Le poète et sa femme au chevet d'un jeune poème :


- Que fais-tu, amour ?

…

- J'ai dis : que fais-tu, amour ?

- Je compose.

- Que composes-tu, amour ?

…

- J'ai dis : que composes-tu, amour ?

- Un poème.

- Un poème sur quoi ? Un poème sur quoi ? Un poème sur quoi ?

- J'avais entendu la première fois...

- Je répète car tu ne m'écoutes pas. Tu ne m'écoutes jamais, je parle à un sourd, je me heurte à un mur, que je murmure ou que je me meurs, personne ne m'esgourde, personne, personne, le silence rend sourde. Allez ! Encore une bouteille à la mer, encore, encore des efforts éphémères. Tu ne m'aimes plus, c'est entendu, le silence a parlé, les soleils ont pâli, les aplats de mon lit ont perdu leurs attraits. Tu ne m'aimes plus, lancinante absence, ce lent silence consent...

- … Un poème sur la pluie et le beau temps...

- Je peux lire, allez ? Je peux lire, allez ? Je peux lire...

- Tiens ! (et arrête de faire chier).

« Notre amour pareil au coucher de mille soleils, se meurt cramoisi. Que le feu renaisse des mains de la déesse de la Poésie, Nous serons alors, recouverts de l’or de sombres hérésies… »

- Alors ? Qu'est ce que t'en dis, dis-donc ?

- … Je te préviens amour, un jour...
C'est moi ou la poésie.