Un Tison Flamboyant et une Flaque D'eau
S'aimaient d'un bel amour à chaque heure plus beau,
A chaque heure plus triste, car il était visible
Que cet amour, hélas, était chose impossible.

Les ondes frissonnantes de ses perles d'eau,
Ondulant une danse comme un beau rideau,
Auraient, en un instant, et une seule étreinte,
Fait du Tison brûlant, juste une flamme éteinte.

Lorsque tombait la nuit, il venait l'éclairer,
Et tous les deux, alors, se mettaient à pleurer.
Existait-il un sort plus cruel que celui
Qui les faisaient ainsi s'adorer, elle et lui ?

« Laisse-moi, je t'en prie, me plonger dans ton sein,
Je préfère la mort à ce triste destin !
- Jeune fou, disait-elle ! Crois-tu que j'aie envie
De servir de tombeau, à toi, qui est ma vie ? »

Le temps passa ainsi, en regrets et soupirs
Et voilà qu'une nuit, la belle flamme expire.
Le Tison ne craint plus l'eau de la Flaque d'eau
Et, dans l'obscurité, lui murmure aussitôt :

« Libre enfin, me voici, de t'aimer dans ce soir !
De t'aimer jusqu'au jour ! De t'aimer dans le noir !
Seulement, jusqu'à toi, tu dois guider mes pas. »
La Flaque desséchée, ne lui répondit pas.