Une soirée presque tranquille.




Allongé sur le canapé, il regardait les infos télévisées, quand le téléphone sonna.
Il pensa aussitôt à sa femme.
D'un commun accord, ils avaient pris la sage décision de divorcer, leurs deux enfants étaient en âge de comprendre que leur maman aimait un autre homme et que leur papa avait un faible pour sa secrétaire, de toute façon, rien ne changeait pour eux, pratiquement élevés depuis leur tendre enfance par leurs grands parents maternels.

Mais quand Philippe décrocha, c'est une voix d'homme qu'il entendit :
" J'arrive ! je suis à un kilomètre de chez vous !!! " et la communication fut coupée.
Philippe raccrocha sans avoir le temps de réagir à cette voix masculine, forte, profonde, autoritaire, un rien menaçante....
A la voix, il imagina un homme corpulent, il chercha donc dans ses relations, un homme physiquement assez fort, ayant une bonne raison de venir chez lui à cette heure tardive....
IL n'avait prévu aucun rendez vous, ne connaissait pas cette voix, il opta donc pour une erreur de numéro et retourna sur son canapé.

Quelques instants plus tard, le téléphone sonna à nouveau.
Le temps de traverser la pièce pour décrocher, il pensa successivement à sa femme, à ses enfants, à sa maîtresse encore mariée à une brute qui refusait de divorcer, mais se fut encore la même voix d'homme:
- " J'arrive ! je suis à cinq cents mètres de chez vous .. !! 10 rue des Guêpes."
-" Hé! Qui êtes - vous ? "
Trop tard..! le type avait déjà raccroché...
Il trouva la voix franchement menaçante cette fois.

Qui était ce gars qui le menaçait ?
- Le mari de sa maîtresse ? cette brute qui s'éclatait sur des rings de boxe pour amateurs ?
Il pensa aussi à son principal concurrent, un homme d'affaires véreux, à qui Philippe venait de rafler une grosse part de marchés et qui ne devait pas être de bonne humeur ces jours ci, mais pas du tout de bonne humeur !!!
- Il y avait aussi le réparateur de volets électriques qui réclamait sans arrêt son dû, mais que Philippe refusait de payer estimant que les volets ne fonctionnaient pas toujours correctement; cet incompétent, ne reconnaissant même pas son mauvais travail et il avait menacé plusieurs fois Philippe : " Vous allez avoir de mes nouvelles " avait -il dit ....
- Et pourquoi pas le futur mari de sa femme qui estimait que le partage de la maison allait à l'encontre des intérêts de la future divorcée? il est vrai que Philippe avait choisi le meilleur avocat de la ville et que sa future ex femme serait la grande perdante dans les négociations....

Toujours dans ses pensées, il sursauta quand le téléphone sonna à nouveau.

Il hésita à décrocher.....puis il se dit qu'il allait mettre les choses au point avant que l'autre n'ai le temps d'ouvrir la bouche.
A peine avait -il décroché qu'il se lança hurlant presque:
- " Qui êtes vous ? Fichez moi la paix ! Je .... "
La voix puissante et grave du gars surpassa la sienne.
- " Trop tard, j'arrive devant votre porte, vous allez déguster !! " et le déclic du téléphone se fit entendre...

Philippe n'était pas trouillard, malgré tout, il se sentit une boule à l'estomac, la fatigue de ces derniers temps n'arrangeait rien, il se sentait inquiet et nerveux, cette voix menaçante ne présageait rien de bon, il en était certain.
Tout à coup, il se sentit faible, il regretta d'avoir passé tant d'heures devant son à ordinateur afin de gagner quelques clients au lieu d'entretenir sa forme physique qui, d'ailleurs, n'avait jamais été florissante....

Qui était ce mastodonte qui le menaçait ? Un psychopathe ?!

Malgré son manque de muscles, Philippe n'avait rien d'une mauviette, il avait mis toute son énergie dans son entreprise, il avait toujours eu la volonté de réussir sa vie et dans la vie, il avait bien commis quelques indélicatesses en affaires, mais quoi de plus normal ? c'était le jeu, il en avait subies aussi de la part de ses concurrents !
Bien décidé à défendre sa peau si nécessaire, son bien, son honneur, et il ne savait pas quoi encore, même si cela devait lui coûter l'hôpital ou pire.

Au premier coup de sonnette, il bondit sur la porte d'entrée, l'ouvrit brusquement , le regard haineux, cherchant en lui le courage d'affronter cet ennemi imprévu.
Il se trouva face à un mastodonte qu'il regarda droit dans les yeux, le gars le dépassait de deux bonnes têtes et qui lui dit :
" Je suis le livreur de pizzas.... je m'excuse pour le retard.... "

D'après une idée de Julie 12 ans.