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Nouvelles : A chacun son dû ( 7ème partie )
Publié par Salimbye le 01-11-2013 14:19:36 ( 1430 lectures ) Articles du même auteur



VII - Les membres de la commission qui se présentèrent ce jour là au tribunal, fouillèrent méticuleusement tous les dossiers traités par le juge Jalal. Ils relevèrent d’innombrables anomalies graves qui valurent huit ans de prison ferme au responsable.
Le juge aurait pu éviter cette condamnation s’il avait accepté la somme d’argent qu’on lui avait demandé. Il tenta vainement de marchander. On lui expliqua que, partagée entre les cinq membres de la commission, la somme proposée par le juge était vraiment dérisoire.
Les négociations trébuchèrent quelques jours, avant d’échouer définitivement.
Le juge opta pour la prison.
Lalla n’éprouva aucun sentiment de tristesse quand elle apprit le verdict. Bien au contraire, elle sauta de joie et téléphona sur le champ à Shimon pour lui communiquer la bonne nouvelle et l’inviter à venir s’installer chez elle jusqu’à leur départ pour la Suisse. Elle proposa à la jeune Mina, la bonne, et à la cuisinière Rkia de chercher un travail auprès d’autres familles.
Sidi étant en prison, Lalla devait logiquement réduire ses dépenses.
En apprenant la nouvelle, Al Madmoon vint consoler la femme du juge. Celle-ci lui expliqua qu’il fallait suspendre leurs soirées jusqu’au retour de son mari. Convaincu, le cheikh repartit quelques minutes après. Mina le raccompagna jusqu’à la porte principale. Il lui parla quelques instants, lui tendit un minuscule bout de papier et monta dans sa voiture.
Hajja apprit la nouvelle de l’arrestation du juge trois jours plus tard et vint, à son tour, réconforter Lalla. Celle-ci fit semblant d’être terriblement touchée par cet événement malheureux. De son côté, la visiteuse joua parfaitement son rôle en versant quelques larmes qui tarirent lorsque la femme du juge lui tendit une liasse de billets d’argent en compensation de tous les valeureux services qu’elle lui avait rendus.
La grosse femme repartit contente d’avoir récupéré tout son dû.
Shimon s’installa confortablement dans la villa. Il s’absentait trois fois par semaine. Il disait qu’il devait faire sortir tout l’argent, qu’il ne pouvait pas effectuer cette opération en une seule fois, et que l’acquisition d’un chalet près de Genève, en Suisse, demandait du temps. Le reste des jours de la semaine, il était occupé, disait-il, à liquider son entreprise.
Dix mois après l’arrestation du juge, le juif partit un lundi.
Il ne revint plus.
Inquiète, Lalla tenta, une semaine après sa disparition, de le contacter par téléphone, malheureusement, elle n’y parvint pas. Chaque fois, une voix nasillarde lui répondait : « Le numéro que vous demandez n’est pas disponible pour le moment, veuillez rappeler plus tard ! »
Un jour, elle ne reçut plus aucune réponse. « On lui a volé certainement son téléphone portable ! Mais pourquoi n’essaie-t-il pas de me téléphoner, lui ? », elle chassa de son esprit toutes ces pensées douteuses, persuadée qu’il allait finir par refaire surface.
Comme elle n’avait plus beaucoup d’argent pour couvrir ses dépenses jusqu’au retour de Shimon - elle espérait toujours le revoir malgré les vingt sept jours de séparation- elle songea à Al Madmoon. « Ce gros peut facilement me signer un chèque ! », se dit-elle.
Et elle quitta la villa.
Une plaque en cuivre jaune portant un nom de famille qu’elle ne connaissait pas et suivi du mot « notaire » était fixée sur la porte de l’appartement. Lalla ne comprit rien mais elle sonna tout de même. La secrétaire, une jeune fille, qui ouvrit la porte lui déclara que le cheikh avait vendu le local parce qu’il voulait retourner dans son pays. Elle ajouta en riant : « Les gens comme Al Madmoon viennent chez nous uniquement pour chercher des filles. Ils n’ont jamais été intéressés par une activité économique quelconque. Figurez-vous madame, qu’avant son départ, il s’est marié à une jeune fille qui travaillait comme bonne chez la femme d’un juge. Il parait qu’il a donné une fortune aux parents de la mariée. De plus, il leur a acheté une immense villa à Marrakech. Quelle chance ! ».
Lalla devint toute pale. Elle essaya, tant bien que mal, de paraitre décontractée. Elle se faisait l’effet d’un miroir brisé, inutile. La jeune secrétaire l’interrogea : « Quelque chose ne va pas, madame ? »
« Non, non. Un petit malaise. Donnez-moi un verre d’eau s’il vous plait ».
L’employée la fit s’asseoir sur une chaise et courut chercher une bouteille d’eau et un gobelet.
Quelques minutes plus tard, la femme du juge quitta l’immeuble en titubant. Elle se faisait des reproches. « J’airais pu…. J’aurais dû faire… », se disait-elle. Elle ne cessa de penser à l’homme du désert et à sa femme, la jeune Mina, que lorsqu’elle aperçut une voiture garée devant chez elle. C’était l’acquéreur de la villa. Il l’informa qu’il devait prendre possession de sa demeure le jour suivant.
Surprise, elle s’exclama, presque à haute voix : « Déjà ! ».
L’homme d’une quarantaine d’années lui répondit : « Eh oui, madame ! Le temps passe vite. Demain, je repasserai récupérer les clés vers dix heures ».
Il repartit dans sa voiture.

( A suivre )

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Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 03-11-2013 07:49  Mis à jour: 03-11-2013 07:49
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: A chacun son dû ( 7ème partie )
Lalla voit tout son monde s'écrouler autour d'elle et ses rêves aussi. Je savais que le juif n'était pas clean. Et la petite servante finit riche comme Crésus mais mariée à un homme de peu de vertu ...

Bon que va-t-il se passer pour Lalla ?

Merci
Salimbye
Posté le: 03-11-2013 22:37  Mis à jour: 03-11-2013 22:37
Plume d'Argent
Inscrit le: 01-08-2013
De:
Contributions: 81
 Re: A chacun son dû ( 7ème partie )
Bonjour Couscous!
Merci pour tes encouragements.
Le "juif " ne fait que reprendre son dû.
D'ailleurs chaque personnage reprend son dû !
Le " juif" n'est pas plus méchant que les autres prédateurs!
Amicalement !!
Loriane
Posté le: 04-11-2013 18:59  Mis à jour: 04-11-2013 19:00
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: A chacun son dû ( 7ème partie )
C'est bien écrit mais les personnages sont particulièrement répugnants.
Heureusement que c'est une fiction.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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