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Nouvelles confirmées : Paradis 17
Publié par Donaldo75 le 16-04-2015 08:25:39 ( 1138 lectures ) Articles du même auteur



Paradis 17


Angelica arriva à la soirée du Paradis 17, accompagnée de son habituel cortège de suiveuses. Thomas la regarda furtivement, attendant la fin du cérémonial, quand les sujets baisaient la main de la reine des gothiques, en signe d'allégeance à son charisme et sa beauté.

Angelica sourit à la vue de son amant secret. Ils se connaissaient depuis un mois. Leur liaison, restait cependant connue de peu de monde. Seuls Pierre et Hervé étaient au courant, pour une raison simple : ils avaient vu le couple s'embrasser passionnément dans une alcôve du Paradis 17.
Le lieu était idéal pour les amours cachés, avec de petites pièces rondes agrémentant les contours de la discothèque, avant le grand bar et la piste de danse mais après le vestibule d'entrée et le vestiaire.

Serge et Yves, les deux leaders de la bande, organisaient une fois par quinzaine des soirées mémorables au Paradis 17. Ils invitaient le gratin des lycées privés de Lyon, les fils à papa friqués et les filles à maman refaites, dans des parties dédiées à la danse, à la frime et à l'élitisme. Thomas avait connus Pierre, Serge et Yves en Angleterre, à l'occasion d'un séjour linguistique au sud de Londres. Ils s'étaient rencontré dans une boum où l'avait invité une Française rencontrée dans le bus. Ils avaient rapidement compris qu'ils partageaient les mêmes centres d'intérêts. Thomas avait alors proposé à ses trois nouveaux amis de quitter le gymnase où de boutonneux adolescents dansaient sur une musique de supermarché, histoire d'impressionner des lycéennes farouches.
« On ne va pas se faire chier avec ces gamins, je connais un pub où ça bouge » avait-il lancé tout haut, espérant que les rares affranchies les suivent dans son plan prometteur.
Et ça avait marché.

Angelica se rapprocha de Thomas. Elle l'effleura avant de lui faire la bise, un geste symbolique en apparence mais chargé d'émotion pour les deux amoureux. Des dizaines de paires d'yeux les observèrent, cherchant à savoir si la maîtresse des vampires allait mordre l'indomptable rocker.

Angelica rit en silence, imaginant les fantasmes des adolescents à son sujet et ceux des petites poupées bourgeoises papillonnant autour de Thomas. Du haut de ses dix-sept ans, elle impressionnait les autres lycéens, parce qu'elle était habillée en noir, belle à s'en damner et maquillée en outre-tombe. Angelica savait qu'à son age le paraître importait énormément. Elle en usait sans vergogne. Les enfants gâtés ne l'intéressaient pas de toutes façons : ils étaient trop prévisibles, souvent ennuyeux et seulement destinés à remplacer papa dans sa fabrique de meubles ou son agence bancaire.

Thomas avait représenté la nouveauté, l'exotisme, dans un monde policé où des minets prenaient la pose sur ABC ou Human League tandis que des princesses frétillaient sur Culture Club ou Yazoo. Il ne ressemblait à personne et surtout pas à ses copains Serge, Yves ou Pierre. Autant ces derniers ne laissaient aucun doute sur leur futur d'entrepreneur ou de magnat de la finance, autant Thomas semblait loin des considérations matérialistes et du qu'en dira-t-on. Angelica avait craqué sur lui dès le premier regard, sans avoir à lui parler. Le coup de foudre avait été réciproque. La suite s'était déroulée dans un rêve puis ils avaient terminé la soirée ensemble, loin des artifices de la nuit festive, au bord du fleuve, main dans la main. D'un commun accord, ils avaient décidé de garder leur liaison secrète. Angelica venait parfois chercher Thomas à la sortie de son lycée, juste parce qu'elle aimait juger des éventuelles rivales, marquant ainsi son territoire, au cas où.

Angelica évinça un crapaud gothique en mal d'amour, d'un bon mot destiné à provoquer les rires de sa cour, puis se dirigea vers le disc-jockey pour lui demander son morceau favori. Ce rituel était attendu de tous, à chaque fois qu'Angelica honorait ces soirées de sa présence magnétique.

Angelica se plaça au centre de la piste de danse. Elle laissa ses sujets l'encadrer. Les autres danseurs, même les non-avertis, comprirent immédiatement que le spectacle allait commencer. Le disc-jockey annonça le morceau, celui choisi par la déesse des nocturnes : il s'agissait d'une longue chanson de plus que quinze minutes, un tube du groupe qui avait inspiré le club Paradis 17 à sa création. La jeune femme commença à bouger sa tête puis son buste et enfin le reste de son corps, telle une danseuse de flamenco. Habillée en tenue digne du dix-huitième siècle, avec jabot et faux corset, elle personnifiait l'aristocratie gothique, une mode mise en avant dans les grandes discothèques londoniennes par des clones de la chanteuse britannique Kate Bush.

« Elle a quand même un sacré style, cette Angelica » se dit Thomas en l'observant. Il était fier de sortir avec la beauté brune, même si c'était en cachette. Pourtant, il avait eu des amourettes avec les Miss Lycée de son établissement mais elles lui paraissaient fades comparée à la belle aristocrate. Depuis leur premier baiser, il ne pensait qu'à Angelica et leurs retrouvailles l'enflammaient à chaque fois, de plus en plus fort. Thomas rêvait du jour où Angelica et lui pourraient afficher leur idylle au grand jour ; d'ailleurs, il ne savait plus pourquoi ils avaient décidé de garder leur liaison secrète.

Angelica tourna la tête en direction de Thomas. Elle défit ses longs cheveux, laissant la vague brune déferler sur ses épaules, puis leva les bras en signe de communion, incitant les danseurs à célébrer la magie du moment. Enfin, Angelica posa sa main sur sa bouche et envoya un cœur en direction de Thomas, dans un geste théâtral et sans ambiguïté. Le couple mythique se forma officiellement ce soir là, sur une mélodie de Heaven 17. Pour Angelica et Thomas, le temps de la pantomime du samedi soir était révolu : ils ne remirent jamais les pieds au Paradis 17.

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Marco
Posté le: 16-04-2015 12:08  Mis à jour: 16-04-2015 12:08
Plume d'Or
Inscrit le: 17-05-2014
De: 24
Contributions: 725
 Re: Paradis 17
Une soirée, pas vraiment, comme les autres et c'est le "signal",
le temps de passer à autre chose.
Fini le Paradis 17, c'est l'heure de devenir Adulte.


C'est vrai qu'en général c'est toujours l'amour, le coup de foudre,
qui fait que tu changes ta façon de vivre en abandonnant des habitudes de jeunesse.



J'ai écouté, un morceau du groupe Heaven 17 (un petit air façon David Bowie)
Morceau : "We're Going to Live for a Very Long Time" / Ouais je ne suis pas sûr d'avoir très envie !

Sympa ta nouvelle, Donald.


Amitiés

Marco
Istenozot
Posté le: 16-04-2015 20:43  Mis à jour: 16-04-2015 20:43
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: Paradis 17
Bonsoir cher Donald,

Je veux l'adresse du Paradis 17!
Et quel symbole pour moi. Je suis né un 17, le 17 avril. Chut, c'est mon anniversaire demain. Ne le répète pas!

En quelque sorte, le Paradis 17 est un rite de passage, le passage du flirt à l'amour, du coup de foudre au vrai amour, de l'adolescence à l'âge adulte...

Tu as vraiment l'art dans tes nouvelles de nous proposer de beaux tableaux colorés où les personnages sont décrits en couleurs.
Avec toi, on a vraiment l'impression d'exister dans tes tableaux.
Et comme j'aime aussi tes expressions truculentes.

Merci pour ce bon moment.

Bien amicalement.

Jacques
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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