachette car Norma n’est pas très appréciée par les autres membres de la famille. Le pire est que sa tante risque de ne même plus se souvenir de son passage hier. Toutes ces considérations l’angoissent. Lucie trouve tardivement le sommeil.

A suivre ....

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
arielleffe
Posté le: 27-08-2013 16:09  Mis à jour: 27-08-2013 16:09
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3)
Bien, le mystère s'épaissit, pourquoi l'habillent-ils en poupée ? Ils deviennent moins sympathiques, voire inquiétants. Ils ne sont pas du tout inquiets du sort de Lucie.

Que va-t-il se passer ?
Loriane
Posté le: 27-08-2013 23:13  Mis à jour: 27-08-2013 23:13
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3)
Ouais ! ça fout peur !!!
Qu'est-ce qu'ils ont dans la citrouille ces deux phénomènes ,
Attendons
Merci
couscous
Posté le: 28-08-2013 06:54  Mis à jour: 28-08-2013 06:54
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3)
Ah ah ... j'ai mis de la maïzena dans mon mystère !

A suivre ...
couscous
Posté le: 28-08-2013 06:55  Mis à jour: 28-08-2013 06:55
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3)
Ils sont un peu flippants en effet.

Reste fidèle ...

Merci Loriane
Iktomi
Posté le: 30-08-2013 18:59  Mis à jour: 30-08-2013 18:59
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3)
Dis donc, la grosse araignée dans les chiottes, ce ne serait pas une réminiscence de ma mygale guyanaise ?

Mom fait les dernières retouches maquillage à la lumière du jour, elle dispose correctement la robe à fleurs lorsqu’elle se met à souffler

Là, j’ai pas compris. De qui est-il question ? De Lucie ? Si oui, y a un problème car deux pages avant tu nous dis qu’elle met une robe Vichy – suis pas expert en chiffons de fille mais quand même…

Attention, amie, le diable est dans le détail, et en tout cas tu ne te plaindras pas d’avoir des lecteurs inattentifs.

En tout cas, tu maîtrises le genre cliffhanger avec beaucoup de brio.

Bien à toi.
couscous
Posté le: 30-08-2013 20:06  Mis à jour: 30-08-2013 20:06
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Comme une poupée : dimanche 2 novembre (partie 3)
Non, c'est celle qui était dans ma salle de bain la dernière fois.

Zut, je me suis emmêlé les pinceaux à force de "copier" "coller". Le pire est que de nombreuses collègues l'on lu et n'ont rien remarqué. Il fallait un oeil d'expert pour le déceler.

En tout cas, merci, pour tes corrections.

Cliffhanger, pas possible, Lucie a le vertige !

A bientôt.
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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