En ce temps là, trois royaumes vivaient en paix.
Les gens bienheureux n’y courbaient pas sous le faix.
Les rêves de bonheur y étaient exaucés
Et produisaient de belles récoltes de blé.

Dans le tout premier, pour quelques billevesées
Touchant à des querelles de propriétés,
Une révolte s’installa entre voisins
Prémisse à une guerre, mais le souverain
Y mit un terme avec calme et sagacité.
De cet épisode, l’histoire a oublié
Le courage de ce monarque éclairé.

Dans le second, pour la gloire de quelques uns
Qui désiraient tant laisser un nom dans l’histoire,
Une guerre naquit au moment opportun
Pour nuire au monarque éloigné de son prétoire.
Dans ses débuts, elle fut dure, âpre et très cruelle
Au point de susciter des luttes fraternelles.
Le monarque abasourdi par tant de fureur
Livra une bataille éclair aux agioteurs,
Et rétablit, dans tout le pays, la douceur.
L’histoire ne se souvint que des comploteurs,
Du nom de la bataille mais pas du grand roi.

Dans le troisième, la parution d’une loi
Réorganisant le travail de bonne foi,
Suscita une guerre. On ne sait pas pourquoi !
Elle dura le temps d’une très longue tempête
Entre des clans envieux, gouvernés à leurs têtes
Par des rapaces faisant d’impossibles requêtes.
Chaque parti, par orgueil, voulait sa conquête.
L’effroi de cette horrible guerre courrait partout
Et semblait vouloir gouverner les cœurs en tout.
Le monarque ployait sous ce présent fardeau
Devant lequel il se comportait en agneau.
Il cherchait bien des fois à calmer les esprits,
Convaincus de leur bonne foi, en êtres aigris.
Après avoir laissé les clans piller les campagnes,
Le roi se résolut à partir en campagne
Pour battre les armées des principaux partis,
Qui furent tous, deux ans après, anéantis.
La victoire fut fêtée dans tout le royaume.
La réconciliation royale fut un baume
Qui donna lieu dans l’histoire à de nouveaux psaumes.

Mais quelle est donc la morale de cette fable,
Afin de la rendre auprès de vous très affable ?
Ami(e) lecteur, de quel roi te souviendrais-tu ?
Du premier qui a tant fait preuve de sagesse.
Ou du second, qui a dévoilé sa hardiesse.
Du troisième peut être, pour sa gloire, la liesse !
Souvent, la postérité ne retient l’histoire
Que de monarques ayant connu beaucoup de gloire
Au cours de longs conflits et de grandes conquêtes.
En revanche, l’histoire ne fait pas la fête
De nos dirigeants qui ont choisi la raison
La sagesse plutôt que la gloire à façon.
Alors mon ami(e) de quel roi te souviens-tu ?
La morale sera sans doute ta réponse !

Jacques Hosotte