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Nouvelles confirmées : La grande invention
Publié par christianr le 11-05-2016 02:59:26 ( 933 lectures ) Articles du même auteur



Il y a très, très longtemps… vivait un jeune indigène au bord du désespoir. Il était le paria de sa tribu. Chétif et faible, il n’était d’aucune utilité pour son village. Aucune adresse pour chasser, aucune vitalité pour subir bien longuement le travail de cueilleur. Son avenir était sombre. Il était limité à nettoyer les huttes des autres habitants, et il ne pouvait espérer d’avoir une descendance faute de femmes qui s’intéresseraient à lui. Il pensait souvent au suicide, mais manquait de courage.

Il serait resté dans la médiocrité, si un heureux hasard ne s’était pas présenté. En effet, alors qu’il voulut commencer sa triste besogne de nettoyage de l’habitation du chef, il entendit une conversation entre les grands du village. Il décida de les épier. Enfin, ce n’était pas une conversation, mais bien des séries de questions : « Pourquoi le soleil disparaît la nuit et réapparaît le jour ? », « Comment est fait notre monde ? », « Qu’est-ce qui fait tomber la pluie ? ». Personne ne connaissait les réponses.

Le jeune indigène sortit éberlué de la hutte. Pourquoi les vieux s’intéressaient-ils à ces interrogations ? Qui pourrait y répondre ? Et puis, il réalisa quelque chose : « Et si j’inventais les explications ? » Car il faut révéler un fait sur notre énergumène. Ce qu’il n’avait pas en muscle, il le possédait en imagination. La majeure partie de son temps, il le passait à rêvasser. Il s’imaginait parfois comme le plus grand guerrier du village, les femmes à ses pieds.

Il n’attendit pas un instant. Il leur déclara : « Moi, j’ai la réponse à vos questions ! » Et il improvisa. Il créa… les dieux. De merveilleux héros avec des pouvoirs illimités. Le soleil était un dieu dormant la nuit, se levant le jour. La terre était une déesse, les supportant tous sur son dos. La pluie était un don des divinités pour abreuver les récoltes. Les grands du village étaient impressionnés… à l’exception d’un qui restait méfiant. Celui-ci s’exclama : « Comment sais-tu tout cela ? Toi qui n’es qu’un ramasseur de crotte… » Le jeunot ne perdit pas de temps : « Parce que les dieux me parlent… »

Beaucoup furent éblouis. On continua de l’interroger. La nouvelle vedette avait de la suite dans les idées. Puisqu’il était aussi intelligent. Il leur dit qu’il allait devoir méditer, car uniquement les dieux avaient les réponses et c’est à eux qu’ils devaient poser ces questions. Le chef lui demanda ce dont il avait besoin. L’élu répondit qu’il devait se retirer et qu’on devait lui fournir à boire et à manger durant ce moment.

Rendu seul, notre fin stratège se mit à rire. Ça avait mieux marché que prévu. Il avait réussi à gagner des jours sans travailler, et ce n’était que le début. Il avait un plan dans la tête. Une machination.

Cinq jours plus tard, il revint. Il avait convoqué toute la peuplade. Il déclara que les dieux lui avaient parlé, que dorénavant, ils deviendraient les grands protecteurs de la tribu. Mais pour cela, ils devaient rester fidèles à eux… et à leur messager.

Ce dernier donna ses commandements. Premièrement, ils devaient prendre soin du prophète pour que les messages puissent continuer de leur arriver. Chaque pleine lune serait la fête du prophète où on lui rendrait honneur ainsi qu’aux dieux. Et dernièrement, le respect des dieux et du prophète serait sacré, toute remise en question serait vue comme un péché.

Tous se turent à l’exception du sceptique du début. Celui-ci déclara que c’était une fabulation. Notre magouilleur avait prévu le coup et ne perdit pas de temps. « Peuple, si vous n’acceptez pas la protection des dieux, leurs colères fondront sur vous tous. Sacrifiez-le si vous ne souhaitez pas être maudits. » Les habitants, écoutant plus leurs craintes que leurs raisons, attaquèrent immédiatement le récalcitrant. Ils le bâillonnèrent et firent un immense feu. Tout ça sur instructions de leur nouveau guide. Le pauvre fut brûlé vif devant tout ce monde qu’il voulut protéger. De la tyrannie...

De simple indigène, il était devenu prêtre. Souverain des esprits, régnant sur la peur et l’ignorance. Et voilà comment est apparue la plus grande invention de l’humanité.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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