Nous n'irons plus aux champs de ces terres anciennes Que les foins recouvraient, fleurant au souffle tiède D'un vent qui fredonnait en de vieilles antiennes L'illusion d'une enfance où l'âme n'est point laide.
Nous n'irons plus jouer, solitaires et grands, Les paladins glorieux de nos mondes perdus Où notre imaginaire changeait le cours du temps Avant que l'on n'y cueille trop de fruits défendus.
Nous n'irons plus aux cœurs des filles à peine écloses, En prélude des femmes que nous ne savions pas, Quand un rien suffisait pour que fanent les roses Ou nous faire espérer, en vain, d'un premier pas.
Nous n'irons plus rêver de choses improbables Qui, las, sauraient nous dire que l'on pourrait se plaire Alors qu'il se fait tard aux années qui prospèrent De fausses certitudes en dérisoires fables
Et qu'il n'est d'idéel que ce que l'on enterre…
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