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Accueil >> xnews >> La vie est une fête ( 2ème partie) - Nouvelles - Textes
Nouvelles : La vie est une fête ( 2ème partie)
Publié par kim le 04-01-2014 10:10:00 ( 769 lectures ) Articles du même auteur



La moitié de l’après midi avait déjà défilé et je n’avais encore rien fait.

Je me retrouvais là avec une veuve éplorée et un chat en souffrance dans les bras. J’avais pas envie d’y aller, moi, chez le véto, mais je ne pouvais pas les laisser tous les deux dans leur mélasse comme des moins que rien, alors j’y suis allé quand même.

Dans la rue, la mère DUMAS me suivait comme elle pouvait. J’avais mis le turbo pour Francis. Le vétérinaire était à 300 mètres au coin de la rue.

- Comment il va ? qu’elle criait derrière.
- Ca va, il tient que je mentais.

Francis ne bougeait presque plus. Je sentais les anges des chats qui commençaient à me lécher les avants bras. Plus on avançait, plus Francis refoulait et même si personne ne connait réellement l’odeur de la mort, tout le monde sait la reconnaitre quand elle arrive.

On est arrivé chez le vétérinaire, en l’état, à moitiés morts tous les trois.

C’est madame DUMAS qui souffrait le plus. Pour elle, c’était comme de s’accrocher au dernier espoir que lui offrait la vie, un espoir plein de poils et de souffrance qui avait supporté deux vies. Francis, lui, il donnait l’impression qu’il avait son compte et que c’était bien comme ça, même si sa queue bougeait encore. Sur qu’il faudrait un croquemort pour la mère DUMAS, après lui.

Quand le véto est arrivé, Francis, il bougeait presque plus, sa tête me tombait des bras. Pour elle, c’était comme si elle voyait arrivé le petit JESUS. Un JESUS en blouse blanche avec un visage impassible, vierge de tout sentiment, un visage comme tant d’autres qui n’était pas fait pour en porter.

J’ai sentis la main gauche de Madame DUMAS qui m’accrochait à nouveau l’avant bras avec tous ses ongles. Elle voulait qu’ont souffrent tous les deux pour Francis.

On est passé devant tous ceux qui avaient rendez vous, comme ça, comme des princes avec la mort qui nous escortait, surveillait nos arrières. On est ensuite rentré dans une salle avec une table en inox au milieu, c’est tout, rien au mur, une fenêtre je crois, un bureau, le véto, la veuve, le chat, son âme et moi.

J’ai posé Francis comme j’ai pu, délicatement, d’un seul bras. Mon autre bras était toujours pris par les bagouzes de Madame DUMAS. Le véto à jeté un rapide coup d’œil à Francis : ses paupières, sa gorge purulente, la bave qui lui sortait toujours des tripes, ses pulsations cardiaques.

La mère DUMAS me serrait de plus belle. Le véto m’a lancé un regard furtif, histoire de me faire comprendre en silence que ce n’était plus la peine d’espérer, que le silence allait s’installer définitivement pour Francis. Le chat ne sentait plus rien, dans le brouillard qu’il était la pauvre bête. Et puis le véto à posé ses mains à plats sur la table en inox bien froide pour fixer Madame DUMAS.

- Vous allez le sauver, n’est ce pas docteur ? Qu’elle lui lança en pleine face sans qu’il n’ait eu le temps de dégainer un seul mot.

Le véto à froncé les sourcils en restant immobile comme Francis.

- Parce que vous savez, qu’elle lui dit, moi je n’ai que mon Francis et sans lui c’est plus la peine, parce que des peines j’en ai eu beaucoup trop dans ma vie, vous savez, je n’ai plus la force pour continuer toute seule. Francis, c’est mon espoir, mon petit passeport vers une mort en douceur. Vous avez des enfants, hein ? Oui je sais que vous en avez. On ne survit pas à ses enfants, docteur. Il faut le sauver mon Francis, sinon vous allez m’enterrer avec lui. Hein, vous me comprenez ?

Le véto à fait une petite grimace. Le genre de grimace que l’on fait quand on vient de rater son métro.

- Madame DUMAS, je ne le sauverai pas. Il faut que vous preniez une décision. Je peux vous laisser réfléchir un instant, mais comprenez que j’ai du monde en salle d’attente et la journée est loin d’être finie pour moi.

Pour Francis, la journée était sur le point de se terminer. Madame DUMAS était tétanisée par les paroles du véto et continuait de serrer mon bras. J’avais pas envie de parler, vraiment pas, mais comme toujours, il a fallu que je le fasse quand même.

- Madame DUMAS faut vous décider. Francis est mal en point, il faut le laisser partir en paix.
- Mais…
- Il ne souffrira plus Madame DUMAS.
- Non, je…
- Madame DUMAS.
- …. D’accord, …D’accord.

Le véto a saisi une seringue pleine d’un liquide bleu qui ressemblait à du produit vaisselle. J’ai senti la main de Madame DUMAS qui se desserrait lentement. Le véto avait du mal à trouver une veine pour poser son caté- taire. Quand la seringue s’est emboitée dedans, j’ai compris que Francis allait partir dans les secondes qui suivraient vers un monde meilleur, bien meilleur que celui qu’il allait nous laisser. Le véto à commencer à appuyer sur la seringue. Je tenais la tête de Francis délicatement et je caressais son ventre. Je sentais à peine sa respiration et j’avais peur que la pauvre bête fasse des convulsions pendant la piqure. Le véto faisait son travail, donnait la mort comme on donne une aspirine.

J’ai entendu la porte derrière moi qui s’ouvrait. C’était Madame DUMAS qui s’en allait. Sur le moment, je craignais des effusions de larmes, des embrassades à n’en plus finir pour lui dire au revoir à ce brave Francis. Mais rien. Juste un silence et une porte entre-ouverte délicatement pour laisser Francis reposer en paix.

Le véto est arrivé au bout de la seringue, tout le produit vaisselle avait pénétré dans le petit corps de Francis. C’était fini. Je ne l’ai même pas senti partir.

Une seringue, un liquide aux couleurs du paradis, une table en inox glacée, une porte entre- ouverte, 2 étrangers et voilà tout. La vie est plus difficile à donner qu’à enlever.

J’ai remercié le véto. J’ai jeté un dernier regard à Francis et je me suis dirigé vers la caisse.

Madame DUMAS avait déjà tout régler et souhaitait faire incinérer le corps.

Quand je suis sorti, je m’attendais à la voir, mais rien, quedal, juste des voitures, un ciel gris de décembre, un froid glacial et des gens qui courraient dans la rue.

J’ai pris le chemin du retour en pensant à Madame DUMAS et puis après j’ai pensé aux homards. Nina n’allait pas tarder à rentrer et je n’avais encore rien fait. Quelle merde !

L’appartement était tel que je l’avais laissé. De la bouffe plein le frigo, des bouteilles sur la table de la cuisine, la même vue par la fenêtre. J’ai sorti une jolie nappe du placard, j’ai pris les assiettes que Nina ne sortait que pour les grandes occasions et le téléphone s’est mis à sonner.
J’avais pas envie de le décrocher ce téléphone, mais il n’arrêtait pas de sonner, ça résonnait dans tout l’appartement. Alors, j’ai décroché quand même, putain de merde !

- ALLO !
- C’est Georges, petit merdeux ! T’as pas intérêt de raccrocher.
- Georges tu me gonfles, j’ai…
- A PARTIR DE MAINTENANT, PETIT ENCULE, T’ES TRICARD SUR TOUTE LA PLACE DE LYON.
- Putain Georges, j’ai posé ma journée pour le réveillon, ma moitié ne va pas tarder à rentrer et j’ai rien préparé, et puis y a eu Francis, d’accord, t’en a rien foutre toi de Francis, pas vrai ?
- Qui c’est Francis, bon Dieu !
- Il y est justement chez les Dieux et depuis cet après midi et je t’interdis de parler de lui.
- Mes condoléances, mon grand, je ne savais pas.
- Je le dirai à Madame DUMAS.
- A qui ?
- Laisse tomber.
- Ecoute grand, je te propose un truc. Tu ne prépares rien et tu viens avec ta souris, je vous invite et dans la soirée tu faits ton show pendant 1 heure.
- Combien ?
- 500 balles fils.
- T’avais dit 700.
- Si tu viens manger avec ta copine, tu comprends…
- Georges, c’est 700 balles et une table pour 3, j’aurai une invitée. Si t’es pas d’accord, t’iras raconter toi-même des conneries sur scène à tes connards de cad’sups.
- T’énerves pas, t’énerves pas, c’est d’accord. MAIS JE TE VEUX A 20 HEURES CHEZ MOI !!!

Georges a raccroché aussi sec.

J’en voyais pas le bout de cette journée. J’avais à peine eu le temps de boire un café et puis : Toc ! Toc ! Ca frappait à la porte. Encore. C’était des petits coups mesurés, juste ce qu’il fallait pour se faire entendre. Je connaissais cette façon de frapper à une porte. J’avais pas envie d’ouvrir, c’était trop tôt, mais faudrait bien que je le fasse un jour, alors, j’ai ouvert quand même.

- J’ai oublié mes clefs me dit Nina avec une voix douce en me regardant avec ses grands yeux.
- Je suis désolé pour tout à l’heure, ma chérie.
- Ne t’excuse pas. C’est moi qui n’étais pas bien. La vie est dure certains jours, c’est tout.
- Ce qui dure, c’est ta beauté.
- Arrête de me faire du charme et laisses moi rentrer.
- D’accord, tu rentres mais gardes tout sur toi.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tu m’aimes.

J’ai filé dans la chambre et j’ai enfilé mon costard 3 pièces. J’ai mis une cravate dans la poche de ma chemise et j’ai pris Nina par la main pour l’entrainer sur le pallier.

- Mais qu’est que tu fais ?
- C’est une surprise ma chérie.
- Mais où veux-tu aller ? J’ai besoin de me préparer.
- Tu es parfaite. Ce soir on a besoin d’une surprise, c’est tout ce qui manque aux pauvres, des bonnes surprises.

J’ai entrainé Nina au quatrième et j’ai frappé à la porte de madame DUMAS. J’avais vraiment envie qu’elle ouvre. J’ai attendu quelques secondes et j’ai frappé à nouveau. Rien. Le silence le plus total et ça m’inquiétait.

- Mais qu’est ce que tu fais à la fin ? me demanda Nina.
- Je sauve une vie.
- Comment ça…Quoi ? Qu’est ce que tu racontes.
- Je te dirai ça demain, ce soir c’est ta soirée.

J’ai regardé Nina en tournant le dos à la porte de madame DUMAS. J’avais vraiment envie qu’elle réponde et qu’elle reste avec nous pour échapper à l’enfer de cette journée ; mais l’appartement semblait vide. Elle était peux- être avec de la famille. Je l’espérais, après tout c’était Noel… qui sait.

- Mais qu’est ce qu’on fait ici ?
- On s’en va.

J’ai pris à nouveau Nina par la main et on s’est dirigé vers les parkings. Nina était bien là, à portée de main, à portée de cœur et c’est elle que je devais sauver maintenant.

Les rues étaient folles et mortes à la fois. C’est ça la magie de Noel : une féerie ou la vie et la mort se mélangent, il n’y a plus de barrières, le désespoir fête la vie, la victime aime l’assassin, une folie légale s’empare des êtres avec la bénédiction des Dieux pendant que les voiture continuent de passer dans la brume irréelle.

On allait chez Georges, j’avais mon show à faire et une soirée à offrir. Nina ne connaissait pas Georges et ne connaissait pas mon show. Elle détestait ce que je faisais, rapport au fait, vous savez, que je parlais de mon vécu, de mon pain noir pour bidonner les foules. Et ce pain noir, elle l’avait mangé avec moi, alors ça lui rappelait la mélasse. C’était pas agréable pour elle, vous comprenez. Alors qui sait, voir les autres se marrer de sa propre vie, ça pouvait aider, quelque part, à prendre du recul. Ma mélasse, j’essayais d’en faire une tambouille drôle, avec du fond, histoire de pas barber le spectateur, de ne pas lui en rajouter une tranche dans son assiette. Ma vérité, je la puisais au sel de ma vie, parce que j’avais vite compris qu’on ne peut raconter que ce qu’on connait vraiment.

Avant de rentrer chez Georges, Nina m’a embrassé sous le ciel étoilé.

- Je ne m’attendais pas à ça qu’elle me dit doucement.
- Oui, je sais, moi non plus.
















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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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