| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Accueil >> xnews >> Rideau ! - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Rideau !
Publié par arielleffe le 12-12-2014 17:13:51 ( 1043 lectures ) Articles du même auteur



Aki est dans son bain. L’eau est chaude. A côté de la baignoire est placée une table sur laquelle se trouvent des fleurs blanches, de l’encens et une bougie. Enfin un instant de répit ! Les courbatures s’estompent. Aki n’a pas chômé ces dernières heures, la maison a été nettoyée de fond en comble, le jardin est débarrassé de toutes les mauvaises herbes. Dans chaque pièce, encore des fleurs blanches et des bougies, l’odeur d’encens flotte dans toutes les pièces. Natsumi sa bien-aimée sera heureuse de rentrer dans un lieu aussi joli, et aussi paisible. Ils sont tous les deux très sensibles à l’esthétique et à la poésie des lieux. Il faut dire qu’elle est si belle Natsumi ! Elle sera heureuse de voir qu’il a finalement décidé d’accéder à son désir.

Aki l’a rencontrée dans un parc il y a sept ans, une fleur au milieu des fleurs. Il a été attiré par sa personne, irrésistiblement. Il était seul à ce moment-là, sans amour, absorbé par son travail d’ingénieur agronome. Il s’est dit que la nature voulait les rapprocher. Ils étaient de la même espèce, fait l’un pour l’autre. Sous un énorme ginkgo de 1200 ans, l’arbre des amoureux, il a osé l’aborder et lui dire ces superbes vers de Goethe :

La feuille de cet arbre
Qu'à mon jardin confia l 'Orient
Laisse entrevoir son sens secret
Au sage qui sait s'en saisir.

Serait-ce là un être unique
Qui de lui-même s’est déchiré ?
Ou bien deux qui se sont choisis
Et qui ne veulent être qu’un ?

Répondant à cette question
J’ai percé le sens de l’énigme
Ne sens-tu pas d’après mon chant
Que je suis un et pourtant deux ?

Natsumi connaissait le poème, elle prit la main d’Aki, et ce fut le début d’une très belle histoire. Le ginkgo est un très vieil arbre doté d’un tronc mâle et d’un tronc femelle. Pourtant les deux sont tellement enlacés qu’on peut difficilement les distinguer l’un de l’autre. Leurs fruits sont surnommées les « pommes d’or », quand on fait griller leurs amandes, on peut espérer vivre plus longtemps. L’histoire d’Aki et Natsumi durerait toujours.

La vie est douce en compagnie de Natsumi, il n’y a jamais de dispute, c’est l’harmonie parfaite. Aki ne se lasse pas de regarder la jolie chanteuse, et oui, elle est chanteuse, et sa voix est en complet accord avec sa personnalité, équilibrée, douce et intelligente. Une voix peut être intelligente, et celle de Natsumi a cette qualité. A ses côtés, Aki se sent serein, comblé, enfin complet.

Après quelques années à profiter l’un de l’autre, Aki veut concrétiser cet amour. Il veut faire des projets : un mariage, un enfant ? Mais le travail de Natsumi les éloigne souvent, elle est aussi actrice, et a parfois peu de temps à consacrer à l’homme de sa vie. Heureusement, ils s’écrivent, s’appellent et s’envoient des Haïku :

« Absence, vide, manque, où es-tu ? »

« Le cerisier est fleuri, mon amour s’épanouit »

« Le vent dans tes cheveux longs, je regarde les arbres, c’est l’Automne.»

Aki peint les poèmes qu’il reçoit, il s’est mis à la calligraphie depuis quelque temps, ça le rapproche de sa belle, ainsi ils sont toujours en correspondance.

Le dernier en date, est encadré au-dessus de la baignoire. Les signes noirs sur blanc se détachent très nettement, le jeune homme les regarde inlassablement. A travers la buée on distingue deux traits qui s’enlacent et s’épanouissent vers le haut tels des branches d’arbre. Aki les lit et relit.

« J’ai peur de la pourriture, qui s’exhale des fruits d’or de notre amour »

Aki a essayé de rassurer Natsumi, les fruits du ginkgo sentent atrocement mauvais, pourtant ils prolongent la vie, ils sont la vie ! Mais elle est partie. Aujourd’hui, elle pense qu’Aki est en voyage, elle doit récupérer quelques affaires.

Aki se lève, il ouvre le rideau qui entoure la baignoire, et d’un geste sec et précis, il forme un nœud coulant :

RIDEAU !

Article précédent Article suivant Imprimer Transmettre cet article à un(e) ami(e) Générer un PDF à partir de cet article
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Iktomi
Posté le: 13-12-2014 17:56  Mis à jour: 13-12-2014 17:56
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Rideau !
Ta nouvelle est bien construite, bien menée, très agréable à lire, j'y vois juste deux défauts techniques :

"Aki ne se lasse pas de regarder la jolie chanteuse, et oui, elle est chanteuse" : ça c'est une irruption subjective du narrateur dans un récit qui allait très bien sans que ledit narrateur vienne mettre un grain de sel que le lecteur ne lui a certes pas demandé...

Et puis un suicide par pendaison au terme d'un récit dont tous les indices nous donnent à penser qu'il a lieu au Japon... je n'irai pas te reprocher de nous frustrer d'un hara-kiri qui pour le coup paraîtrait trop prévisible, mais je ne sais pas, je trouve que ton histoire de noeud coulant ne fonctionne pas très bien.

Par contre la citation de Goethe est d'une grande justesse et très justement placée.

Bien à toi.
arielleffe
Posté le: 18-12-2014 17:59  Mis à jour: 18-12-2014 17:59
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Rideau !
Pour la chanteuse, tu as raison iktomi, je vais revoir ce passage. Par contre, je voulais qu il se pende avec le rideau, hara kiri était plus difficile...merci d avoir lu mon texte.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
76 Personne(s) en ligne (19 Personne(s) connectée(s) sur Textes)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 76

Plus ...