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Nouvelles confirmées : Votre avis m'intéresse, suite 2 :
Publié par dominic913 le 29-03-2015 14:10:00 ( 882 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



- Madame, j'entends vos difficultés. Votre agenda est surchargé. Mais là n'est pas la question. Je vous parle de votre fils… de Nathanÿel. L'enfant de dix ans qui porte votre nom ?
- Oui, je sais qui est Nathanÿel. Vous me prenez pour une idiote, ou quoi ? Avait-elle répliqué sèchement. Je ne suis peut-être pas très assidue en ce qui concerne son bulletin trimestriel. Mais je n'ignore pas qui est mon fils. Il s'est mal comporté à l'école ? Il a été impoli avec vous ? Il vous a frappé ? » Au fur et à mesure de son énumération, son ton s'était durci. « J'espère qu'il n'a pas fait de bêtises?
- Pas du tout, au contraire, l'avait-il rassuré. Le fait est que c'est un garçon solitaire, extrêmement réservé. Il est constamment distrait. Et ses notes dépassent rarement neuf ou dix de moyenne.
- Ah bon ? » Le timbre saccadé de ma mère s'était adouci. « J'avoue que je ne prête pas attention à son bulletin scolaire. Je me contente de le signer lorsque c'est nécessaire. Son père n'y jette mème pas un œil, c'est dire ! Néanmoins, je ne tolère pas l'indiscipline. Mon mari et moi l'avons éduqué dans le respect des règles. Nous lui avons expliqué qu'il était important d'honorer ses aînés ; de dire « bonjour », « merci », au revoir », de se tenir correctement à table lors des repas de famille, etc. Je ne saisis dès lors pas le but de votre coup de fil ?
- Que Nathanÿel n'ai pas de meilleures notes ne vous interpelle pas ? Qu'il soit si isolé ne vous questionne pas ?
- Oh…, c'est qu'il est sauvage. Son apparence y est certainement pour quelque chose, je ne le nie pas. Les Valÿriens, les Azteÿcts, ou les Nephlÿms ont beau pulluler dans les rues de nombreuses municipalités du royaume de France, celui qui se singularise sera forcément malmené par les autres membres de sa propre Race. Cela a été depuis l'Aube des Ages. Alors, depuis les débuts de la Seconde vague de colonisation des Amériques, ça n'est allé qu'en empirant. Gare à ceux qui, comme mon Nathanÿel, se démarquent du reste de la population. Je n'envie pas ceux et celles qui sont détenteurs du « Don ». Obligés de renoncer à une existence « normale » ils fuient. Ils tentent d'échapper à l'animosité qu'ils suscitent chez l'ensemble des espèces intelligentes peuplant le globe. En dernier recours, ils sont condamnés à se cacher au cœur de leurs « Citadelles Telluriques ». Je ne souhaite ça à personne ; même pas au pire de mes ennemis.
- Je…
- Êtes vous au courant des rumeurs qui courent au sujet de ces Citadelles ? Avait-elle poursuivi, exaltée » Elle avait totalement perdu de vue que c'était mon instituteur qui lui avait téléphoné. « Non ? Eh bien, je vais vous éclairer. Car des tas de bruits circulent à leur propos. Certains prétendent que leurs fondations s'enracinent à plusieurs centaines de mètres sous la surface des métropoles où elles sont édifiées. Ils soutiennent qu'elles plongent en deçà de leurs lignes de métro. Ils allèguent qu'une quantité non négligeable de leurs cryptes accèdent aux réseaux d'égouts les plus archaïques. Ne dit-on pas que la Citadelle Tellurique implantée à Paris – qui se nommait Lutèce à l'époque - a été fondée à la chute de l'Empire Romain ; que c'est avec le sang de Géants des Carpates qu'Alberÿc a soudé les blocs de pierre titanesques qui la maintient debout. N'abjure t-on pas aussi que celle de Toulouse a manqué d'être anéantie par Simon de Montfort au début du XIIIème siècle lors de sa Croisade contre les Cathares. Il y a forcément une cause à son geste ! Ne certifie t-on pas que celle érigée ici, à Bordeaux, a servi de refuge à des Templiers traqués par des Mulsÿms du Sultanat de Nasiryah et des Cités-Etats de Mossoul et de Kirkouk. Même les Chroniqueurs du Librarium de Tours ne sont jamais parvenus à résoudre cette énigme. Et vous avez idée combien ils sont tenaces !…
C'est pour ces raisons, entre autres, que je plains les détenteurs du Don. Depuis des siècles, ils sont bannis de la communauté. Ils ont été torturés, emprisonnés, expulsés de tous les lieux où ils ont émigré. Il n'y a qu'aux abords de la Frontière Nord-Américaine qu'ils ne sont pas encore exclus. Les Elfiens les laissent – pour le moment – y accéder sans problèmes. Mais, croyez moi, cette situation ne va pas durer éternellement. Déjà, ils ne leur facilitent pas les choses. Un Conjurateur de mes contacts travaille pour une firme Elfienne de Pennsylvanie. Et il y a peu, ce dernier m'a confessé que les nations Iroquoises et Cherokees installées non loin de la Frontière, mais du coté Contrées Extérieures, s’apprêtaient à signer un accord avec les Elfiens pour les refouler vers l'Ouest. Elles auraient de plus en plus de mal à tolérer que des Citadelles Telluriques soient fondées à proximité de leurs espaces de chasse. Vous admettez donc qu'il n'est pas bon d'être né avec le Don. Et je...
- Madame, l'avait brutalement interrompu mon instituteur. Je n'ai que faire de vos considérations géopolitiques, économiques ou historiques. C'est votre fils qui me préoccupe avant tout, avait-il précisé, avant que ma mère ne prolonge son monologue. ».
Je dois concéder qu'il était quasi-impossible d’arrêter ma mère quand elle avait une idée dans la tète. Lorsqu'elle était décidée à argumenter sur un sujet qui lui importait, elle était insupportable. Mon père s'éclipsait de la conversation dès qu'elle se lançait dans ce genre d'échange. Il risquait un regard apitoyé vers le malheureux qui avait eu l'inconscience de lui demander son avis. Puis, il apostrophait d'autres convives afin de prendre part à leurs délibérations. Ou, en désespoir de cause, il quittait la pièce en espérant que le discours de sa femme ne s'éternise pas jusqu’à l'aube.
« Il est indispensable que je sois toujours informé des accords diplomatiques ou commerciaux de nos gouvernants ou de dirigeants industriels. Il me faut savoir si un conflit est sur le point d'éclater entre l'Empire Valÿrien et les monarchies itinérantes basées au Sud du grand désert Africain. Il me faut connaître le taux de l'or, que ce soit à la Nouvelle-Amsterdam, à Hong-Kong, ou à Londres. Si je veux que des Elfiens ou des Austrasiens me versent une commission confortable après leur avoir fait acquérir une propriété de dix-mille hectares à Martillac, ce sont des détails qu'il m'est interdit de dédaigner. »
Ma mère s'était alors esclaffée bruyamment. Mon instituteur avait maugréé. Au fur et à mesure que l'entretien avait perduré, il avait commencé à réaliser que vouloir parler de moi à ma mère n'était pas une bonne idée. Il avait malgré tout profité de ce léger intermède pour l'interroger :
« Et votre mari ? Le père de Nathanÿel ? Que pense t'il des bulletins scolaires de son fils ? Qu'il soit excessivement introverti ne le choque pas ?
- Spencer ? S'est-elle écrié en gloussant de plus belle. A part sa société de conseil en recrutement, rien ne le touche. Le croiriez-vous ? Lui, si humble, si insignifiant – tel père, tel fils, me rétorquerez-vous -, capable d'analyser la personnalité d'un inconnu, juste en conversant avec lui quelques minutes ? C'est incroyable, hein ? Et pourtant, si je ne l'avais pas eu à mes cotés le mois dernier ? S'il n'avait pas instantanément évalué la fiabilité du Conjurateur toulousain m'ayant mis en rapport avec cette firme Elfienne de Pennsylvanie, je n'aurai pas décroché le plus gros contrat immobilier du semestre. Mes collègues en sont malades. Et vous savez ce à quoi œuvre Spencer à cette seconde ? Il collabore avec une multinationale Hindoue qui délocalise actuellement son siège social en Allemagne. Il n'a pas moins de quatre-cents-cinquante personnes à recruter pour monsieur Danesh – un lointain descendant de Maharadjah à ce qu'il m'a affirmé. Évidemment, il est secondé par le bras droit de ce PDG. Mais après ça, que l'on ne me jure pas que les États-Unis d'Europe n'attirent pas les investisseurs étrangers !
- Madame, s'il vous plaît. Je vais devoir bientôt rejoindre ma classe. Si nous pouvions revenir à l'objet de mon appel ? ». Alors que la voix de mon instituteur était d'habitude ferme et déterminée – dès qu'il entrait dans la salle de cours, plus aucun de mes camarades ne se manifestait ; les grimaces ou les railleries dont j'étais mitraillé se dissipaient ; l'attention de chacun était concentrée sur lui -, là, elle avait été suppliante. « Écoutez moi, l'avenir de Nathanÿel en dépend.
- Vous exagérez, avait-elle protesté énergiquement. Ce n'est pas parce que mon fils a des notes légèrement en-dessous de la moyenne que vous êtes obligé de vous alarmer. C'est un enfant a l'intelligence très peu développée, voila tout, s'était-elle obstiné. Il y a des années que mon mari et moi l'avons compris. Il fera carrière en assemblant des modules électroniques pour aéromobiles. Avec la maigre paye qu'il aura, il logera dans l'une de ces immenses tours HLM du quartier des Chartrons. Il cohabitera avec des Golems d'acier, des revendeurs de « Mirage bleu », des ouvriers de la « Trouée ». Il rencontrera éventuellement une femme possédant une parcelle de Don, et que sa famille aura appris à haïr. Il lui fera trois mômes. C'est tout ce que je vois pour lui. » Le reproche et l'amertume avaient été à peine voilés « Et ne comptez ni sur moi, ni sur mon mari, pour intervenir auprès de nos relations pour lui trouver un meilleur emploi quand il sera en age de gagner son pain. Le monde est impitoyable. Les épreuves à surmonter y sont nombreuses. Pour devenir un homme, il devra s'y confronter seul.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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