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Nouvelles : Le bal des rêveurs
Publié par Donaldo75 le 06-07-2014 10:55:13 ( 1017 lectures ) Articles du même auteur



Le bal des rêveurs


Le train roulait trop lentement pour Philippe ; il avait hâte d’arriver à Margate et de revoir Olivia. Il se rappela la semaine précédente, quand il avait embrassé la jolie Anglaise ; elle avait accepté de danser puis avait abandonné ses lèvres contre les siennes. Depuis, Philippe ne pensait plus qu’à Olivia.
Il savait que la réalité ne le permettrait pas d’un simple claquement de doigts mais il voulait croire en cet amour ; il lui restait encore trois semaines de séjour linguistique soient des dizaines de milliers de secondes de bonheur. Les cours d’anglais à l’école des Quakers remplissaient une partie de ses journées, le reste se répartissant entre visites culturelles, temps libre et socialisation dans sa famille hôte. L’ère pré-Olivia avait été linéaire et sans saveur ; Philippe travaillait bien, ne sortait pas outre-mesure et améliorait sa pratique de la langue anglaise par de fréquentes conversations avec ceux qui l’hébergeaient. L’arrivée dans sa vie de la beauté rousse avait tout changé ; ses cours devenaient un moyen de passer le temps et ses condisciples l’ennuyaient.

Il avait rencontré Olivia la première semaine ; parmi les activités, il pouvait choisir entre le golf, le tennis ou la piscine. Philippe n’aimait pas le sport aussi opta-t-il pour la moins pénible des propositions ; le jeudi après midi, quatrième jour depuis son entrée sur le sol britannique, il découvrit la piscine municipale de Margate. Les autres membres de son groupe, celles et ceux qui avaient décidé de tenter l’expérience, ne faisaient pas partie de la troupe d’agités que Philippe évitait au maximum et dont la principale activité consistait à draguer toutes les filles alentour. Il n’était pas timide mais il estimait qu’à dix-sept ans il était au-dessus du comportement animal dicté par les hormones ; de plus il n’était pas venu dans le Kent pour jouer un remake de ’A nous les petites Anglaises’. Accompagné des autres élèves, il se lança dans le grand bassin pour une série de longueurs délimitées par les lignes d’eau réglementaires et régies par le sifflet du maître nageur ; comme il ne concourrait pas pour une olympiade, il choisit la brasse et en profita pour observer son environnement pendant qu’il nageait. Olivia lui apparut quelques minutes plus tard, dans le couloir à sa gauche, nageant en sens opposé, avec son bonnet de bain bleu sur la tête mais sans lunettes de plastique ; leurs regards se croisèrent et Philippe fondit immédiatement pour les grands yeux bleus de l’inconnue. La suite s’avéra plus compliqué ; Philippe n’était pas un dragueur et le mur de la piscine affichait un commandement qui interdisait le flirt en son enceinte. Après un long round d’observation, il décida d’engager la conversation avec la nageuse, à l’occasion d’une interruption du cours de natation ; il découvrit que sous cette apparence sportive il y avait une belle et grande fille aux longs cheveux roux, peu farouche et prête à discuter avec un gentil Français tant que la discussion restait courtoise.

Olivia n’avait pas traîné ; à la fin de la session, elle avait proposé à Philippe de venir avec ses camarades à la fête de fin d’année de son lycée ; ce dernier avait accepté sans hésiter et tout s’était enchaîné. Le lendemain, en début d’après-midi, il s’était rendu à Margate avec quelques personnes triées sur le volet et Olivia leur avait ouvert les portes de la salle de bal ; leurs débuts avaient été laborieux pour des raisons linguistiques puis ils avaient pris leurs marques entre deux danses et une promenade dans le parc attenant. La journée s’était terminée en apothéose quand Olivia l’avait invité à danser un slow sur la chanson ’How deep is your love’ des Bee Gees ; elle l’avait serré dans ses bras et posé sa bouche sur son cou en signe de communion avec la mélodie romantique diffusée par les hauts-parleurs. Leurs lèvres avaient fait le reste ; Philippe avait goûté à la saveur fruitée de la bouche d’Olivia et son cœur s’était emballé.
Sur le chemin du retour, il n’avait pas échangé plus de trois mots avec ses camarades de classe ; ses pensées étaient restées à Margate, auprès de la charmante Olivia, où il avait prévu de revenir et vivre d’autres moments romantiques. La jeune Anglaise l’avait convié pour le samedi suivant à un bal, sur la plage à l’occasion d’un festival de musique populaire ; cette fois-ci, il avait décidé de venir seul.

Enfin le train arriva à destination ; Philippe descendit de la rame et se dirigea vers la zone balnéaire. Il avait choisi des vêtements légers mais élégants qui mettaient en avant sa prestance naturelle et sa grande taille ; Olivia représentait la princesse et lui le prince dans sa vision rêvée de leur relation naissante.
La plage avait été aménagée avec une estrade réservée aux ensembles de musiciens qui joueraient des chansons à la mode pour les nombreux danseurs. Philippe chercha Olivia dans la foule et ne la trouva pas ; il n’avait pas pensé qu’il y aurait beaucoup plus de monde qu’à la fête du lycée. Il obliqua vers l’un des bars et commanda un jus de fruits ; son regard ne quitta pas la piste de danse, en recherche de sa promise peut-être noyée dans la masse mouvante et rythmée par les premiers tubes de l’été. Après une quinzaine de minutes, il crut reconnaître Olivia dans une grande fille habillée en bleu et embarquée dans une gigue effrénée avec un garçon au physique de déménageur. Philippe ne se démonta pas et se fraya un passage à travers la multitude jusqu’au duo qui dansait avec tant d’énergie ; il s’arrêta net quand il vit Olivia embrasser son partenaire à pleine bouche.
Son rêve se brisa en mille morceaux et il quitta le bal avec la sensation d’un monde qui s’écroulait sous ses pieds.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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