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Nouvelles : Robotin et ses amis
Publié par Gilbert le 30-01-2018 14:01:53 ( 989 lectures ) Articles du même auteur




Axel ne se promenait pas par hasard dans le sentier qui, en passant par le bois de la combe, conduisait à l’étang du château. Il avait repéré depuis plusieurs semaines que les nouveaux qui avaient emménagé en septembre allaient s’y promener chaque week-end après-midi. A l’école où il était en CM1, il avait appris leurs prénoms : Il s’agissait d’Elliot, qui était CM2, et de sa sœur Juliette qui était encore en cours élémentaire.
Il avait décidé qu’aujourd’hui il irait à leur rencontre et essaierait de s’en faire des amis, tant il est vrai qu’il s’ennuyait ferme, tout seul, dans ce coin perdu de la campagne bourbonnaise.

Déambulant nonchalamment, mains dans les poches, un petit sifflement aux lèvres, Axel aperçoit ses cibles venant à sa rencontre sur le sentier.

- Salut voisins ! lance-t-il l’air enjoué.
- Bonjour répond Elliot, sur une prudente réserve.
- Salut toi, j’te connais – lance Juliette – t’es chez les moyens grands !
- Vous habitez dans l’ancienne maison de la mère Girondeaux hein ?
- Euh… oui, depuis la rentrée. Confirme Elliot.
- Moi j’habite de l’autre côté de l’étang, mon père s’en occupe, il est garde.
- Il garde quoi ? demande Juliette.

Axel prend alors l’air patient qu’il aime à imiter de son père quand celui-ci lui explique quelque chose de bien compliqué pour ses dix ans.

- Il garde la pêche ! Pour pas que des gens qui n’ont pas le droit viennent prendre les poissons ! Les poissons de l’étang du père Pénaud. Parce que pour pouvoir pêcher dans l’étang il faut avoir une carte. Si tu n’as pas de carte tu ne peux pas pêcher. Tu comprends ?
- Ah oui, et ton papa il en a une de carte ?
- Laisse tomber Juju abrège Elliot qui commence à trouver le voisin de CM1 un peu… comment dire ? Enervant, voilà, énervant.
- Vous allez où comme ça ? poursuit Axel qui sent que le poisson (encore du poisson, décidément c’est une vocation familiale) est presque ferré et qu’une conversation plus sérieuse peut commencer.
- On va faire un tour vers l’étang, répond Elliot.
- Mais on n’a pas de carte ! Lance Juliette d’un air bravache.
- Ça ne fait rien, tant que tu ne pêches pas tu n’as pas besoin de carte. Et puis… puisque vous êtes mes amis… dit Axel avec un clin d’œil appuyé.
- On n’est pas tes amis ! Rétorque brusquement Elliot.
- Mais ça peut se faire, modère Juliette qui sent aussitôt sa petite main broyée par celle de son frère. Aïe ! tu me fais mal. Pourquoi on ne serait pas ses amis ?
- Ben, elle a raison ta sœur, tu sais ici les amis on n’a pas l’occasion de s’en faire beaucoup !
- Tu… connais bien le coin ? Demande Elliot qui, sentant que l’autre a raison, veut faire oublier son ton inamical.
- Ah si je connais ! Ah, ah tu parles ! Je suis né ici, j’ai grandi ici, je connais tous les sentiers, je peux te montrer tous les endroits où tu peux trouver des sabots de vénus ou des tritons.
- Vénus elle a des sabots ? S’esclaffe Juliette qui enchaine sur un air enjoué en sautillant d’un pied sur l’autre : Vénus elle a des sabots, Vénus elle a des sabots…

Alors, pour la première fois depuis leur rencontre, les deux garçons se regardent franchement… et éclatent de rire.

- Allez, je vais vous faire découvrir quelque chose que vous n’avez jamais vu, que vous n’auriez jamais trouvé même en passant cent mille fois devant. Quelque chose que je n’ai jamais montré à personne, dit Axel devenu soudain sérieux. Suivez-moi.

Et il entraine ses nouveaux amis le long d’une petite sente pendue serpentant au flanc de la combe. Bien que le chemin soit à peine marqué entre les arbres, Axel avance d’un pas décidé que Juliette a un peu de mal à suivre. Après quelques lacets, les chênes et les châtaigniers laissent place aux aulnes et aux saules bordant un petit ruisseau qui murmure au fond.

- C’est la Queugne avertit Axel, c’est elle qui amène l’eau à l’étang.
- C’est encore loin où tu nous emmènes ? Demande Juliette qui commence à trouver le détour un peu long et, surtout, difficile pour ses petites jambes.
- Ça va, on arrive. Répond Axel en s’arrêtant et se retournant vers ses compagnons. On est presque arrivés. Maintenant, il faut me jurer que vous ne parlerez à personne, même pas à vos parents, de ce que vous allez voir. Moi, je n’en ai parlé à personne, ni à mon père, ni à ma mère, ni à l’instituteur et même pas au curé. Je suis sûr que si je leur en avais parlé, ils seraient allés voir le maire qui aurait sans doute appelé les gendarmes.

Ce discours prononcé à voix basse et tendue impressionne Elliot plus qu’il ne voudrait le laisser paraitre. La petite main de Juliette se crispe dans la sienne. Il lui jette un regard et s’aperçoit que sa petite bouche se tord comme quand elle va pleurer.

- Bon, alors ça va, tu nous montres ce que tu veux nous montrer et on repart, d’ailleurs il est tard et nos parents vont s’inquiéter.
- Non, d’abord il faut jurer !
- Bon, je le jure, toi aussi Juju tu le jures ?
- Moi aussi !
- Non, il faut jurer et cracher par terre, sinon ça ne vaut rien !

A ce moment-là de l’histoire, Elliot se dit qu’il serait raisonnable de laisser là leur compagnon et de remonter au sentier avec sa sœur. Mais, d’une part la curiosité commence à le tenailler et, d’autre part, retrouver seul le chemin de retour lui parait hors de ses capacités.

- Je le jure et je crache, dit-il.
- Je le jure et je crache, dit Juliette en maculant son menton qu’elle essuie d’un revers de manche.
- D’accord, venez, on est devant.

Axel se dirige alors vers un très vieux mur de soutènement en pierres sèches, presque invisible sous la végétation. Il passe sa main droite dans le rideau de lierre, écarte celui-ci et… découvre une ouverture sombre dans le muret.

- Suivez-moi. Allez, n’ayez pas peur, j’y suis venu des dizaines de fois et j’en suis toujours revenu dit Axel en ricanant.
- Viens Juliette, n’ai pas peur s’entend alors dire Elliot comme hypnotisé pas cette ouverture sombre d’où vient une odeur d’humus et de champignon.
- J’ai ma lampe de poche, suivez-moi, vous allez tomber sur les fesses.
- Oh, un gros mot ! dit Juliette. Tu dois mettre un centime dans la boite à gros mots !
- Silence Juju, viens, suivons-le.

Et là, devant eux, dans la pénombre, sous le pâle faisceau de la lampe de poche se découvre une sorte de grotte profonde de quelques mètres et…

- R2D2 s’exclame Juliette !
- Non, dit Elliot, ça ressemble un peu… c’est aussi différent mais c’est… c’est un, c’est un… robot ?
- Tu l’as dit et bien dit, un robot. Malheureusement il ne fonctionne pas.
- Il n’a peut-être plus de piles ? suggère Juliette.

Cette fois encore, les deux garçons se regardent mais se contentent de sourire. Le moment est trop important pour le franc rire de tout à l’heure.

- Tu as déjà essayé de le faire fonctionner, tu as poussé tous les boutons, bougé les bras ?...
- J’ai essayé des dizaines de fois, rien ne bouge, tout doit être rouillé.
- Non, je ne pense pas, la peinture est intacte, pas une mousse, pas un point de rouille, pas une toile d’araignée.
- Les araignées, c’est moi, j’ai tout enlevé la première fois et je fais le ménage régulièrement.
- Moi j’ai peur des araignées, allons-nous en, j’ai peur répète Juliette au bord des larmes.
- D’accord Juju, on va partir. Axel, reconduis-mous au sentier. Et puis on se retrouve samedi prochain, mais un peu plus tôt, disons vers deux heures de l’après-midi.
- OK chef, dit Axel pour qui un viril langage de héros de télé semble seul convenir à la situation.

Inutile de dire combien la semaine d’école a paru longue aux trois amis. Si Juliette y pensait un peu et avec quelque appréhension à cause des araignées, les deux garçons ne pensaient qu’à ça. A tel point qu’Elliot, pour la première fois de sa jeune vie, se fit réprimander par son professeur : « Alors Elliot, on est ailleurs ? Reviens sur terre veux-tu. »

Le samedi, bien avant l’heure dite, les trois enfants se retrouvent à l’entrée de la sente et Axel met en garde :

- Attention de ne pas casser de branches ou de trop piétiner, surtout ici à l’entrée. Il ne faut pas que quelqu’un d’autre repère notre chemin.
- D’accord dit Elliot, regarde j’ai apporté une autre lampe, celle-ci est puissante et peut être accrochée. J’ai aussi apporté des outils.
- Ah oui, des outils, j’y avais pensé mais si mon père s’était aperçu que je lui prenait ses outils. Oh là là !..
- Bon, on y va ?

Arrivés au mur, Axel écarte le rideau végétal et les trois amis se retrouvent en face de l’objet que, faute de mieux, ils avaient classé parmi les robots.
Pour la seconde fois, Elliot parcourt de ses deux mains toute la surface métallique lisse et froide. Aucune aspérité sur laquelle il presse, frotte ou tapote n’actionne aucun mécanisme et l’objet reste désespérément inerte. Axel, assis au sol, les bras serrés autour des genoux regarde Elliot s’évertuer en pure perte. Il avait déjà fait tous ces gestes, et plus d’une fois ! Elliot pense donc être plus malin que lui ?

- Il y a là, sur la poitrine, une ligne qui dessine un carré aux angles arrondis, dit Elliot, on ne la voit presque pas mais je suis certain que c’est une trappe.
- Comme celle du réservoir d’essence de la voiture de maman ? Demande Juliette.
- Oui, quelque chose comme ça, confirme Elliot.
- Puisque tu as apporté des outils, prend une lame et essaie d’ouvrir, tu verras bien, lance Axel d’un ton rogue.

Elliot, sans relever le ton de son nouvel ami, essaie vainement d’insérer une lame de tournevis dans la fine fente de ce qu’il pense être une trappe. Il tente en haut, en bas, à droite, à gauche. Sans résultat. Malgré la température plutôt basse de la grotte, il sent la sueur perler à son front. Sur le point d’abandonner, il entend Axel s’exclamer :

- Juliette, avec quoi tu joues, pose ça, ça fait de la lumière.
- C’est à moi, répond Juliette, je les ai trouvés dans la poussière. Ca ne brillait pas et maintenant ça brille quand je les approche, et ça ne brille plus quand je les écarte. Brille, brille plus, brille, brille plus…

Elliot abandonne le robot et se tourne vers sa sœur qu’il voit jouer avec deux cubes gris de la grosseur d’un gros dé à jouer. Quand la fillette les approche l’un de l’autre, ils se mettent à briller d’autant plus que la distance les séparant diminue.

- Jette ça immédiatement ! C’est peut être radioactif ou quelque chose comme ça. Donne-moi ça immédiatement ! Dit-il en laissant tomber le tournevis et en se portant mains tendues vers sa sœur.
- Non, c’est à moi ! Crie Juliette au bord des larmes.

Elle cache alors prestement ses deux mains derrière son dos, on entend le claquement métallique des deux cubes l’un contre l’autre et elle pousse un cri de terreur :

- Le robot ! Il bouge ! Le robot bouge !

Lâchant les deux cubes redevenus inertes, elle se précipite dans les bras de son frère en tremblant de peur.
Elliot cache la petite tête de sa sœur dans ses bras et se tourne lentement vers le robot. Au passage il distingue, comme dans un rêve, Axel tétanisé la bouche déformée par un rictus de peur. Il tourne encore un peu la tête et voit :

LE ROBOT S’EST RELEVÉ !!!!!

En effet alors qu’il l’avait laissé, couché sur le dos afin d’avoir accès à la trappe de poitrine, le robot est maintenant redressé et semble flotter à quelques centimètres du sol.

- En quelle année somme-nous, demande le robot ?

Juliette pousse un cri rauque, la parole du robot ajoute à l’effroi.
Elliot, lui, étrangement, se sent soulagé bien que son cœur batte encore à tout rompre. S’il y a possibilité de dialoguer, alors il peut avoir prise sur la situation.

- Calme-toi, ma Juju, dit-il. Il veut causer, on va causer. Ça va toi ? ajoute-t-il en se tournant vers Axel qui semble aussi se détendre.
- Ca va aller répond Axel d’une voix pas encore très assurée.
- S’il vous plait, sauriez-vous me dire la date d’aujourd’hui dans le calendrier Grégorien ? Réitère le robot.
- Nous sommes le 19 octobre 2017, répond Elliot qui ne connait pas d’autre calendrier que celui de tous les jours.
- Ah, donc j’aurais été désactivé durant presque cent années.
- Euh… que veut-dire « désactivé » ? Demande Axel.
- Je répondrai à toutes vos questions mais, auparavant, je dois savoir comment j’ai été réactivé. Je pense que c’est grâce à vous ? répond Le robot.

Elliot lui conte alors avec force détails la découverte de la grotte par Axel, les tentatives d’ouvrir la trappe de poitrine, les deux dés découverts par Juliette, la lumière qui en émanait puis leur rencontre avec un bruit sec et… la réactivation, puisque réactivation il-y-a.

- C’est bien, je vais vous demander maintenant de me restituer les deux dés qui sont en fait un seul et même générateur d’ondes. Les deux parties sont inertes séparément et deviennent fonctionnelles quand elles sont réunies. C’est ce générateur qui a réactivé mes circuits.
- Juliette, demande Elliot, apporte les dés s’il te plait.
- Ah non, jamais plus je ne toucherai à ces horreurs, crie Juliette qui, maintenant debout près d’Axel, cache immédiatement ses mains derrière son dos.
- Je les apporte, moi, dit Axel. Et il tend les deux cubes au robot.
- Soyez remercié jeune garçon dit le robot.

Il unit les deux dés, la trappe de poitrine coulisse sans bruit vers le bas. Il place les cubes dans deux réceptacles exactement taillés à leurs mesures, la trappe se referme aussitôt.
Elliot ressent une sorte de fierté puérile dans le fait d’avoir compris que c’est par cette trappe qu’on a accès aux commandes de fonctionnement de la machine.

- Maintenant je suis prêt à répondre à vos questions. J’ai enregistré que toi tu t’appelles Elliot, toi Axel et toi Juliette.
- Et toi, tu as un nom ? Demande Juliette.
- Non, j’ai un numéro de matricule mais c’est sans intérêt pour toi.
- Alors je t’appellerai… Robotin ! Si tu veux bien.
- Ce nom me plait, il est jeune et gai comme toi, petite Juliette.

Elliot comprend que c’est à lui, en tant qu’ainé, de mener la discussion. Il attaque alors frontalement :

- Tu n’es pas une création terrestre. Il y a un siècle que tu es ici et personne ne savait fabriquer une machine comme toi à cette époque où on ne connaissait même pas encore le téléphone.
- Euh, désolé de te contredire pour le téléphone, il existait bel et bien à cette époque. Pour répondre à ta question sur ma provenance, je viens en effet d’un monde différent de celui-ci et qui s’en trouve très éloigné.
- Et où est-il ce monde ?
- Le lieu ni son nom ne te diraient rien. Il se trouve en bordure de cette galaxie que vous appelez « voie lactée » et à laquelle la terre appartient. Mais presque à l’opposé d’ici par rapport au centre de la galaxie. Cela représente une distance d’environ soixante mille années-lumière pour compter comme vous le faites.
- Mon grand-père m’a expliqué qu’on ne pouvait pas aller plus vite que la lumière, alors ça veut dire que tu aurais mis, au plus vite, soixante mille ans pour venir jusqu’ici ?
- Non, pas du tout. Vois-tu, il y a d’autres voies possibles pour se déplacer dans l’espace et le temps que de voler à une vitesse finie, fut-elle aussi rapide que la lumière. Je ne vais pas te l’expliquer maintenant, il vous suffit de savoir, mes amis, qu’entre le moment où mes créateurs m’ont expédié et mon arrivée sur votre terre, il s’est passé un temps extraordinairement court. Je dirais, pour simplifier, que ce fut quasi immédiat.

Les trois enfants, surtout Elliot, commençaient à avoir le sentiment que « Robotin » les prenait un peu de haut. Mais « mes amis » avait opportunément dissipé le malaise.

- Et ceux qui t’ont envoyé là, poursuit Elliot, pourquoi l’ont-ils fait?
- En fait il y eut, à cette époque, des milliers de sondes semblables à moi qui ont été envoyées dans tous les coins de l’univers, là où il avait été détecté une forme de vie humanoïde évoluée. Moi j’ai été envoyé ici, sur votre planète.
- Et, quel était le but de ta… visite ?
- Le but ultime, je n’en sais rien. Seuls mes créateurs connaissent l’objet de mes explorations.

Elliot est un peu gêné par le terme « exploration ». Cela lui donne un sentiment d’infériorité désagréable. Au froncement de ses sourcils, il devine qu’Axel partage son trouble.

- Mais, quel était ton rôle ? Cela tu le sais ! insiste Elliot.
- Bien entendu, je le sais, il m’est même consubstantiel !
- Bon ! Si tu parles une langue que je ne connais pas, je préfère m’en aller, dit Juliette en se levant et en époussetant le fond de son pantalon maculé de poussière. D’ailleurs, poursuit-elle je suis sure qu’il est tard et qu’on devrait partir avant d’être grondés au retour.

Bien que tout son être, tendu par une irrépressible curiosité, lui dise de rester encore, Elliot consulte sa montre.

- Pas la peine de regarder lance Axel, il est déjà quatre heures passées, ça va mal aller pour nous au retour !

Axel a raison, il faut maintenant partir et courir tout au long du chemin pour ne pas trop dépasser l’heure du goûter à laquelle ils sont tenus de rentrer.

- D’accord, dit Elliot. On part mais on reviendra samedi prochain.
- Sans compter que ce seront les vacances de Toussaint ! Ajoute Axel.
- Eh bien, je serai là, où pourrait aller un robot-sonde sans emploi ? Je vais me mettre en veille et je vous attendrai toute la semaine ici. Fermez bien le rideau. J’aurais horreur qu’on me trouve pour me faire finir mes jours dans des laboratoires où on essaierait de comprendre comment je fonctionne.
- A bientôt Robotin ! Lance Juliette en lui envoyant un baiser.
- A bientôt mes amis.

Durant la semaine les séparant du prochain rendez-vous avec Robotin, les trois enfants rongent leur frein, chacun à sa manière.
Juliette se demandant comment avoir un minimum de confort dans cette grotte, et surtout comment ne pas se salir autant que la dernière fois, maman ayant exigé de savoir où diable elle avait pu faire ça.
Axel étant partagé entre deux sentiments contradictoires : D’un côté il n’est pas fâché que ce soit Elliot, son ainé d’un an, qui prenne les choses en main mais, d’un autre côté, c’est sa découverte à lui, sa grotte à lui et son robot. Et cela lui cause de redoutables dilemmes, le soir, au fond de son lit. Heureusement - ou malheureusement - il s’endort toujours sans avoir tranché et se réveille, au matin, pas plus avancé que la veille.
L’esprit d’Elliot, quant à lui, est en perpétuelle ébullition. La semaine d’école est un cauchemar. A tel point qu’il a droit à un mot à signer par ses parents sur le carnet de liaison. Fort heureusement, l’écart est mis sur le surmenage que les vacances à venir allaient bientôt arranger. Fort conscient des responsabilités qui sont les siennes, vis-à-vis de sa sœur et de son ami Axel, en face de celui qu’il a du mal à nommer « Robotin », il échafaude des questionnaires, des pièges, des répliques à des réponses qu’il imagine non satisfaisantes… En un mot comme en mille, il est obsédé par le robot et par la crainte de ne pas être à la hauteur.
La nuit du vendredi est blanche pour les deux garçons. Juliette se réveille plusieurs fois, appelant maman pour un peu d’eau ou trop de lumière passant par les volets. Maman, chaque fois levée, tâte le front de sa main et de ses lèvres, guettant les prémisses de la fièvre.

- Demain matin nous prendrons ta température.

Le matin en question se révèle pâle et venteux. Il inquiète Juliette qui se dit qu’on pourrait bien l’empêcher de sortir compte tenu de sa mauvaise nuit où elle a dû « couver quelque chose ». Et il inquiète tout autant Elliot qui craint de devoir rester à la maison par précaution et parce que sa sœur est malade.
Axel ne se pose pas autant de questions et, dès le petit déjeuner avalé, se rue vers la grotte pour vérifier que Robotin ne les a pas roulés. Il revient au logis le cœur léger : Le robot est là, inerte, comme il a toujours eu l’habitude de le voir.

Vers la fin de la matinée, le soleil a fini par percer le halo de brume et de nuages. Juliette ne montrant aucun signe de fièvre ou de maladie quelconque, les deux enfants obtiennent sans peine l’autorisation d’aller retrouver leur nouvel ami Axel dès la fin du repas. Inutile de dire que le trajet menant jusqu’à la grotte - que même Juliette sait retrouver seule – a été très vite avalé.

Le rideau de feuillages écarté, ils trouvent Axel déjà assis devant Robotin redevenu inerte. Elliot s’inquiète soudain de trouver le robot ainsi alors que c’est maintenant lui que détient les cubes permettant de le réactiver.

- Il y a longtemps que tu es là demande Elliot ?
- Je viens d’arriver répond Axel. Et lui, dit-il en montrant Robotin, il est là, comme ça, à dormir !
- Ah, vous êtes là, mes amis, dit alors Robotin. Hum... je vous attendais en rêvant.
- Parce que tu rêves ? demande Elliot incrédule et fâché qu’on le prenne pour un naïf, tant il est vrai qu’une machine ne sait pas rêver.
Le rêve est le propre des humains, pas des robots !
- Je rêvais que j’avais rêvé notre dernière rencontre et que j’étais toujours désactivé.
- Ben, dit Axel, tu ne peux pas rêver que tu étais désactivé, pas plus que je ne peux rêver que je ne suis pas né ! Tu ne te moquerais pas un peu de nous, des fois ?
- Bon, d’accord, je ne rêvais pas, je n’étais plus en veille, j’attendais que vous soyez réunis tous les trois, voilà tout. J’ai pensé que ce serait plus gentil de dire que je rêvais.
- Parce que moi tout seul, hein ! s’emporte Axel, ça ne vaut pas la peine que tu te réveilles.
- Calme, calme ! s’interpose Elliot, par ailleurs pas mécontent qu’on l’ait attendu, lui. Robotin est tout simplement maladroit et nous a pris pour des naïfs ajoute-t-il en appuyant sur le « nous ».

Toutefois, il nota dans un coin de son cerveau que la machine leur avait bel et bien menti et, qu’à l’avenir, il serait nécessaire de se méfier.

- On parlait de ton rôle sur notre planète, commence Axel qui, d’emblée, semble avoir épuisé toute réserve de patience envers le robot.
- Oui, bien sûr, répond Robotin, ce rôle était très simple : on me mettait en un lieu et une époque, j’y recueillais des informations et régulièrement, on venait récupérer mes données comme on va à sa boîte aux lettres chercher le courrier. Puis, après un temps plus ou moins long, on me mettait dans un autre lieu et une autre époque et ainsi de suite.
- Donc tes « créateurs » venaient chercher le courrier ? s’étonne Axel.
- Non, bien entendu, cela se faisait à distance, par transmissions.
- Mais, ces transmissions, s’étonne Elliot, elles prenaient un temps fou pour aller et venir entre toi et eux.
- Non, non, c’est comme pour mon déplacement ici, c’était instantané ou presque.
- Je ne comprends pas.

Après un court instant de réflexion, Robotin poursuit :

- Imaginez, mes amis, une grande corde tendue entre une graine qu’une petite fourmi vient de charger sur son dos et sa fourmilière. Pour porter sa graine jusqu’à la fourmilière en trottant sur la corde, si celle-ci est très longue, le voyage de la fourmi sera aussi très long.

Les deux garçons opinent et Juliette commence à s’intéresser à la discussion. L’histoire de la fourmi sur sa corde lui parait amusante. Comme elle ouvre la bouche pour demander si la corde est par terre ou en l’air comme celle du funambule qu’elle a vu à la télévision, Axel lui intime d’un geste impatient l’ordre de se taire.
C’est mal connaitre Juliette !

- J’ai autant que toi le droit de poser des questions, on est tous les trois à égalité. Et si on me laisse de côté… j’en parle à mon papa chantonne Juliette, qui sait bien la force de sa menace.
- Bon, tranche Elliot, va pose-la ta question !
- Plus tard, peut-être, minaude la futée.
- Euh… puis-je continuer ? avance Robotin.
- Vas y répond Axel au bord de l’explosion.
- Alors, imaginez maintenant que, par une singularité de l’espace-temps, on ramène l’extrémité de la corde où est la fourmi et sa graine jusqu’à l’extrémité opposée qui est près de la fourmilière. La fourmi n’a plus qu’à passer d’une extrémité à l’autre en deux coups de pattes et elle arrive quasi instantanément à destination, quelle que soit la longueur de la corde. Vous comprenez ?

Sauf Elliot qui a déjà vu quelque chose comme ça dans un film de science-fiction où le héros faisait une démonstration du même type avec une feuille de papier qu’il repliait et un crayon, les deux autres étaient, disons… « largués ».
Même Elliot a du mal à entrer dans ce monde abstrait où Robotin tente de les emmener et il demande :

- Dit comme ça, c’est simple, mais qui ramène un bout de la corde vers l’autre ?

Si une machine faite de métal, de matériaux synthétiques, de composants sophistiqués et de programmes informatiques peut être déconcertée, alors Robotin l’est comme jamais aucun robot ne l’a été !

- Euh… Eh bien… Non… il n’y a personne qui replie la corde, c’est une image pour vous faire comprendre. En fait il n’y a pas de corde non plus, mais l’utilisation de particularités du continuum espace-temps qui…
- STOOOOP ! rugit Juliette. Tu ne sais pas expliquer les choses, tu compliques tout, tu essaies de t’en tirer avec des mots de ton monde que personne ne comprend.
Je vais te dire, moi comment ça se passe !
Tu es chez toi, sur ta planète « machin bidule », tes « créateurs » comme tu dis te mettent à un endroit qui correspond aussi à l’endroit où on est maintenant tous les quatre et voilà, c’est tout !
Suffit de trouver le bon endroit !
- Euh… Oui… finalement, c’est ainsi que ça se passe, admet Robotin. Le reste n’intéresse en fait que quelques savants dans leurs laboratoires. Moi-même… je ne sais pas tout.
Merci Juliette.
- La prochaine fois, lance-t-elle aux garçons avec un petit sourire narquois, si vous ne comprenez pas, demandez-moi !
- Donc tu as vécu sur terre en différents endroits et à différentes époques. Demande Elliot pour couper court.
- Oui, et quand je dis sur terre c’est sur la terre entière. Et quant aux époques, j’en ai parcouru une dizaine entre deux évènements que vous connaissez sans doute : De la construction des pyramides en Egypte jusqu’à la première guerre dite « mondiale » où j’ai été désactivé.
- Et ça t’a pris beaucoup de temps ? demande Axel.
- Non, très peu, quelques mois seulement. Mes séjours n’ont jamais dépassé quelques heures voire quelques jours et entre chaque mission, on me laissait parfois des jours ou des semaines sans activité. Sans doute le temps d’analyser mes dernières données.
Maintenant, mes amis, il me semble que vous devriez penser à rentrer chez vous avant que vos parents s’inquiètent.
- Nous reviendrons demain à la même heure, dit Elliot.
- Je vous attendrai tous les trois et pourrai vous raconter une de mes missions si cela vous intéresse.
- Bien sûr ! s’écrie Juliette. Tu nous raconteras les pyramides ?
- Ce que vous voulez mes amis. A demain.

Contre toute attente, les trois amis ont bien dormi cette nuit-là. Aucun n’a été tenu en éveil par l’échéance du lendemain dont ils n’imaginent pas que ce puisse être autre chose qu’un récit de la voix de Robotin. Elliot a même craint un moment que cela ne tourne au conte pour enfants sages.
En retournant à la grotte le lendemain, ils essaient bien de se concerter pour savoir vers quelle histoire ils pourraient orienter Robotin mais, arrivés à destination, ils n’ont rien à proposer.

Ils trouvent Robotin déjà en action et comme impatient :

- Bonjour mes amis, avez-vous réfléchi à une période historique ou un lieu que vous aimeriez découvrir ? Ou bien à un personnage que vous aimeriez rencontrer ? Demande-t-il.
- Euh… non, pas vraiment. Répond Elliot après un court instant de silence gêné.
- Bien, ne vous inquiétez pas, c’est normal, surtout pour les plus petits, avance Robotin qui – au passage – fait monter le rouge aux joues d’Axel qui n’apprécie que très modérément d’être ravalé au rang des « plus petits ».
- Je vous propose alors de visiter la dernière personne avec laquelle je me suis entretenu avant d’être désactivé. Il s’agit d’un caporal de l’armée Française rencontré en 1917 durant la grande guerre. Cela vous convient-il ?
- Elliot choisit le parti de répondre oui sans consulter ses amis.
- Alors, je vais vous expliquer comment les choses vont se passer : Je vais d’abord disparaitre et vous allez rester seuls quelques minutes, juste le temps que j’explique à notre caporal ce qui va se passer. Un peu comme je vous l’explique à vous. Au bout de ce petit temps d’attente, vous nous verrez apparaitre tous les deux dans la grotte. Vous nous verrez mais ce ne sera pas réellement nous…
- Un hologramme ! s’écrit Axel, fier de ressortir ainsi du rang des « petits ».
- Oui, confirme Robotin, une sorte d’hologramme. En réalité, il s’agit d’un lien spatio-temporel entre vous - cet après-midi dans cette grotte - et notre soldat sur le front en 1917. Je ne vous expliquerai pas plus en détail le processus car Juliette m’en voudrait encore d’utiliser des mots trop compliqués. Etes-vous prêts ? Alors j’y vais !

Et Robotin disparait comme disparait la flamme d’une bougie. L’attente commence pour les trois enfants, Juliette – impressionnée – se blottit contre son frère. Inconsciemment, Axel se rapproche de ses deux amis. Les secondes et les minutes s’égrènent, longues comme des heures. Puis, lentement, la silhouette de Robotin se matérialise. A ses côtés, un soldat en uniforme bleu, une tasse en aluminium à la main, est assis sur un petit tabouret pliant.

- Nous voici, dit Robotin, je vous présente Claudius, caporal au 121em régiment d’infanterie. Claudius, je vous présente Juliette, Axel et Elliot.

Juliette est la première à prendre la parole. La présence de ce grand gaillard souriant est plus rassurante pour elle que l’attente du retour de Robotin et elle a besoin d’évacuer son angoisse.

- Bonjour Monsieur !
- Bonjour, mes enfants dit le soldat d’une voix chaleureuse.
- Vous en avez, vous, des enfants ? poursuit Juliette, amusée que Claudius ait dit « mes enfants ».
- Non, non, je n’ai pas d’enfants répond l’homme dans un éclat de rire. Mais je suis encore jeune et j’aurai le temps d’en avoir, si le bon Dieu me prête vie.
- Tu n’es pas si jeune ! Rétorque Juliette.
- Ah bon, et quel âge me donnes-tu ?
- Je ne sais pas… l’âge de mon papa ?
- Je ne sais pas quel est l’âge de ton papa, moi j’ai vingt-deux ans.
- Vingt-deux ans s’écrie Elliot ! qui lui en aurait donné quarante.
- Eh oui, vingt-deux depuis presque trois mois. Quand j’ai quitté ma caserne de Montluçon le 7 aout 1914 pour monter au front, je venais juste de fêter mes dix-neuf ans avec mes copains de Commentry.

Une ombre passe alors sur le visage du soldat qui porte sa tasse à ses lèvres et termine le fond de café qui y restait.
Les trois enfants sont impressionnés par ce grand gaillard dégingandé aux joues creuses parsemées d’une barbe inégale de quelques jours. Vingt-deux ans seulement ! Mais comme il a vieilli !
L’homme sort d’une poche de poitrine de son uniforme une courte pipe qu’il bourre en l’enfonçant entière dans une grande blague à tabac en toile. Après l’avoir allumée et avoir tiré une longue bouffée, il reprend :

- Avec les camarades de mon bataillon, nous avons quitté la caserne de Montluçon le 7 aout 14. Nous nous sommes rendus à la gare de chemin de fer à pied et, tout le long du chemin on nous applaudissait. Depuis le pont sur le Cher jusqu’à la gare, les trottoirs étaient noirs de monde. Sur le boulevard de Courtais, on nous jetait des fleurs en nous criant « à bientôt victorieux ». Ah c’était beau ! Ah, nous étions invincibles !

Les trois enfants sont suspendus aux lèvres de Claudius, seule Juliette ose interrompre le récit :

- Vous étiez combien à prendre le train ?
- Mon bataillon ? Pas loin d’un millier ! Et, mis à part les officiers et sous-officiers, tous de la région : de l’Allier, du Cantal, un peu de la Creuse. On était tous du même âge, qui paysan, qui ouvrier d’usine. Il y avait beaucoup de métallos de Montluçon, Commentry…
Commentry c’est mon pays, moi j’y étais apprenti boulanger. Eh bien, dans ma compagnie, on était 6 à venir de là.
Ça n’a pas trainé, le 15 aout c’était le baptême du feu dans les Vosges, à Petitmont.
On s’est battu la journée et une partie de la nuit. Au matin plus de cinquante copains étaient tués et on évacuait plus de trois cent blessés.
Oui, là on a compris que le retour victorieux n’était pas pour le lendemain.
Et depuis on se bat – souvent – et on retourne au repos à l’arrière – pas souvent – et ça dure depuis trois ans.
- Et tu as participé à des batailles célèbres ? Demande Axel captivé par le récit.
- Célèbres, répond Claudius avec un ricanement, je ne suis pas certain qu’on puisse accorder bataille et célébrité. Et puis, tu sais, mon petit copain qui ressemble à une boite de conserve – dit-il et tapotant Robotin – m’a dit que vous étiez des enfants du vingt-et-unième siècle. Je ne peux pas savoir, moi, quelles batailles seront considérées comme célèbres dans cent ans. Moi je prends au jour le jour les combats où on m’envoie sans me demander mon avis. Le dernier est d’il y a deux semaines. Nous avons fini par reprendre le 20 aout, près de Verdun, le village de Cumières-le-mort-homme. Un patelin qui porte bien son nom ! Cette bataille féroce restera-elle dans l’histoire ? Je ne sais pas et, entre nous, ça ne m’intéresse pas de le savoir.
- Cette guerre a fait des millions de morts avance Elliot, et Verdun, comme le Chemin des Dames, sont des noms qu’on apprend à l’école. Tous les onze novembre, on va…
- Elliot, intervient Robotin, c’est Claudius qui parle, laisse-le continuer !

Prêt à rabrouer vertement Robotin, Elliot comprend soudain l’énormité de ce qu’il allait faire : révéler à Claudius que sa guerre se terminerait par un armistice le onze novembre 1918 !
Heureusement, Claudius, peut-être par superstition, ne semble pas vouloir s’engager sur la voie de l’avenir. Il poursuit :

- Je ne sais pas combien de milliers ou de millions de morts cette guerre a déjà fait et fera encore.
Moi je n’ai compté que ceux que j’ai connus, que j’appelais par leurs prénoms, qui étaient de mon pays… Mes copains.
Et qui sont tombés dans la tranchée, ou à l’assaut. Ou qui ne sont pas rentrés d’une patrouille. Ou que l’on n’a jamais retrouvés après un pilonnage d’artillerie.

Claudius tape le fourneau de sa pipe sur le talon de son brodequin, la remet encore tiède dans sa poche, se lève et dit :

- Bien, mes amis, il va être temps pour moi d’aller organiser le tour de garde de ma section. Je vais vous quitter.
Adieu vieille boite de conserve ! dit-il à Robotin.
Adieu mes enfants.

Et, avec un clin d’œil à Elliot :

- J’espère que tous les onze novembre c’est bien notre victoire que vous célébrez.
Avec un peu de chance, ça sera dans pas trop longtemps et j’aurai peut-être la bonne fortune d’être toujours là pour entendre sonner le dernier clairon !

L’image s’estompe alors et Robotin se matérialise instantanément auprès d’eux.

- Voilà, dit-il. Etes-vous satisfaits de cette rencontre ?
- Oui, bien sûr, répond Axel, mais il ne nous a pas parlé de ses batailles !
- Peut-être n’en avait-il pas très envie, suggère Elliot.
- Tu as sans doute raison conclut Robotin. Maintenant mes petits amis, il est temps de rentrer chez vous.
- A demain, venez plus tôt, on a un long voyage à faire, je vous emmènerai voir l’Egypte et ses pyramides.
- Chouette, s’exclame Juliette. A demain Robotin.
- Essayez de trouver une carte de la région ou un atlas, ce sera plus facile.
- Je dois avoir ça dit Elliot.

Le lendemain, ils se retrouvent à l’orée de la sente. Axel est grognon :

- Vous verrez, ça va être encore un hologramme ! J’aurai préféré voir, je ne sais pas… Napoléon, par exemple et parler de ses batailles.
- Des batailles, toujours des batailles, tu ne penses qu’à ça ! Explose Juliette.

Alors qu’Axel se prépare à répliquer vertement, Elliot pousse un grand « SILENCE ! » et ouvre l’entrée de la grotte, accueillis par un Robotin tout prêt pour le voyage sur le cours du Nil.

- Bonjour, mes amis, êtes-vous prêts pour l’Egypte et ses pyramides ?
- Ouiiiiii ! répond Juliette.
- Alors, venez près de moi, retournez-vous, adossez-vous à moi et serrez bien vos pieds contre mon socle. Juliette, s’il te plait mets-toi entre les garçons.
Voilà, c’est bien.
Maintenant, n’ayez pas peur, une sorte de bulle transparente va se former autour de nous.

Et, dans un léger grésillement, une bulle parfaitement sphérique se matérialise autour d’eux.

- Vous pouvez toucher la bulle, dit Robotin, vous verrez ainsi qu’elle est bien solide, un peu comme si vous étiez dans un hélicoptère.
Pouvons-nous partir maintenant ?
- Ouiiiiiiii !
- Attention à la surprise en arrivant !

Bien que prévenus du départ, les trois amis ne s’attendaient pas à une arrivée quasi instantanée à une centaine de mètres au-dessus d’une ville à l’allure étrange.
Et, voyant le vide sous ses pieds, Juliette se met à hurler de peur.

- Que se passe-t-il demande Robotin ?
- Juliette a le vertige ! s’écrie Elliot.
- Ne vous inquiétez pas, je vais obscurcir le bas de la bulle, vos pieds seront ainsi dans une sorte de cuvette opaque et vous n’aurez plus la sensation d’être suspendus dans le vide.
C’est mieux comme ça ?
- Oui, ça devrait aller, répond Elliot qui serre très fort la petite main de sa sœur qui commence à se calmer.
- Bon, c’est toi qui a la carte, Elliot ?
- Oui, c’est moi, attend, je la déplie.
- Nous regardons vers le nord. Que voyons-nous devant nous ?
- Une ville, répond Juliette qui reprend son sang-froid.
- Et deux rivières, complète Axel.
- Cette ville est Khartoum, au Soudan. La vois-tu sur la carte Elliot ?
- Attends, oui, ça y est, j’ai trouvé.
- Alors, dis-nous ce que sont les deux rivières d’Axel.
- Euh… C’est le Nil ?
- Le fleuve unique qui part vers le nord, oui, c’est le Nil
- Ah oui, interrompt Elliot, en dessous il y a le Nil blanc à gauche et le Nil bleu à droite. C’est eux qui forment le Nil ? Je croyais que le Nil était en Egypte.
- Avant de couler en Egypte il a déjà une longue histoire.
Le Nil bleu prend sa source dans un lac d’Ethiopie, vers notre droite.
Le Nil blanc, lui, prend sa source dans le lac Victoria, derrière nous, qui s’étend aux limites de trois autres pays : La Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda. On considère que la source du Nil blanc est la vraie source du Nil. Le Nil bleu n’étant qu’un affluent.
Tu vois le lac Victoria sur la carte ? Montre le à Juliette et Axel.
- Oui, ça y est, j’ai trouvé.

Les trois enfants se penchent sur la carte et Elliot, tout fier, réitère les explications de Robotin en suivant le cours avec son doigt.

- Maintenant, nous allons remonter le cours du fleuve jusqu’au fameux barrage d’Assouan.
- Attends, dit Elliot, les gens au-dessous de nous semblent ne pas nous voir pour l’instant mais si quelqu’un nous voit et nous signale, nous allons déclencher une vraie panique.
- Comme les soucoupes volantes, ricane Axel.
- Ne craignez rien, personne ne peut nous voir.
- C’est bien ce que je disais, un hologramme !
- Non Axel, dément Robotin, nous sommes bien ici en chair et en os – enfin… vous, au moins – et les gens que nous voyons le sont bien, eux aussi.
Ils ne peuvent nous voir car nous sommes, par rapport à eux, dans un très léger décalage spatio-temporel.
- Ce qui veut dire ? Demande Elliot.
- Excuse-moi, Juliette, tu ne vas pas aimer mon explication. Je vais essayer de faire simple :
Nous sommes, de très peu, dans le passé des gens qui sont en-dessous de nous. Ce qui fait que s’ils regardent l’endroit où nous sommes maintenant, il n’y a rien car nous sommes, pour eux, dans un temps déjà écoulé.
Euh… ais-je été clair ?
- Comme d’habitude ! tranche Juliette.
- Peu importe conclut Axel, en avant vers ton barrage.
- Mais, poursuit Elliot, qui n’aime pas ne pas aller jusqu’au bout d’un problème : S’ils avaient regardé un peu avant, le temps de ton décalage temporel ?
- Voyons, réfléchis, répond Robotin : A ce moment-là ils n’auraient rien vu car… nous ne serions pas encore arrivés là.
Ça y est, cette fois, on peut y aller ?

Et, avant d’avoir pu compter jusqu’à 1… les voilà sur la rive droite d’un lac de retenue qui s’étend à perte de vue. Avec, droit devant, un barrage colossal.

- Nous-y voilà, dit Robotin. Voici le barrage d’Assouan. Il a été très longtemps le plus grand barrage du monde.
Je ne vais pas vous assommer de chiffres qui sont tellement énormes que vous auriez du mal à imaginer ce qu’ils représentent. Sachez seulement qu’il est haut de plus d’un kilomètre, long de près de quatre. A sa base son épaisseur fait, elle aussi, près d’un kilomètre.
Il a été construit entre 1960 et 1970 et a nécessité les efforts de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs.
- En 1960 ? Mais comment le sais-tu ? A cette époque tu étais désactivé depuis longtemps, remarque Elliot.
- Oui, tu as raison, mais cela ne m’empêche pas de trouver les informations dont j’ai besoin en utilisant les données disponibles partout sur vos systèmes d’information.
- Robotin surfe sur le Net ! S’amuse Axel.
- A l’origine, poursuit Robotin, il s’agissait de compléter un ancien barrage beaucoup plus petit qui ne donnait pas satisfaction. Celui-ci, outre sa capacité à produire de l’électricité dont l’Egypte avait besoin, devait permettre de réguler le débit du Nil, en particulier d’écrêter les crues qui étaient fréquentes et souvent violentes.
On peut dire que, sous ces deux aspects, il remplit parfaitement son rôle. Toutefois, s’il retient les crues, il retient aussi les limons charriés par le fleuve et qui, auparavant, servaient d’engrais pour les cultures dans la vallée. Aujourd’hui, les agriculteurs ont donc recours massivement à des engrais chimiques.
- C’est quoi les limons ? Demande Juliette.
- Ce sont des particules très fines, plus fines que du sable, qui sont le résultat de l’érosion du lit du fleuve tout au long de son cours. Déposés sur les plaines lors des crues, ces éléments qu’on nomme aussi des alluvions renouvellent les terres et libèrent des quantités d’éléments nutritifs nécessaires à la croissance des cultures.
- C’était donc une mauvaise idée, avance Axel.
- D’abord, il est probable qu’à l’époque on n’avait pas envisagé toute l’ampleur du problème, et puis il y a une question d’équilibre entre les avantages et les inconvénients qu’il n’est pas toujours facile d’arbitrer.
D’autre part, lors de la création de cet immense lac de retenue, qui s’étend sur plus de cinq-cents kilomètres, de nombreux sites archéologiques de l’Egypte ancienne ont été sacrifiés et sont maintenant sous les eaux.
Toutefois, un certain nombre de constructions remarquables ont pu être sauvées, tout simplement en les déplaçant.
Si vous avez assez admiré le barrage, je vous conduit maintenant voir une de ces constructions qui a été entièrement démontée et reconstruite. Il s’agit des temples d’Abou-Simbel construits sous le règne de Ramsès II.

Les trois amis ayant assez admiré le barrage, Robotin vire de bord pour revenir, plus au sud, sur le site d’Abou-Simbel.
Arrivés devant le grand temple, ils sont saisis d’étonnement.

- Tu ne te serais pas trompé, Robotin ? questionne Elliot, tu es certain que c’est cette construction colossale qui a été déplacée ?
- Je ne me suis pas trompé, vous êtes bien devant le temple reconstruit entre 1964 et 1968.
La construction, faite en briques de limon du Nil a été sciée en morceaux transportables par camions puis entièrement réassemblée dans son orientation d’origine mais hors de l’emprise du lac.
- En quoi était-il nécessaire de reconstruire dans l’orientation d’origine ? Demande Elliot.
- Pour conserver une particularité voulue par le Pharaon qui fait qu’à des dates précises de l’année, le soleil levant éclaire le fond du temple.
- Qui sont les gens des statues ? demande Juliette, des Pharaons ?
- Non pas des Pharaons mais LE Pharaon Ramsès II.

Après plusieurs survols du grand et du petit temple, toujours invisible aux yeux de tous, la « bulle Robotin» s’éloigne vers une destination que les trois amis devinent : Les grandes pyramides.

- Voilà, dit Robotin. Nous sommes arrivés sur le plateau de Gizeh, qui est au nord du barrage, pas très loin du Caire.
Nous allons commencer par visiter le Sphinx.

Là encore, les enfants sont émerveillés, et tandis que Robotin leur explique le plus simplement possible le Sphinx, les pyramides de Khéops, Khephren et Mykérinos, ils écoutent à peine tant leurs sens sont subjugués par le paysage.

- J’aurais dû apporter l’appareil photo de mon père, regrette Elliot.
- Ça n’aurait pas été une bonne idée, réplique Robotin. Tu t’imagines expliquant où et dans quelles conditions tu aurais pris ces photos aériennes ?
- C’est vrai, tu as raison. N’empêche, c’est dommage !
- Il commence à être tard, signale Axel qui garde toujours les pieds sur terre. Il va falloir songer à renter.
- Tu as raison, admet Robotin. Auparavant, nous allons faire un rapide survol de la métropole du Caire et jeter un coup d’œil au canal de Suez.

Survolant Le Caire, le paysage leur parait banal après les merveilles qui viennent d’éblouir leurs yeux.
Seul Elliot arrive à trouver un peu d’intérêt au canal. Les petits sont fatigués, surtout Juliette. Robotin, s’en apercevant, limite ses explications techniques et historiques au minimum puis, avec l’accord de ses trois amis, met le cap sur la grotte qu’ils atteignent en un clin d’œil.

- Ouf, dit Juliette, c’était merveilleux mon Robotin. Tient, je te fais une bise. Mais je suis fatiguée et j’ai un peu sommeil.
- C’était fabuleux ! Confirme Elliot
- Qu’avons-nous au programme demain ? demande Axel.
- Je vous suggère de vos reposer demain, répond Robotin, vos vacances sont encore loin d’être terminées et nous avons du temps devant nous.
- Alors à après-demain conclut Elliot.

La fatigue du voyage aidant, tous trois se couchent tôt et sombrent dans un sommeil peuplé de merveilles dont les images se bousculent dans leurs têtes.
Le jour de repos décrété par Robotin est le bienvenu pour se remettre de tant d’émotions. Elliot, sans en parler à personne, commence à écrire leur histoire sur un cahier d’écolier qu’il dissimule au fond d’une caisse de vieux jouets de sa petite enfance.

Et, le jour suivant, en entrant dans la grotte :

Bonjour mes enfants.
Vous le constatez vous–mêmes, Ce n’est que mon hologramme qui est ici.
Je m’en excuse auprès de toi, Axel, qui n’aime pas trop les hologrammes, mais je le fais par nécessité.
Dès l’instant où vous avez réactivé mes circuits, dans cette grotte, j’ai compris que des signaux seraient captés sur ma planète d’origine et qu’il y aurait une réaction négative.
M’appuyant sur toute mon expérience des relations avec mes créateurs, j’avais estimé que la situation ne pourrait durer plus de trois ou quatre jours. Et, depuis le premier soir, j’ai préparé pour vous cet hologramme, mis à jour jusqu’à ma dernière minute.
Il m’est advenu, grâce à vous, une aventure qu’aucune sonde robotisée n’aurait pu envisager dans ses hypothèses les plus folles. J’ai passé des moments auxquels je n’étais pas préparé et que vous qualifieriez d’inoubliables.
Pour tout cela, je vous remercie.
Et, pour que notre rencontre et notre amitié ne soient pas vaines, je vais, comme un vieux professeur, m’adresser une dernière fois à votre raison et à votre cœur qui sont, l’un et l’autre, à l’échelle de votre humanité.
Vous avez parlé avec Claudius, le discret combattant d’une guerre qui n’a rien eu de virtuelle. Avec ses mots humbles, il vous a montré combien la réalité des destructions est terrifiante. Les images de tirs, d’explosions, de coups de toutes sortes doivent être regardées avec beaucoup de recul. La réalité est cruelle, ne la laissez pas se banaliser dans votre esprit.
Nous avons vu ensuite l’Egypte, terre merveilleuse façonnée par le génie humain depuis des millénaires. Retenez, mes enfants, que le legs des générations oubliées n’est pas moins remarquable que les progrès scientifiques et techniques de votre temps. La construction de la pyramide de Khéops, dans les conditions de l’époque, est infiniment plus remarquable que le déplacement des temples d’Abou-Simbel.
Et, surtout, faites tout ce que vous pourrez pour rester au contact des progrès de votre temps. Votre future liberté dépendra, tout au long de votre existence, de votre capacité à comprendre le monde qui vous entoure.
Pour la première fois de votre jeune vie, je vous ai emmenés loin de chez vous, de votre pays. Loin dans ce monde qui est le vôtre car vous êtes, ne l’oubliez jamais, des enfants du monde.

J’aurais voulu vous en dire plus, mais c’était difficile car, n’étant pas humain moi-même, j’ai eu peur que mes recommandations ne se brouillent dans trop de verbiage.

Alors, ma chère Juliette, mon cher Axel, mon cher Elliot, je vous dis maintenant adieu.
Un adieu définitif car, pour ce qui me concerne, je n’envisage aucune possibilité qui pourrait faire qu’on se retrouve un jour.
Pour terminer, je voudrais vous dire que, pour un être synthétique, j’ai vécu avec vous une expérience qui m’a révélé des aspects de moi-même que je ne connaissais pas.

Adieu mes amis.

Et, lentement, comme une flamme qu’on souffle, l’image de Robotin vacille et disparait, laissant la grotte terriblement vide.

Comme si le sol se dérobait sous ses pieds, Elliot tombe plus qu’il ne s’assoit au sol et Juliette se jette dans ses bras en pleurant convulsivement.
Axel, adossé à la paroi, se laisse lentement glisser vers le sol, hébété, incapable de dire un mot ou même de pleurer.

Et ils restent là, inconscients du temps qui passe.
Juliette sanglote maintenant doucement et Elliot lui caresse machinalement la tête, les yeux perdus dans le vide.

Axel est le premier à reprendre ses esprits et encourage ses amis à sortir de la grotte, à aller reprendre au grand air un peu de courage.
Tous trois se mettent silencieusement en marche, vont jusqu’à l’étang, le dépassent et marchent, marchent encore.
De quoi sécher les larmes dans les yeux rougis.
Chacun à sa manière essaie de reprendre pied dans la réalité.

Juliette commence à se demander si tout cela n’était pas un rêve. Et elle y trouve une consolation.
Oui, un rêve, un merveilleux rêve comme personne n’en aura jamais et qui suffit, pour l’instant, à remplir son cœur.

Elliot commence à structurer mentalement le récit commencé qu’il compte plus que jamais poursuivre. Les phrases lui viennent avec une étonnante fluidité, mais aussi dans le plus grand désordre, sans chronologie, et qu’il a du mal à mémoriser au fur et à mesure.
Il comprend qu’il lui faudra beaucoup de patience et de travail pour arriver à produire l’œuvre littéraire dont il rêve. Mais, c’est certain, il y arrivera.

Axel, lui, a retenu une phrase de Robotin qui tourne et retourne dans sa tête :

« Pour ce qui me concerne, je n’envisage aucune possibilité qui pourrait faire qu’on se retrouve un jour. »

Et pourquoi non ? Au fond de lui-même il est certain qu’un jour, lui, il arrivera à trouver la possibilité qui échappe à Robotin.
Pour cela, il faut qu’il devienne un savant. C’est tout !

Ainsi lestés de leurs rêves et de leurs espoirs, ils reprennent le chemin du retour vers leurs maisons.

Longtemps, les parents s’interrogeront à propos d’un changement subtil noté chez leurs enfants.

Mais ça, c’est sans doute une autre histoire.

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.

Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 04-02-2018 16:00  Mis à jour: 04-02-2018 16:00
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Robotin et ses amis
J'ai vraiment adoré ta nouvelle.
Excellente, l'écriture est excellente, juste et vive, les dialogues animent le récit et l'histoire est vraiment attrayante.
Mais voilà je n'ai lu que le premier tiers, c'est trop long pour un site, tu aurais dû diviser l'histoire en chapitre, tu aurais eu plus de lecteurs, car vraiment cela en vaut la peine;
Je vais revenir sur la suite.
Ton récit mérite que l'on s'y arrête. Bravo.
Je vais mettre cette nouvelle en titre à l’affiche sur la première page. Il ne faut pas que sa longueur rebute les lecteurs.

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Auteur Commentaire en débat
Gilbert
Posté le: 05-02-2018 15:41  Mis à jour: 05-02-2018 15:41
Aspirant
Inscrit le: 16-01-2018
De:
Contributions: 36
 Re: Robotin et ses amis
Merci pour ces commentaires encourageants. Je conçois, en effet, que mon texte est un peu long.
Il faut dire qu’à l’origine je l’avais écrit pour mes petits enfants (dont les prénoms sont ceux des protagonistes de l’histoire) et que je ne pensais pas le publier un jour.
A la même époque, j’avais aussi écrit un conte fantastique pour mes petits quand ils auront grandi.
Sa longueur devrait être plus en accord avec le format du site. Je soumets donc ce texte aux avis et commentaires des lecteurs sous le titre du « Chevalier de pierre ».
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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