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Nouvelles confirmées : Désinvolture
Publié par couscous le 19-01-2014 16:44:52 ( 1077 lectures ) Articles du même auteur



Désinvolture

Claire se lève de bonne humeur ce matin. Elle se rend dans la salle de bain et passe plus de vingt minutes dans la douche. Une fois pomponnée et habillée, elle s’en va grignoter un morceau dans la cuisine. Un coup d’œil à l’horloge murale arborant l’effigie de Bob Marley, moins stressante que celle de The Cure ; il lui reste assez de temps pour vider le lave-vaisselle. Elle en ouvre le tiroir inférieur lorsque le téléphone se met à sonner. Claire attrape le combiné. C’est sa collègue Catherine qui a juste le temps de dire « Viens vite … » avant que la communication ne soit coupée. En effet, Claire a encore oublié de recharger le combiné. C’est Luc qui se ferait un plaisir de lui rabâcher : « Tu n’écoutes jamais mes conseils ou tu fais exprès de les oublier. » Mais non ! Claire est juste un peu tête en l’air.

Il lui faut savoir ce qui se passe au boulot. Après avoir fouillé son sac à main, elle découvre que son GSM est à plat, lui aussi ! Elle attrape donc celui de Luc qui traîne sur la commode de l’entrée. Pendant qu’elle ferme la porte à clé, elle compose nerveusement le numéro de Catherine.


Le claquement de la porte d’entrée a sorti brutalement Luc de son sommeil et surtout de son rêve érotique Il s’étire en se tournant vers le radioréveil rose qui le nargue depuis la table de nuit. Il avait négocié avec Claire le choix de l’horloge de la cuisine en contrepartie de la couleur rose fluo du réveil qui lui déplaît tant. Sa journée de travail commence dans une heure, il faut qu’il se bouge. Claire ne l’a pas réveillé avant de partir, c’est étrange. Quelle oubliette elle fait ! Elle ne changera décidément jamais malgré toutes les remarques qu’il lui fait chaque jour. À cette évocation, un petit sourire résigné naît sur ses lèvres.


Il est 17 heures 30. Après une journée de travail mouvementée, Claire revient enfin chez elle. Cette Catherine, elle s’affole toujours pour des bêtises ! Il lui reste plus d’une heure pour préparer un bon souper. Elle a acheté une appétissante tranche de foie gras. Nous sommes début de mois, ils peuvent encore se le permettre. Passé le quinze, ce sera régime « pâtes et tartines » jusqu’au jour de paie.

La jeune femme entre dans le couloir. En se dirigeant vers l’intérieur, son pied droit dérape. Claire a juste le temps de se retenir au mur pour ne pas chuter. Des gouttes d’un liquide rouge et visqueux parsèment le sol. Suivant cette sorte de chemin de Petit Poucet, Claire parvient au salon où Luc, inconscient, est recroquevillé dans le canapé. Claire le secoue un peu et il se met à geindre. C’est alors qu’elle remarque qu’il est ensanglanté au niveau de la tête et du ventre. Un grand couteau rougi traîne au pied du canapé. Claire pousse un cri d’effroi. Sous le coup de la panique, elle reste quelques secondes immobile. Du secours … il faut appeler.

Dans la cuisine, le combiné sans fil est couvert de sang et toujours déchargé. Il reste le GSM de Luc dans son sac à main. Nerveusement, elle vide celui-ci sur la table du salon. Les sonneries lui semblent interminables. Enfin un interlocuteur qui lui pose plein de questions auxquelles elle n’a pas de réponse. Elle ne parvient qu’à répéter :

« Faites vite, s’il-vous-plaît …
- Les secours sont en route, Madame. »

Luc ouvre les yeux et pose un regard hagard sur Claire.

« Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
- Ce n’est rien. Je te pardonne, mon amour. »

Son corps est pris de convulsions et ses yeux se révulsent avant une totale inanition. Claire le secoue, crie mais rien n’y fait. La sonnette la rappelle à la réalité. En slalomant autour des gouttes de sang, elle court ouvrir la porte aux ambulanciers qui se précipitent aux côtés du blessé. Quelques rapides examens, une tentative de réanimation et le diagnostic tombe, implacable. Le médecin urgentiste s’approche de la jeune femme en pleurs en lui adressant un regard intrigué.

« Votre mari est décédé des suites de ses blessures. Nous devons appeler la police. »
Claire s’effondre sur la chaise de la salle à manger. Des gyrophares bleus se reflètent sur les murs de la pièce assombrie par le crépuscule. Deux hommes en uniforme discutent avec les ambulanciers avant de se rendre auprès du cadavre qui git dans le canapé.

Un policier, calepin à la main, s’approche ensuite de Claire. Elle se tourne vers cet homme imposant qui lui demande :

« Mais que s’est-il passé ?
- Je ne comprends pas. Ce matin, je suis partie vite au boulot. Il se lève toujours après car il ne commence qu’à neuf heures. Et quand je suis rentrée … il était …. »

Claire ne peut s’empêcher de fondre en larmes. Le policier frotte son menton mal rasé et se met à parcourir minutieusement toutes les pièces du petit appartement, tout en prenant des notes. Il retourne auprès du corps de Luc et discute longuement avec le légiste, occupé à prendre des clichés de la victime sous tous les angles, comme un paparazzi le ferait avec une vedette en flagrant délit d’adultère.
Claire se mouche bruyamment dans un mouchoir vert fleuri lorsque le policier revient finalement à ses côtés en annonçant triomphalement :

« Je vais vous expliquer ce qui s’est passé pendant votre absence. Votre compagnon s’est d’abord dirigé vers la salle de bain où il a glissé à cause du sol détrempé et s’est ouvert le crâne sur le bord de la baignoire, qui en porte encore les traces.
- Oh, mon Dieu ! Il me disait toujours de sécher le sol et qu’un accident risquait d’arriver.
- Sûrement à moitié conscient, il a voulu appeler du secours en allant chercher le téléphone dans la cuisine mais il est tombé sur le tiroir du lave-vaisselle resté ouvert. La porte en est d’ailleurs déboîtée. Il s’est ainsi empalé sur les couverts et notamment sur un grand couteau de boucher posé lame vers le haut. »

Claire ouvre de grands yeux en retenant sa respiration pendant que le récit continue.

« Il a su se relever mais le combiné du téléphone était déchargé et il n’a apparemment pas trouvé de GSM. Il ne lui restait plus qu’à tenter d’aller chercher de l’aide auprès de voisins. Mais il n’y est pas parvenu. Je suppose que la porte devait être fermée à clé et qu’il n’y avait pas de double à l’intérieur, ce qui est étrange.
- C’est juste ! J’ai perdu ma clé hier et il m’a prêté la sienne pour que j’en fasse une copie aujourd’hui. La consigne était que je ne ferme pas à double tour afin qu’il puisse sortir sans clé et juste refermer en claquant la porte. Comme je rentre du boulot toujours avant lui, cela ne posait aucun problème … Mais je suis partie précipitamment … Ce n’est pas possible ! Comment savez-vous tout cela ?
- J’ai suivi son parcours dans l’appartement grâce aux traces de sang, le reste n’est que déductions. Maintenant, il me faut déterminer si tout ceci était prémédité ou non …
- Par qui ?
- Vous bien sûr ! Qui a laissé le sol mouillé, le lave-vaisselle ouvert avec un couteau lame vers le haut, aucun téléphone utilisable et fermé la porte à clé ?
- Comment pouvez-vous penser cela ? Nous nous aimions. Regardez … j’ai acheté du foie gras, son plat préféré.
- C’est un peu faible pour vous disculper !
- Tout cela n’a aucun sens.
- Mais vous avez de la chance car il vous aimait et a pensé à vous jusqu’au bout.
- Comment le savez-vous ?
- Venez. »

Tremblante, Claire suit le policier à la carrure imposante jusqu’aux côtés de Luc. Il prend la main pantelante de celui-ci et ouvre grand la paume où on peut lire :

Désinvolte et innocente.

« Ce message vous sauve. Vous devriez être plus prudente à l’avenir et écouter les conseils de votre entourage pour votre sécurité … et celle des autres surtout !
- Je vous le promets ! »

Le croque-mort finit son œuvre, les policiers récupèrent les pièces à conviction et prennent les derniers clichés des lieux avant de laisser Claire seule.

Pendant que la tranche de foie gras se dore dans la poêle, la jeune femme soupire.

« La ténacité finit toujours par payer. Désinvolte mais pas demeurée ! Une bonne idée ce dernier message. Ça lui apprendra à ramener sa pouffe ici ! »

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
EXEM
Posté le: 21-01-2014 01:56  Mis à jour: 21-01-2014 01:56
Plume d'Or
Inscrit le: 23-10-2013
De:
Contributions: 1480
 Re: Désinvolture
Je n'ose pas commenter de peur de dévoiler la fin qui m'a scié. Mais je peux dire que c'est excellent jusqu'au bout. Un bon moment à passer.
couscous
Posté le: 21-01-2014 06:31  Mis à jour: 21-01-2014 06:31
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Désinvolture
Tu fais bien de garder le secret au cas où de petits malins passeraient par les commentaires avant de s'y coller.
Si tu es scié, je te remercie EX ... ou EM. Je ne sais lequel a survécu !

Merci

Couscous
emma
Posté le: 22-01-2014 16:55  Mis à jour: 22-01-2014 16:55
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: Désinvolture
Puisque je me suis bien fendu d'un rire sincère en lisant cette histoire rocambolesque, je te remer-scie !

Emma
couscous
Posté le: 22-01-2014 17:59  Mis à jour: 22-01-2014 17:59
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Désinvolture
oh, j'en suis très flattée Emma. Merci pour ta lecture et ton commentaire. à la prochaine scie tu veux !

Couscous
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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