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Nouvelles : L'arbre aux étoiles
Publié par Anonymes le 15-11-2015 13:20:00 ( 748 lectures ) Articles du même auteur



Il se dressait, triste, noir et solitaire au milieu de la place du village. Il se désespérait car personne ne s’intéressait à lui, personne ne le regardait. Il était trop vieux et il était même question de le couper. Alors il se mit de plus en plus à déprimer, ses branches tombaient comme épuisées et ses feuilles jaunissaient car même la pluie refusait de les arroser. Il devenait de plus en plus rabougri et le maire décida de mettre fin à ce triste spectacle qui ne pouvait que nuire à la réputation de son village. Il prit rendez-vous avec un bûcheron pour abattre cet arbre qui ne servirait plus à rien de toute façon. La décision fut prise : dans une semaine la hache débiterait ce malheureux arbre.
Les villageois purent lire l’annonce de cette exécution sur les affiches collées aux murs et aux poteaux et tous s’en réjouirent. Tous ? Non, pas tous. Il se cachait, espérant que personne ne pourrait voir ses larmes couler sur son visage. Lui, il aimait cet arbre, son arbre, car tous les jours il lui rendait visite et lui parlait. Tout le monde le traitait de fou et riait de son innocence et de sa bêtise. « S’il croit que c’est en lui parlant qu’il va le ressusciter, il est vraiment bien plus ridicule et naïf que nous ne le pensions ! », se disaient entre eux les habitants. Tout le monde l’avait surnommé « L’idiot du village ».
Pourtant l’arbre se réjouissait de la visite quotidienne de cet « idiot » et c’était sûrement ce qui le maintenait encore un peu en vie. Il aimait sentir les bras qui enlaçaient son tronc, la bouche qui embrassait son écorce, les doigts qui ôtaient les feuilles mortes et grattaient l’écorce malade.
L’idiot du village aimait sentir l’odeur de la sève qui s’écoulait des branches, écouter le bruissement des feuilles dans le vent. Cet arbre était devenu son ami, le seul qui savait écouter ses histoires et il lui semblait qu’il lui souriait. Et l’arbre avait un ami pour qui il comptait et il aimait son sourire.

Les jours s’écoulèrent tristement pour l’arbre et l’idiot du village mais gaiement pour le maire et ses administrés qui allaient enfin bientôt être débarrassés de cet arbre qui ne servait à rien et menaçait de plus en plus de tomber et par la même occasion de l’idiot qui ne paraîtrait plus sur la place du village à parler à un arbre. Cela faisait bien mauvais effet pour leur réputation !
Il ne restait plus que deux jours et deux nuits et l’arbre et l’idiot ne se quittaient plus. L’homme décida de dormir les deux nuits au pied de son ami et l’arbre se sentait rassuré espérant qu’un miracle viendrait le sauver.
La dernière nuit fut noire, bien noire. L’homme s’était emmitouflé dans son sac de toile qui faisait tant rire les enfants et avait bien caché sa tête dans son large chapeau de paille. Au-dessus de lui la plus grande branche de l’arbre se penchait et écartait ses feuilles pour protéger son ami.

C’était la dernière nuit avant la dernière journée de la vie de l’arbre et les deux amis avaient décidé de prolonger au maximum leur intimité.
Tout était calme. Pas un habitant ne sortait, pas un bruit ne venait troubler cet instant magique entre les deux êtres si différents mais si proches en même temps.
L’homme dormait et l’arbre veillait.

C’est alors qu’une première étoile apparut dans le ciel et comme poussée par la baguette de la fée qui la portait, elle vint se poser doucement tout en bout de la plus grande branche de sorte qu’elle éclairait le visage de l’homme. Il ouvrit les yeux et fut émerveillé de cette apparition.
L’arbre aussi était surpris mais il n’osait pas bouger de peur de rompre le mystère.
L’étoile semblait rire tellement elle éclairait. Elle semblait même chanter.
Une deuxième étoile attirée par cet étrange spectacle descendit du ciel et vint se poser sur une autre branche. Et les deux étoiles scintillaient à l’unisson et palpitaient comme les battements d’un coeur.
Une troisième puis une quatrième puis une cinquième puis un milliers d’étoiles vinrent illuminer toutes les feuilles de l’arbre qui ressemblait maintenant à Merlin l’enchanteur !
L’homme s’était levé et l’arbre dansait de toutes ses lumières.
On aurait dit un véritable ballet et il se mit à faire tellement jour que tous les habitants, même le maire, sortirent de chez eux et accoururent sur la place.
Hommes, femmes et enfants étaient si émerveillés par ce splendide spectacle que, sans réfléchir, ils se mirent à applaudir.
La nuit était belle, on aurait dit la nuit de Noël et l’arbre semblait être un immense sapin éclairé de milliers de ces lampes tombées du ciel.
L’homme était heureux, l’arbre resplendissait dans la nuit. On ne voyait même plus qu’il était vieux et ses branches brillaient de bonheur.

Sur la place du village, l’arbre aux étoiles qui avait donné tant de bonheur aux habitants ne fut jamais abattu et l’homme fut rebaptisé. Il n’était plus l’idiot mais le protecteur du village et on raconte même que les enfants venaient en cachette lui rendre visite la nuit pour écouter ses histoires qui les faisaient rêver.

Et toutes les nuits des milliers d’étoiles venaient se déposer en souriant sur les branches de l’arbre qui peu à peu reprit des forces, refit des feuilles et retrouva le bonheur.



Danièle Berry, 12 mars 2013


© Copyright Danièle Berry Tous droits réservés

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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