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Nouvelles : Dernier tango à Buenos Aires
Publié par gin le 07-11-2013 16:17:54 ( 958 lectures ) Articles du même auteur



Tout est perdu. Toi, moi, mon corps et l’idée débile que je fais partie de ce monde. Je ne sais plus danser. Mes pieds restent cloués, immobiles, à observer niais la vie qui s’agite dans un cercle sans fin qui ne mène à rien, jamais. Je n’aime pas tourner en rond. Je ne comprends pas les gens. Je passe toujours tout droit et le monde m’oublie à chaque tour de piste alors que je m’obstine à me souvenir. Sortie du champ de vision, éradiquée. Je suis fatiguée de n’exister qu’un jour. Je voudrais survivre aux lendemains, savoir qu’on peut désirer croiser mon chemin encore, me faire danser un autre tango. Tout est parti avec un coup de fil jamais arrivé qui aurait pu m’accrocher à cet autre qui m’échappe. Enfuis, toi et cette ville, j’en suis là, à errer dans des rues que je croyais connaître, repasser dans les recoins de ta peau que je pensais par cœur. On ne connaît jamais rien, je l’ai su pourtant. Malédiction personnelle. L’utile s’efface pour ne laisser la place qu’aux futilités qui me servent autant qu’une cuillère en diamant pour le café. J’ai oublié le sens de la vie, cru que je pourrais revenir. On ne revient jamais. Le monde sait bien se contenter d’une seule direction et c’est en vain que j’ai tenté de retrouver ce que j’avais quitté, ou ce qui m’avait quitté, ou quoi que ce soit qui ait foutu le camp, peu importe quand et comment. Ça aussi je l’ai su. Un cercle qui ne se referme jamais. Je ne comprends pas l’humanité. Comment a-t-elle été foutue d’inventer la logique et d’être encore capable d’accepter ça ? Putain de mémoire. Il m’a fallu un coup de massue, traître, pour me faire revenir à la réalité. Saloperie d’esprit rationnel. Et maintenant ? Avec le regard de celui qui est parti, tout n’a plus que l’odeur de la sciure arrachée interminablement sous le poids des pas qui écorchent le sol en silence. Presque imperceptibles. On dirait qu’ils flottent, mais ils s’écrasent, usent et arrachent ce qu’on pensait fait pour durer. J’ai voulu un autre tango, comme un dernier verre, mais lorsque la musique s’arrête, retour à la case départ. Règles du jeu. On ne retrouve jamais ce qui a été. Encore moins ici. Cette ville est une belle arnaque, une chanson sans fin de cœurs brisés le sourire aux lèvres, de bras offerts qui regardent ailleurs, une foi en un rien fugace qui se répète à l’infini entre des mains interchangeables. Je n’ai jamais été croyante. Je n’ai pas plus existé ici qu’avant, qu’avec toi, sans toi, n’importe qui ou personne. Je n’ai jamais su compter. A huit, j’ai cru que je pourrais. Pour toi, pour elles, pour cette ville. Putain d’imagination. On la paie bien trop cher pour ce qu’elle nous donne. Du vent. J’aurais dû rester à la rue, continuer de ne croire en rien. On devrait toujours se méfier de ceux qui portent des talons hauts sans jamais les poser à terre. Ils sont trop loin, perchés, et si on arrive enfin à les atteindre, il vaut mieux se résigner à mourir là ou à s’effacer à jamais. Aller simple, on ne revient pas si facilement au pays d’Oz. Il vous attrapa par surprise et vous oublie dès que votre cul a effleuré cette saloperie de chaise. Ne jamais m’asseoir ou t’oublier. J’ai voulu les deux. Rien, debout, dans le vide, seule, avec cette rengaine qui n’en finit pas et qui me tape sur le système aujourd’hui. Comme tout dans la vie, je t’ai rencontré par hasard, je t’ai perdu par choix. Je n’ai jamais su faire les bons. On devrait charger quelqu’un de prendre des décisions à ma place, je pourrais peut-être enfin me reposer.
Cette ville ou toi, c’est du pareil au même, un tango comme les autres auquel je me suis accrochée plus que de raison. Ça finit mal ce genre d’image que l’on s’obstine à vouloir toucher ailleurs que dans un lit. Ça s’évapore, ça se réveille et se débat plus vite que ce qu’il a coûté pour les apercevoir.
Cette ville ou toi… on en est là. Ceux qui n’ont jamais connu les lumières tamisées et les couleurs factices des milongas ne pourront jamais comprendre. Les chaussures surtout, notre armure contre la réalité. Celles que l’on enfile, lentement. On dirait que ce sont elles qui observent. Vivantes. Si leur regard scintillant sait pointer dans la bonne direction, si leurs talons se frappent avec grâce en musique, pouf, la porte s’ouvre. Un monde qui n’existe qu’au milieu des jaunes, des verts, rouges et dorés qui dansent volent et brillent dans tous les sens. Une hypnose. Comment pourrait-on rester soi-même ? Rien n’est soi-même. Trop de codes, trop de couleurs. On se croirait dans un vieux film de Kubrick, ça donnerait la nausée si on n’était pas initiés, lentement. Celles que l’on enlève aussi. Un monde de souliers qui raclent et de talons qui claquent. Des accessoires qui existent sans nous. On ne devrait pas plus les déranger qu’une fois que tu as existé sans moi. Trop tard. Quand on ôte quoi que ce soit, retour à la rue. On ne change pas d’avis, les choses ne se laissent pas faire.

Partir ou rester. On en est là, dans ce taxi. Qu’est-ce que je fous là ? Je devrais sauter de cette bagnole, m’enfuir en courant. Rien à se dire, pathétique. C’est pas du tout ce que j’avais imaginé. Faudrait pas laisser l’humanité imaginer quoi que ce soit. Ça finit toujours en drame. Personne ne voit rien. Personne ne voit personne. A trop observer le mieux qui s’agite sur la piste, illusoire, on en oublie ce qu’on peut toucher. Des semaines d’œillades, de sourires figés, à tourner en rond. Te rentrer dedans, ça a été comme de braquer un fantasme, sans même un masque, sans même essayer de me conformer à l’idée que tu en avais. On doit pourtant ménager les fantômes. Pourquoi faut-il toujours que je jette à la gueule de tous mon goût morbide pour la réalité. A l’identique depuis des lustres. Moi, les fleurs dans les cheveux, les papillons. Tellement pas moi, tous, personne. Si l’humanité avait désiré que ses différents soient eux-mêmes, elle n’aurait jamais inventé l’identité pour ses semblables.
Ça a marché. Faut voir comment. Je déteste les gens qui ne savent pas dire non. Ils disent toujours oui à moitié. Un viol aurait presque pas été plus contraint. Ok. Le taxi donc, l’appart, les colocs, rapide, ça comme le reste, pratique. Vivre en communauté est devenu la meilleure tactique pour se débarrasser des encombrants. L’appart donc, les toilettes, la chambre. Je devrais me casser, inventer une excuse bidon. On peut pas se tromper à ce point. Si, quand la passion fantasmée a la sensualité d’un carrelage de chiottes publics. Sale. Puis les phrases de merde, gênés. On croit sans cesse qu’on pourra pas faire pire. Bah si.

Cette ville ou toi, debout ou allongée, tout penser. Baisser l’attention n’est pas dans l’air du temps. Le moindre geste, la moindre parole, jugée, archivée. Les souvenirs qui resteront de nous quand nous seront mortes sont enregistrés en instantané et éternellement dans les statuts Facebook. De nous, rien, comme dans la mémoire des tangueros. Un pour tous. Du pareil au même. Comme ça, nous pouvons disparaître, personne ne parlera plus de nous.

La chambre, les toilettes, le taxi donc. La solitude d’avoir à se masturber quand on sort juste du lit de quelqu’un. Mal. Peut-être que tout ça se transformera comme par enchantement, les contes de fées commencent toujours en drame. Je ne suis pas une princesse. Ça aussi, j’ai tendance à l’oublier.
Putain, qu’est-ce qui s’est passé ? Il est où le temps où j’avais le cul qui m’arrivait aux omoplates et où un type avait la gaule rien qu’en me matant enlever mes fringues ? Parti. Où ? Jusqu’à quand ? Ca revient ces choses là ? Rien ne revient jamais.

Toi, moi, cette ville. J’y ai cru pourtant, à elles plus qu’à toi. Plus douces, plus longtemps, mais qui se sont dissoutes entre mes doigts, tout comme toi. Deux fois, encore plus bas. Une idée, un mirage, un rien sur lequel je me suis appuyée. Posée contre du vent. Forcément. J’ai tellement voulu ce quelque part, à jamais. Encore du vent, à la rue. A jamais n’existe pas. Pas ici, nulle part, avec personne. Pas plus que le futur ou le passé, et les présents ne semblent faits que de meilleurs que je n’espère plus. Les retours ont le goût des villes fantômes. Poussiéreux, silencieux, vides, tout comme les planchers désertés baignés d’alcool, de sueur et de lumière. Je ne retrouve plus rien. Tout le monde a le regard des autres.
Si la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas, le génie de cette ville est de faire croire à sa réalité. Mais au final, ils disparaissent, et personne n’entendra plus jamais parler d’elle. Elles, cette ville, toi, n’importe qui, n’importe où. Du pareil au même.

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Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 11-11-2013 13:21  Mis à jour: 11-11-2013 13:21
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Dernier tango à Buenos Aires
Plusieurs choses.
Sur la forme :
la lecture est extrémement difficile, c'est beaucoup trop serré, pas d'espacement, pas de sauts à la ligne. Cela manque de clarté et décourage ton lecteur.
Ce n'est pas une récit mais une succession de réflexions sur les états du narrateur.
Si bien que pour le lecteur qui ne connait pas le contexte, cela parait confus et il est difficile "d'accrocher", celui qui te lit.
Comment s’intéresser aux divagations d'une personne que l'on ne situe pas.
Pour que le lecteur rentre dans le récit il faut qu'il sache "qui", "quand", où", "pourquoi" ...
Pour contextualiser ton texte, et le rattacher au concret, une ou deux phrases simples et courtes peuvent suffire en début de récit.
Attention :
Citation :
Malédiction personnelle.

Entre deux points il y a toujours une phrase et une phrase c'est un sujet, un verbe, et parfois un complément, mais les phrases nominales (sans verbe) sont presque toujours une exclamation, ou interrogation, et donc avec un point d’exclamation ou interrogation et surtout elles doivent rester exceptionnelles.

Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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