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Accueil >> xnews >> La clairière (réponse au défi de Donald) - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : La clairière (réponse au défi de Donald)
Publié par couscous le 09-10-2016 16:00:00 ( 708 lectures ) Articles du même auteur



Comme à mon habitude, je fais mon footing dans le petit bois à l’entrée du village. La chaleur est encore présente en cette fin d’été. Je porte mon minishort et ma brassière de sport. Le soir tombe peu à peu. Le chant des oiseaux laisse place aux croassements des grenouilles et crapauds qui résident au fond du fossé inondé. Afin de retrouver plus rapidement mes pénates, je décide de couper par la clairière de la Vierge. C’est ainsi que se nomme ce grand espace vide d’arbres. Une légende rurale raconte que la Sainte Madone serait apparue à un jeune garçon ici-même, lui ordonnant de ne plus chasser dans ce bois. Personnellement très cartésienne, ce genre de conte me fait sourire.
Arrivée au milieu de la clairière, je me retrouve soudain immobilisée, posée sur mon pied droit, dans une position un peu saugrenue. Les muscles tendus, je constate que je suis illuminée par un faisceau bleuâtre venant du ciel. J’entends un sifflement qui me vrille les oreilles. Serait-ce la Vierge qui me joue un mauvais tour ? Mais je ne chasse aucun animal, à part quelques moustiques en été. Mon corps se met à s’élever dans les airs. Arrivée à plus de dix mètres du sol, je suis prise de vertige et perds connaissance.
À mon réveil, je constate être couchée à même le sol dans une pièce dont la lumière semble provenir de tous les murs. Je fais le tour de ma cellule exempte de mobilier et de fenêtre. Celle-ci est de forme elliptique. Le silence pesant est brisé par mes cris. J’appelle au secours, je supplie de venir m’expliquer la raison de ma présence ici. Mais rien ni personne ne vient. Soudain, au milieu de ma cellule, apparaissent un bol d’eau et un buisson. Je touche le végétal qui est apparemment bien réel. Je profite de boire un peu mais un besoin pressant se fait sentir. Mes geôliers ont oublié le coin d’aisance. Tant pis, je ne tiens plus et me cache dans le buisson.
C’est à ce moment qu’un être à la couleur orangée et à l’allure dégingandée fait son apparition, juste devant moi. Il semble avoir été formé dans une lampe à lave ; son corps est longiligne, avec deux bras et deux jambes sans réelles articulations. Je me rhabille tout en rougissant. Ses trois yeux me scrutent. Je ne peux détacher mon regard de son visage rond, sans nez ni bouche ni aucun irrégularité à part ses trois globes oculaires bleu électrique. Une voix résonne dans ma tête, avec un accent asiatique marqué : « De quelle espèce es-tu ? ». Je suppute que l’être communique par télépathie. Alors, je pose les index sur mes tempes et me concentre pour répondre :
– Un être humain.
– Ne crie pas ! Je ne suis pas sourd !
Je fais un bond, surprise par la force de l’invective. Mais mon interlocuteur a disparu comme il est venu. L’ai-je imaginé ? Suis-je en train de rêver ? Je l’espère intimement.
Pouf ! Voilà deux E.T. qui me font face. Je crois qu’il s’agit de celui de tout à l’heure avec un autre, plus grand. Ce dernier s’avance et j’entends une autre voix, à l’accent russe cette fois :
– Désolé. c’est une regrettable erreur. Mon équipier vous a confondue avec une biche.
Je continue à penser pour répondre :
– Il est vrai qu’il doit y avoir de nombreuses biches le soir dans cette clairière. Mais de là à nous confondre ! C’est pour cela que j’ai eu droit au bol d’eau et au buisson, je suppose. Il vous faudrait peut-être des binocles… ou plutôt des trinocles dans votre cas !
– Disons qu’il a grand besoin de repos ! Nous parcourons votre monde depuis un certain temps pour récolter des animaux afin de les sauvegarder.
– Nous faisons aussi cela dans nos zoos.
– Mais lorsque la Terre explosera, il ne restera rien. Vos animaux sont si variés et magnifiques. Quelle richesse !
– La Terre va exploser ?
– Oui. C’est prévu pour bientôt.
– Et vous ne sauvez pas les humains ?
– Non, ils sont classés comme espèce nuisible, à ne pas sauvegarder. C’est la seule qui est capable de détruire son propre environnement. En plus, vous êtes vos propres prédateurs. Pour bien faire, il faudrait vous exterminer ! Bien que vous vous entretuiez très bien tout seuls. Mais vous nous faites tellement marrer !
Sur ces paroles, j’entends un concert de rires. Les deux corps orangés se mettent à vibrer et onduler.
– Cela n’a rien de drôle !
– Si ! Regardez vos vêtements ! Là, vous avez caché le milieu de votre corps et votre buste. C’est étrange car ce ne sont pas les parties les plus affreuses. Il vaudrait mieux couvrir vos genoux et vos cheveux ! Ils sont horribles ! Si certains de mes congénères vous voyaient, ils s’extérioriseraient !
– Pardon ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?
– Pour vous, c’est l’équivalent de vomir. Et vos maisons, votre comportement amoureux. Vous faites partie de nos livres de blagues. Faute d’être dans nos encyclopédies, il restera quelque chose de vous après votre extinction. Nous adorons quand vous nous envoyez des sondes et des robots. Nous jouons à cache-cache avec eux. Et comme ils sont aussi bêtes comme leurs concepteurs, ils ne nous trouvent jamais !
– Dites-moi… pourquoi vous avez des accents, l’un asiatique et l’autre russe ?
– Nous avons appris votre langue en écoutant les ondes radio. Nous n’avons juste pas écouté les mêmes !
– Vous n’êtes pas censés être verts ?
– Et vous, vous n’êtes pas tous roses ! Vous êtes parfois noirs, marron, jaunâtres, beiges, rouges. Et bien, nous pouvons être bleus, verts ou encore orange. Bon, il est temps de vous supprimer car vous en savez trop.
– Pas la peine, j’ai la mémoire courte ! Un vrai poisson rouge !
– Ce n’est pas du tout aimable pour ces petites bêtes. Si vous voulez qu’on vous épargne, faites-nous rire !
– D’accord, écoutez cette blague : une Martienne dit à son mari : « Chéri, tu ne prends pas ta soucoupe aujourd’hui ? » et il répond « Non, je ne suis pas dans mon assiette. »
Mon trait d’humour ne provoque aucune réaction et je me retrouve en un clin d’œil au milieu de la clairière, les baskets trempées d’urine. Ils ne souhaitaient apparemment garder aucune trace de mon passage. À mon retour à la maison, je ne peux m’empêcher de raconter mes mésaventures à mon mari. Il m’écoute sérieusement avant d’éclater de rire à la fin de mon récit.
– Tu es passée par le bistrot avant ton footing ? Ou alors tu as traversé une zone infestée de champignons hallucinogènes ?
– Mais non ! Je te jure que tout est vrai.
– Et tu n’as pas su obtenir la date de notre extinction, histoire de frimer auprès des scientifiques ?
– Ben non. Qu’est-ce qu’on fait ?
– Qu’est-ce que tu veux faire ? Porter plainte contre E.T. pour enlèvement et séquestration ? Tu as leur adresse pour la confrontation ? Mais d’abord, va te laver les pieds, c’est une infection…
Très frustrée, j’ai raconté mon histoire à la boulangère, au curé, au boucher, au garde forestier, à la crémière, au pharmacien et même au bourgmestre. Un groupe d’experts a été dépêché sur place. Ils ont fait des prélèvements et des photos du lieu de mon enlèvement ; pas de signe cabalistique, d’altération de la végétation ni de rayonnement radioactif anormal, bref que dalle, juste mon ADN sur quelques centimètres carrés ! Pour tous, mon histoire de grands bonshommes orange était sortie tout droit de mon imagination fertile. Et, depuis lors, la clairière a été rebaptisée en « Clairière de la Folle. »

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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