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Nouvelles confirmées : Yukon; Dédié à Donaldo
Publié par Loriane le 04-10-2020 13:10:00 ( 1154 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées




Nous étions partis sous un ciel vert, puis, insensiblement sans s'être vraiment retirée pour laisser place à une nuit sombre, la lumière avait repris force et avait réchauffé chacune des petites molécules de l'air de ce mois d’Août finissant.
Nos gros véhicules terriens laissaient les traces de leurs énormes roues dans un sol encore souple.
Les moteurs enfin faisaient silence, ils avaient fini leur mission mécanique, et dès cette limite, nos jambes et nos dos d'humains termineraient la route jusqu'à la maison de pèche, qui allait s'endormir pour l'hiver.
Les enfants secoués par les derniers cahots, baillaient et ouvraient les yeux sur une forêt que l'automne, déjà, incendiait
Omni et Oynut sortirent les sacs du véhicule, chacun prit sa charge, pendant que les hommes préparaient les munitions, puis leurs fusils soigneusement chargés et accrochés sur le dos, ils s'engagèrent dans le sentier entre les cimes des mélèzes, des peupliers, des épicéas et des sapins de Douglas dont le vert bleuté soulignait la beauté étrange des orangés et des rouges lumineux des érables, des faux-trembles et des bouleaux.
Les vermillons, les pourprés, les amarantes, les roux, les ardents, les safranés, les carminés, tous dansaient, tous hurlaient sans pudeur, un sublime chant d'amour à la beauté.
Une bourrasque soudaine et brutale fit s'agiter les arbres alentour, les branches souples des grandes pruches se balancèrent avec grâce, comme pour un salut accueillant.
Chacun marchait en silence écoutant la brise d'hiver qui annonçait au feuillage flamboyant la venue prochaine des premiers froids.
Une vive lueur bleue, traversa soudain le feuillage avec célérité, le léger cri d'un geai de Steller fut porté par le souffle de vent, les regards s'étaient tous élevés vers cette apparition fugace, vers ce bijou volant.
La marche était aisée, enchantée même dans cet univers végétal vibrant, puis, au détour de la simple trace que nous suivions, après avoir contourné un haut rocher, le ciel s'ouvrit et la chanson de l'eau nous parvint.
Les cascades nombreuses descendaient bruyamment sur le plateau de Spatsizi, elles recommenceraient sous peu, à s'endormir, à se pétrifier sous leur peau de glace.
Les lacs, durant les deux mois d'été, avaient été nourris des eaux libérées par la fonte des grands glaciers qui trônaient comme une coiffe de lumière majestueuse sur les hauts plateaux du Yukon.
Bientôt, nous arrivâmes au bord du petit cours d'eau qui contournait la maison du lac.
Il chantait sa joie de vivre, pour quelques petites semaines encore, il était libre, courant, clair de transparence entre les rochers, il allait entouré des arbres en feu de couleurs, il enlaçait les troncs blancs des bouleaux, les troncs sombres des épicéas de Sitka , et ceux des érables aussi éblouissants qu'une palette de peintre, son tendre grondement abritait les sauvagines, les bécassines et les éclairs roses et rouges des saumons.
Les caribous et les grands orignaux, mangeurs de mousses et de lichens, craintifs et semblant encombrés de leurs grands corps, nous fuyaient. Parfois un bruit de branches rompues signalait leurs fuites, mais leur présence n'était qu'une ombre furtive bien vite évanouie.
Les écureuils pressés, faisaient leurs emplettes pour la proche diète hivernale, ils s'activaient sans éprouver le besoin de se dissimuler, leurs longues queues s'enroulaient autour des troncs dans une ascension d'une enviable agilité, ils volaient sur les troncs et les branches, indifférents à nos présences.
Avant même que les sacs ne deviennent lourds, les cris des enfants nous disaient que nous étions arrivés, en effet le toit de la maison du lac et les pilotis qui la portaient apparaissaient entre les arbres, en dessous entre les gros piliers qui portaient l'ensemble, la barque attendait sagement.
Nous devrons la mettre au sec, tout fermer, tout protéger, enfermer les provisions ou les jeter, dans quelques jours les premières glaces envahiraient les sols, les plantes disparaîtrons et ...
un arrêt brusque de Nootka qui marchait devant stoppa toute la petite troupe.
Les enfants immédiatement se rangèrent derrière les adultes, accroupis et silencieux, Oka nagan qui était le meilleur tireur se plaça en retrait du groupe, le fusil en garde, il pointait son arme devant lui, immobile comme soudain statufié, il visait la grosse masse blanc-crème d'un énorme ours "esprit" qui tentait de forcer la porte de la remise où nous enfermions les poubelles.
Un long silence inquiet pesa plusieurs minutes, quand soudain le vent tourna et, sans préavis, l'ours se dressa sur ses pattes, face à nous, nous étions sous le vent et il avait senti notre présence.
Oka nagan tira au dessus de la tête de l’impressionnant animal, la détonation sèche explosa et partit au fond du vallon, faisant des ronds dans l'air, mais le grand bipède, debout, ne s'affola guère, il sembla hésiter, puis s'enfuit sans vraiment de précipitation.
A voir son absence de peur, on pouvait en déduire qu'il n'avait pas dû croiser beaucoup d'humains.
Ce devait être un mâle, il était haut et bien gras comme le sont en cette saison tous les ours du pays Yukon jusqu'au montagnes de Colombie. Il était plus grand encore que les ours noirs ou les grizzlis qui vivaient dans cette région.
A cette époque, tous les animaux, humains ou non, se préparaient à l'hiver.
Les ours, eux, commençaient déjà à choisir et à préparer leurs tanières.
Les mamans ourses qui sont en gestation, freineront le processus le temps qu'il est nécessaire pour que les petits naissent à la fin de l'hibernation. Pour l'heure tous s'engraissaient et la pèche au saumon allait bon train, ce qui les amenaient irrésistiblement tous, au plus près des rivières nourricières.
L'Ours parti nous arrivions sur la maison.
Les enfants, rassurés, couraient dans le sentier en criant, heureux d'être arrivés, lorsque soudain amusés ils se dirigèrent vers une nouvelle construction qui avait surgi soudainement de la rivière. L'ingénieur-constructeur de cet édifice, né en une petite semaine, et d'au moins trois mètres de hauteur, était encore à l'oeuvre, on le voyait nager en traînant dans l'eau une branche avec ses feuilles. Nous avions visiblement une famille de beaver pour voisins. La hutte était large et haute, la famille devait avoir un bon nombre d'enfants qui vivront dans les tunnels sous la surface.
Pour les autochtones, "'les petits frères qui parlent" étaient des amis que l'on ne combattait jamais et dont les petits cris et le babillage bruyant mais expressif était à l'origine de ce charmant surnom.

Les premières feuilles volaient et allaient tranquilles, en un train long et lent, glisser à la découverte, à l'aventure, portées par l'eau glacée qui s'enroulera plus loin, autour de la multitude d'îles qui se baignent dans le pacifique à l'ombre des premières glaces de l’Arctique, d'où descendra, d'aubes en aubes, le dur hiver qui endort toutes les vies.


Loriane Lydia Maleville

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Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 28-09-2013 10:26  Mis à jour: 28-09-2013 10:26
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Yukon
Randonnée très pittoresque et colorées. Je m'y voyais !
J'avoue que, par habitude, quand j'ai lu le titre : Yukon, mes réflexes ont été instantanés :" You pas claire non plus ! "
Bises de Bacchus

Auteur Commentaire en débat
Iktomi
Posté le: 28-09-2013 22:46  Mis à jour: 28-09-2013 22:46
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Yukon
A l'évocation de cet hiver s'en venant, j'en ai les moustaches pleines de givre

Pour les lecteurs éventuellement un peu fâchés avec l'angliche, précisons que beaver = castor. (Anecdote : à Paris il y a une rue de Bièvre, tirant son nom d'une rivière du même nom laquelle tient sans doute son appellation de biber ou beber, l'ancien nom du castor.)

Bien à toi.

Auteur Commentaire en débat
Donaldo75
Posté le: 17-06-2018 20:23  Mis à jour: 17-06-2018 20:23
Plume d'Or
Inscrit le: 14-03-2014
De: Paris
Contributions: 1111
 Re: Yukon; Dédié à Donaldo
Bonjour Loriane,

C'est un beau voyage dans le nord du Canada, région que je n'ai jamais visitée mais qui fait partie de mes plans des prochaines années, que tu nous offres. J'aime beaucoup ces endroits peu peuplés où la nature reprend ses droits dont nous l'avons trop souvent privée dans les quatre coins du monde.

Merci encore,

Donald
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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