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Nouvelles : Azéline Chapitre 11
Publié par arielleffe le 25-10-2013 10:20:00 ( 1006 lectures ) Articles du même auteur



Chère Azéline,
Tu rentres bientôt pour les vacances de Noël, je suis si contente de te revoir enfin. Je prépare la messe de Noël avec Monsieur le curé, nous répétons de nouveaux cantiques. C’est un jeune prêtre que tu ne connais pas encore, et il a plein de bonnes idées pour la paroisse. Je t’en parlerai de vive voix.
Je t’embrasse,
Guillemette


Madame Quéré entre dans la chambre des jeunes filles après la toilette. Azéline et Germaine sont en train de nettoyer puisque c’est leur tour. Les autres filles sortent, pressées d’aller au réfectoire.

« Bonjour Mesdemoiselles, comment allez-vous ce matin ? »

Azéline se doute que quelque chose ne va pas, et elle évite de répondre. Evidemment Germaine ne s’embarrasse pas des mêmes scrupules.

« ça va très bien Madame Quéré, je vous remercie. Il commence à faire très froid, je voulais vous demander si il était possible d’avoir une couverture supplémentaire ».

La directrice regarde la jolie brune de son regard bleu qui peut être glaçant :

« Vous n’avez pas l’air d’être très frileuse pourtant, je vous ai vue arriver hier à près de minuit, habillée bien peu chaudement. Vous étiez en compagnie de Mademoiselle Azéline Cadoret, il me semble. »

Azéline baisse la tête encore plus, ce qu’elle redoutait est en train d’arriver, elles vont se faire renvoyer, c’est certain.

Germaine regarde Madame Quéré droit dans les yeux :

« Madame, nous sommes jeunes, nous ne pouvons pas rester cloîtrées, nous ne voulons pas devenir nonnes mais institutrices. Nous ne faisons aucun mal. »

« Je ne demande qu’à vous croire Mademoiselle Cloarec, mais je ne peux pas tolérer une telle conduite dans un internat de jeunes filles. Il vous faudra trouver un autre logement ».

Elle se tourne vers Azéline,

« Je vous donne une semaine pour vous organiser, estimez vous heureuses de ne pas être aussi renvoyées de l’école. »

Sur ce, elle tourne les talons, et claque la porte derrière elle. Azéline s’effondre en larmes,

« C’est fini, je m’en doutais, je n’ai pas été sérieuse, je savais ce que je risquais. Je vais être obligée de repartir à Lannargan, c’est trop bête, je suis une imbécile. »

Les sanglots de la jeune fille redoublent, tout ce travail pour rien, elle s’en veut de ne pas avoir concrétisé son rêve et celui de ses parents.

« Azie, ne pleure pas voyons, c’est un mal pour un bien. Je vais prendre un appartement et tu viendras loger avec moi. Plus d’horaires ! On pourra sortir quand on voudra. Tu vas voir comme on va être bien toutes les deux ».

Germaine prend Azéline dans ses bras pour la consoler. Cette dernière sent une impression de réconfort immédiate l’envahir. Il se dégage un parfum léger et frais du corps de son amie, cela lui rappelle sa mère. Germaine est frondeuse, parfois effrontée mais aussi très maternelle, Azéline éprouve un sentiment de bien-être.

« Tu ne me laisseras pas tomber j’espère ».

La jeune fille sait au plus profond d’elle-même, que Germaine est une personne sûre.

« Evidemment que je ne te laisserai pas tomber, j’envoie un télégramme à mes parents, une semaine pour trouver un logement ça n’est pas évident, tu viens à la poste avec moi ? ».

Béryl trouve la sanction de Madame Quéré trop forte.

« Tu te rends compte, dit-elle à Azéline, elle ne vous a laissé qu’une semaine pour trouver une solution, vous n’aviez fait que sortir, ce n’était pas un crime ! »

« Et oui mon amie, je me rends compte, j’étais désespérée. Mais je comprenais sa réaction, elle ne pouvait pas tolérer notre désobéissance, d’autres filles auraient pu nous suivre. Nous étions mineures ne l’oublie pas, nous n’avions pas encore 21 ans. Nous n’étions pas renvoyées de l’école, et ça c’était généreux de sa part. Je pensais vraiment qu’elle allait le faire, elle en avait tout à fait le droit, elle a été gentille finalement »
.
« Comme disait Germaine, ce fut un mal pour un bien ».

« Oui, répondit Azie pensive, si on veut ».

Le 8 Décembre, Germaine et Azéline emménagent dans un petit appartement non loin de l’école. Un ami des parents de Germaine a fait toutes les démarches, il est aussi chargé de surveiller la jeune dévergondée qui s’est faite renvoyée de l’internat de l’école normale. La présence d’Azéline rassure tout le monde, elle a un air sérieux qui met en confiance. Le logement est meublé simplement, mais les jeunes filles jouissent de tout le confort de l’époque. Tous les matins, les deux amies partent pour l’école à 7h30, il n’est plus question de prendre le petit déjeuner avec les autres au réfectoire.

Azéline s’habitue très bien à sa nouvelle vie. Sa peur s’est dissipée, elle est devenue une vraie citadine. Les repas du midi sont pris avec les autres étudiantes, mais tous les soirs les deux jeunes filles font leurs courses pour préparer le dîner. Elles ne sortent que le mercredi et le samedi soir.

Azéline a été ferme, il faut qu’elle réussisse à devenir institutrice, elle n’a pas le choix. L’alerte qu’à représenté le renvoi de l’internat à été comprise. Elles travaillent tous les soirs sur leurs cours et progressent rapidement. Azéline adore les heures qu’elles passent devant leurs cahiers d’écolières sages. Elles s’installent sur la table qui leur sert de bureau et où elles prennent leurs repas. Germaine semble parfois la plus studieuse des deux. C’est une personne très intelligente, qui a une culture très étendue et qui apprend très vite. Azéline est plus laborieuse et elle admire sa compagne pour sa vivacité.

Les jours sont courts, et il faut allumer la lampe à pétrole pour travailler. Les yeux noisette de Germaine deviennent verts à la lumière de la flamme. Elle regarde Azie, et celle-ci sent une chaleur bienveillante l’envahir. La jeune fille ne s’est pas sentie aussi bien depuis très longtemps, elle se dit qu’elle voudrait que ces moments durent toujours.

Les vacances de Noël arrivent et Azéline doit rentrer à Lannargan. Germaine part avec ses parents à Paris, elle restera chez une cousine, son père et sa mère doivent se rendre à des soirées chez des amis, et ils auront peu de temps pour voir leur fille.

Azéline est heureuse de revoir ses amis au village, mais elle sait que la gaité et l’insouciance de Germaine vont lui manquer.

Jules et Henri ne peuvent pas venir à l’appartement, ce serait très mal vu, et des voisins pourraient le répéter à la directrice de l’Ecole Normale. Les jeunes gens se rencontrent donc toujours à l’Enfer, qui est devenu leur quartier général.

« Tout le monde rentre pendant les vacances si je comprends bien, dit Jules, je serai le seul à rester à Rennes »

« On t’écrira mon pauvre Juju, dit Germaine en riant, je t’enverrai des cartes postales de la ville lumière. »

« Des promesses, toujours des promesses, loin des yeux, loin du cœur ! »

« Je t’écrirai de Lannargan, c’est moins magique que Paris, mais tu verras que je ne t’oublie pas moi ».

« Merci, ma petite Azie, toi au moins tu penses à moi. »

Jules prend la main d’Azéline et y dépose un baiser.

Germaine est un peu contrariée,

« Les tourtereaux si on vous gêne on peut s’en aller ! Tu viens danser Henri ? »

Elle entraîne le garçon sur la piste de danse où ils virevoltent sur l’air de « Viens Poupoule ».

http://www.youtube.com/watch?v=EGe7MUlp3cQ

Jules et Azéline se regardent les yeux dans les yeux, ce qui fait rougir la jeune fille. C’est la première fois qu’un garçon lui montre aussi clairement ses sentiments, et elle ne sait pas trop comment réagir. Aucun des deux ne parle pendant quelques minutes qui semblent une éternité à Azie. Finalement, Jules brise le silence en commandant à boire. Jules est vraiment charmant, c’est un futur instituteur, c’est le parti rêvé pour une fille comme Azéline. En se faisant ces réflexions, la jeune fille se demande si c’est ça l’amour. Elle a lu dans des revues des histoires à l’eau de rose, et il lui semble que les relations entre un homme et une femme doivent être un peu plus « piquantes ». Les héroïnes sentent une boule au creux du ventre quand elles aperçoivent leur amoureux. Elles ont envie de le voir tout le temps, elle pense à lui sans arrêt. Azéline trouve Jules beau garçon, très gentil, intelligent, mais pas de boule au ventre, et il ne lui manque pas particulièrement s’il n’est pas là.
FB arielleffe



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Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 29-10-2013 19:25  Mis à jour: 29-10-2013 19:25
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Azéline Chapitre 11
La rigueur et l'obéissance étaient de mise, on ne plaisantait pas avec la discipline à cette époque, le moindre faux-pas été sévèrement sanctionné.
cette histoire est bien racontée et très agréable.
Merci
arielleffe
Posté le: 30-10-2013 12:15  Mis à jour: 30-10-2013 12:15
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Azéline Chapitre 11
Merci, j'essaie de me servir de ce que j'ai entendu sur cette époque. J'espère ne pas faire trop d'anachronismes, c'est le risque.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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