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Nouvelles : La Fille Maire (Suite 1)
Publié par EXEM le 07-01-2014 17:50:00 ( 1012 lectures ) Articles du même auteur



Jeannette fait son entrée. C'est une belle fille de trente-cinq ans. Pleine de santé et de force.

LES MÊMES, Jeannette

Jeannette : 'Jour Maurice ! ' Jour Ali ! Déjà là ?
Ali : Oui mademoiselle.
Maurice : (A voix basse) Il a mal dormi cette nuit. (Plus haut) J'vous sers un café crème ? (Elle hoche la tête pour acquiescer) Vous en faites une tête, mam'zelle Jeannette. Ça va pas fort ?
Jeannette : Je suis soucieuse.
Maurice : Vous avez des ennuis ?
Jeannette : Oui et non.
Maurice : Oui ou non ?
Jeannette : Oui et non. Oui, parce que ces ennuis sont sublimes, et non, parce que je ne sais pas si j'en serais digne.
Ali : Alors là, mademoiselle, je peux vous dire qu'on est toujours digne de ses ennuis.
Maurice : Et moi, j'ajoute que les ennuis ne sont jamais sublimes. Maintenant je vous conseille d'oublier tout. De boire votre petit " crème " et de redevenir comme avant : joyeuse et insouciante telle la blanche tourterelle.
Jeannette : Impossible. J'ai pris ma décision.
Maurice : C'est-à-dire ?
Jeannette : J'ai décidé de devenir mère.
Maurice : Ah ! C'est ça ? C'est faisable. Vous en avez déjà la rondeur et avec un bon régime vous arriverez à avoir celle de monsieur Pinson.
Jeannette : Je n'y ai pas encore travaillé.
Maurice : C'est vrai. Il vous faudra les voix pour devenir maire.
Jeannette : Mais dites donc ! J'ai mes voies naturelles comme toutes les femmes ! Et meilleures même !
Maurice : Je dis pas le contraire.
Ali : Je suis très heureux pour vous, mademoiselle. Si je peux vous aider…
Jeannette : Nous verrons ça plus tard. En ce moment je ne me sens pas très bien. J'ai mal aux pieds. J'ai faim et j'ai envie de vomir.
Ali : Les pieds c'est normal mais le reste me paraît bizarre.
Maurice : Pas moi. Quand je rentre chez moi j'ai faim mais dès que j'embrasse ma femme j'ai un mauvais goût dans la bouche. Allez savoir ! Mais dites-moi, mam'zelle Jeannette ! Une fille Maire dans Mar-sur-Mer ça va être rare.
Maurice : Mais il y en a partout dans le pays. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l'être ici. Êtes-vous devenus chauvins ? Vous pensez qu'une fille ne peut pas se débrouiller toute seule ?
Ali : Non ! Pas moi ! Je n'veux pas qu'à cause d'un arabe vous soyez malheureuse… Après on dira que tous les arabes causent des ennuis.
Jeannette : Ne craignez rien, Ali.
Maurice : Enfin vous ne nous avez pas dit pourquoi vous voulez subitement devenir Maire.
Jeannette : Pour la joie.
Maurice : La joie. Oui. Mais il n'y a pas que ça. Cela va vous causer du travail, des tourments, des nuits sans sommeil des… je sais pas, moi… !
Jeannette : Je n'ai pas peur.
Maurice : Enfin, ne croyez-vous pas que M. Pinson risque d'être jaloux ?
Jeannette : Jaloux ?! Pourquoi le serait-il ? Je lui aurais donné la primeur mais il est trop vieux et trop bête.
Ali : (A voix basse) Vous avez raison.
Maurice : C'est vrai qu'il commence à se faire vieux mais il est toujours, du moins, jusqu'aux élections, un maire.
Jeannette : Et moi, je serai, tout de suite après les élections, une mère. Quel mal y a-t-il ? Il parle d'ouailles quand moi je parle d'enfant de la Patrie.
Ali : Un beau discours, ma parole !
Maurice : C'est de la folie.
Jeannette : Ali ! Voulez-vous être mon partenaire ? Mon adjoint ? Mon cheval de bataille ?
Ali : Mais ! je…
Jeannette : « Je… » quoi ? Je vous plais. Vous me plaisez. On peut faire route ensemble. Vivre un grand moment.
Maurice : J' t'ai dit que t'avais la barre avec cette fille ! Allez ! Laisse-toi faire. Je vote pour toi.
Ali : Je suis un arabe.
Jeannette : Vous êtes un homme.
Ali : Vous voulez un cheval.
Jeannette : On peut pas tout avoir dans la vie.
Ali : Je suis pauvre.
Jeannette : Je serai pleine à craquer.
Ali : Je n'ai pas de carte de travail…
Jeannette : Pas besoin de travail ! Que du plaisir.
Ali : Alors comme ça, ça va ! Je marche avec vous, mademoiselle.
Maurice : Bravo. Allez ! Ça s'arrose. Qu'est-ce que je vous sers ?
Ali : Merci. La prochaine fois. Il faut maint'nant que j'aille à la boutique voir ce qui s' passe !
Jeannette : Et moi, je dois aller me préparer. Me préparer pour ce grand événement. Je veux par cet acte historique, défendre les droits de la femme, de toutes les femmes. Elles n'auront plus désormais à marcher la tête basse. Elle n'auront plus désormais à dépendre d'un homme, d'un ami, d'un amant pour donner à manger à leur enfant. (Elle s'enflamme et déclame avec emphase au public) Acceptez-moi dans votre cœur ! Laissez-moi devenir la Fille Mère de Mar-sur-Mer et vous aurez réussi où notre Président de la République a échoué. Ma devise est la suivante : " Une fille mère vaut mieux qu'un fils de son père. "

Ali et Maurice applaudissent tandis que devant la porte du café des badauds se joignent à leur liesse. Ensuite Ali et Jeannette sortent. Apparaît M. Pinson, le maire de Mar-sur-Mer. Il fait face à la foule qui remplit la salle face au comptoir.


(A SUIVRE)

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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