L'extracteur de bave d'escargot 4

Date 09-07-2021 04:30:00 | Catégorie : Nouvelles


Il faut savoir qu’autrefois, le mollusque subissait des conditions d’extractions bien plus inhumaines, notamment en étant soumis à d’interminables séances d’électrochocs qui avaient pour fâcheuse conséquence une perte substantielle des effectifs, la plupart mourraient de ces mauvais traitements. Le Docteur Fournier, être supérieurement intelligent prônant le cynisme positif a depuis corrigé cette lacune dans la traite de l’animal, établissant de nouveaux protocoles favorisant par la survie de l’animal l’augmentation de leur productivité marginale. La survie de l’animal permet en effet de rentabiliser un élevage d’escargot, grâce aux économies générées sur les achats d’escargot qui étaient jusqu’alors nécessaires aux remplacements des escargots précédemment décédés, obtenant ainsi mécaniquement des gains de productivité. L’espérance de vie des escargots en captivité peut alors atteindre de 10 à 15 ans en moyenne, voire 30 ans pour les spécimens les plus robustes. Ceux-ci sont alors chouchoutés et incités à se reproduire entre eux avec pour dessein d’établir une sélection génétique favorisant l’augmentation de la durée de vie de leur descendance. Il est également recommandé d’utiliser des colimaçons âgés au minimum de 6 à 8 mois, les plus jeunes individus étant peu baveux et encore fragile, soumis à une probabilité de décès accrue lors du processus d’extraction.
La manipulation doit être rapide et précise, l’objectif est de ne pas stresser l’animal avant la traite, afin d’éviter toute déperdition de bave.
L’extracteur recueille de cette manière jusqu’à plusieurs hectolitres de matière première visqueuse -la quantité produite variant également en fonction du degré d’excitation généré par le film (un extracteur expérimenté doit donc savoir choisir le bon film à diffuser) -, qui transitent tout d’abord par le sac de l’aspirateur à bave. Chaque demi-heure, à raison de 1500 à 1800 opérations d’extractions par sous-section, le sac doit être changé, le sac utilisé gorgé de liquide poisseux est placé au-dessus d’une cuve où percé par un robot, il se répand, laissant dégouliner son précieux contenu. La bave (ou mucus) y est brassée, filtrée dans le fond de la cuve puis dispatchée par des tuyaux dans une seconde cuve. Cette seconde cuve alimente directement le centre de retraitement principal. Une partie de la production est alors dirigée dans des camions citernes ayant pour destination les centres de retraitement de la bave. On en compte une vingtaine dans le pays. Les centres de retraitement prennent le relais de l’extraction. Les retraiteurs participent à la finalisation du produit, par l’ajout d’émulsifiants et liants cosmétiques. Leurs fonctions sont infiniment plus complexes. Ils représentent un grade supplémentaire dans la hiérarchie, l’objectif de carrière à moyen terme de tout extracteur rêvant d’ascension sociale étant de devenir retraiteur. Ceux qui échouent se suicident la plupart du temps.
Un retraiteur qui travaille au Centre de Retraitement Principal peut espérer loger à terme dans la Tour, ce bien sûr en fonction de la possibilité de logement vacant. Son nom est inscrit sur une liste d’attente. La vacance de ces logements résulte du décès des habitants de la Tour. Ou d’une disgrâce. Ce qui est pire.




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