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Nouvelles : Azéline Chapitre 6
Publié par arielleffe le 18-10-2013 08:40:00 ( 1002 lectures ) Articles du même auteur



Il est dix heures du matin, Béryl et sa tante sont prêtes pour partir en balade. Les chiens piaffent d’impatience.

« Tu as mis tes chaussures de randonnée ? Tu es bien couverte ? »,

« Oui Maman répond la jeune femme », Marie-Madeleine se sent un peu piquée, elle est très susceptible,

« je te dis ça pour ne pas que tu attrapes froid, maintenant tu fais ce que tu veux, tu es une grande fille ! ».

Béryl sourit, elle sait que Tantine ne restera pas fâchée longtemps,

« J’ai tout ce qu’il faut, dit-elle en l’embrassant, merci de prendre soin de moi ».

Marie-Madeleine est contente de s’occuper de sa nièce, elle aime être utile aux autres, et depuis de nombreuses années elle ne s’occupe plus que de ses chiens.

Elles marchent d’un bon pas vers le village, elles ne suivent pas la route, mais un petit sentier de randonnée qui longe une rivière. Les chiens courent devant en liberté, ils reviennent parfois vers les deux femmes et menacent de les renverser, ce sont des gros chiens et ils ne se rendent pas compte de leur force.

« Attention les chiens ! crie Marie-Madeleine, il ne faut pas courir comme ça, faites attention vous allez nous faire mal ».

La vieille dame a l’habitude d’expliquer à ses chiens ce qu’il faut faire et ne pas faire et surtout pourquoi. Elle parle à ses chiens comme à des enfants, en les humanisant à outrance, elle les démunit de leur condition animale et de leurs instincts sauvages, elle les rend aussi dangereux pour les personnes qu’ils pourraient avoir la sensation de dominer.

Par le passé un de ses chiens avait mordu par deux fois des enfants de moins de trois ans, ils étaient de la même taille que l’animal, et ce dernier leur avait croqué un morceau du visage sans prévenir. On n’avait jamais su si c’était par jalousie, ou par soucis de domination, toujours est-il que Marie-Madeleine avait rendu les enfants et leurs parents entièrement responsables de ces accidents. Son chien était gentil, il ne pouvait faire de mal à personne,

« il ne faut pas manger les bébés ! ».

Elle avait eu beaucoup de chance que les gens ne portent pas plainte, la petite fille avait dû aller à l’hôpital pour plusieurs points de suture, et le garçon avait gardé la marque des crocs plusieurs années sur la tempe.

Ces événements ne lui ont pas servi de leçon, et Marie-Madeleine continue à se comporter avec ses chiens comme avec des enfants, il est curieux de se dire que Ouessant a l’équivalent de 50 ans en âge humain, que Hoëdic a près de 30 ans et que Bréhat est un vieillard de 80 ans.

Le chemin est très joli, les arbres forment un tunnel de verdure, ça et là de vieilles souches ont été sculptées par la pluie et le vent, et maintenant, elles ressemblent à des animaux fantastiques.

« Ça va ? Tu n’es pas trop fatiguée ? demande Marie-Madeleine,

Béryl adore marcher et elle est heureuse de constater que ses jambes fonctionnent toujours aussi bien, elle se sent juste un peu étourdie et ses pas sont parfois mal assurés, mais comme elle n’a jamais eu un équilibre parfait, il y a peu de changement par rapport à avant,

« ça va très bien merci, ça me fait du bien de respirer l’air de la campagne »,

« je le savais bien, je suis contente » répond Tantine.

Arrivées au village, Marie-Madeleine laisse Béryl se reposer devant un « déca » au Bar des Amis, et elle part chez les commerçants faire ses courses. Elle s’arrête d’abord chez le boucher,

« Bonjour Jan, coupe moi deux belles entrecôtes ma nièce a besoin de reprendre des forces, elle est en vacances chez moi », Marie-Madeleine dit ça avec de la fierté dans la voix, elle reçoit rarement de la visite.

« Elle a quel âge votre nièce, elle est peut-être bonne à marier pour mon Loïc ? »,

« elle est trop vieille pour lui, et elle a deux enfants », répond la vieille dame.

« Tant pis, dit Jan en emballant la viande, et avec ça ? J’ai des beaux lapins si vous voulez »,

« Je vais en prendre un, je ferai un ragout demain, et n’oublie pas la viande pour les chiens », lui rappelle-t-elle,

« je n’oublie pas », en disant cela, il emballe deux énormes fémurs et des morceaux de mou pour les animaux »,

« merci à bientôt Jan ! »,

« A bientôt Madame Delaunay ».

Marie-Madeleine achète un gros pain de campagne chez le boulanger, puis elle récupère son courrier à la poste. Elle rejoint Béryl au Bar des Amis,

« alors tu t’es bien reposée ?, je vais prendre un petit kawa aussi, Malo un café serré s’il te plaît et un autre déca pour ma nièce ! ».

Une fois leurs cafés bus, les deux femmes repartent vers la maison par le sentier. Les provisions sont réparties dans deux sacs à dos qu’elles ont emportés.

Sur le chemin du retour les chiens ont trouvé une énorme branche, presque un tronc d’arbre, ils le prennent dans leur gueule par les extrémités et courent sans se préoccuper des humains qui sont sur leur chemin. A un moment Marie-Madeleine et Béryl ont juste le temps de s’écarter pour ne pas être renversées par la branche, Ouessant et Hoëdic ont voulu passer de chaque côté des deux femmes en oubliant la branche qu’ils ont dans la gueule, Béryl a juste le temps d’empoigner sa tante et de se laisser tomber dans un buisson, elle a quand même réussi à amortir la chute de la vieille dame.

« Mais qu’est-ce que tu fais, on va être pleine de boue maintenant ! »,

« mais on a failli se faire renverser par les chiens ! C’est super dangereux ! »S’écrie Béryl.

Marie-Madeleine est très contrariée, ses animaux sont incapables de faire du mal,

« ils jouent ce n’est rien, tu t’affoles pour rien. »

Le reste du chemin se fait en silence. Une fois rentrées à la maison, la tante prépare les entrecôtes et les deux femmes mangent sans se dire un mot. Béryl ne voit pas pourquoi elle devrait faire le premier pas, de toutes façons quand Marie-Madeleine est mal lunée mieux vaut la laisser, la moindre parole ne fait qu’envenimer les choses.

Béryl est fatiguée, elle se cale dans un fauteuil et allume la télévision, elle est incapable de se concentrer sur un magazine ou de continuer son travail avec les cartes postales. Sur la trois, il y a Trente millions d’Amis, la jeune femme adore les animaux, mais elle en a un peu assez pour le moment, elle change de chaîne et regarde les informations sur la deux, le journaliste commente la photo d’un jeune homme au visage tuméfié,

« encore une agression homophobe, ce jeune garçon se promenait main dans la main avec son ami, quand ils ont été pris à partie par un groupe de skinheads, ils se sont acharnés sur le plus jeune, obligeant son compagnon à regarder les coups portés avec une violence inouïe sur le jeune homme. Ce dernier a été admis à l’hôpital, ses jours ne sont pas en danger, mais les deux hommes sont très choqués. Plusieurs associations ont protesté et il semblerait que les agressions à caractère homophobe se soient multipliées ces derniers temps, écoutons le témoignage d’une jeune lesbienne, victime d’agressions elle aussi ».

A l’image une jeune femme avec les cheveux très courts et un perfecto explique qu’elle change désormais de trottoir quand elle voit des groupes de personnes qui ne lui inspirent pas confiance,

« je suis devenue complètement parano, on est au 21 ème siècle et on n’est pas libre de vivre et de s’habiller comme on veut, dans certains quartiers j’évite même de marcher main dans la main avec ma compagne».

Béryl jette un coup d’œil sur le canapé, Bréhat est vautré de toute sa longueur sur les coussins, mais elle se rend compte qu’Azéline est là aussi, elle est assise confortablement et la présence du chien ne la gêne pas du tout, c’est le privilège des morts, de pouvoir s’assoir où ils veulent. Elle regarde Béryl d’un air triste, la jeune femme va se remettre au travail dès qu’elle sera reposée.


Chère Azéline,
Quelle chance tu as d’être dans une aussi grande ville ! Raconte moi ce que tu fais, je veux tout savoir, ici, la vie est toujours la même, l’hiver arrive, et la nuit tombe de plus en plus tôt. Ton chien t’attend, il croit toujours te voir avec moi, je n’ose plus passer devant la barrière de ta maison.
Grosses bises,
Guillemette


La première journée d’Azéline à l’école normale s’est bien passée, elle devait nettoyer les lavabos le matin, comme les filles de son dortoir sont soigneuses et propres ça ne lui a pas pris beaucoup de temps. Elle a découvert que Germaine portait des bas avec des jarretelles, elle n’en avait jamais vu .

« Zut mes bas ont filé, tu n’en as pas une paire à me prêter Azie ? Je vais faire remailler les miens », s’écrie Germaine en passant la main le long de sa jambe.

Elle a donné ce petit nom à Azéline qui est ravie, elle a l’impression d’être autorisée à entrer dans un monde plus moderne. La jeune femme est un peu honteuse,

« je suis désolée mais je n’en ai pas ».

Azéline a des bas en laine retenus par des rubans, comme sa mère et sa grand-mère.

« Montre moi ça, s’exclame Germaine, mais qu’est-ce que c’est que ces bas de mémé ! Ma pauvre Azie il va falloir qu’on aille faire des emplettes toutes les deux ! ».

Les filles s’habillent les unes devant les autres dans le dortoir, et Azéline découvre le corps d’autres femmes. Elle n’a jamais vu ni sa mère ni sa grand-mère se déshabiller devant elle. Ces filles sont comme elle, et pourtant elles sont différentes. Augustine par exemple a les jambes très courtes, et très potelées, on dirait des petits jambons. Antoinette est extrêmement fine et ses membres semblent perdus au milieu des froufrous de ses jupons. Germaine est la plus impudique, elle se déshabille entièrement devant les autres pour faire sa toilette. Azéline est très gênée par cette façon de faire mais elle ne veut pas paraître pudibonde, elle prend un air détaché et prétend trouver cette attitude toute à fait normale même si elle ne découvre que de toutes parties de son anatomie pour se laver. Elle mesure à quel point elle a vécu dans un monde arriéré, elle se sent un peu honteuse.

Après le petit déjeuner, les futures institutrices visitent l’école de filles qui se trouve juste à côté. Vingt bureaux de deux élèves sont alignés en trois rangées dans une classe. Au fond, se trouve une armoire vitrée, et au mur, des cartes de géographie et des lettres calligraphiées décorent la salle. Madame Menesguen conduit le petit groupe,

« Chacune viendra enseigner dans cette école, vous travaillerez avec une institutrice confirmée, elle vous aidera et vous guidera. Vous vous occuperez d’une classe qui vous sera assignée chaque après midi, le matin ce sera la maîtresse titulaire qui vous succèdera ».

Les jeunes filles viennent de quitter l’école, et c’est à leur tour de former les plus petites, tout cela semble bien étrange, elles n’ont pas l’impression d’avoir quitté l’enfance et pourtant elles seront l’image de l’autorité pour ces enfants. La directrice continue,

« Tous les matins vous assisterez aux cours dispensés à l’Ecole Normale par des professeurs. Le soir, étude jusqu’à 19 heures, puis dîner à la cantine, des questions mesdemoiselles ? » ;

Bien sûr Germaine a une question,

« et le jeudi Madame, l’école élémentaire est fermée, est-ce que nous avons cours avec des professeurs ? ».

Madame Menesguen regarde l’impudente d’un air sévère,

« vous n’aurez pas cours le jeudi, mademoiselle Cloarec, mais rien ne vous empêche d’aller en étude, bien sûr si vous préférez perdre votre temps en promenades, c’est votre droit, je me dois cependant de vous rappeler que vous représentez notre école et que votre conduite doit être irréprochable à l’intérieur comme à l’extérieur de ces murs. »

Germaine ne se laisse pas impressionner et elle soutient le regard de la directrice avec une certaine effronterie. Quand celle-ci s’en va, Germaine s’approche d’Azéline,

« jeudi prochain on va s’acheter des bas ma belle ! »

Béryl a la tête lourde, elle a l’impression qu’elle va éclater, son côté gauche est engourdi, elle se sent complètement groggy. Marie-Madeleine entre dans la pièce, sa bonne humeur est revenue,

« encore sur tes cartes postales, tiens j’ai du courrier pour toi ».

Elle lui tend une lettre, l’adresse a été écrite par Florent, Béryl reconnaît tout de suite son écriture,

« c’est Florent, pourquoi m’écrit-il, c’est bizarre ».

La jeune femme ouvre la lettre, sa tête bouillonne littéralement.

Béryl,
Je suis désolé mais je ne peux plus continuer comme ça, je ne suis pas heureux, je te quitte. Je t’ai beaucoup aimé, tu m’as beaucoup apporté mais je veux vivre seul désormais.
Florent

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Iktomi
Posté le: 20-10-2013 18:21  Mis à jour: 20-10-2013 18:21
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Azéline Chapitre 6
Oh la la la mes pauvres yeux !

Tu ne pourrais pas aérer un peu ton texte, avec des paragraphes et des sauts de lignes ?

Merci de penser un peu au confort du lecteur.

Et d'autre part tu peux retirer le lien vers youtube, la vidéo a été retirée pour une question de droits.

Bien à toi.
Loriane
Posté le: 24-10-2013 14:08  Mis à jour: 24-10-2013 14:08
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Azéline Chapitre 6
J'aime beaucoup ton Azeline, mais j'ai dû abandonner ma lecture, et réellement, je le regrette.
Ce texte est certainement passionnant mais "immangeable," trop, trop serré.
Il faut faire des allers à la ligne, des espacements et rythmer l'action par des chapitres..
et c'est dommage car tu as une bonne écriture et ton histoire est intéressante.

Citation :
en ballade
c'est un chant courtois
Balade pour une promenade.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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