Je me souviens de ces soirées où nous rêvions Tantôt le cœur lourd ou léger, près de reflets D’un fleuve qui traînait nos vies dans son sillon De si beaux jours que nous ne savions pas goûter. Qu’attrapions-nous de nos amours passagères D’un avenir qui très souvent nous faisait peur ? De nos vingt ans et tout ce qu’on avait souffert N’en restait-il que peu d’aplomb et quelques heures ? Que disions-nous de nos fugaces allégresses D’un monde entier que nous songions à rebâtir ? Dans ces alcools et les fumées, notre jeunesse N’admettait pas qu’un jour il faille repartir. Je reconnais que nous dansions contre l’orée De nos mensonges édifiés sur des îlots Tant il était égal, de rire ou de pleurer Ces sombres nuits où la poésie prenait l’eau. Alors parfois je regardais vers l’autre rive J’y attachais nos illusions et nos espoirs Le cœur ballant et tant de fois à la dérive J’amarrais là , mes souvenirs des bords de Loire.
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