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Nouvelles : Le petit Omar
Publié par gomedj le 07-01-2014 23:40:00 ( 1545 lectures ) Articles du même auteur



Le Petit Omar
Avec l’idée de laisser quelques traces dans les cœurs, sensibles à l’écoute, et dans toute âme préparée à recevoir les messages et à décoder les sous entendus, je me trouve guidé aujourd’hui à mon âge de retraite qu’il est nécessaire d’extérioriser mon expérience de marin dans une mer déchainée, à travers les principales étapes marquant la vie de mon petit Omar et la mienne, et de mettre ainsi en relief certaines escales qui demeurent toujours gravées dans ma mémoire, malgré que des années lointaines se soient écoulées ……
Je me souviens de lui, un petit bébé dans son berceau, avec ses sourires lumineux, une chevelure noire tombante sur son front. Je voyais en son visage une beauté angélique, une innocence que ne peuvent avoir, par nature, que les nourrissons. Il avait les yeux très noirs, aux regards intelligents, reflétant beaucoup de sens promettant un avenir bien discret.
Je me souviens de lui lorsqu‘il eut à peine trois ans, je constatais qu’il accusait un retard locomoteur, ceci en comparaison avec les enfants de son âge. J’avais cru que c’était un simple retard passager, dû, peut-être au manque de fortifiants, ou nécessitant une petite thérapie … Que de fois je consultais des médecins pour mon fils. Ceux-ci lui prescrivaient des médicaments qu’ils voyaient adéquats et nécessaires pour sa santé et pour son développement corporel, pour sa structure organique, ainsi qu’un régime alimentaire bien strict … Ces nombreuses visites médicales me donnaient l’espoir qu’un jour, mon fils sera sur pied, marchant, jouant, courant, bref tout ce que faisaient les enfants de son âge...
Comme il est à noter que Madame mon épouse, sa mère génitrice, une villageoise des régions montagneuses, dont l’endurance rappelle justement ces rocs du Mont des KSOURS, a su insuffler au petit Omar l’endurance et la persévérance aux moments des difficultés, de même, ces douceurs et ces chaleurs humaines qu’elle a acquises des palmeraies et des dunes d’où elle est issue …
Elle a été ,je dois le dire, un grand apport au début et un support indéfectible qui m’ont permis de mener à bien ma mission, cette grande tâche que j’ai assumée.
Elle ne peut être que remerciée pour son dévouement à cette grande œuvre qu’est notre fils Omar…
Combien de fois, j’essayais de le mettre debout, en le tenant par les mains et de lui faire quelques pas…
Hélas ! je n’arrivais pas, ceci malgré moi, à contrecœur. Cela me faisait sincèrement mal au cœur …
Je n’ai cessé d’implorer le Bon Dieu pour qu’il me donne la force nécessaire, me permettant d’être toujours aux côtés de lui , lui prodiguant joies et bonheurs, d’être son support aussi bien matériel que moral, d’être un toit sous lequel il s’abritera du froid et des intempéries, d’être cet arbre qui l’ombragera des rayons du soleil, au moment des grandes chaleurs, au plus fort de l’été, d’être un fruit de cet arbre à portée de sa main, d’être telle une source d’eau tout près de lui et qu’il pourra boire au besoin.
Le petit Omar me transmettait continuellement des regards très forts et de grande importance, comme s’il me disait qu’il est capable malgré sa maladie, de rester toujours fort et pleinement rempli de vie, pouvant faire ce que d’autres ne le pourront jamais. Un langage qui ne peut être décodé qu’avec le cœur d’un père touché par un sort pareil. Un mektoub.
Malheureusement, cette conviction à moi, et cette grande foi n’ont pu être admises par la majorité des membres de la famille ainsi que par une certaine partie de notre société qui me blessaient par leurs propos malveillants en surnommant mon fils, avec une certaine façon, pas très polie:« Omar l’handicapé ! »…
Je reprenais continuellement patience et conscience.
« Omar l’handicapé ! » : comme ils le surnommaient avait sa place
C’était pour moi le cœur qui bat de vie, j’allais dire le trésor, plutôt l’eau limpide qui transmet l’énergie à tout ce qui bouge.
Je remarquais beaucoup de choses à son égard... Il aimait beaucoup la nature, les animaux, les oiseaux…il aimait écouter le chant du rosignol.
Que dire alors de son amour vis-à-vis ces être humains qui malheureusement le sous estimaient et n’arrivaient à interpréter sa bonté et écouter l’écho de sa profondeur
Face à ces circonstances, je me suis assigné alors un idéal, celui de combattre et de lancer un défit tout en offrant ma jeunesse et tout ce dont je suis capable à cet enfant qu’ils ont surnommé «l’handicapé».
Alors qu’il les aimait.
C’est ce qu’on appelle «récompenser le bien par le mal… »...
Si handicap il y a ? Je me disais, ne réside-t-il pas en eux-mêmes dans leurs esprits restreints, j’allais dire « bornés », où se sont nidifiées des monstruosités, des idées loin de tout civisme et de toute valeur morale ???...
J’avais toujours le pressentiment qu’un miracle se produirait un jour.
Enseignant que je suis, cartable à la main, fatigué, je revenais à la maison toujours avec l’espoir de voir mon enfant marcher, faire des progrès… Ainsi était mon lot quotidien…
Mais un jour, Omar me surprit. Il VINT m’attendre au seuil de la porte. Il se tenait à la poignée de celle-ci.
DEBOUT, m’accueillant chaleureusement, faisant même quelques pas sur place (patinant), chantant, dansant, tout cela comme pour nous dire : « Sois heureux mon père! Je marche ! » .
Il fit cela afin qu’il nous imprègne de joies et de bonheurs, pour que soient chassées tristesses et angoisses qu’il a peut être détecté.
C ‘était notre premier enfant et il n’avait que trois ans…
Ce geste si pertinent attire et mérite une attention particulière…
Il procura un changement à ce que j’endurais quotidiennement, lassé que j’étais par les aléas et les problèmes de la vie…
Bien que cette tentative de sa part fut téméraire et ne fut opérée que pour nous faire plaisir, elle nous a, quand même, procuré de la joie, une joie éphémère…
De grâce, un enfant de cet âge, ayant à peine trois ans, qui fait tout ceci, n’a-t-il pas atteint un certain degré de « maturité », d ‘intelligence, que d’autres, bien que plus âgés, n’ont pu atteindre ?!?...
Cette scène m’a fait aussi comprendre que mon petit OMAR ne pouvait garder l’équilibre, qu’il dandinait et qu’il était peut-être atteint d’une maladie nécessitant des soins et suivis rigoureux par des spécialistes, et dans des centres spécialisés…
Effectivement, après des consultations chez une spécialiste à ORAN, celle-ci nous orienta vers l’hôpital BERCQ- PLAGE en France …
Ce qui m’obligea à entreprendre toutes les démarches nécessaires pour sa prise en charge et donc son évacuation vers ce centre spécialisé…
J’avais l’espoir que mon fils Omar y trouvera les traitements adéquats, étant donné l’avancée des recherches dans ce domaine, en France…
Pendant son séjour dans l’Hexagone, à partir de novembre 1978, qui dura plus de deux ans et demi, Omar a été très estimé, aussi bien par les enseignants que par le personnel médical que je remercie vivement à l’occasion, sans oublier le bon et gentil professeur PALAZZI…
Il se peut que cette estimation et cette admiration pour mon fils soient dues à la clairvoyance, à la clarté et à la perspicacité intellectuelles et auxquelles j’ai fait référence et dont il donnait des flashs même avant son évacuation vers la France. Et aussi, peut-être, cela est dû au sens du contact qui le caractérisait par ses regards intelligents depuis ses premières heures…
Pour toutes ces raisons invoquées, l’infirmière, une demoiselle de dix-neuf ans, JOSIANE, s’est attachée à lui jusqu’à lui réserver l’amour maternel dont il avait beaucoup besoin…
Les nombreuses correspondances qu’elle m’envoyait au nom du petit OMAR m’ont donné ce sentiment très fort que mon enfant a trouvé une seconde mère, de l’autre côté de la mer Méditerranée, qui comblera le vide, aidera certainement à la guérison souhaitée et sauvegardera son équilibre éducatif et psychopédagogique, mon enfant n’ayant alors que trois ans. Cet instinct et cet amour envers OMAR la poussaient jusqu’à demander l’autorisation de le faire sortir chez elle,
les week-ends et les jours de fêtes…
Je me souviens qu’elle m’envoya les photos d’anniversaire de mon fils entouré d’une famille ambiante, très joyeux, et dont il se sentait un membre à part entière, si ce n’est plus, (c’est-à-dire, le chouchou de la famille)…
D’ailleurs, il a été, plusieurs fois, baigné de cadeaux que lui offraient Josiane et sa famille…
Des photos où Josiane enlaçait le petit Omar…
C’était magnifique, extraordinaire, car le regard de Josiane révélait beaucoup de choses, de sens, le regard d’une mère à son enfant, l’attachement qu’elle exprimait fortement à cet enfant qu’elle venait de découvrir…
Une telle découverte ne peut être faite que par une femme de grande valeur, d’un instinct fort, d’une douceur spécifiquement féminine, de laquelle se dégagent cette humanité transfrontalière et cette chaleur humaine…
D’ailleurs, deux ou trois décennies plus tard, j’osais considérer Josiane, une princesse telle que DYANA qui a su être la Reine des Cœurs, en Angleterre et même en dehors des frontières…

* * * *

Enseignant que je suis avec un salaire limité, ne couvrant même pas les besoins d’une famille nombreuse, n’ayant aucune possibilité matérielle pour récompenser cette vaillance, cette beauté, cet amour, ce bon cœur envers le petit Omar l’handicapé, je ne peux que laisser mon cœur et ma plume exprimer mes sentiments envers elle pour que çà soit un poème que j’aurais tant aimé diffuser à travers le monde… Je ne possède rien…
Si j’avais les moyens financiers, j’aurais pu aller vers des îles lointaines, à travers les continents, les océans et les mers, monts et vallées ; bravant tous les dangers, à la recherche d’une couronne bien précieuse, rare, créée par les mains subtiles d ‘un artiste, comparable à celle bien légendaire des Mille et une nuits, que je donnerai en cadeau à cette très belle blonde pour la sacrer Reine.
Cette JOSIANE que nous aimons beaucoup et très fort...
Hélas! Je ne possède que mes sentiments, mes pensées, mes impressions et ma plume… C’est pourquoi j’ai bien voulu dédier le fruit de tout cela, tissé en un poème, à cette merveilleuse Reine et je souhaiterai qu’il serait considéré comme le meilleur des cadeaux, puisque provenant du plus profond des profondeurs du cœur… Et combien, j’aurais aimé qu’il tombe un jour, entre les mains d’un grand artiste qui saura reconnaître et sentir la vraie valeur et le vrai sens des mots, des paroles composant ce poème, afin qu’il lui donne sa véritable dimension dans le temps et dans l’espace, et qu’il chanterait dans les cinq continents, parmi tous les peuples…
Et voici mon humble cadeau, qui sera, je l’espère, gardé par Omar, par moi-même, par Josiane et par les cœurs sensible à l’écoute de la parole traduite de ma langue maternelle à celle de voltaire

« JOSIANE ».
N’es-tu pas, (ô) Josiane, l’esprit sain !?!...
Dans le corps d’un être humain !?!...
D’Amours, tu en es Souveraine !
Nous t’aimons bien ! Sois-en certaine !

Angélique, demeure ta beauté !
En toi, je vois l’humanité !
Tout sacrifice et toute bonté !
De toi, émanent joies et gaietés !

Josiane, fille aux yeux bleus !
En te voyant, nous fûmes heureux !
Josiane, à l’âge de dix-neuf ans !
Mère adoptive de mon enfant !

Les lettres que tu m’envoyais !
M’assuraient, me réconfortaient !
À propos d’Omar mon enfant !
Sur photos, douceurs attestant !

Je rends hommage à l’Infirmière !
Qui sut faire un monde sans frontières !
Tes sacrifices en témoignèrent !
Et tous les tabous se cassèrent !

Josiane, femme de grande valeur !
Tu sus procurer des bonheurs !
Ā Omar, à sa famille !
Ā l’entourage, à tes filles !

Josiane, tu vivras dans nos cœurs !
Nous vîmes, en toi, une douce lueur !
Tu es pour mon enfant Omar !
Et pour nous, une merveille rare !

Par la grande porte, tu entras !
Toute la famille se souviendra !
De notre belle infirmière !
Qui, pour Omar, fut une douce mère !

Combien tu nous manques dans nos fêtes !
Ta présence nous portera aux faîtes !
Toute notre famille t’invite !
Josiane ! Viens nous rendre visite !

L’Algérie est un beau pays !
Et tu seras bien accueillie !
Tu verras le lieu où est né !
Omar que tu as adopté !

Tu verras nos dunes de sable !
Nos palmeraies agréables !
Et nos vergers bien merveilleux !
Ainsi, tu nous rendras heureux !

Palmiers-dattiers et grenadiers !
T’appellent, ô Josiane l’Aimée !
Josiane ! Sois cette bienvenue !
Ne refuse point nos mains tendues !

D’entre toutes, tu es la Douce Fleur !
Qu’entretient l’amour des cœurs !
Reçois notre joli diadème !
Destiné à celle qu’on aime !

Ce poème est une couronne !
En cadeau, je te la donne !
Sur ta douce tête, je la dépose !
Tu es la Reine ! Tu es la Rose !


* * * *
Bien que mon fils Omar était en de bonnes mains et parmi de bons cœurs, et que de ce côté-là, je n’étais point inquiet, un feu intérieur me brûlait les entrailles… Ce feu ne peut être éteint que par un saut, un voyage-éclair jusqu’à BERCQ-PLAGE, à l’hôpital où mon enfant vient de boucler une année… L’idée de voir cette bonne et belle Josiane ne me quittait plus. Joignant la parole (ou l’idée) au geste, j’entamais toutes les formalités me permettant ce voyage… Je ne pris que ma valise et quelques affaires… Arrivé à BERCQ- PLAGE, je me suis orienté vers l’hôpital...
Dans la salle d’attente, j’étais assis… Une scène inoubliable, où se mêlaient la bonté du cœur de Josiane, les regards si intelligents de mon fils qui me rappelaient ceux d’antan, et, pétrifié, je restais des moments sans mot dire…
La scène se présente ainsi : une jeune infirmière, blonde aux yeux bleus, très belle, souriante, se dirigeait vers moi, accompagnée d’un enfant sur fauteuil roulant… J’ai tout de suite compris qu’il s’agit de Josiane et de mon fils Omar… Gentiment et d’une voix très douce, elle me dit: «Monsieur GOFFA, voici votre fils, et voici son fauteuil roulant !» …
Je me suis levé, et sans rentrer dans les détails, un sentiment bizarre, confus, me fit comprendre que mon fils, mon petit Omar, malgré toutes les tentatives de la médecine, gardera, pour longtemps, le fauteuil roulant…
Et c’est ce que me confirma, plus tard, le Professeur PALAZZI de l’Hôpital BERCQ-PLAGE…
Pour me réveiller de ma stupéfaction qui dura quelques instants, mon fils Omar fit quelques gestes, essayant de se lever, faisant des efforts, chantant, gesticulant, comme s’il voulait danser, jusqu’à imiter même le clown … Je compris le message qu’il voulait exprimer, à savoir: «Sois un homme ! Ô mon père ! On ne peut faire mieux ! Cela n’est que du ressort du Créateur, les êtres humains n’ont pas encore atteint le savoir nécessaire à la guérison de la myopathie… L’espoir y demeure toujours… C’est un destin qu’on doit accepter!… »…
Cette scène me renvoya une année en arrière …Le même scénario, ou presque, se répéta… Seulement, cette fois-ci, son intervention, dès mon arrivée, revêtait plus d’un sens…
Et dès cet instant, l’idée qui sillonna mon esprit était de me concentrer sur les côtés éducatifs qui développent la force de caractère, chassant toute angoisse, tout stress, afin qu’il surmonte ces étapes de désespoirs, d’émois, et les obstacles qu’il pourrait bien rencontrer, un jour ou l’autre, dans la vie…
Cette idée-là fut partagée par Josiane qui la trouva magnifique…Car, j’étais sûr d’une chose : que tout être humain, quel que soit son handicap, peut réussir dans la vie, selon ses capacités qu’il aurait bien développées et bien exploitées … Les éducateurs, les spécialistes de la rééducation, tous, ont été unanimes : que l’être humain est un joyau plus que son apparence physique … Cela a été discuté, maintes fois, par les prophètes, par les spécialistes dans ce domaine, que l’être humain, lorsqu’il est atteint d’un handicap, aura, en compensation, d’autres forces et énergies intellectuelles, telles que la grande ambition, la bonne observation, la clairvoyance et la clarté dans les choses de la vie, la perspicacité, le besoin d’intégration, le besoin d’apprentissage, etc … C’est ce que j’ai pu remarquer dans le cas de mon fils Omar, il a acquis un certain degré de sagesse lui permettant d’abolir toutes les frontières qui puissent exister, non seulement entre les malades, mais aussi entre tous les êtres humains… Aucun autre critère ne peut faire la distinction …
Et lorsque je pris congé de Josiane et de mon fils Omar, malgré quelques larmes aux yeux, je partais souriant… Je n’avais plus à désespérer, car j’avais cette vision vers d’autres horizons qui pourraient bien améliorer cette situation vers tout ce qui est positif, toute détresse et toute peur de l’avenir ne serviront à rien …
Bien au contraire, mon devoir, en tant que père, m’oblige à assumer jusqu’ à la fin, cette mission que je trouve, très noble, encouragé, en cela, par ma grande foi en notre Créateur

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CHAPITRE ІІ
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Après avoir quitté l’Hôpital de BERCK-PLAGE où se trouvaient JOSIANE et OMAR mon enfant, je sortais avec une idée, une vision, que la vie comporte le bien et le mal, que s’y engendrent le bon état de santé et les maladies, qu’elle peut être imprégnée de richesses et de pauvretés, de joies et de tristesses… Et, entre ces antinomies, ces contradictions, ces paradoxes, l’être humain s’y perd, ne s’y retrouvant point , y faisant des escales, tel un voyageur dans le temps et dans l’espace…
Des fois, on le trouve bien joyeux, heureux, se baignant dans des bonheurs, allègrement.
Comme il peut passer par des états critiques ,touchant son organisme et/ou son esprit…
De même qu’on le voit, des fois, très bien portant, jouissant d’une bonne santé, aussi bien corporelle que psychique … Mais, entre tout ceci et tout cela, la tranquillité, la quiétude et la sérénité de la conscience, après le devoir, demeurent l’objectif majeur dans la vie, car le réconfort de l’être, du cœur, y est le grand but On doit concrétiser tout çà, quels que soient le prix et les étapes à franchir … Imprégné de ce point de vue et de cette vision des choses de la vie desquels je suis convaincu, je laissais l’endroit précité, me dirigeant vers le centre de la cité :
BERCK- PLAGE
Exauçant ce désir effréné, cette envie sincère de mieux connaître les côtés architecturaux et touristiques de cette station balnéaire et climatique que je ne pus localiser que sur la carte géographique de l’Hexagone …
Je marchais, sillonnant les rues, les boulevards et les avenues de cette merveilleuse agglomération ; idées, visions, points de vue et images ne me quittant guère… L’image de l’Hôpital et l’emplacement de ses structures, l’image de JOSIANE et de mon Petit OMAR, et celles, combien nombreuses, de tous ces handicapés que j’ai vus, et de bien d’autres dans le monde …
Ces images ne me quittaient plus, comparables aux tableaux de la vie et devant lesquels s’inspirent de grands artistes, leur donnant les peintures, les traits, les ombres, les expressions, les impressions, les significations et les signes adéquats, et qui, malheureusement, demeurent invisibles ou impalpables pour beaucoup de gens.
Je marchais, pesamment, baigné de sentiments où s’entrelaçaient la joie et la tristesse, entre l’espoir et le désespoir, sans me soucier, pendant des moments, de ceux qui m’entouraient, jusqu’à la grande place où se rassemblaient quelques personnes de toute catégorie et de toute race …
Je ne fis que m’asseoir sur un banc qui se trouvait près de moi, fatigué que j’étais de ce long voyage…
De là, je méditais tout ce que je voyais : les gens, les immeubles, les plantes qui m’entouraient, les volatiles que je percevais, quelques voitures qui roulaient en tout sens, mais d’une manière bien réglementée…
Je contemplais tout ce panorama, jusqu’à ce que la mer attire merveilleusement mes yeux, et de loin …Je revis alors mes modestes connaissances en géographie. C’est donc la mer qui sépare la France de la Grande-Bretagne… BERCK-PLAGE se trouve au Nord de la France, plus exactement dans le département du Pas-de-Calais… Alors, je sortis, de ma poche la carte de l’Hexagone, et j’y entrepris un voyage virtuel… Je passais, point par point, de ville en ville, de bourg en bourg…
En survolant, virtuellement, Besançon, une attention toute particulière me retint... En effet, c’est là que naquit le Grand Poète, ce géant de la littérature française et universelle, Victor HUGO… Ce grand Chef de l’Ecole Romantique, auteur de
poésies, de romans et de drames ( Ruy Blas )… Je me rappelle, écolier, j’avais bien appris quelques-uns de ses poèmes, des récitations sues par cœur … Je me souviens de cette année 1960, où l’Instituteur insistait beaucoup pour qu’on apprenne « Le laboureur et ses enfants » …
Mon imagination s’activait toutes les fois que je survolais des lieux ou endroits célèbres par leurs architectures, ou leur histoire, ou bien des gens de renom y avaient vécu ou y furent de passage… C’est ainsi qu’à chaque fois, j’y faisais appel aux connaissances acquises au cours de mes scolarités ou par le biais de la lecture des livres, revues, journaux, ou visualisées par des films, des documentaires, ou par le petit écran… M’imaginant à DUNKERQUE, je repassais en revues des faits réels qui s’y sont passés au cours de la Seconde Guerre Mondiale, en particulier, le débarquement des Alliés, et les hauts faits d’armes…
J’eus alors cette envie de prendre le bus, pour mieux connaître cet endroit si célèbre, inscrit à jamais dans l’Histoire… Pourquoi n’avais-je trouvé que cette question ? : « Pourquoi toutes ces guerres ? »… Ne sont-ce que des conflits entre le bien et le mal, entre l’amour et la haine ???...Des conflits provoqués, malheureusement, par des êtres humains !!! …Mais, disons-le, franchement : l’être humain se dérobe de son humanité, de son humanisme, dès qu’il parraine, ou devient commanditaire ou exécutant du mal, de la haine, des malheurs !!! …
A la fin de ce voyage imaginaire, je remis la carte géographique là où elle était, et je reportais mes regards sur ce qui m’entourait réellement… Un sentiment bizarre, mystérieux, m’envahissait…,comme si je connaissais cette station balnéaire et climatique qu’est BERCK… Ses gens, sa faune, sa flore, ses rues, ses boulevards, ses avenues, ses immeubles, ses magasins, ses habitations, ses chalets, son climat et le ciel sous lequel elle se trouve… Tout me paraissait familier… Cela était dû, peut-être, aux connaissances que j’avais acquises des livres d’auteurs français ou autres, parlant de la France… Cela pouvait être dû aussi à l’alliage, à la fusion des civilisations orientales et occidentales, aux rapprochements culturels qui ne cessent de monter aux faîtes… Il se peut aussi que çà soit le fruit du fait que l’algérien de notre génération porte en lui les deux cultures…
Dans ce contexte de visions et de questions auxquelles j’ai essayé de répondre, je me levais avec cette idée d’intégration au sein des habitants de cette région, de ce pays, afin que le dépaysement ne m ‘envahisse point… Et c’était la réalité, je ne m’y sentais guère étranger, puisqu’il y avait bien des gens qui m’aimaient et que j’aimais, la langue, la culture, les coutumes et les traditions m’étaient bien familières… Et c’est ainsi que je m’en allais sillonner les voies publiques de cette cité si agréable, charmante aussi bien par ses habitants que par son panorama, et ses sites bien touristiques… J ‘entrais dans les magasins, et je discutais avec leurs propriétaires, ou leurs gérants ou les vendeurs et/ou les vendeuses qui s’y trouvaient… On me répondait gentiment et poliment tout comme je le faisais… Impressions et expressions m’émerveillaient de tout côté… J’en étais heureux, tout comme mes interlocuteurs…
J’y avais vraiment trouvé l’accueil chaleureux, le rapprochement entre les êtres humains y était bien réel… Ce qui a retenu aussi mon attention, la propreté de tout endroit ou rue que j’arpentais… Ce qui fit encore plus mon admiration, ce sont ces voies facilitant la mobilité des handicapés, comme si elles ont été conçues spécialement pour eux… Que ce soit pour ceux sur chaises roulantes ou ceux marchant à l’aide de béquilles… Je visitais ainsi cet endroit si magnifique, je laissais libre cours à mes membres inférieurs qui m’emmenèrent donc dans un restaurant ; notre nature de créature nous obligeant, on ne peut rester longtemps sans manger…J’y avais commandé des œufs cuits, un hors-d’œuvre varié et un dessert. Ce qui me fit oublier la faim et la fatigue encourues à la suite du voyage… En ce lieu, je ne pus que trouver accueil et bonnes manières, ce qui me fit grand plaisir… Quelques heures après, je devais revoir JOSIANE et mon fils Omar, car j’étais dans l’obligation de reprendre le train, en partance pour Paris, vers quinze heures ( 15 h 00 ).
Ā l’ Hôpital de BERCK-PLAGE, j’ai trouvé tout un monde en train de m’attendre… Même le Professeur PALAZZI y était, que je remercie vivement, encore une fois, et qui m’avait très bien reçu dans son bureau. Il m’avait invité à lui donner plus de renseignements sur mon enfant Omar, sur ses antécédents, sur les vaccinations opérées, sur tout ce qui marqua sa vie comme évènements… Bref, sur tout ce que doit savoir un praticien spécialiste sur son patient. De même qu’il m’avait questionné sur les ascendants et les membres de notre famille. Il m’avait bien expliqué, cette fois-ci, que l’handicap de mon fils Omar n’était pas grave, en comparaison avec d’autres handicaps …
Il le considéra un patient pouvant vivre sainement, s’équilibrant bien dans toute sa vie, la menant d’une façon tout aussi normale que des gens qui n’ont aucune infirmité. Enfin, il me réconforta que l’enfant Omar est sain de toute autre maladie, et qu’il peut bien vivre sereinement… Je revenais à JOSIANE et à mon fils Omar qui brûlaient d’envie de me revoir et de discuter avec moi, j’en ressentais la même chose…
Cette fois-ci diffère de la précédente, je n’étais plus abattu, exténué, ou stupéfait comme je l’étais à mon arrivée en France, lors de notre première rencontre… Il s’était mêlé à notre discussion du rire, des blagues, ce qui égaya encore plus les débats… Chose qui m’incita à sortir de mes bagages mon poste radiocassettes pour enregistrer cette merveilleuse conversation où mon fils Omar s’efforçait sans difficultés à parler en français, en répétant plusieurs fois : « Papa ! Papa ! », encouragé en cela par l’Infirmière, ô combien consciencieuse, cette douce JOSIANE. C’est vrai qu’il avait appris le français en un temps record… Le tout a été enregistré, je le garde jalousement, à ce jour… Pourquoi ne le garderais-je pas ? Ne contient-il pas les voix de JOSIANE et d’Omar, voilà plus de vingt-cinq ans ? … La voix enfantine de mon fils Omar, qu’encadrait la voix de la merveilleuse JOSIANE … J’ai gardé et je continuerai à garder cet enregistrement sonore, tant que je vivrai… Combien de fois je l’ai écouté, et je ne cesse de le réécouter, en tout temps, dans mes états de joies ou de tristesses… Comme si j’ai voulu, par cela, en faire la symphonie de la vie, pour ce qu’elle comporte en son sein, en ses profondeurs, comme chaleurs, innocences, amours d’autrui… Un élément unique les assemble et les rassemble, invisible à l’œil, mais perceptible au cœur, impalpable au sens du toucher, mais que ses fibres se détectent par le sixième sens… C’est l’élément majeur de la vie où se rencontrent l’innocence avec l’amour d’autrui, la sagesse avec le sacrifice, quels que soient la couleur, le genre ou la physionomie de l’autre… C’est le pur amour que recèlent les bons cœurs, remontant de leurs profondeurs, faisant surface, pour dire à ceux qui ne le savent pas ou ne le sentent point: « Je suis là bien existant !!! » … C ‘est la sensation de l’autre… C’est la sensation de l’existence de l’autre… C’est l’Amour de son prochain, c’est la conscience humaine, c’est le devoir humain envers l’autre, qu’il soit notre semblable ou tout autre être existant… Bien plus, on doit l’honorer quelles que soient les circonstances… C’est notre disposition innée, tout à fait naturelle, acquise donc depuis notre naissance, et que, malheureusement, certains dévient vers le mal, vers tout ce qui est contraire au bien… Pour ceux qui auraient fructifié cet instinct inné vers le bon sens, il devient une mélodie, une symphonie, fredonnée à chaque instant, en tout temps… Cette disposition innée, instinctive, se trouve dans tout être humain depuis sa venue an monde… Cet être humain qui n’a été créé, en fin de compte, que pour propager le bien, la paix, les joies et les gaietés, les bonheurs et les bontés… Pourquoi alors dévie-t-il vers le mal, vers sa destruction ? … N’est-il pas raisonnable qu’on œuvre, tous, pour tous ces bonheurs et ces prospérités ?… Cette fusion merveilleuse pour le bien de tous doit être adoptée et parrainée par tous ceux qui se sentent des êtres humains, par ceux qui ont de bons cœurs…
N’est-il pas grand temps pour tout être humain de faire la distinction entre le bien et le mal ?… Celui qui fait du mal, ne le fait qu’à lui-même, qu’à ses dépens… L’humanité a tout à gagner en œuvrant pour le bien, la paix et les bonheurs !!! …
Qu’en sera-t-il donc si toute l’humanité s’imprègne de cette symphonie que baigne la fusion merveilleuse dont nous parlons et où ne s’érigent que les bons sentiments, ceux nous réunissant et non ceux nous divisant ?… En tout état de cause, mon fils Omar s’est bien distingué, dans le bon sens, quelle que soit l’étape vécue, et de ce fait, je ne peux que le bien considérer, de même que JOSIANE qui s’est vouée complètement au bien-être de mon enfant… Toute la gloire leur revient, puisque ce sont eux, JOSIANE et Omar, qui donnèrent naissance à cette magnifique symphonie dont nous parlons. Nul doute que je la conserverai tant que je vivrai et que je la ferai écouter à mes enfants lorsqu’ils grandiront…
De même qu’elle peut être un repère, une voie que prendront les générations montantes pour le bien et le bonheur de nos prochains… C’est donc au rythme de cette mélodie que nous nous quittâmes, nous nous serrant les mains… Notre rendez-vous fut tout cet espoir de nous revoir en d’autres occasions…
Je me suis dirigé vers la gare la plus proche où je prenais le train me menant à Paris… J’avais choisi une bonne place me permettant de contempler les divers paysages par lesquels ou près desquels passerait le train… Après quelques minutes, le train prit le départ vers sa destination… La fenêtre qui se trouvait tout près de mon siège m’offrit tout un déferlement de beaux et magnifiques sites, de champs… J’admirais ces merveilles, tout en méditant ces grands espaces naturels… Je ne portais avec moi que ma valise, le poste radiocassettes et quelques affaires… J’en sortis, encore une fois, la carte géographique de l’Hexagone, point par point, de bourg en bourg, de village en village, de ville en ville, je vérifiais toute destination, aussi bien sur la carte que réellement, surtout lorsque le train s’arrêtait dans un lieu… Entre une gare et une autre, je réécoutais la cassette, pour mieux méditer la discussion qui y était enregistrée, tout en regardant les panoramas variés qui s’offraient à mes yeux...
A chaque arrêt du train, je me levais pour mieux voir chaque gare et ses alentours, comme si je voulais d’amples connaissances sur la civilisation, la culture, la faune et la flore du pays que je sillonnais… Cette fenêtre, par laquelle je regardais, me paraissait tel un écran de télévision par le biais duquel déferle tout un documentaire de tableaux m’instruisant sur l’Hexagone, des scènes retraçant aussi bien la vie des gens que les beautés des côtés architecturaux et des paysages naturels…
Tout cela se passait dans un train où je me permettais ce documentaire sur le trajet me menant à Paris, entrecoupé par mes quelques coups d’œil que je lançais, de temps à autre, aux gens qui avaient pris ce train… Peut-être que mes regards à ces voyageurs me ramenaient à la réalité, que j’étais dans un train et non en face d’un écran de télévision… Lorsqu’une personne médite longtemps sur une chose, elle oublie son entourage, elle s’y sent solitaire, solitude où j’avais trouvé une douceur secrète marquant, à jamais, ma vie… Ce voyage avait duré quelques heures… Et enfin, une sonnerie nous apprenait que nous étions arrivés à Paris, à la Gare du Nord…
De là, je pris un bus qui me ramena chez des gens que je connaissais, parmi lesquels, un parent du côté de mon épouse, Mr AMMARI Bachir, émigré en France, depuis les années soixante… Il put, grâce à sa bonne volonté, décrocher un diplôme important en anesthésie…Il put, s’intégrer, facilement, ce qui lui valut un emploi considérable, respectable dans une clinique… Il a pu fonder un foyer stable, harmonieux, à Paris, grâce à son épouse, une française, qui le respectait beaucoup pour sa personnalité et ses grandes valeurs… Ils eurent quatre enfants qui réussirent , tous ,dans leurs études…C’est un homme très cultivé dans presque tous les domaines. Il avait appris , par cœur ,des citations, des dictons, des adages , des proverbes , dits ou cités par de grandes personnalités, et qu’il adaptait aux situations,
surtout aux miennes … A chaque fois qu’il me voyait triste, lui et Madame Son Epouse me consolaient et m’encourageaient par de bonnes paroles pour me sortir du silence qui m’accablait des fois…Je me rappelle bien qu’une fois, la Respectable Dame nous avait préparé un plat typiquement algérien qu’est le couscous , accompagné de tout le décor qui y va avec, fait avec du beurre de brebis, à tel point que je m’étais imaginé dans un milieu purement algérien, en plein Paris…Elle avait fait cela en mon honneur, en tant qu’hôte algérien, créant une certaine intimité par ces traditions, coutumes et gastronomie algériennes, en plein cœur de Paris…
J’y passais quelques jours durant lesquels je n’avais nullement perdu mon temps… En effet, j’avais partagé ce séjour entre la lecture de tout ce qui me tombait entre les mains, des visites touristiques et culturelles à Paris et des promenades dans ses alentours… La tour EIFFEL me rappela son constructeur, Gustave EIFFEL, ingénieur français ( 1832- 1923 )… Cet ouvrage géant, grandiose, merveilleux, surplombe tout Paris depuis 1889… Je restais des minutes comme pétrifié, ébahi, devant cette tour, la contemplant, la méditant… Après quelques instants de stupéfaction devant cet ouvrage gigantesque, j’eus l’envie d’y entrer… J’y suis monté au deuxième étage. Là, mon admiration fut plus grande, je regardais Paris, ses grands immeubles, ses gratte-ciel, ses espaces verts, la Seine qui le traverse, les gens et les voitures… Des scènes si captivantes qu’il m’a paru loisible de prendre des photos, en divers endroits du 2ème étage, en souvenir de mon séjour parisien… C’était formidable ! … Je me voyais planer dans le ciel couvrant la capitale de l’Hexagone, comme un aigle… Ces vues « aériennes », je les accompagnais de cet air méditatif duquel on ne voudrait guère être dérangé, pour tout l’or du monde… Paris des cultures, des civilisations… En ces moments forts de la méditation, je me suis rappelé de grandes personnalités, célèbres dans l’Histoire, qui décrivirent Paris, ou qui l’habitèrent ou qui y séjournèrent pour y entamer des visites touristiques, de la Renaissance, et des périodes la précédant ou lui succédant… Surtout les gens qui y donnèrent de leurs vies, pour que Paris soit et demeure comme on le voit… Puis, j’avais visité le centre Pompidou où je pus bénéficier de connaissances de culture générale et que je n’avais jamais acquises auparavant…
Après quelques jours qui me permirent de mieux connaître la région Parisienne, ventilés par des va-et-vient entre BERCK-PLAGE et Paris, où je voyais, toutes les fois, JOSIANE et mon fils Omar, arriva la date fatidique de la fin de mon séjour en France… Je devais retourner en Algérie où m’attendaient d’autres responsabilités, ma famille, mon travail, qui ne faisaient que poindre aux horizons, et dont les lueurs se firent étinceler, de loin…
Mais aurais-je eu ce courage de quitter, pour un certain temps, mon fils Omar et JOSIANE, ainsi que d’autres gens qui étaient à l’Hôpital BERCK-PLAGE ?… Franchement, j’étais partagé entre, d’une part, ma tendresse sentimentale envers Omar mon enfant, Josiane et ces gens de l’Hôpital, et d’autre part, cette obligation, cette conscience, ces responsabilités envers ma famille, mon travail, élisant domicile de l’autre côté de la Mer Méditerranée !!!… Et j’y avais passé des moments difficiles, en y réfléchissant…
Aussi, il fallait bien trancher dans la question…La raison et les bons sens du devoir, des obligations et des responsabilités l’emportant , je suis allé à l’Hôpital BERCK-PLAGE, pour une dernière fois, afin de faire mes adieux à mon enfant Omar, à Josiane et aux gens du centre hospitalier qui y étaient présents à ce moment-là… Et ainsi je les quittais, non sans peine, larmes aux yeux lorsque je pris le chemin du retour…
Je quittais donc BERCK-PLAGE, puis Paris, ne portant que mes humbles bagages, ceux que porte, habituellement, un voyageur ordinaire… Ce ne fut que quelques heures de vol, d’un aéroport à un autre, de celui de Paris à celui d’Oran… Je me suis retrouvé donc de l’autre côté de la Mer Méditerranée, une mer séparant deux pays où des gens s’estiment, se rendent visites, où des cœurs s’aiment…
Mais c’est la vie, c’est comme çà qu’elle s’est passée, et c’est de la sorte qu’elle continuera… Oran, cette ville qui me rappelle aussi beaucoup de choses, des souvenirs gravés dans ma mémoire, marquant à jamais ma vie depuis que j’y étais étudiant…Je ne pus que dire ceci: « Ainsi allait la vie, et c’est ainsi qu’elle ira! ». Rencontres et séparations la tapissent, la meublent… On se rencontre quelques instants, on se sépare quelques années… Un beau rêve, j’aurais préféré qu’il se répète pour toute la vie, et que les séparations ne durent que quelques secondes… Mais, on n’y peut rien…
Mon enfant Omar était en de bonnes mains, le combat pour son équilibre éducatif et psychopédagogique devait, coûte que coûte, continuer…J’attendrai de ses nouvelles et de celles de Josiane, par téléphone, ou par des correspondances, en courrier ordinaire…
L’avion atterrit, donc, à l’aéroport d’Es-Senia ( Oran )…
Mes pieds foulèrent, une fois de plus, la terre algérienne, où une multitude de gens se mouvait, faisant des va-et-vient, causant un grand tumulte et un vacarme desquels on ne pouvait discerner les voix, les paroles qui en sortaient… Je pris ma valise et mes modestes objets et effets personnels, regardant autour de moi, tantôt à droite, tantôt à gauche ; et des fois, ô combien nombreuses, vers le Nord, scrutant le ciel et la terre, répondant à une sensation, à un sentiment mystérieux, comme si j’avais perdu ou oublié quelque chose bien précieuse, ceci m’avait assailli depuis l’atterrissage…
J’ai essayé de pousser mes jambes vers l’avant, pour marcher, mais vainement ; comme si une force secrète, là-bas où se trouvaient mon fils Omar et Josiane, m’immobilisait, me clouant au sol… Images et idées s’entrelaçaient, donnant des couleurs et des aspects incompréhensibles… Je ne pus m’avancer là où je voulais, alors que les gens qui m’entouraient étaient mobiles, marchant dans tous les sens, leurs jambes leur répondant, leur obéissant… J’eus cette impression que j’étais perdu au milieu de ce flux humain et du vacarme qui l’accompagnait…
Brusquement, je mis de côté l’état de choses qui m’immobilisait et j’en suis sorti ainsi que de cette foule tumultueuse, me dirigeant vers le dehors de la salle d’accueil de l’aéroport, afin de respirer un peu d’oxygène, une bouffée d’air pur…
A la station de taxis où je me suis retrouvé, je m’affaissais sur un banc, me reposant de tout ce que j’avais enduré, chassant de mon esprit et de mes pensées ces sentiments d’étrangeté et de perdition qui m’avaient assailli… Car, je n’étais, en fin de compte, que parmi mes frères, ces voyageurs… Ces sentiments avaient failli m’abattre… Mais, là aussi, assis, regardant les gens, attendant un taxi, je repensais aux choses, aux idées et images qui m’immobilisèrent… Autant de questions, par le biais desquelles, je cherchais à savoir les vrais sens de ce que j’avais perdu ou oublié… Tandis que je me baignais dans cette mer de questions sans réponses immédiates, et que je m’y noyais, mes yeux observèrent, au loin, un groupe de cigognes blanches qui se dirigeait vers le Nord, en battant des ailes dans ce vaste espace qu’est le ciel… Il se peut, comme tant d’autres espèces volatiles, qu’elles émigraient vers l’Europe, un long voyage, sans aucun doute… Ces cigognes formaient un beau et joli triangle blanc… Elles volaient en une disposition spectaculaire, merveilleuse… De cette façon : la cigogne commandant et guidant le groupe, puis deux cigognes, ensuite trois, puis quatre, cinq, six, sept, huit, et enfin neuf… C’était magnifique puisque formant une figure géométrique triangulaire, les unes à la suite des autres, bien ordonnées … Cette scène retint mon attention , car j’y voyais l’image de voyageurs libres, sans passeport, sans aucune formalité, n’exigeant aucun visa, gratuitement, ne leur demandant guère le montant exigé habituellement aux gens voyageant hors des frontières de leurs pays, me rappelant la poésie qui dit :
« Un volatile, à l’aube, nous survola ! Je lui dis : »
« Sois heureux ! Ah ! Si j’étais toi ! Sois heureux ! »
Le triangle blanc formé par les cigognes s’éloignait de plus en plus, jusqu’à devenir un petit point blanc, puis plus rien, ne se voyant plus à l’œil nu… Ā ce moment-là, j’avais espéré être pourvu d’ailes pour accompagner ces oiseaux, là où ils allaient ; et plus précisément à ce point si lointain, que mon destin me permit de connaître, entrant dans mon existence et en mon for intérieur…
Ce lieu que mon destin m’obligea à aimer, puis à m’en éloigner… Cet endroit où j’ai laissé un cœur, plutôt des cœurs, en train de battre de pureté, de candeur, de sérénité, de sincérité, de dignité, de sagesse et de vie… Là où se trouve mon fils Omar, l’aîné de mes enfants, celui qui, le premier, a dit la meilleure des paroles que j’ai entendues, dans ma vie : «Papa ! » Et cet hôpital qui rassemble toute une variété d’handicapés de divers âges, de races différentes, mais d’une même espèce qu’est l’humanité… Ce lieu où se brisèrent, à jamais, toutes les frontières ethniques ou raciales… Cet endroit où s’étreignirent des cœurs et où s’imbriquèrent les doigts des mains pour ne former qu’un même corps et une âme commune, unique…
Quelques instants après la dissipation du point blanc relatif aux cigognes, un taxi s’arrêta devant moi, me réveillant de ma méditation, de mes rêves, de mes questionnements : « Oran ! … Oran ! …» disait le chauffeur du taxi …. Je montais dans le véhicule, et à côté de moi, ma petite valise et mes modestes affaires… Et la voiture partit vers cette grande ville qu’est Oran… Cette dernière n’était qu’à quelques kilomètres de son aéroport international…
Puis, d’une manière spontanée, d’un geste instinctif et machinal, ma main prit le poste radiocassettes où était enregistrée la discussion du trio, où étaient gravées, à jamais, les voix de Josiane, d’Omar et la mienne … Je le collais à mon oreille, de manière à ce que je sois le seul à l’écouter et afin de ne pas déranger le conducteur et ses autres clients…
Combien de fois j’avais réécouté cet enregistrement sonore ; désormais, il faisait, fait et fera partie de ma vie… Certain d’une chose, qu’il demeurera tant que je vivrai, car il comporte des voix mélodieuses, fusionnant en une symphonie, celle de la vie… Des paroles merveilleuses, concordantes, ayant les vrais sens de la vie…
En conclusion, je ne pus trouver que ces expressions, redites plusieurs fois, à voix basse : « C’est la vie, vers mes obligations, vers d’autres devoirs ! »…
Fin.






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Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 07-01-2014 23:54  Mis à jour: 07-01-2014 23:54
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Le petit Omar
J'ai lu avec grande attention ce texte qui m'a beaucoup touché.
Il est émouvant de par sa sincérité et ses élans de tendresse, d'amour et de reconnaissance.
Comment va le petit Omar, aujourd'hui ?
Pensées amicales de Bacchus
gomedj
Posté le: 08-01-2014 17:40  Mis à jour: 08-01-2014 17:40
Débutant
Inscrit le: 05-03-2013
De: oran
Contributions: 10
 Re: Le petit Omar
Merci pour le commentaire encourageant .Le récit est inspiré de faits réels que j'aime partager avec mes amis du site.je n'ai exposé seulement que deux chapitres .
Je tiens à le terminer le récit dans les jours qui viennent à travers un autre chapitre que j'espère sera plus gaie.
Le petit Omar est toujours en vie,toujours avec le sourire d'espoir.
Josiane, perdue de vue depuis bien longtemps, après son mariage.J'espère la retrouve pour lui exprimer ma reconnaissance et toute ma gratitude.
Recevez mes pensées sincères.
gomedj
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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