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Nouvelles : Gestion de crises ( suite )
Publié par Salimbye le 01-10-2013 14:20:00 ( 886 lectures ) Articles du même auteur





Depuis le jour où un vieil ami de Youssoufia l’avait informée par SMS que son père était mort, que sa maman avait rejoint sa tribu à la campagne, et que le chauffeur avait été licencié, elle n’envisageait plus de retourner dans sa ville natale.
Ritzou l’emmena dans sa boutique et lui proposa de rester avec lui le temps qu’elle voudrait. Elle accepta cette offre sans se faire prier.
« Au moins, j’ai un endroit où je peux dormir », se dit-elle.
Elle se reposa quelques instants avant de sortir faire un tour dans le marché en compagnie de Ritzou.
Fier de sa conquête, la poitrine bombée, celui-ci lui parlait de son domaine. Tous les marchands dévisageaient la charmante étrangère. Chacun tentait d’attirer son attention selon ses propres moyens.
Les yeux exorbitants, le taulier commença à taper sournoisement sur une barre de fer. Le magnétophone du vendeur de disque lança une stridente chanson populaire bien rythmée. Voulant sortir de sa boutique pour admirer à sa guise cette belle étrangère, le jeune épicier noir renversa une bouteille d’huile. Il commença à injurier et à cracher par terre avant de reprendre ses esprits et de se calmer.
Il rejoignit docilement sa tombe.
L’ex-inspecteur savait à l’avance qu’il n’avait aucune chance de réussir. Son physique ne plaidait pas en sa faveur. Ses canaris non plus. Au moment où il avait énormément besoin de leur aide, les serins le trahirent en fermant hermétiquement leurs becs. A l’aide d’un vaporisateur de parfum, l’alchimiste tentait vainement de rendre l’air plus respirable autour de sa boutique. Seul Mjid demeurait sage : sa femme était à l’affut de tout geste suspect.
Echec de toutes les stratégies.
Radieuse, Naima qu’on croyait perdue, ressuscita de ses cendres. Elle trouva prétexte pour lancer un avertissement à ses ennemies de toujours.
« Voilà ce qu’on peut appeler de la marchandise fraiche ! Dieu soit loué, dorénavant tout le monde va manger de la vache enragée ».
Et elle lança un youyou qui fit rougir toutes ses voisines et les poussa à aller, illico, se renseigner auprès de la vendeuse de crêpes.
Avalanche de questions et de remarques.
- Qui est cette jeune fille ?
- Elle est belle !
- Elle va certainement semer le désordre dans le marché (Comme si le marché n’était pas en désordre).
- Surtout si elle se met à vendre un produit quelconque.
Elles chargèrent la grosse femme de lui parler, de la mettre en garde contre Ritzou.
- Un jour cet ivrogne va la tuer.
- Qu’est-ce qu’il connaît à l’amour ?

Elles avaient tort.
Depuis qu’elle avait perdu ses parents et son argent, Rachida était en quête de quelqu’un qui l’écoutait, qui lui prêtait attention. Elle avait besoin d’amour, de tendresse. Elle venait de rencontrer celui qui présentait les mêmes carences.
Ritzou lui aussi était content d’avoir trouvé la personne qui partagerait ses soucis. La personne à qui se confier. Celle qui ressentirait ses douleurs.
Depuis le jour où ils s’étaient rencontrés, ils se sentaient soulagés, légers, heureux.
La jeune fille commença à s’occuper de son compagnon. De temps en temps elle allait chercher des seaux d’eau au bain maure pour lui laver ses vêtements. Elle lui demandait ce qu’il désirait manger à midi. Elle s’appliquait pour le satisfaire. Le soir quand ils étaient seuls dans leur boutique- leur maison, comme ils aimaient l’appeler- la jeune fille donnait des conseils à son ami. Elle l’encourageait à travailler. Elle aussi allait l’aider en vendant quelque chose dans le marché. Son ami lui promettait qu’il ferait de tout son mieux pour la rendre heureuse, mais il refusait catégoriquement l’idée de la laisser travailler.
Il connaissait parfaitement les manigances de toutes les vendeuses. Il avait horreur des intrigues qui se tramaient quotidiennement.

Ritzou entama une nouvelle vie.
Il ne se soûlait plus chaque soir.
Il fumait des cigarettes au lieu du hachich.
Il se réveillait tôt le matin.
Il déchargeait les sacs de légumes.
Il balayait devant les boutiques
Il vendit son ânon.
Il offrit à Rachida un foulard et un petit flacon de parfum en forme de cœur.
La jeune fille fut aux anges lorsqu’elle reçut ce cadeau.

Tous les après midi, quand il faisait beau, les deux amoureux se dirigeaient vers la plage. Ils se mettaient sur un rocher et restaient là, enlacés, jusqu’au coucher du soleil.
Pourtant, leur chemin de bonheur restait jonché d’embuches.
Nombreux étaient les jeunes garçons qui enviaient ce couple « original». Certains tentaient de courtiser la jeune fille pour mettre fin à cette liaison aux allures déséquilibrées. Des clochards, des ivrognes dévisageaient longuement la jeune fille en prononçant des mots incompréhensibles.
Pour rejoindre la mosquée, les intégristes barbus faisaient tout un détour afin de passer devant la boutique de Ritzou et de jeter un coup d’œil discret à la charmante jeune fille.
« Dieu est grand ! ». « Dieu est beau et aime la beauté ! »
Cette franche et arrogante provocation rendait Ritzou hors de lui. Il était prêt à défendre jusqu’à la mort l’unique beau cadeau que le destin avait daigné enfin lui offrir.
Devant ces situations très tendues, qui frôlaient la catastrophe, et bien qu’elle soit flattée de pouvoir susciter la jalousie de son compagnon, Rachida gardait toutefois son sang froid. Elle conduisait son ami à leur maison pour le calmer et lui répéter une nouvelle fois que rien au monde ne pourrait mettre fin à leur bonheur.
Ritzou et la jeune fille étaient inséparables. Ils s’amusaient tout le temps. Ils étaient heureux d’être ensembles.

( A suivre )

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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