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Nouvelles : La 124ème planète – expédition Khatora (1)
Publié par emma le 23-08-2015 23:07:51 ( 1144 lectures ) Articles du même auteur





« bla bla bla… En fait, ce serait fort différent si nous disposions pour nos recherches de moyens illimités… bla bla… Bien que nous soyons déjà très heureux des subsides que nous confère l’ordre de Shahuva (Vénéré soit son grand maitre suprême)… bla bla bla…
Bref… Johns ici présente va prendre le relai pour vous parler de façon plus concrète de nos attentes vis-à-vis de l’administration locale (louée soit sa Majesté galactique l’empereur et sa grande et puissante administration), étant entendu que nous jouissons d’une autorisation « niveau 8 » délivrée par les services centraux de Capitolia…
J’insiste sur ce détail pour nous épargner bien des blocages que nous rencontrons malheureusement systématiquement… C’est très agaçant… Par exemple, lors de notre amerrissage sur les lunes de Kandinsky… bla bla… Une autorisation niveau 8 : C’est certain que l’on ne voit pas ça tous les jours, mais la signature biométrique en hologramme est infalsifiable… vous avez surement entendu parler de ce hacker qui a tenté de faire un faux… bla bla… Rassurez-vous : on ne s’intéresse pas aux petites histoires locales… On a juste besoin des métadonnées concernant le recensement et la santé de la population locale, c’est en effet très important pour le contexte de nos recherches. Il s’agit de comparer des choses comparables… bla bla bla…

… Voilà, voilà… Je pense vous avoir tout dit pour ce qui me concerne… ».

Le professeur Walden se tourna vers Amanda Johns qui avait perdu le fil de la conversation depuis longtemps. La pression atmosphérique, la chaleur étouffante, l’hydrologie délirante de ce monde tropical faisait qu’elle avait d’horribles vertiges et hauts le cœur. Par ailleurs, malgré les innombrables qualités du professeur Walden, on ne pouvait pas dire qu’il était un orateur très passionnant… Et pourtant Johns vénérait le professeur Walden. C’était pour elle un partenaire, un mentor, une source d’inspiration…

Mince ! Voilà que son esprit divaguait de nouveau…

Heureusement, il y avait l’assistant biotechnologique (que l’on appelait « ordimental » sur sa planète d’origine), et qui l’aiderait à reprendre pied. Elle pressa sa tempe, reprit toute la conversation à l’envers en notant au passage toutes les maladresses oratoires du professeur… Bon, peu importe… Autorisation niveau 8… Les poussahs locaux étaient obligés de collaborer pleinement et entièrement…

Les bedonnants fonctionnaires avaient organisé une petite réception dans l’un des bâtiments carré aux façades lépreuses de la cité administrative, à l’extrême Est d’Oronia - le seul agglomérat humain du continent Nord que l’on se devait, de ce fait, de qualifier de ville-capitale de la planète Khatora. La cité qui faisait également office de spatioport se situait à 10 kilomètres à peine du plus grand gisement à ciel ouvert d’uranium de tout le bras Sud de la galaxie. Le taux de radiation s’en ressentait et frisait en permanence l’intolérable.

Les potentats locaux puaient la corruption d’insectes nécrophages, l’herbe à fumer et l’exploitation éhontée de la misère humaine. Par contraste, ils étaient habillés de toges superbes et bariolées à la façon des représentations que l’on se faisait de la Rome Antique : un mélange savamment dosé de l’influence des sitcoms et des rétrospectives érudites du réseau Inter-Mondes. La qualité des tissus en soie naturelle en disait long sur les petits profits du commerce illégal de l’uranium, aux confins du trou du cul du monde…

« Les gens les plus riches ne sont pas toujours ceux que l’on croit… » Avait confié Walden à Johns dans l’un de leurs moments de solitude à deux.

« Je suis à peu près certain que ces petits pontifes locaux sont plus fortunés que les plus fortunées familles du Haut Conseil de l’empereur ! Malheureusement pour eux, ils ne peuvent pas faire grand-chose de ces immenses richesses à part gangréner à petite échelle. Il y a des limites à ne pas dépasser. On ne sort pas de sa petite planète. On ne mord pas le bras de l’empire galactique qui vous nourrit ! »

- Et s’il leur venait des velléités de se mêler de la marche du monde ? De lever une armée ? De revendiquer une place de choix au Conseil ? Demanda Amanda, l’œil éveillé par cette idée qui lui semblait si nouvelle.

Walden haussa les épaules :

- Ça s’est déjà vu… Si l’empereur juge l’affaire de peu d’importance, il dépêche un régiment. Sinon, il envoie une armée coalisée… Et là : bobo pour qui se la reçoit sur la tronche !

Walden était l’une des rares personnes de l’entourage de Johns, qui ait une véritable culture critique scientifique et historique. Il pouvait puiser dans sa mémoire et dans son érudition pour faire la synthèse de 150 siècles de conquête spatiale, pour relier entre eux des micro-évènements, et pour effectuer des parallèles avec l’histoire ancienne de la Planète Mère.

« C’est comme au temps d’Alexandre le Grand … » Ou bien : « ça fait un peu penser aux mésaventures de Napoléon lors de la campagne de Russie… » Voilà ce qui jaillissait parfois dans les conversations. Johns ramait alors derrière, en consultant les gigantesques bibliothèques numériques de l’Inter-Monde pour se maintenir au niveau de son interlocuteur…

Walden ne s’était jamais connecté à l’Inter-Monde en réseau neuronal à l’aide d’un ordimental.

Walden se méfiait du réseau, ce lieu de nulle part où chacun entrait et sortait à sa guise par la puissance de l’esprit.
Il fallait se souvenir comment l’internet archaïque de la Planète Mère avait mal tourné et périclité sous l’influence du Giga Virus….

« Très peu pour moi, d’être branché en permanence avec une sonde dans le cerveau ! ». En fait, il n’en avait guère besoin. Il jouissait d’une excellente mémoire du fait de générations successives ayant consacré des fortunes indécentes à l’amélioration génétique de leur lignée. Il avait un patrimoine héréditaire de type Apha et une seule goutte de son sperme aurait pu valoir des milliers de crédits sur le marché parallèle. Pourtant, malgré la qualité de son génome, Walden n’était pas vraiment beau à proprement parler.

« Dans ma famille, on ne s’intéresse guère au physique ». Avait-il lancé un jour, tandis que Johns le taquinait quand à sa dissymétrie au niveau des oreilles.

A part cela, Walden parlait très peu de sa famille : « Mes ancêtres sont de la vieille souche d’aristos galactiques qui ont perdu beaucoup de leur superbe lors de l’avènement du présent empire». Avait-il dit un jour.
Dans la mesure où l’empire actuel avait mille ans, le déclin ne datait visiblement pas d’hier…

Voilà à peu près tout ce que Johns savait de l’histoire personnelle de Walden. Elle ignorait que trois membres de sa famille siégeaient en session permanente du Haut Conseil et que Walden avait été présenté à l’empereur lors du bal des débutants de l’été 14 824…. C’était de toute façon un fait immuable à n’importe quel période de l’empire : l’empire jeune, l’empire médian, l’empire conquérant, l’empire réformé ou bien l’empire actuel que la propagande nommait pompeusement l’ « empire flamboyant » : les nouveaux monarques devaient composer avec les familles séculaires. Le pouvoir – le véritable – cela met 10 000 ans à se construire, par des entrelacs d’influence aussi insidieux qu’invisibles et cela ne meurt jamais.

Tout cela était assez embarrassant aux yeux de Walden. Quand on a une tante capable de lever un téraoctet de crédits en une semaine pour des œuvres de charité, il vaut mieux taire ses origines pour sa propre sécurité. Pour ses recherches, il ne bénéficiait d’aucun soutien familial. Il s’en remettait entièrement aux Prêtres de Shahuva – l’ordre religieux le plus puissant de l’univers et soutien inconditionnel de l’empire.

« Dans la configuration actuelle, les prêtes de Shahuva garantissent l’intégrité de mes recherches et m’autorisent une certaine forme de liberté, d’indépendance, de marge de manœuvre… Cela les amuse d’avoir obtenu pour mon compte un si au niveau de laissez-passer. Ils sont curieux de voir ce que je peux en faire … Même si, en sept ans de contrat, je pense qu’ils doivent se désespérer des résultats de nos recherches. De la biologie bien sérieuse et bien roborative… Rien de spectaculaire.... Néanmoins, il faut demeurer vigilant avec ces fanatiques : les shahuviens sont une communauté humaine comme n’importe quelle autre, soumise aux passions et aux vents de l’Histoire. Soyons attentifs à ces vents, Johns. Ils tournent parfois à une vitesse dépassant la raison humaine ! »

Ainsi parlait Walden, dans ses élans lyriques lorsqu’il était certain que Johns était débranchée de l’Inter-Monde.

Grâce à Walden, Johns avait appris, petit à petit, à se déconnecter.

Depuis sept ans qu’elle le suivait dans ses péripéties, ils avaient créé ensemble une sorte d’intimité platonique que peu de gens avaient l’opportunité de connaître en milieu hyper civilisé au 150ème siècle : deux personnes en tête à tête et qui se parlaient.

Quelque chose d’assez unique pour que Johns en fasse des sauvegardes régulières dans son disque dur ordimental. Quelque chose dont elle voudrait se souvenir mot pour mot une fois que leur contrat de dix ans prendrait fin.

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Auteur Commentaire en débat
emma
Posté le: 23-08-2015 23:11  Mis à jour: 23-08-2015 23:12
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: La 124ème planète – expédition Khatora (1)
Chers zamis,

J’espère vous divertir avec ma saga de la rentrée !

J’ai toujours eu un attachement particulier pour la science fiction. J’ai grandi avec Star Wars en boucle à la télé et des tas de sagas monumentales dans la bibliothèque familiale.

C’est aussi pourquoi j’en écris très peu. Je me dis qu’après Asimov et son « fondation », après Dune, après Le cycle de Majipoor, après les textes magnifiques de K. Dick ou d’Arthur C. Clarke (dont j’ai relu quelques textes pendant les vacances avec délectation), on se demande encore pourquoi : oui, pourquoi, mais pourquoi écrire de la science fiction?

Bref, comme on est entre amis, je me lance dans mon entreprise de science fiction sans trop d’illusion, mais en espérant accrocher quelques lecteurs… et en espérant aussi ne pas me perdre moi-même dans mon récit.

Amitié à tous et bonne rentrée
(et bonne fin de vacances à ceux qui ne sont pas tout à fait rentrés) !
couscous
Posté le: 26-08-2015 07:54  Mis à jour: 26-08-2015 07:54
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: La 124ème planète – expédition Khatora (1)
Emma,

Je suis déjà curieuse de découvrir la suite. Ce style te va très bien et on sent que tu en connais un rayon, comme notre Donald.

à bientôt.

Bises

Couscous
emma
Posté le: 26-08-2015 13:38  Mis à jour: 26-08-2015 13:38
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: La 124ème planète – expédition Khatora (1)
C'est un tout petit rayon comparé à Donaldo, mais j'ai vraiment plaisir à écrire des choses délirantes...
Merci de ton soutien et au plaisir de te lire !
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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