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Nouvelles confirmées : Les derniers jours du Vicomte
Publié par Titi le 30-07-2014 07:30:00 ( 1031 lectures ) Articles du même auteur



Les derniers jours du Vicomte

-Salut vicomte, t’as pas l’air bien folichon ce matin, tiens patron met un mêlécass pour le r’taper , il est blanc comme une m….. de laitier !
En effet le vicomte d’habitude si guilleret, traduisait d’une grande déprime, une vraie tète de bonnet de nuit, alors que le vicomte était toujours d’humeur jouassone.

Ancien maçon, le vicomte de la briquette, ainsi surnommé eut égard à son passé dans le monde du bâtiment, se targuait de n‘avoir jamais rencontré un ‘’licencié en ciment Lafarge’’ comme il disait, capable de monter les briques aussi rapidement que lui !!!
Il est vari que compte tenu du carburant qu’il ingurgitait dans une journée, nul doute que si le rendement était au prorata, il devait être stupéfiant !

Ce dont on était certain, c’était sa mémoire par sa capacité à maîtriser tous les tarifs du godet de rouge des 18 bistrots de la rue Colbert, qu’il arpentait en longueur de journée: ainsi, quand il entrait dans le zinc, il déposait sur le comptoir le montant au centime prés de sa conso, avant de lancer au bistrotier sa commande:’’ une petite friandise de maçon !!’’
Curieux d’ailleurs cette mémoire de la part d’un homme qui prétendait régulièrement:’ Ca fait dix ans que je ne me souviens pas de ce que j’ai fait la veille !!’’

Ancien champion de lutte gréco romaine, le vicomte avait hélas plongé dans la chopine, au point de ne plus en maîtriser la teneur, après disait t-il la guerre d’Algérie, ou il avait reçu dans la cuisse gauche un éclat d’obus, le faisait tirer du jarret depuis cette date.
Le médecin du travail qui l’avait examiné, à la suite d’un de ses nombreux arrêt de travail en avait eu la confirmation, à l’instant où il reprochait au vicomte de n’être en aucun cas, inapte au boulot, celui-ci en baissant son pantalon, et montrant sa cuisse gauche lui avait alors lancé :’’Et ça, c’était un éclat de rire !!’’

C’est qu’il ne fallait pas le chercher le ‘’bétonneux’’, le malotru qui lui reprochait la durée de ses incapacités de travail était renvoyé dans ses 22, illico, en s’entendant rétorquer :’’ Sachez Moooossieu, que le travail ne m’a jamais fait peur’’, puis, après avoir bu une gorgée,’’ j’en ai tellement vu faire’’

Il était comme cela le vicomte, de la classe certes, de l’élégance, du savoir vivre, voir une certaine forme de distinction, mais quand on faisait réflexion, on tombait sur un bec.
Ainsi le marquis d’Argencour, chef magasinier rue du Cygne (il était d’ailleurs le seul magasinier de la boutique, d’ou son titre de chef) , et surnommé ainsi car n’ayant jamais un radis dans la fouille, qui avait un jour lancé à notre héros du parpaing creux :’’Quand on a envie de bosser , faut s’bouger le derch et être un plus nerveux’’ Le vicomte avait cette remarque pleine de bon sens, et pour prouver sa vivacité de rétorquer :’’Je suis plus vif et plus rapide que n'importe lequel d'entre vous, et devant l’étonnement de l'assemblée du godet, de le démontrer en ajoutant :’’la preuve, que je suis même plus rapide que la lumière : ce matin je suis arrivé devant le café, et bien la lumière n’était pas encore allumé !!!’’Irréfutable !!!

Mais alors, pourquoi le vicomte faisait il ce matin cette tronche d’enterrement??
Le cours du canon rouge aurait remonté à Wall Street, le verre de 25 cl serait passé à 22cl, on lui aurait servi un verre de blanc en lieu et place d’un verre de rouge ???
Pour la dernière supposition, toutefois pas de risque, la mésaventure s’était déjà produite et en réponse au tavernier qui lui proposait d‘échanger son ballon de blanc contre un godet de rouge, celui-ci avait avancé : c’est pas grave, j’ai la glotte daltonienne’’

-Mais alors quoi vicomte, qu’est qu’i t’arrive ??
- Ca y est les gâs , c’est la fin , je tourne la dernière page , je tire le rideau:’’j’ai soixante carats , et ces c…. là me foutent à la retraite, si c’est pas une honte, priver d’boulot un type qui n’en jamais demandé !! Pour moi c’est la fin, il ne reste plus qu’à mourir. De toutes façons dans ma vie, j’ai jamais fait ce que je voulais, alors mourir, ça n’me changera pas !!!’’

Pourtant, le vicomte n’avait pas lieu d’être triste pour ses derniers jours d’actif, car comme disait ‘’Vise à gauche’’, l’intellectuel de la rue Colbert qui avait fait des études jusqu’avant le certif, et ainsi surnommé car souffrant d’un strabique convergeant, (et surtout vrai pour la première syllabe) : ‘’chômeur à vie c’est comme aveugle de naissance, t’es pas triste, t’as jamais vu !!!’’

Et le vicomte de conclure:''oui cette fois ca y est, je crois que j'ai bu mon pain blanc''


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Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 30-07-2014 10:21  Mis à jour: 30-07-2014 10:21
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Les derniers jours du Vicomte
J'ai toujours été à l'écoute des conversations de comptoirs : il s-y disait des choses savoureuses. Beaucoup d'habitués ne se révélaient vraiment que dans leur coin favori, le verre plein à la main. Ils palabraient en cherchant, d'un regard circulaire, l'attention du public. Il était prudent de ne pas avoir l'air de les écouter, de penser à autre chose jusqu'à ce qu'une victime fasse l'objet de leur choix; suffisait d'écouter.
merci, Kjititi, pour cette page indiscutablement vécue.
Amicalement Bacchus
Titi
Posté le: 30-07-2014 12:13  Mis à jour: 30-07-2014 13:24
Administrateur
Inscrit le: 30-05-2013
De:
Contributions: 1622
 Re: Les derniers jours du Vicomte
Merci Bacchus, j'ai eu la chance, je dis bien la chance, d'avoir vécu dans cette rue Colbert à Tours ou mon père a tenu boutique pendant 33 ans. Cette rue qui était la rue la plus commerçante de Tours, était un trésor pour les rencontres étonnantes ou se côtoyaient, aristos, clodos, commerçants, ouvriers, peu importait la couleur de peau ,les gens vivaient, déconnaient, buvaient un coup ensemble...

C'était il y a 50 ans, et toutes les rencontres que j'ai pu y faire à cette époque sont gravées à jamais dans ma mémoire, et m'ont, sans nul doute fait découvert la vie.

Ce n'est pas de la nostalgie, c'est du vécu, tout simplement

Amitiés de Touraine Bacchus
EXEM
Posté le: 31-07-2014 02:42  Mis à jour: 31-07-2014 02:42
Plume d'Or
Inscrit le: 23-10-2013
De:
Contributions: 1480
 Re: Les derniers jours du Vicomte
Kjiti, comme j'aimerais pouvoir écrire comme tu le fais. Ton style est celui qui nous semble naturel comme l'eau que nous buvons. On lit, on voit, on entend, on vit avec toi qui nous enchante. Merci. Bravo.
couscous
Posté le: 31-07-2014 20:32  Mis à jour: 31-07-2014 20:32
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Les derniers jours du Vicomte
Kjtiti, c'est apparemment une tranche de vie. En tout cas, elle vaut son pesant de cacahuètes. Un personnage avec une belle repartie et des réflexions à encadrer. J'ai bien ri.

Merci

Couscous
Titi
Posté le: 31-07-2014 20:46  Mis à jour: 31-07-2014 20:46
Administrateur
Inscrit le: 30-05-2013
De:
Contributions: 1622
 Re: Les derniers jours du Vicomte
Point trop n'en faut, chers EXEM et couscous, mais il est vrai que cette rue commerçante était un véritable repaire de toutes les couches de la société,alors le relater ne m'a pas demandé beaucoup d'effort , puisque mon imagination était, de fait, au repos!!!

merci à vous de votre mensuétude ORéene
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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