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Nouvelles : Gorrotoa – La statuette maudite — Christopher Larose
Publié par christianr le 28-04-2016 17:52:45 ( 933 lectures ) Articles du même auteur



C’est survenu près de moi. Il y a peu de temps. Il y a deux mois, la littérature perdait un de ses membres les plus célèbres, soit Christopher Larose. J’étais un de ses fervents lecteurs et comme tout le monde, cela m’avait pris par surprise. Surtout qu’il était très jeune, il n’avait que 40 ans. On croyait tous au suicide. Depuis quelques années, Christopher était victime de crises d’angoisses aiguës et il y avait même des rumeurs qu’il souffrait d’agoraphobie. Ce me fut confirmé par les derniers écrits autobiographiques de l’auteur. En effet, la police qui ne savait quoi faire de cette affaire m’arriva avec un manuscrit qui aurait paru étrange pour n’importe qui. Mais pas pour moi, pas après tous les témoignages que j’ai reçus. Je vous laisse juger par vous-mêmes :

Ma cage virtuelle — Manuscrit de Christopher Larose

La peur. Voilà ma vie. La peur.

J’ai peur de tomber malade. J’ai peur de souffrir. J’ai peur de mourir.

J’ai peur des gens. J’ai peur de les voir souffrir. J’ai peur de les voir mourir.

Et le summum : J’ai peur d’avoir peur. J’ai peur que cela me fasse souffrir, j’ai peur de faire souffrir les autres, j’ai peur d’en mourir.

La peur m’enferme. La peur m’étouffe. La peur me possède.

C’est une cage. Une cage qui devient plus petite.

Où est la clé ? Mon Dieu que je l’ai cherchée.

Elle n’est pas dans cette pharmacie. Elle n’est pas dans cette thérapie. Elle n’est pas dans une nouvelle lubie. Elle est cachée, profonde.

J’ai essayé une litanie :
– La peur n’est pas mon ennemie. Elle est une bête que l’on doit apprivoiser. Elle fait partie de nous, elle est nous. La rejeter serait comme de refuser l’existence de mes membres. C’est futile. Je dois la prendre dans mes bras pour qu’elle se laisse porter.

Cela marche un moment. Pendant un instant, j’ai l’illusion que j’ai le contrôle, que je suis le maître de ma destinée.

Et puis, la grande farce se termine. Après que mon subconscient ait bien ri, il fait retomber la lame à nouveau et me ramène à ma réalité.

Avant d’être auteur, j’étais informaticien. On a toujours comparé le cerveau à un ordinateur. La comparaison est faible. On fait ce qu’on veut d’un ordinateur. Tandis qu’un cerveau… Il fait ce qu’il veut de nous.

Je suis un esclave. Je ne suis pas celui qui manipule les ficelles. Je suis la marionnette d’un mécanisme brisé.

J’en ai assez. J’en peux plus. Et pourtant, il y a un espoir, une lumière. Elle est verte.

Ça fait des mois que je ne sortais plus de chez moi. Ma cage devenait de plus en plus réelle. Et puis, un halo vert est venu illuminer mon salon. Il m’invitait à sortir. Il était d’une chaleur enveloppante. Quand je marchais à l’intérieur de celui-ci, c’est comme si le monde avait cessé d’exister. D’ailleurs, je ne sentais plus mon corps non plus. J’étais dans une autre réalité. J’avançais pieds nus.

Il m’est apparu. Ce n’est pas le bon mot. Il n’y a pas de bons mots. C’était plus grand que nature. Une entité. Vieille, omniprésente et pourtant enfermée tout comme moi dans une prison.

Elle m’a parlé, m’a fait des promesses. Je n’avais à faire qu’une chose : la libérer.

Est-ce que je perds la tête ? Ne l’avais-je pas déjà perdue ?

L’esprit me présente sa cage bien à elle, une statuette.

Je la prends, je la rentre à l’intérieur.

Voilà la promesse : « Je te libère à jamais de ton fardeau »

Voilà le moyen de le libérer : « Laisse-moi la place. Laisse-moi passer à travers toi ».

L’offre est tentante. Plus de peur, plus de chaînes, la liberté enfin.

Par contre, une crainte se pointe. Et s’il y avait un risque ? Si cet être venu d’ailleurs me trompait.

La peur encore et toujours.

L’entité sent mon hésitation. Elle se présente : « Gorrotoa ». Elle veut me démontrer de quoi elle est capable. Mais pour cela, je dois lui laisser un peu d’espace. D’espace en moi.

J’hésite. Longtemps. Je me lance. Elle me demande de m’étendre et de vider ma tête. Ça me paraît impossible et pourtant j’y arrive. Une partie de lui touche mon esprit.

Disparue. La peur n’est plus. Je sors dehors. Je suis à peine habillé. Je cours. Jusqu’à une rue. Il y a beaucoup d’autos qui passent. Que cela ne tienne, je me jette. On me klaxonne. Et je ris. Je ris à leur figure. Je leur pointe du doigt à ces esclaves. Une femme se promène. Je lui prends le derrière à deux mains. Elle s’offusque et m’insulte. Je m’esclaffe. Tant de liberté !

Je n’ai plus peur de rien. Comme le disait mon vieil ami Jim Morrison : je suis le roi-lézard, et je peux faire n’importe quoi.

Un dépanneur. Si j’allais le dévaliser. Qu’est-ce qui m’arrêterait ? La police ? Je n’ai pas peur d’eux.

Et puis, elle revient. Insidieuse comme toujours. Le signal d’alarme résonne dans ma tête. Tout devient rouge, l’air disparaît, mon sang bout. Heureusement, un joggeur passait par là et ,voyant mon désarroi, me ramène chez moi.

Gorrotoa ne m’avait donné qu’un aperçu. Un aperçu de la vie sans elle. Sans la peur. Comme un pusher dans une ruelle. La première dose est gratuite, paie pour les suivantes.

Il avait gagné. J’étais prêt à payer le prix. Prends-moi qu’on en finisse.

Fin du document Ma cage virtuelle — Manuscrit de Christopher Larose

Lettre de suicide de Christopher Larose


À qui de droit.

Gorrotoa m’a trompé. Pour mieux comprendre, veuillez lire mon manuscrit « Ma cage virtuelle ».

Je dois faire vite avant que le monstre soit libre une fois pour toutes, donc pardonner ma brièveté. J’ai vu qui il était. Ce n’est pas un ange, c’est le diable. Une fois à l’intérieur de moi, il a tenté de me déchirer pour sortir à tout jamais. J’ai eu des visions, des visions apocalyptiques. Le monde en feu, des gens qui s’entre-tuent, du sang qui coulait dans les rues. En ce moment, ma peau se défait et une lumière verte en ressort. C’est lui. Il doit retourner dans sa cage et pour cela, il n’y a qu’un moyen, lui barrer le passage.

Je me sacrifie pour toi, monde certes cruel, mais qui mérite tout de même sa chance.
Ne vous laissez pas berner par ses belles paroles.

Christopher.

Fin de la lettre.

Il n’y a plus aucun doute. Gorrotoa est maintenant suffisamment fort pour se libérer. J’ai eu des rêves la nuit passée. Ce n’était pas des rêves, mais une révélation. Gorrotoa ne doit jamais sortir. Les anciens l’avaient fait dans le passé. La boucle doit être fermée. Je sais ce qu’il y a à faire. Ne me reste qu’à la retrouver.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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