Quand le soleil s’éloigne emportant ses flammes Le ciel azur perd sa couleur. Apparaissent comme par magie sur un drap d’étoffe de la mer ébène des milliers de sauterelles Aux ailes d’argent et à la voix silencieuse,
Le crépuscule mélodieux tapote de ses petites mains Et s’approche à pas légers. Les ombres se cachent derrière les arbres Prenant l’allure d’épouvantails.
Dans le nord une étoile vadrouille S’approchant de mon cœur, Éclairant mon âme.
Au loin une cloche égrène sa dernière prière Annonçant la fermeture de la maison de Dieu.
Un nouveau présage. Une image violette. Le mystérieux marchant De sa baquette magique Déverse du sable sur les draps froids.
Au loin, à l’horizon une tête blonde, Dans sa lumière transparente Épand des perles sur le lac Et sur la mare.
Sur la place du village, une fontaine Change de couleur. Transparente et tiède elle devient Une ombre de plus en plus mélodieuse. Chuchotant dans son sommeil mais coulant A l’infini de son filet luisant.
Dans les rues, les parfums de fleurs Mélangés au sommeil papillotent. Inerte. Mon cœur dans ce silence chaud. Et ce début de soirée tiède s’endort. Seule mon âme danse sous Ce spectre, et se réveille. Les strophes composent des vagues Sur la mer blanche, Sous une lumière plus en plus Proche du noir de mon encre. J’aime cette veillée ténébreuse Comme une fille de couleur Elle a de longs bras et des cheveux étendus, une natte large.
Sur sa poitrine chaude En silence elle m’embrasse Mon sommeil s’envole Poussant mon âme dans les draps chauds. Sur mon oreiller des songes Dansent en silence me prenant dans Leurs bras légers et bouillants. J’aime cette femme noire.
Zoran Savic
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