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Nouvelles : Perles de mots
Publié par Anonymes le 20-11-2015 14:34:26 ( 940 lectures ) Articles du même auteur



« La lumière ne peut briller qu’en présence de l‘obscurité. » (Francis Bacon)


« Il faisait chaud dans le désert, terriblement chaud, si chaud que les humains, les animaux et la végétation n’en pouvaient plus. Ils se desséchaient car il n’y avait plus une goutte d’eau et la situation devenait catastrophique.
Personne n’avait plus la force de réfléchir et encore moins de rêver et seul le soleil de plomb semblait encore pouvoir survivre.
Que faire sans eau ? Sans cet élément indispensable à la survie il ne restait plus que de se laisser mourir. Les plantes fanaient et même les cactus qui avaient pourtant emmagasiné des réserves se vidaient et se fripaient comme des gourdes en cuir dont la peau ratatinée n’aurait plus aucun usage. Les animaux agonisaient et même les chameaux qui d’habitude transportaient leur réserve sur leur dos ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins. Leurs bosses pendouillaient lamentablement en dodelinant de droite à gauche et de gauche à droite. Les hommes et les femmes ne luttaient plus contre l’horrible fatalité qui s’était abattue sur eux et commençaient aussi à se laisser mourir.
Il n’y avait plus la moindre petite ombre sur le sable brûlant et la réverbération des rayons du soleil sur chaque grain de sable augmentait la clarté de la lumière avec tant de force que les yeux les plus aguerris ne pouvaient plus la supporter.
La terre prenait feu et sans l’aide de l’eau son destin pourrait devenir tragique. C’était l’enfer qui envahissait peu à peu le désert et l’équilibre planétaire commençait aussi à en subir les conséquences. Le désert semblait en effet s’agrandir et avaler tout ce qui l’entourait.
De l’eau, il fallait de l’eau et tous les habitants imploraient le ciel de leur venir en aide mais rien ne se produisit.
Le temps devenait incroyablement long, les journées n’en finissaient plus et les nuits qui avaient emmagasiné la chaleur ne pouvaient apporter aucun répit aux être vivants. Il faisait chaud, nuit et jour.
Les jours se succédaient semblables les uns aux autres et la vie semblait se ralentir. Il n’en fallait pas beaucoup pour qu’elle s’arrête totalement.
C’est alors que l’incroyable se produisit. Une perle tomba du ciel. Elle était irisée et jetait des éclats tout autour d’elle. Au centre de son cœur était écrit le mot « amour ». Elle fut suivie d’une autre perle aux couleurs identiques à la première et en son centre était écrit cette fois le mot « cœur ». Puis une autre perle suivit les deux premières dans laquelle était écrit le mot « bonheur ». Et les perles arrivaient sans cesse et se déposaient sur le sable laissant autour d’elle une petite auréole d’eau. Les mots « partage, douceur, gentillesse, confiance, respect, foi » s’écrivaient sur le sable. Des phrases se formaient avec tous les mots des perles et des messages apparaissaient laissant s’écouler de petits filets d’eau : « Remplis ton cœur d’amour et tu retrouveras le bonheur. » puis « Aie confiance en la vie, partage avec tes amis et tu retrouveras la douceur de vivre. », puis « Gentillesse et respect sont des valeurs sûres. » puis encore « Garde ta foi et tu ne dépériras pas.»

Les phrases se succédaient et sur le sable les petits filets d’eau commençaient à grossir et de timides rivières drainèrent le sol. Les grains de sable n’aveuglaient plus et se rafraîchissaient.
La vie commençait à renaître et les perles continuaient à tomber du ciel telles des gouttes de bonheur.
Les habitants du désert s’étaient précipités sous la pluie de perles de mots et écartaient les bras en tendant leurs mains vers le ciel pour les recevoir dans leurs paumes. Ils riaient de soulagement, sautaient de joie, remerciaient le ciel et la pluie de perles les arrosait d’espérance.
Les animaux s’étaient approchés des rivières et s’abreuvaient.
Les plantes tendaient les restes de feuilles et leurs tiges vers les sources naissantes.
Les cactées puisaient des réserves et se gonflaient à nouveau.
La vie avait repris ses droits et avait fait fuir la mort.
Les perles de mots continuaient à inonder le désert ainsi que les espaces qu’il avait gagnés et tout revivait grâce à l’eau qui découlait des perles de mots.
Un grand livre se fabriquait au fur et à mesure que les perles de mots tombaient. C’était le grand livre de la vie, le livre de l’amour.
Personne ne se demandait d’où venaient ces perles ni comment un tel phénomène pouvait se produire. Tout le monde profitait de ce miracle sans se poser aucune question. Une chance de revivre était donnée et tous la prenaient. »

Le vieil homme referma le livre qu’il avait entre les mains et leva la tête vers les yeux des enfants qui étaient rivés sur lui. Il souriait et attendait les réactions et les questions des bambins qui l’entouraient. Le silence dura un petit moment lorsqu’une petite voix s’éleva :
- Est-ce que les perles de mots continuent encore à descendre du ciel ?
- Nul ne le sait car ce texte s’arrête là mais c’est à toi d’imaginer la suite que tu veux donner à cette histoire. Chacun peut comprendre et en retirer ce qu’il veut.
- Est-ce que ces perles de mots dessinaient un arc en ciel car elles étaient toutes irisées ? ajouta une petite fille.
- Peut-être qu’en effet cela peut se produire dans certains cas mais l’histoire ne le dit pas non plus.
- Moi j’aime bien les histoires que l’on peut prolonger comme on veut, dit un garçon, parce que d’habitude les livres nous donnent la fin et parfois je me suis imaginé une autre fin que celle qui a été écrite et je suis déçu.
- Oui, répondit le vieux monsieur, et tu vois ces perles de mots contenues dans ce livre forment toutes ensemble le livre de la Connaissance.
- Lis-nous une autre histoire de ce grand livre ! demandèrent tous les enfants en chœur.

Le vieil homme rouvrit le livre et lut l’histoire suivante.

« La pluie n’avait pas cessé de tomber pendant des jours et des nuits et les rivières commençaient à déborder. L’eau passait par-dessus les berges et se dirigeait vers les rues de la ville. Les habitants étaient inquiets de voir le niveau monter à vive allure et essayaient de se réfugier aux étages de leurs maisons. La situation devenait très inquiétante.
Rapidement il ne fut plus possible de circuler dans les rues et les secouristes s’organisaient en circulant en barques dans les nouveaux canaux qui traversaient la ville. Des habitants les hélaient depuis le toit de leurs maisons sur lesquels ils s’étaient réfugiés.
La pluie continuait de tomber et d’inonder la ville et ses alentours.
Il fallait rapidement trouver une solution avant qu’il ne soit trop tard.
Comment faire pour que les perles de mots cessent de descendre du ciel ? Comment faire pour les empêcher d’éclater en arrivant sur le sol et de se déverser sans interruption ?
Les habitants commencèrent à construire des barrages pour retenir les perles de mots, les rivières de mots, les fleuves de mots. Trop de mots les noyaient et il fallait faire cesser cette sorte de bavardage excessif !
D’imposants barrages bloquaient l’assaut de l’eau et peu à peu tout redevint normal.
La vie reprenait son cours limpide.
Puis le ciel se calma et cessa de déverser les étranges perles qui finirent par disparaître et un soleil resplendissant chauffa l’atmosphère et sécha le trop plein d’eau. »

Et le vieil homme referma à nouveau le livre.
Un des enfants assis par terre demanda alors de sa voix douce :
- Mais si le soleil chauffe tout le temps le sol alors est-ce que la sécheresse ne risque pas de se reproduire ?
- Bien sûr, tu as raison, lui répondit le vieil homme.
- Alors comment peut-on faire pour que tout s’équilibre ?
- Tu vois, la sécheresse, c’est les hommes qui la provoquent par leur cruauté car leur cœur est devenu sec. Et les inondations viennent de la colère du ciel qui se révolte contre leur bêtise.
Toutes les perles de mots qui sont tombées au départ dans le désert auraient dû leur faire comprendre le sens de l’amour mais comme ils ne l’ont pas compris, les perles ont redoublé et ont tout envahi. Si le soleil les assèche alors le désert envahira la planète et les hommes ne connaîtront plus l’amour. C’est le message de ces deux histoires que je voulais vous communiquer et tu l’as très bien compris. Mais c’est à vous, les enfants, de veiller à ce que tout cela ne se produise jamais. Vous avez donc une lourde tâche à remplir.

Le vieil homme se leva et partit avec son livre sous le bras, laissant tous les enfants pensifs.


Danièle Berry, 27 décembre 2012



© Danièle Berry - Tous droits réservés

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Istenozot
Posté le: 20-11-2015 22:42  Mis à jour: 20-11-2015 22:42
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: Perles de mots
Bonjour Luciole,

Je suis heureux que la Luciole continue à nous éclairer. Je craignais qu'elle ne retourne à l'obscurité!
Les mots sont la lumière et ils peuvent bien naître de l'obscurité.
Trop de mots sans amour inonderaient-ils l'âme? Ils la submergeraient sans âme!

Ce texte est un bel hymne à l'amour mais aussi à la valeur des mots mais tout autant de l'eau.
La sagesse est dans l'équilibre. J'en suis moi-même convaincu. Attention au risque d'amour possessif et castrateur!

Merci pour ce très beau texte.
Au plaisir aimant de découvrir quelques autres de vos mots.
Et ils peuvent me submerger. J'en serai inondé de plaisir sans danger pour moi.

Je vous souhaite un magnifique week end.

Jacques
Anonymes
Posté le: 21-11-2015 09:44  Mis à jour: 21-11-2015 09:44
 Re: Perles de mots
Oh merci Jacques ! Je suis très touchée par votre commentaire ...
Un grand merci à vous et bien sûr JE CONTINUE !
Excellent week-end à vous aussi !
Danièle
Istenozot
Posté le: 21-11-2015 15:47  Mis à jour: 21-11-2015 15:47
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: Perles de mots
Chère Luciole,

Je m'en réjouis égoïstement.
J'aurai grand plaisir à vous lire. Vous pourrez me compter parmi vos lecteurs fidèles.

Je vous souhaite un magnifique dimanche.

Jacques
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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