Le pirate aux élastiques chapitre 5 partie 1

Date 13-05-2022 16:48:21 | Catégorie : Nouvelles


Sig et Armand auront fort à faire pour se tirer du guêpier dans lequel ils se trouvaient. Sig en vint d’ailleurs à se poser quelques questions, leur poursuivant paraissait tellement acharné à rencontrer Armand le souple que peut-être il développa des sentiments amoureux pour lui. Il s’agissait d’une simple hypothèse sans preuve formelle. Cependant d’un autre côté Loyal le poursuivant n’avait pas de raison particulière de s’acharner à harceler sa proie. Le souple n’avait pas grand-chose de particulier à offrir du point de vue matériel ou des compétences.
Certes il pouvait se montrer jovial et bon vivant. Mais ce n’était pas des richesses qui apportaient prestige ou fortune. Sig espéra pendant un instant que sa théorie sur l’amour soit juste, car elle lui fournira un moyen de s’en sortir. En négociant habilement, en usant d’Armand comme un bon levier, il y aura possibilité d’inciter Loyal à faire preuve de miséricorde, à le convaincre lui et ses dizaines de sbires présents dans les parages de ne se montrer trop sadiques.
Puis Sig se sentit profondément méprisable, tant pis s’il devait mourir qu’il en soit ainsi. Il ne se déshonorerait pas en vendant un ami pour sauver sa peau. Certes il lui arrivait d’avoir des pensées peu reluisantes, comme tout le monde il avait une part d’ombre, néanmoins il était aussi fier de certains de ses principes et actes. Alors même si Loyal et ses hommes constituaient de formidables adversaires, il était hors de question de chercher à tirer profit d’une faiblesse sentimentale en exploitant Armand. De toute façon il existait d’autres motifs que l’amour qui pouvait justifier le désir du poursuivant de traquer ses ennemis.

Sig : Encore toi Loyal, tu nous suis à la trace ou quoi ?
Loyal : Pas du tout, il s’agit juste d’une série de coïncidences, si nous nous sommes rencontrés plusieurs fois.
Sig : Tu désires te venger ?
Loyal : Non j’ai perdu dans un duel loyal, par contre je m’intéresse beaucoup à la prime de Ryu.
Sig : Un pirate qui vend ses semblables a une mauvaise réputation dans le monde des forbans.
Loyal : C’est vrai, mais je ne vais pas abandonner la perspective d’une récompense fabuleuse.
Sig : Tu ferais mieux de laisser tomber, sinon je te carbonise à coup de boule de feu.
Loyal : Je trouve que tu parles beaucoup, j’ai l’impression que tu bluffes.
Armand : Si tu laisses en paix Ryu, et me verse mille pièces d’or, je t’apprendrai la technique « Je vole ton argent Kyaku ». Si tu dessines des carrés pendant cent mille ans avec le nez, tu pourras provoquer le rire à distance sur un adversaire.
Loyal : Tu me prends pour un abruti fini ou quoi ?
Armand : Pas du tout, c’est un expert en arts martiaux qui m’a appris ce redoutable coup.
Sig : Puisque la discussion ne marche pas, place à l’action. Boule de feu majeure.
Loyal : Très impressionnant ta flammèche ridicule, je vais maintenant m’occuper de toi. Mais que ?

Sig loupa magistralement son sort, bien qu’il mette une énergie considérable dans son action magique, il n’arriva pas à générer une boule de feu susceptible d’impressionner des ennemis. Tout ce qu’il fit au premier abord se limita à embraser légèrement un papier qui traînait par terre. Puis l’ambiance changea de façon inquiétante.
Quelque chose semblant dangereux paraissait vouloir se matérialiser, une menace périlleuse avait l’air intéressé par l’idée de répandre le carnage dans les environs. Loyal bien qu’il soit assez fanfaron il y avait un instant, n’arrivait pas à calmer ses émissions de sueur, et les battements de son cœur. Il eut envie de se tancer pour son manque de courage, mais quand il remarqua la tête que faisaient ses hommes, Loyal se dit que son pressentiment ne s’avérait sans doute pas un délire personnel, mais une intuition justifiée.
Il hésitait sur la marche à suivre, s’enfuir augmenterait vraisemblablement les chances de survie, mais d’un autre côté cela serait mauvais pour sa réputation de chercher à prendre la poudre d’escampette, à battre en retraite face à un groupe composé majoritairement de gens idiots. Son indécision vira en une volonté de détaler à toute vitesse, quand il vit le spectacle terrifiant.
La flammèche inoffensive invoquée par Sig se mua en un véritable brasier dont émergea une véritable créature des enfers. Trois hommes fidèles à l’égard de Loyal se firent manger la tête par les trois gueules du monstre. Un chien monstrueux apparut, il ignorait superbement les coups de ses opposants, il se moquait complètement des attaques de ses ennemis, qui ne lui causaient même pas une égratignure.

Armand : C’est quoi ce pitbull géant à trois têtes de cinq mètres de haut ?
Sig : Un cerbère que j’ai invoqué accidentellement. Bon il a l’air focalisé sur Loyal et ses hommes, éclipsons nous discrètement avec Ryu.

Le cerbère était assez intéressé par Sig, s’il parvenait à le tuer, et à ramener son âme auprès de ses maîtres démoniaques, il se ferait bien voir, il obtiendra une récompense. Les démons supérieurs appréciaient de déguster l’âme de mages, ils leur trouvaient une saveur succulente par rapport à d’autres. D’un autre côté le cerbère ne désirait pas subir de douleur vive, or il sentait la présence d’une amulette sur Sig qui signifiera des tourments s’il s’approchait de trop près.
Par conséquent le pitbull était partagé entre son sens du devoir, et sa volonté de ne pas souffrir. Il ne savait pas quoi choisir, puis une blessure légère causée par une épée magique d’un sbire de Loyal le poussa à s’occuper d’abord de ses assaillants les plus actifs. Mais tout n’était pas joué, Armand le souple souhaitait se confronter au pitbull. Il essayait ardemment d’attirer son attention. Alors il faisait des signes avec la main, il insultait le cerbère en le traitant de toutou miteux, il tentait de lui balancer des pierres.
Heureusement il ne jetait que du gravier, ce qui n’était pas suffisant pour faire mal au pitbull. Mais la situation risquait quand même de dégénérer, car Armand mit la main sur un cor en os avec la ferme intention de souffler dedans, de toutes ses forces. Il se moquait du fait que le cerbère taillait sans problème en pièces cinq à six personnes toutes les deux à trois secondes. Le souple tenait à vérifier si la créature canine à trois têtes aimait rapporter les balles.
Armand fut stoppé dans son délire par Sig qui lui fit respirer une substance soporifique. Résultat le souple et ses camarades purent s’éloigner sans incident du cerbère. Armand se réveilla rapidement, il constata d’ailleurs qu’il n’était plus dans un espace de promenade avec des végétaux mais une rue connue pour ses tavernes. Il y avait plein d’établissements vendeurs de boissons dont s’échappaient des chansons paillardes.

Armand : On fait quoi ? On retourne au bateau ?
Sig : J’ai un livre très important pour moi que je désire acquérir, cela ne prendra pas plus d’une heure pour l’obtenir.
Armand : Le cerbère ne risque pas de nous chercher ?
Sig : Maintenant qu’on s’est éloigné de lui, il devrait avoir disparu, il se matérialisait grâce à ma présence proche.
Armand : La magie c’est beaucoup plus dangereux que je pensais.
Sig : Malheureusement j’ai encore du chemin à faire avant d’être un mage confirmé, quand je suis fatigué ou stressé mes sorts ont tendance à déraper.
Armand : Dans ce cas pourquoi avoir recouru à un pouvoir mystique ?
Sig : À cause l’urgence de la situation, je ne voyais que la magie pour nous sortir de notre pétrin.
Armand : Tu sous-estimes gravement le potentiel de destruction de mes timbres.
Sig : Passons à autre chose, tu n’es pas sans reproches non plus. Ton mensonge sur la fameuse technique de combat « Je vole ton argent Kyaku » c’était du grand n’importe quoi.
Armand : Cela me paraissait pourtant assez crédible, je pensais sincèrement que Loyal allait avaler mon bobard, se retrouver enchanté par ma proposition.
Sig : Désolé mais ton histoire se révélait à dormir debout, seul un cas désespéré aurait pu la croire.

Sig comptait acheter un livre sur la magie flamboyante, un ouvrage apprenant à lancer des boules de feu et à générer des flammes surnaturelles, il ne tenait pas à ce que l’incident avec le monstrueux chien à trois têtes se reproduise. Or Sig comprit que ce qu’il possédait comme références littéraires sur les sorts de feu présentaient des imperfections notables. Il était renseigné sur la façon de recourir à un enchantement de flammes, mais pas la manière de l’annuler quand les choses déraillaient.
Alors il comptait se payer «Flammes de combat », un grimoire certes assez cher, vu qu’il coûtait au minimum cinq cents pièces d’or en occasion, mais un ouvrage qui augmentait les marges de sécurité des jeteurs de sort s’entraînant à générer des feux mystiques. En effet le livre était connu pour contenir de nombreux moyens pour aider à s’en tirer quand un enchantement de flammes dégénérait. Il passait pour un peu barbant de par son langage parfois assez technique, mais il constituait une bonne solution pour augmenter à l’avenir les chances de Sig de causer seulement l’apparition de feu, et non d’une créature redoutable à la place avec des intentions hostiles contre lui.
De son côté Armand n’aurait pas été contre qu’un cerbère apparaisse de nouveau, il avait envie de dresser un chien monstrueux pour lui rapporter les timbres qu’il jetait par moment sur l’ennemi. Il ignorait comme amadouer une telle créature, mais cela ne le dérangeait pas outre mesure, il improvisera au moment venu. Il plaçait beaucoup de confiance dans son charisme, même s’il avait du mal à se faire obéir d’un chien normal dans des circonstances favorables.
Quant à Lote et son supérieur hiérarchique Lirnir, tous deux étaient présents dans une caserne militaire de l’île d’Ablu, et ils s’apprêtaient à tendre un piège. Ils mettaient au point des ruses dans une salle aux murs de briques rouges, remplie de cartes et de divers rapports sur les activités criminelles.

Lote : Vice-amiral la nasse est en train de se refermer. Les deux groupes de criminels que vous recherchez devraient être appréhendés facilement.
Lirnir : Bien je suis satisfait de vos services colonel, je m’arrangerai pour écrire un rapport élogieux sur vous.
Lote : Je n’ai fait que mon devoir, et c’est un plaisir de travailler pour vous, j’ai appris plusieurs choses utiles.
Lirnir : Loyal n’est pas le plus gros morceau, il dispose de nombreux subordonnés, mais le groupe où se trouve Ryu est le plus problématique.
Lote : Pourtant vous avez déjà réussi à capturer Ryu il y a environ un mois.
Lirnir : C’est vrai, cependant sans l’avantage de la surprise j’aurais sans doute essuyé un échec cuisant.
Lote : Je crois que vous vous dévalorisez, vous êtes un sacré combattant.
Lirnir : J’ai essuyé plusieurs défaites contre des pirates au cours de ma carrière.

Après avoir fait plusieurs détours, Sig retourna avec ses compagnons sur son bateau, il s’appliqua alors à soigner le violent coup sur le crâne subi par Ryu. Il avait des connaissances en médecine, il ne rivalisait pas avec le savoir d’un docteur. Mais il pouvait faire un bandage propre, réaliser une piqûre sans problème, ou désinfecter une plaie. Il s’agissait d’un savoir inculqué par son maître. Sig connaissait des sorts pour soigner mais il apprit à se débrouiller sans la magie, il était d’ailleurs plus prudent d’éviter de trop compter sur les enchantements. Il existait des endroits dans le monde où recourir à des forces mystiques s’avérait très difficile voire même impossible. Alors il était prudent de disposer d’autres atouts que les sorts pour une personne du type de Sig qui voulait voyager autour du monde. Certaines forteresses de pirates ou de marins bénéficiaient de l’appui de métaux spéciaux qui empêchaient les gens d’employer la magie. Seuls les lanceurs de sorts les plus puissants disposaient d’assez de ressources pour passer outre ce type de protections. Et encore il fallait suivre souvent un rude entraînement pour supporter la présence des matériaux anti-enchantements.
L’état de Ryu ne s’avérait pas trop préoccupant. Il aurait une vilaine bosse, mais il devrait se remettre rapidement du choc qu’il encaissa. Il retrouvera sans doute un état de forme optimal après quelques heures de repos. Le fait d’être assommé ne mettait pas ses jours en danger. D’ailleurs il était un rude gaillard capable de se remettre très rapidement de nombre de maux. En outre Sig agit avec célérité pour prévenir les risques que la plaie à la tête de Ryu ne s’infecte. Il la badigeonna d’alcool à brûler, et fit deux points de suture, tout en usant d’instruments médicaux propres, qui furent chauffées dans de l’eau bouillante.

Ryu : Ourgh j’ai mal à la tête.
Sig : Bois cette décoction de plantes, elle diminuera la douleur.
Ryu : Merci de m’avoir sauvé, sans vous deux je crois que j’aurais des ennuis monstrueux.
Sig : C’est naturel tu es une personne bien, même si je te trouve un peu naïf.
Armand : Ryu tu es un ami, il est normal que je fasse des efforts pour te secourir en cas de coup dur.
Ryu : Vous n’aurez pas affaire à un ingrat tous les deux. Sig si tu désires une aide pour quoi que ce soit, n’hésite pas.
Sig : Il y a bien quelque chose cependant je te préviens c’est franchement dangereux.
Ryu : Si cela me permet d’amoindrir ma dette d’honneur, je te soutiendrais avec joie.
Armand : Je vais paraître cupide, mais est-ce que cela peut rapporter gros ?
Sig : Tout à fait, il s’agit de dépouiller un riche magicien de livres qui valent une fortune.
Armand : Qui dit mage sous-entend peut-être des périls surnaturels.
Sig : C’est pourquoi je demande votre aide, le jeu en vaut vraiment la chandelle. Nous serons riches, si nous réussissons.




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