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Nouvelles confirmées : Retour vers le passé
Publié par couscous le 02-05-2016 07:32:57 ( 1164 lectures ) Articles du même auteur



Réponse au défi d'Istenozot :

http://www.loree-des-reves.com/module ... t_id=10934#forumpost10934

Retour vers le passé

Peter est un adulte quarantenaire et célibataire. Passionné par les sciences, il aime bricoler des machines dans son grenier. Il y passe d’ailleurs tout son temps libre, délaissant des tâches comme la lessive qu’il dévolue à sa mère, le ménage qu’il remet dans les mains de sa concierge dévouée et la cuisine qui se réduit à des plats préparés ou livrables à domicile. Peter a un grand projet ; il travaille sur une machine à remonter le temps. Loin des clichés de la DeLorean ou d’un siège entouré d’horloges géantes ou encore d’une cage d’ascenseur, il travaille sur une corde à sauter. S’il expliquait cela à n’importe quel scientifique, il se ferait railler. Et pourtant, il est à deux doigts, voire un seul, de mettre la dernière main (et la récupérer) à son projet. Encore quelque réglages et le voilà avec les deux poignées en main. Il prend une grande inspiration et commence à faire tourner la corde en effectuant des petits sauts de cabri. Prenant de l’aisance, il accélère le rythme. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front. C’est alors que des arcs électriques se forment tout autour de lui. Leur intensité augmente jusqu’à créer une sorte de trou noir dans le sol, dans lequel Peter tombe.

La chute est vertigineuse et il perd connaissance. À son réveil, il se trouve face à un personnage portant une barbe blanche et un bonnet rouge trop grand pour lui. Ce dernier lui demande :
– Tu vas bien ? Tu as schtroumpfé une sacré chute !
– Où suis-je ?
– En sécurité.
– Mais vous êtes le grand schtroumpf !
– Bien sûr ! Et toi, sais-tu encore comment tu te schtroumpfes ?
– Peter.
– Mais non ! Schtroumpfe-toi dans le miroir.
Notre scientifique du dimanche se lève et découvre dans la glace un visage à la peau bleue surmonté d’un bonnet blanc.
– Mais je suis un schtroumpf !
– Que veux-tu être d’autre ? Tu es le schtroumpf tordu.
– Tordu ? Cela me correspond bien… Mais je ne pensais pas atterrir ici.
Dehors, des cris retentissent :
– Gargamel ! Il a trouvé notre village. Schtroumpfez-vous tous !
Peter, ou plutôt le schtroumpf tordu, a juste le temps d’attraper sa corde à sauter avant de sortir du champignon qui lui sert d’habitation. Il se trouve face au fameux sorcier qui lui paraît immense. Ce dernier l’attrape et le jette dans une cage avec trois autres petits hommes bleus. De retour dans sa vieille chaumière, Gargamel annonce à ses prisonniers :
– Je vais vous jeter dans cette marmite bouillonnante afin de vous soutirer votre essence magique.
Peter le Tordu prend la parole :
– Hé bien ! Tu dois être un bien piètre sorcier pour devoir procéder de la sorte… Inscris-toi à l’école Poudlard et libère-nous !
– Qui es-tu toi ? Le schtroumpf avocat ?
– Non ! Le schtroumpf tordu.
– Sache que j’ai fréquenté la meilleure école de sorcellerie, celle de la Bave de Crapaud !
– Celle qui n’atteint pas la blanche colombe ?
– Les professeurs ont applaudi lors de ma remise de diplôme.
– Ils devaient être soulagés de ton départ !
– Pour ton impertinence, tu seras bouilli le premier.
Ne souhaitant pas finir de la sorte, Peter se met à sauter à la corde sous le regard ébaubi des pauvres schtroumpfs qui lui demandent :
– Qu’est-ce que tu schtroumpfes là ?
– Je me casse, les bleus. Désolé !

Après quelques minutes de trouble, Peter ouvre les yeux. Cette fois, il est seul dans une forêt sombre. Il se lève d’un bond et remarque qu’il porte une robe bleue avec un tablier blanc. Où a-t-il encore atterri ? Décidément, cette corde est incontrôlable. Plus loin, il entend une voix s’adresser à lui : « Par ici… viens ! ». Il décide de la suivre. Bien lui en prend car il parvient ainsi à sortir de l’épais imbroglio d’arbres hirsutes. La voix qui l’a guidée se révèle être celle d’un chat tigré aux yeux globuleux. Il le remercie et ce dernier se met à rire tellement fort qu’il en explose comme un ballon de baudruche. Peter sent son ventre se nouer de faim. Il aperçoit plus loin ce qui ressemble à un verger. Les arbres portent des fruits d’une taille impressionnante. Des OGM, même ici ! Il attrape une pêche aussi grosse qu’une pastèque et mord dedans à pleines dents. La chair est délicieuse même si elle a étonnamment un goût de fraise. Derrière lui on s’écrie :
– Halte ! Vous êtes en état d’arrestation pour vol.
Peter se retourne et se trouve face à un valet de cœur à taille humaine qui le menace de sa lance acérée. Très vite, il est encerclé par d’autres cartes qui le forcent à les suivre jusqu’à un palais aux murs d’un rouge flamboyant. Le prisonnier est amené dans la salle du trône. Une femme au derrière plantureux est en train de déguster un gâteau à la crème rose de plus d’un mètre de haut. Le chef de la garde lui annonce le délit commis par Peter-Alice. La reine entre dans une rage folle et ordonne une exécution sur-le-champ. Le bourreau entre dans la pièce avec sa hache à la lame effilée. Peter implore la reine afin d’obtenir une dernière faveur en tant que condamné à mort. Dans un élan de clémence, celle-ci lui accorde. Il demande un dernier saut à la corde. Cette requête assez particulière fait éclater de rire la souveraine. Profitant de cette bonne humeur passagère, Peter effectue quelques rapides sauts et disparaît de ce pays dit des merveilles.

Ce sont des petits bruits électriques qui le ramènent à la conscience. Un robot doré est penché sur lui. Ses yeux inexpressifs le scrutent et il demande :
– Vous allez bien ?
– Oui, ça peut aller. Où suis-je ?
– Sur l’Etoile noire.
– Quoi ? C’est pas possible. Je vais rencontrer tous les personnages de mon enfance mais je ne parviendrai jamais à voyager dans le temps.
– Votre discours m’est incohérent.
– T’inquiète, boîte de conserve.
Peter se lève et avance dans un long couloir étroit. Il débouche dans une grande salle dont la fenêtre semble donner sur l’espace. Une voix ténébreuse résonne derrière lui.
– Luke ! Je t’attendais !
– Oh non ! Bon, je sais que tu es mon père alors ne me tue pas.
– Qui te l’a dit ?
– Georges Lucas,
– Qui est-ce ? Un jedi ?
– Non, un scénariste et réalisateur de films à succès. Je sais que nous devons nous battre. Je ne suis pas au point avec un sabre laser alors je te propose un concours de corde à sauter.
– Cesse de te moquer. Bats-toi !
Peter sort sa corde et se met à courir en effectuant des bonds, tout en évitant les coups de sabre de l’homme encapuchonné de noir. Il finit par s’évaporer dans l’espace.
Une brise chaude lui caresse la joue. Il sent du sable sous son corps encore engourdi. À son réveil, il découvre qu’il est dans une zone aride et qu’un cheval attend à ses côtés. Il porte des effets de cowboy du Far West ; des bottes à éperons jusqu’au Stetson. Aurait-il enfin réussi ? Il saute sur la selle posée sur le canasson et prend la direction de la ville qu’il aperçoit au loin. Un homme le salue en criant « Bonjour shérif Aimoipeur! ».
Shérif ? Quelle chance ! Il demande alors quelle est l’année en cours. On lui répond : « 1866 bien sûr ! ». Il a donc fait un bond de cent cinquante ans dans le temps et de quelques milliers de kilomètres dans l’espace. Cela correspond à ce qu’il avait programmé initialement sur la corde à sauter. Il lui aura fallu traverser les mondes qui ont peuplé son enfance pour accéder enfin au voyage dans le temps. Il a toujours voulu vivre dans les grands espaces américains au milieu du dix-neuvième siècle. Un vieux rêve de petit garçon…
C’est ainsi que débuta sa nouvelle vie. Il relégua dans un coffre à la banque de la ville sa corde à sauter dans le temps. Il mourut vingt ans plus tard lors d’un duel provoqué pour les beaux yeux d’Isabella. Gary Adugrabuge avait voulu lui volé le cœur de la plus jolie femme de la ville. Lorsqu’il reçut une balle en plein cœur, Peter s’écroula, le sourire aux lèvres. Son plus grand vœu fut donc exaucé, celui de ne pas mourir écrasé par une voiture ou tué par l’explosion d’une bombe dans une station de métro ou encore dévoré par un cancer. Il a même su éviter d’être mis au court bouillon par Gargamel, décapité par la Reine de Cœur ou encore sabrelaserisé par Dark Vador ! Le tailleur de pierre tombale fut un peu étonné de devoir écrire « Né en 1976 et décédé en 1886 ». Le croque-mort, selon les dernières volontés du shérif, déposa dans le cercueil une étrange corde à sauter dont le défunt emporta le secret dans sa tombe.

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Auteur Commentaire en débat
Donaldo75
Posté le: 04-05-2016 09:42  Mis à jour: 04-05-2016 09:42
Plume d'Or
Inscrit le: 14-03-2014
De: Paris
Contributions: 1111
 Re: Retour vers le passé
Eh bien, quelle épopée, ma chère Delphine !
Je me suis marré dès l'arrivée chez les Schtroumpfs. Ce Peter a de la répartie tout au long de l'histoire; il est certainement d'ascendance hurlue.
Bravo, tes références sont toujours aussi bien maniées, avec un point d'orgue sur la fin.
J'ai beaucoup aimé.
Donald
couscous
Posté le: 04-05-2016 12:59  Mis à jour: 04-05-2016 12:59
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Retour vers le passé
Peter est en fait un petit garçon qui n'a jamais voulu grandir...

Merci mon canard.

Bises hurlues

Couscous
Istenozot
Posté le: 08-05-2016 18:37  Mis à jour: 08-05-2016 18:37
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: Retour vers le passé
Chère Delphine,

Je me trouve un peu Peter!
Ah les contes, la magie, les fées, les nains, les elfes! Que j'aime ce monde-là!
Et je sais que tu l'aimes beaucoup.

Comme le dit si bien Donald, j'ai aimé cette vive épopée, une cascade d'épopées.
J'aurais voulu qu'elle soit sans fin.

Mais finalement la morale de ton histoire est que la magie, l'imaginaire rejoignent parfois la réalité en passant par les rêves.
J'aime cette idée et j'y adhère pleinement.
Ton texte est une magnifique réponse au défi que j'ai lancé. Comme toujours tu sais le faire, défi après défi!

Bises chère Delphine.

Amitiés de Dijon.

Jacques
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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