Je connais en Bourgogne un village mignon Où l'on apprend toujours la douce farandole Tous les jours sont rythmés par la cour de l'école Le cadran du clocher, la valeur d'un tison
Pareil au magicien le soleil en secret Prépare le printemps, que le terroir réclame A peu près chaque soir l'horizon devient flamme Quand s'avance la nuit tout s'arrête et se tait
Pays d'azur et d'or toujours renouveler Sa campagne paisible abrite bien des lièvres Le simple mot amour se dit du bout des lèvres L'enfant boit à la source un bonheur d'exister
Ainsi quand le coucou enfièvre la forêt Tous les bambins du bourg partent sous les charmilles Pour cueillir en rêvant les sublimes jonquilles Pour eux c'est un plaisir de faire un beau bouquet
Serment après serment le tronc des marronniers Porte encore le sceau, sur la place commune Du message amoureux, d'amant visant fortune En gravant, éternel, sous leurs prénoms liés
Juillet farde les champs de belles moissons d'or C'est pour le paysan les yeux dans la lumière Le joli mois des blés et de la tache altière Le cœur de sa maison renferme un beau trésor
Par les jours divins d'août écrasé de chaleur La famille se regroupe au bord de la rivière L'été de son pas lent devient une croisière Et brode dans les cœurs un camaïeu en fleur
Après tant de labeur libéré du fardeau Quelques vieux villageois attachés à leur terre Epiloguent sans fin sur l'avenir agraire Leur parler vigoureux restera un joyau
Et puis vient la rentrée et le temps de l'envol Tout comme l'hirondelle le gamin se prépare A quitter son abris quand l'automne se pare Des plus riches couleurs en parsemant le sol
L'hiver recouvrira d'un flamboyant linceul Les bois, les champs, les toits, même l'âme des hommes retraçant la veillée et la saveur des pommes Le moindre souvenir parlera de l'aîeul
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