EROS et CUPIDON demandez à l'Amour
Je vois poindre le soir, car sont comptés mes jours
Que me rephoche t il, et quel est donc mon crime
Sachant que chaque jour je lui sers de victime

Il m’as fait adorer tant de femmes si belles
Que le destin sur moi est d'autant plus cruel
Se souvient-il encore de certaine bergère
A la taille bien faite et aux mœurs légères,

Qui, si je sais compter en l'espace d'un mois
En me souriant deux fois, mis mon cœur en émoi
Et tant d'autres enfin, restées sourdes à ma cour
Elles parlaient d'amitié, quand je parlais d'amour

Lui qui m'as fait croiser tant de grâces hétaïres
Que je sois expié, si j’attire son ire
Il me souvient qu'aux cris des filles courtisées
Mon orgueil de mâle en était tout gonflé

Le sein sous le bustier, charmant, qui se redresse
C'est tout l'être enfantin qui réclame sa messe
Si je n'ai plus ce jour, plus l'esprit de mon âgé
Il me faudra tourner, la toute ultime page

Car ce que j’ai été, plus jamais ne peut être,
Mon printemps, ma jeunesse ont passe la fenêtre
Je l'ai servi, l'Amour, du mieux sous tous les dieux
Pourrai-je encore aimer avant de clore mes yeux