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Nouvelles : Renaissance, Extraits
Publié par AntoneR le 14-05-2012 16:10:00 ( 1008 lectures ) Articles du même auteur



Extrait 1 :

La bouche ouverte sur un cri qui ne voulait pas sortir, les yeux écarquillés et inondés de sueur, Andy s’était réveillé à l’instant où, justement, il pensait ne plus jamais rouvrir les yeux. S’obligeant à respirer, il sentit l’air envahir ses poumons sans les brûler pour autant et sut qu’il était sorti de la plaine, ou du moins de son rêve.

Son corps n’avait pas dû faire la distinction entre le cauchemar et la réalité, tant il avait transpiré, mais le stress ne devait pas y être étranger non-plus. Clignant des yeux pour se remettre les idées en place, il passa une main moite sur son visage pour s’assurer d’être vraiment là… Bien sûr il le savait et n’avait pas réellement perdu le contact avec son corps, mais la violence était chaque fois plus intense, plus barbare et il espérait parfois ne pas avoir à se réveiller systématiquement.

Malheureusement, depuis des semaines, il était ainsi tiré du sommeil, chaque nuit. Les cauchemars l’entraînaient toujours dans cet univers chaotique et douloureux, sans qu’il en ait réellement compris le sens. Puis, inéluctablement, il se réveillait, tétanisé par les évènements, si oniriques furent-ils.

La fenêtre de sa chambre était fermée. Il tenta de se lever pour l’ouvrir, mais dut ralentir son mouvement, le vertige cherchant à le clouer à son matelas… Il le savait bien sûr, et comme à chaque fois, son corps semblait avoir du mal à se remettre, le laissant vide de toute énergie, épuisé par ce leitmotiv cataclysmique. Il s’efforça à respirer lentement, puis commença par s’asseoir sur le bord de son lit, grinçant sinistrement sous son poids, comme un rappel menaçant de ce songe atroce.

La tête serrée entre ses mains moites, il expira longuement, pour donner à ses poumons l’occasion de se vider des hypothétiques cendres récalcitrantes. Il se savait parfaitement en sécurité dans sa chambre, mais ne parvenait pas à détacher ses pensées des visions d’horreurs provoquées par ses rêves.

Extrait 2 :

Il tenta de claquer la porte, mais Athéa avait longuement retourné la situation dans son esprit et il était hors de question pour elle de renoncer ! D’une simple pensée, elle repoussa le battant de la porte vers l’intérieur, l’appel d’air faisant voler ses cheveux et sa longue robe noire — qu’elle n’aurait d’ailleurs pas dû porter, considérant le temps qu’il faisait.

— Penses-tu que tes menaces m’impressionnent vraiment ? dit-elle d’un ton égal, qu’elle espéra être assez convaincant, en entrant dans le salon, au fond duquel il s’était réfugié.

— Peut-être devraient-elles te faire réfléchir, en effet ! assura-t-il. Maintenant, sors et oublie-moi !

— Serait-ce trop te demander de m’écouter et de me laisser m’expliquer ? demanda Athéa, tout en essayant de maîtriser sa voix.

Il se retourna et la fixa un très long moment. Dans son regard, elle lut quelque chose qui la rassura. Il avait cessé de « mourir »… Mais elle y lut également une foule de sentiments moins encourageants pour elle, allant de la haine au mépris en passant par le dégoût le plus profond.

Son regard brillait comme un feu violent, accentué par les reflets des lampes, seule source de lumière. Le plafonnier était éteint et les volets clos. Andy s’était enfermé, cloîtré dans la solitude, ruminant sans doute les évènements de la place du Pape et les révélations de la jeune femme.

D’ordinaire chaleureux et accueillant, ce salon s’était transformé en cellule, dans laquelle Andy s’était jeté.

— Tu essayes de me voler ma vie, et tu prétends vouloir t’en défendre, lâcha-t-il sur le même ton de défi qu’elle lui avait connu des centaines de fois.

Il se remettait à parler comme un livre, ce n’était pas bon signe…

— Je n’ai pas non plus tenté de te tuer, mon grand ! Cesse de jouer les dramaturges, tu deviens pathétique en plus d’être déjà affreusement puéril ! se força-t-elle à dire pour essayer de gagner du terrain. Je suis venue t’expliquer certaines choses et je te demande de m’écouter !

— Pardonne l’enfant gâté qui sommeille en moi, mon amie, fit-il, non sans ironie, mais le côté dramaturgique de la situation ne saurait t’échapper, puisque tu en es l’instigatrice ! Tu viens me parler de missions diverses et variées, l’une consistant à me formater selon le bon vouloir de quelques mystiques invisibles et l’autre, censée me pousser à accomplir je ne sais quels desseins !

« Je ne te parle pas de me prendre ma vie au sens littéral du terme, mais simplement de me la voler, de la bouleverser du tout au tout, pour quelque raison occulte que tu as, comme tu l’as dit, volontairement choisi de ne pas m’expliquer !

« À qui crois-tu t’adresser, Prêtresse ? Penses-tu que je sois né de la dernière pluie ou à ce point malléable, qu’il te suffise de palabrer devant moi pour que je comprenne tes hypothétiques raisons de n’avoir jamais pris le temps d’être honnête avec moi ?

Extrait 3 :

De plus en plus tenté par son chant, Andy leva prudemment une main et la dirigea vers la pierre couleur saphir sans pourtant oser la poser à sa surface. Il se contenta tout d’abord de passer sa main autour d’elle, prenant garde de ne pas même l’effleurer, cherchant à en jauger l’énergie et à considérer les risques.
Étrangement, Andy demeura lucide, malgré les multiples sources d’étourdissement autour de lui et en saisit la raison sans trop de réflexion : chaque élément, dans cet écrin de perfection, vibrait sur la même fréquence que lui.
Rassuré, l’Empathe inspira profondément et posa une main sur le dessus de la pierre.
Une magnifique lumière blanche en émana.
Elle s’intensifia, sans être pour autant une gêne. Au contraire, elle ajouta encore à la suprême sensation de bien-être du jeune homme, depuis son premier contact avec le bouclier.
Aveugle au monde extérieur, il ne vit plus rien sinon l’artefact et sa lumière vespérale, parfaite et immaculée. Dans son esprit se mélangèrent le passé, le présent et le futur, le monde et l’univers, son corps et son âme. Rien n’était plus qu’Un au cœur du Tout. Inspiration après inspiration, il prit la pleine mesure de l’Univers, s’y sentant à la fois intrus et intégré.
La lumière se dissipa peu à peu, laissant entrevoir l’infinité de la Vie, de la Mort et de l’Esprit, tous se partageant le même espace, au cœur d’une harmonie surréaliste. Le feu, l’eau, la terre et le vent se mêlèrent dans un tourbillon joyeux entraînant avec eux le monde, déchirant le voile séparant les éléments de l’éther…
Tout cessa… Tout recommença, et dans une explosion gigantesque, le monde réapparut tel que le jeune homme l’avait laissé, parfait dans son indéniable imperfection.
Déstabilisé, Andy relâcha sa concentration l’espace d’une seconde et abandonna sans le vouloir la pression jusque-là maintenue sous ses pieds. Sans parvenir à s’en soucier, il se sentit tomber le long du pilier, ne cherchant pas même un seul instant à se raccrocher à celui-ci.

Extrait 4 :

Le Temple de Dun’Am, majestueux et scintillant, semblait pourtant perdre de son éclat, en ce début de journée. Andy n’aurait su dire pour quelle sinistre raison, mais les faits ne trompaient pas : le sort de protection agissait de moins en moins.

Les trois jeunes gens descendirent en silence du fourgon et commencèrent à gravir les marches menant au vestibule circulaire.

— Ne vous retournez pas, nous sommes suivis ! affirma Athéa, son regard rivé sur l’immense porte de chêne.

— D’autres arrivent, Athéa ! souffla Jas, sans perdre lui non plus de vue l’entrée de l’édifice.

— Depuis le Temple, je sais… Nous allons de nouveau devoir nous battre, dirait-on ! grogna la Prêtresse, ses yeux déjà illuminés.

Elle se retourna et de ses deux mains jaillirent des éclairs d’une blancheur si pure qu’elle contrastait avec la violence de leur puissance. Pendant d’interminables secondes, Athéa hurla comme une possédée, les éclairs décimant à tour de bras les Démons éparpillés sur le parvis du Temple et l’avenue y menant.

Une larme roula sur la joue de la Prêtresse quand, dans sa gorge, mourut ce cri inhumain. Le calme revint et la jeune femme fit face au Temple. Dans l’ombre de l’entrée, les Démons reculèrent encore pour se fondre dans les ténèbres. Jas prit le temps de s’immerger dans son propre pouvoir, lui abandonnant toute raison.

A la grande surprise d’Andy, ses deux amis avaient emmagasiné beaucoup de haine et de rage.

Le Phénix se transforma en torche, envolée de rouge, de vermillon, d’orange et de jaune… Athéa, perdue dans l’immensité de son pouvoir, ne captait déjà plus rien du monde, les marches sur lesquelles elle passait vibrant sous l’effet de sa puissance, la poussière s’élevant en tourbillon autour d’elle. Aussi loin qu’ait porté le regard d’Andy, les bâtiments se délestaient de poussière et les toits de leurs tuiles.

Jas et Athéa avancèrent ensemble vers le vestibule, laissant derrière eux l’Empathe, ignorant ce qu’il devait — ou pouvait — faire pour se rendre utile. Il observa la scène surréaliste que lui offraient ses deux compagnons, de plus en plus déstabilisé par leur colère, désormais perceptible sans mal, au travers de leurs pouvoirs respectifs.

Jas leva une main, propulsa une onde flamboyante et la porte du Temple vola en éclat . Un ouvrage vieux de plusieurs millénaires venait de partir en lambeaux d’un seul geste après avoir résisté au passage du temps et à des multitudes de guerres. Andy ne put s’empêcher de penser à Sirus. Lui aussi avait vu tant de choses et était pourtant mort, à cause d’une simple erreur de jugement.

Profitant de la vue dégagée qu’offrait l’absence de la porte, Athéa visa l’intérieur du vestibule de ses poings, très vite imitée par Jas.

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Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 14-05-2012 17:21  Mis à jour: 14-05-2012 17:24
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Renaissance, Extraits
Bien sûr, le fait que ce soit des extraits nous complique la vie, nous rentrons à peine dans cet univers onirique et angoissant sans comprendre les raisons qui les ont fait naître.
L'écriture est agréable bien que l’énigme, elle, reste insaisissable.
Ces extraits sont évidemment des amuses-gueules qui nous ouvre l'appétit.
Merci pour le plaisir.

Je te souhaite la bienvenue parmi nous et une bonne route sur L'ORée.
Si j'en crois ton site, tu n'es pas un adepte de la présentation mais si tu veux nous parler de toi tu peux aller sur "qui je suis" dans les forums.
N'hésite pas à donner ton avis sur les textes, les commentaires sont toujours très appréciés et utiles.
Merci
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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