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Nouvelles : Gorrotoa – La statuette maudite – La famille Forrester
Publié par christianr le 13-04-2016 03:11:08 ( 973 lectures ) Articles du même auteur



Après le vibrant témoignage de la mère de Madeline Chanel, j’ai décidé de mettre les bouchées doubles et de poster sur tous les réseaux sociaux la description de la statuette ainsi des risques qu’elles comportaient. Je demandais à tout possesseur d’entrer en contact avec moi immédiatement et de résister à toute envie étrange qui lui viendrait. Je n’ai pas reçu la réponse du présent propriétaire, mais d’une certaine Annie Forrester habitant à Seattle, état de Washington. On communiqua via un logiciel de clavardage vidéo. Annie Forrester est une femme de 35 ans. Quand je l’avais vu, elle en semblait en avoir cinquante. Ridées, les cheveux pratiquement blancs avec quelques repousses blondes. On pouvait constater que la vie avait été dure avec elle. Voici le compte-rendu de notre conversation.

Dialogue entre Dr Ali Mousavi et Annie Forrester — 25 octobre 2015

AM – Bonjour, Mme Forrester. Merci d’avoir accepté notre entretien. Comment Gorrotoa (la statuette) est-elle entrée dans votre vie?

AF – De rien, c’est mon devoir de prévenir les gens du danger que représente cette abomination. Pour répondre convenablement à votre question. Je me dois de vous raconter un peu l’histoire de notre famille, si vous le permettez.

AM — Bien sûr, je vous écoute.

AF – Voilà. Nous étions une famille monoparentale. Malheureusement pas par divorce, mais bien parce que mon père a été assassiné dans un dépanneur lors d’un vol à main armée ayant mal tourné. Il faut expliquer que nous vivions dans un quartier malfamé. Nous n’étions pas très riches. C’était tout ce qu’on pouvait s’offrir à ce moment. Grâce à son assurance-vie, on a pu déménager dans un meilleur arrondissement. Cela n’empêcha pas ma mère d’en rester marquée à vie. Elle se mit à craindre à tout instant pour notre sécurité à moi et à ma sœur.

AM — Quel était le nom des autres membres de la famille?

AF – Ma mère se nommait Mary et ma cadette Judy.

AM — Merci. Continuez.

AF – Donc comme je le disais, ma mère angoissait beaucoup sur tous les dangers pouvant nous arriver. Nous étions adolescentes à l’époque, j’avais 16 ans et Judy en avait 14. C’est l’âge où les parents doivent laisser leurs enfants faire leurs propres expériences, mais malheureusement pour nous, notre mère voulait constamment contrôler nos allées et venues. Exemple, il fallait toujours l’appeler pour chacun de nos déplacements même si elle travaillait. On avait un couvre-feu, mais bon ça ce n’était pas exceptionnel. Je n’étais pas bien différente des autres ados. Je pensais que ma mère exagérait et on se tapait souvent des disputes à ce sujet. Ça aurait pu en rester là, si… si elle n’avait pas ramené cette foutue statue.

AM – Quand l’a-t-elle trouvé?

AF — Au début, c’était vague. La première fois que je l’ai aperçu dans la chambre de ma mère, je n’en avais pas fait grand cas. Elle était plutôt laide, sculptée dans un matériau rustre. La seule chose m’étant venue à l’esprit à ce moment-là, c’était de comprendre ce qui lui avait pris de s’être procuré cette horreur. Et puis, Judy l’a vu et s’est sentie mal à l’aise. Elle a toujours été la plus sensible des deux, alors je croyais que c’était un autre caprice émotionnel. Le malaise s’est transformé en inquiétude et Judy a commencé à interroger ma mère sur celle-ci. Son attitude nous a surprises toutes les deux. Elle était totalement sur la défensive. « Je l’ai trouvé, et elle est à moi maintenant. En quoi cela vous regarde? Faites vos devoirs! » N’aimant pas sa réaction, j’ai tout de suite réagi : « Du calme, on ne fait que poser une question. C’est quoi le problème? » La réponse ne se fit pas attendre : « Le problème? Le problème? C’est que j’ai deux filles qui se promènent je ne sais où… Je tiens à vous le dire, les choses vont changer ici… » La colère me monta au nez : « Changer? Changer pour quoi? On est déjà en liberté surveillée, ce n’est pas assez? » Le visage de ma mère se métamorphosa. C’était comme si toute la rage du monde l’habitait. Elle nous crie : « Dans vos chambres immédiatement! » Moi qui suis habituellement de nature combative, je suis plutôt devenue craintive. On décida d’obéir toutes les deux. Je dois préciser que Judy et moi partagions la même chambre. Pendant que j’étais crispée, Judy, elle, semblait désemparée. On aurait dit qu’elle avait compris quelque chose.

AM – Elle savait pour la statuette d’après vous?

AF – À mon humble opinion, elle en avait l’intuition, mais pas suffisamment une certitude pour m’en parler. Elle était introvertie ma Judy, même avec moi. D’habitude, quand ma mère pogne les nerfs de cette façon, elle se calme en soirée. Les choses se sont passées différemment cette fois. Ma mère se présenta à notre chambre. Elle installait une serrure à l’extérieur de la porte de notre chambre! Je lui demandais ce qu’elle faisait, elle me répondit : « Finis les escapades à l’extérieur maintenant. » Je la traitais de folle. Elle m’a giflé tellement fort que je suis tombé à la renverse. Jamais elle n’avait levé la main sur nous jusqu’à maintenant. Ça m’avait déconcerté plus que la douleur de la gifle elle-même. On était toute les deux paralysées par la situation. Elle fit comme promis. Elle nous enferma dans notre chambre et quitta la maison pour son travail. Judy me demanda ce qu’on allait faire. J’étais la rebelle des deux, j’ai décidé de m’évader par la fenêtre. On était au deuxième étage. Peu importe, j’étais agile. Il y avait un petit toit qui couvrait la porte d’entrée et il se trouvait prêt de notre fenêtre. Je me suis balancé vers lui. J’invitai Judy à me suivre, mais elle était trop craintive. Je lui répondis : « Fais ce que tu veux, moi je sors, on ne peut pas la laisser faire. » Jamais je ne prévoyais ce qui allait se passer par la suite.

Annie partit d’un sanglot, mais reprit son contrôle.

AF – Je m’excuse. Quand je suis arrivé chez moi, la maison était sens dessus dessous. J’ai cru qu’on avait été cambriolé. J’eus très vite l’infirmation de cette hypothèse en l’entendant descendre en trombe. Ma mère, une femme coquette à un point qu’elle se coiffait et se maquillait juste pour aller s’acheter du pain, avait les cheveux défaits, le maquillage avait coulé de partout, elle ressemblait à un monstre. Et un monstre c’est ce qu’elle était devenue. Elle me cria après d’une façon tellement frénétique que je ne comprenais pas ce qu’elle me disait. Elle se jeta sur moi et me roua de coups. J’étais prêt à faire bien des choses dans ma vie, mais frapper ma mère ne faisait pas partie de ceux-là. Je m’enfuis dans ma chambre. Ce que j’y ai vu m’a glacé le sang. Ma petite sœur était toute recroquevillée dans son lit, pleurant à chaudes larmes. Je me suis approché d’elle et j’ai eu un choc. Elle était couverte d’ecchymoses et elle avait été griffée un peu partout. Elle répétait ce refrain : « Tu n’aurais jamais dû partir. » Ma mère l’avait battue pour lui faire cracher où j’étais, alors qu’il aurait suffi de m’appeler. Que lui arrivait-il? Quand ma sœur s’est calmée, elle s’est ouverte à moi : « C’est cette statuette! Maman affirme qu’elle lui parle. » Je n’étais pas sûr de vouloir y croire. J’ai réalisé que ma mère avait perdu la tête depuis l’acquisition de cette babiole. On devait s’en débarrasser, mais comment? Et puis, un plan m’est apparu.

AM – Quel était-il?

AF — On n’avait pas de toilette communiquant avec notre chambre. Il fallait bien qu’on aille faire nos besoins. J’ai décidé de profiter d’un de ses moments pour m’emparer de la statuette et de l’amener le plus loin d’elle possible.

AM – Que s’est-il passé?

Annie frissonna. On pouvait lire la terreur dans ses yeux.

AF — Une fois que ma mère m’a laissé sortir, j’ai agi immédiatement. J’ai couru vers sa chambre et j’ai essayé de dérober la statuette. C’est alors qu’une force monumentale me repoussa. Je tombai sur le dos. Ma colonne vertébrale me fit durement souffrir. Cette puissance me tira jusque dans ma chambre, et la porte se ferma d’elle-même. J’ignore si c’était cette force ou ma mère, mais le loquet de la serrure s’est refermé. Trente secondes après ma mère chuchota à notre porte : « Vous ne sortirez plus jamais d’ici. Quitte à ce que vous fassiez vos besoins par terre. » « Et l’école?, criai-je, on devra bien aller à l’école un moment ou à un autre? » Elle répondit qu’elle trouverait une solution. Le reste de la soirée fut extrêmement calme, mais aussi angoissante. Ma sœur entrait en crise de larmes. On ne savait plus quoi faire. Le silence de ma mère dura jusqu’au matin. Et puis, elle ouvrit la porte. Elle s’était recoiffée. Elle était maquillée et habillée comme si elle s’en allait manger dans un resto cinq étoiles. Elle avait un grand sourire. Mais ce sourire n’était pas réconfortant. Son regard. Quelque chose avait changé dans son regard. On aurait dit… qu’il y avait un reflet vert malade dans sa pupille. J’en avais la chair de poule.

Annie déglutit.

AF — C’est alors… Elle nous annonce qu’elle avait trouvé la solution. J’étais tellement subjugué par son regard que je n’avais pas remarqué ses mains. Elles étaient en arrière de son dos. Elle sortit son bras subitement et j’entendis un bruit assourdissant. Ma sœur tomba sur le plancher. Une coulée de sang se déversa derrière elle. J’ai levé mes yeux et j’ai vu le fusil dans la main de maman. Elle le tourna vers moi. Je me suis tout de suite dirigé vers la fenêtre. Elle me tira dessus. J’ai ressenti une vive douleur à la jambe. Elle me supplia : « Ne pars pas Annie! Je veux juste qu’on reste ensemble à tout jamais. Ne vois-tu pas à quel point je t’aime? » J’ouvris la fenêtre d’un geste abrupt au point de la briser. Ma jambe blessée m’empêcha de sauter convenablement vers le petit toit. Je suis tombé de deux étages. J’avais un bras et les jambes cassées. Je rampai difficilement vers la maison la plus proche sachant très bien que ma mère s’en allait vers ma poursuite. Dans ma chance, mes voisins étaient des retraités et avaient attendu les coups de feu. Ils avaient déjà appelé la police. Une patrouille arriva et un policier constata ma détresse. Il courut vers moi et ma mère apparut à notre entrée. Elle répéta : « Je veux juste qu’on soit ensemble pour toujours. » Elle pointa l’arme vers moi à nouveau et s’apprêta à appuyer sur la gâchette. L’agent ne perdit pas de temps, il lui tira dessus. Le tir lui fut fatal.

Annie pleura. Je la laissai évidemment finir.

AM – Qu’est-il advenu par la suite?

AF — Ma sœur n’a pas survécu. Quand les détectives ont recueilli mon témoignage à l’hôpital, je les suppliais de retrouver cette foutue statuette et de la brûler pour qu’elle ne fasse plus de mal à personne. Ils m’ont révélé qu’ils n’ont jamais vu de statuette. J’ai été dans un institut psychiatrique pendant un moment. Choc post-traumatique.

AM — Comment vous sentez-vous aujourd’hui?

AF — Je fais encore des cauchemars. Parfois, j’ai des attaques de panique, mais elles sont plus maîtrisées depuis que je suis sous médication. Je vivrais sans doute avec ce fardeau le restant de mes jours.

AM — Qu’avez-vous à déclarer à ceux qui verraient ce vidéo?

AF — Si vous apercevez cette statuette, tenez-vous loin. D’ailleurs, ce conseil vaut pour vous également, docteur.

AM — Ne pensez-vous pas qu’on doit trouver une façon de s’en débarrasser?

AF — J’ai tenté de le faire et regarder ce que ça a donné. Je crois que j’en ai assez dit. Je me sens épuisée. Merci de m’avoir écouté, docteur.

AM — Merci d’avoir témoigné. Je vous souhaite le meilleur pour l’avenir.

AF – Merci.

Fin de la communication.

Le témoignage d’Annie m’a évidemment renversé. Et si elle avait raison. Et si on ne pouvait pas s’en débarrasser? Impossible, il y a un moyen, les ancêtres l’ont bien fait. C’est mon devoir d’arrêter cette folie.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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