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Poèmes confirmés : Le Lion D'androclus
Publié par EXEM le 13-08-2014 01:00:00 ( 1638 lectures ) Articles du même auteur



Le Lion d'Androclus



« Je me nomme Androclus… C'est moi qui ai, un jour, soigné un lion blessé… »


Je venais de m'enfuir de la Puissante Rome
Où je n'étais, là-bas, que la moitié d'un homme.
Esclave d’un Consul, mon misérable sort
Était esclave aussi d'une servile mort :
Caprice d'un tyran, ou pouce d'une reine
Dirigé vers le bas, au balcon d'une arène.

Courant dans la forêt, perdu dans les sentiers,
Tenaillé par la faim depuis deux jours entiers,
Mes poumons épuisés et les jambes très molles,
Rien ne pouvait freiner ma longue course folle,
Jusques au moment où, l’effort me terrassant,
Je tombai sur le sol en m'évanouissant.

Quand je rouvris les yeux, reprenant connaissance,
Je sentis dans l'espace, une étrange présence.
Et malgré le silence et la nuit de l'endroit,
Je savais que quelqu'un se trouvait près de moi.
J'étais dans un abri, sous un ciel de granite,
D'où tombait une étoile en longues stalactites.
Les cônes lumineux me permettaient de voir
Dans le fond de la grotte, au milieu d'un couloir,
Une ombre immense, épaisse, et lourde, et immobile,
Tout comme les statues que j'avais vues en Ville.
Tout à coup j'aperçus, de mille carats d'or,
Deux yeux qui m'observaient sans me vouloir de tort.
A mes pieds se trouvait la dépouille sanglante
D'un grand cerf de ces bois dont la langue pendante
Indiquait le combat qu'il avait dû livrer
Avant que vînt la mort, enfin le délivrer.
Je n'osai pas bouger bien que ma faim tenace
Me conservât toujours sous sa dure menace.
J'attendis, aveuglé, que s'éclairât mon sort,
Dans la nuit pétrifiée du mystérieux décor.
Un grondement puissant me fit enfin connaître
Celui qui de ces lieux, devait être le Maître.
Un lion de Cythère, aussi féroce et fier
Q'un dieu devant lequel, un homme peut prier.

Se libérant de l'ombre, il vint dans la lumière,
Et s'approcha de moi, secouant sa crinière.
Je faillis, sur le coup, en mourir de terreur
Ayant, justement cru, venue, ma dernière heure.
Puis, en réfléchissant, vite me rassurai
Sur les desseins du fauve et ce qu'il désirait.
S'il était effrayant, debout, dans sa tanière,
Son échine affaissée, dénonçait sa misère.
Il était comme moi, l’esclave des Romains
Et de même, s'était échappé de leurs mains.

J'avais à cette époque, connu sa renommée,
C'était Feragratia, la Bête redoutée
Que Rome avait conquise dans sa forêt natale
Afin de s'en servir d'une façon brutale,
En l'attachant en cage et ne le déliant
Que pour distraire au Cirque un peuple délirant.
C'était lui qui m'avait ramassé dans les bois,
Transporté jusqu'ici pour s'occuper de moi,
Et, m'offrant le cerf chaud, chasse qu'il avait faite,
Il m'invitait des yeux à m'en faire une fête.

Je vécus désormais avec cet animal
A qui les gens de Rome avaient fait tant de mal.
Il me donnait toujours, de ses proies ramenées,
Les morceaux les meilleurs de la chair dépecée.
Je passais avec lui, d'heureux et libres jours,
Où naquit entre nous, une forme d'amour.
La bonté de la bête était bien plus certaine
Que de tous les romains, l'âme la plus humaine.


Mais, quand on est heureux, c'en est toujours ainsi,
Dans notre esprit, toujours, vient s'installer un "si ",
Si petit, invisible, et pourtant un abîme
Où tombe le bonheur, s'écrase et puis s'abîme.
Au cours du temps voilà que je fus convaincu
Que la main d'un tyran ne m'avait pas vaincu,
Et que je n'étais pas un esclave sauvage
Qui pouvait demeurer, loin de son beau Rivage.
Dans cette ardente foi, je pris la décision
De me rendre et soumettre à ma punition.

Un jour, Feragratia, sorti pour faire sa crotte,
Me permet de quitter à tout jamais la grotte.
À peine avais-je ainsi commencé mon parcours,
Qu'un centurion me voit et, sur le champ, accourt.
Il m'arrête aussitôt, me garde la vie sauve
Dans l’ultime dessein de me jeter aux fauves.
Dans l'arène bruyante, au cirque de Néron,
Je suis ainsi donné en pâture aux lions.
De tous côté, ils sortent de leurs cages pleines,
Propulsant en avant leurs brûlantes haleines.
Pour plaire à leurs geôliers, ils s'agitent en rond,
Se mettent à rugir en forçant un étron.
Bientôt il leur faudra venir me mettre en pièces
Pour satisfaire le goût de cette foule en liesse.
J'attends, muet de peur, qu'arrive ce moment,
Sans pouvoir prononcer le seul mot de Maman !
Alors, parmi les fauves et surtout les mâles,
Se propage un courant de senteur animale,
Un remugle oppressant qui vient pour annoncer
Que dans un court éclair, l'instinct va s'élancer.
Le plus puissant d'entre eux, me montre ses canines,
De cette façon-là qu'a la race féline,
En remuant la tête et renversant les yeux,
Déjà me digérant avecque tous les deux.
Brusquement, il bondit ! Et devant moi, s'arrête.
« Feragratia !! C'est toi ! C'est toi, ma brave bête ! »

C'était en effet lui, le lion d'Androclus,
Celui que j'avais cru à jamais un reclus.
Debout devant la foule, en extase, en délire,
À Rome tout entier, je m'adresse pour dire :
« Qu’au cœur de tout Romain, cela y soit écrit,
En long, en large, en gros et même dans vos cris :
Ce lion est venu pour me sauver la vie,
De le quitter, jamais, je n'aurai plus envie ! »

« Tout a été mis, par écrit, sur des tablettes qui ont circulé dans le public, réclamées par tout le monde. Androclus a obtenu la vie sauve, a été acquitté et, avec l'approbation du public, il a reçu le lion en cadeau.
Apion a écrit : nous avons vu Androclus, tenant son lion au bout d'une fine laisse, faire le tour des bistrots de Rome. On donnait de l'argent à Androclus, des fleurs au lion. Dans la rue, on disait : Voilà le lion qui a hébergé un homme et voilà l'homme qui a soigné un lion."

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Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 13-08-2014 13:46  Mis à jour: 13-08-2014 13:46
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Le Lion D'androclus
Cette histoire est superbe.
L'écrit de Plistonicès dit Apion s'appelle "Le lion d'Androclès"
On trouve cette histoire dans les nuits Attiques ( Noctes Atticæ ) de Aulus Gellius, qui cherchait à instruire en collectant des textes de tout ordre. On ne sait rien de la véracité de cette belle histoire, mais elle à été reprise par Georges-Bernard Shaw et Victor Hugo.
En revanche, je suis certaine d'avoir déjà lu ce poème. Mais où ??? Si il est d'un autre auteur , il faudrait l'indiquer .
Merci
EXEM
Posté le: 13-08-2014 17:00  Mis à jour: 13-08-2014 17:00
Plume d'Or
Inscrit le: 23-10-2013
De:
Contributions: 1480
 Re: Le Lion D'androclus
Chère Loriane, merci du commentaire. Ce poème est de moi. Ton appreciation venant d'un Maitre comme toi,me fait rougir de joie. Merci de tout Coeur. Grosses bises.
Marco
Posté le: 13-08-2014 17:36  Mis à jour: 13-08-2014 17:36
Plume d'Or
Inscrit le: 17-05-2014
De: 24
Contributions: 725
 Re: Le Lion D'androclus
L'histoire est magnifique !

C'est sans aucun doute, ce que j'ai lu de meilleur ces derniers temps.
Je mets un genou à terre, mon ami, devant ce formidable poème et devant le
poète que tu es !

Merci et mille bravo, EXEM.

Marco
EXEM
Posté le: 13-08-2014 18:03  Mis à jour: 13-08-2014 18:03
Plume d'Or
Inscrit le: 23-10-2013
De:
Contributions: 1480
 Re: Le Lion D'androclus
Ah ! Mon très cher Marco ! Je savais que tu n'étais pas loin ! Si toi aussi tu te joins à Loriane pour me faire rougir, c'est réussi ! Vous deux lisez et commentez avec le Coeur et j'ai la chance que vous ayez tous deux un Coeur très grand. Merci Marco.
Abu-issa
Posté le: 14-08-2014 05:58  Mis à jour: 14-08-2014 05:58
Régulier
Inscrit le: 24-05-2014
De: Maroc
Contributions: 63
 Re: Le Lion D'androclus
Une qualité d'écriture à couper le souffle. Exam , on s'en un travail d'orfèvre de l'écriture. Merci du partage .
Abu-issa
Posté le: 14-08-2014 05:59  Mis à jour: 14-08-2014 05:59
Régulier
Inscrit le: 24-05-2014
De: Maroc
Contributions: 63
 Re: Le Lion D'androclus
On sent désolé pour la faute .maudite tablette
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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