Le pirate aux élastiques chapitre 6 partie 1

Date 16-06-2022 14:58:32 | Catégorie : Nouvelles




Armand et ses camarades se déplaçaient dans un tunnel rempli de périls, mais ils ignoraient la nature de ce qui les attendait. Pour l’instant Armand le souple fumait de manière insouciante du haschich. Il estimait que cette drogue produisait sur lui des effets salutaires, stimulait son imagination, lui donnait des idées épatantes. Par exemple il pensait sincèrement à combattre en mettant des chaussures au niveau des mains quand il serait confronté à des adversaires. Il enfoncerait ses mains bien profondément dans des bottes pour surprendre ses ennemis.
S’il fallait accorder un possible effet déconcertant à cette action, d’un autre côté cette mesure handicapait sérieusement. Elle gênait les facultés de guerrier, vu qu’elle empêchait de recourir à l’usage d’une épée ou d’une arme à feu. Cela ne dérangeait pas outre mesure le souple qui préférait opter pour l’originalité en toutes circonstances, quitte à perdre en efficacité. Sig dut se retenir de pleurer devant les suggestions débiles de son interlocuteur. Il essaya d’argumenter pour convaincre son ami de renoncer à son souhait à l’égard des chaussures, mais il n’arriva pas à grand-chose de convaincant dans un premier temps.
Heureusement Ryu vint à la rescousse, il affirma que l’usage de bottes tel que le prévoyait Armand n’était pas la meilleure des solutions. Par contre menacer de trancher les pouces des gens sous ses ordres qui refusaient de servir de leurs mains pour les enfoncer de façon permanente dans un panier, tout en badigeonnant leurs doigts de glue extra collante, ça cela constituait une idée épatante. Sig se sentait profondément fatigué et déprimé, il se demandait ce qu’il faisait avec deux compagnons spécialisés dans les délires.

Sig : J’insiste Armand, tu devrais arrêter définitivement le cannabis pour ton propre bien.
Armand : Je suis un pirate, à quoi bon être un hors-la-loi, si on ne peut pas transgresser des interdits légaux ?
Sig : Le cannabis nuit à ta crédibilité en tant que capitaine.
Armand : J’ai quelques problèmes de mémoire à cause du haschich, cependant le bien être que m’apporte les joints sont très utiles.
Sig : Tu subis des effets secondaires très gênants à cause de la drogue que tu prends, par exemple tu deviens très imprudent.
Armand : Je n’ai rien à me reprocher actuellement.
Sig : Tu as émis l’idée que ce serait bien de se tatouer des symboles pirates tels que la tête de mort sur tout le corps, puis d’aller à un quartier général de la marine, narguer des soldats sans chercher à se battre.
Armand : Je ne cours absolument aucun danger. Grâce à mon éblouissant charisme je n’ai pas besoin de me défendre pour gagner un combat. Il me suffit de rayonner pour aveugler mes ennemis.
Ryu : Ton argumentation est un peu légère Armand.
Sig : C’est bien écoute la raison, Armand prends exemple sur Ryu.
Ryu : Je suis plus charismatique que toi Armand, je rayonne bien plus que toi dans le noir. Comme preuve de mon raisonnement, j’éteins notre torche. Il jette de l’eau sur une torche. C’est bizarre on est dans le noir.
Sig (allume une torche) : Vous devriez arrêter vos pitreries tous les deux, le charisme ne peut aveugler personne.
Armand : Je suis ton capitaine donc ton chef Sig, tu ne peux pas m’interdire quoi que ce soit.
Sig : J’ai quand même le droit d’avoir une opinion.
Armand : C’est vrai mais tu n’as pas le pouvoir de me dicter ma conduite.
Ryu : Je crois que si.
Armand : Pardon ?
Ryu : Vu la manière dont tu conduis notre bateau, il vaut mieux que ce soit Sig qui reste à la barre.

Pendant que Ryu plaisantait, une créature poussa un cri féroce.
Quant à Lote, il se questionnait sur la pertinence du choix de Lirnir. Si le mage Siméon apprenait leur non-intervention calculée pour le cambriolage de sa maison, il entrera dans un état de fureur et mettra en danger des carrières et des vies. Or les voleurs qui pratiquaient une effraction dans la demeure agissaient avec une certaine lenteur. Certes Siméon occupait un lieu mal réputé et plutôt isolé que les gens évitaient. Mais d’un autre côté compter sur un cambrioleur comme Armand pour ne pas attirer l’attention, constituait un comportement risqué.
D’après ce que Lote comprit du personnage, il était capable de sacrées performances pour attirer l’attention, du genre faire tirer des feux d’artifices en pleine journée, tout en se trouvant toujours à l’intérieur de la maison où il commettait une effraction. Armand et la discrétion cela faisait souvent deux. Il adorait tellement le clinquant et le panache qu’il fallait des arguments très solides pour l’inciter à privilégier la furtivité. En outre Lote craignait les dispositifs de détection de Siméon, qui seraient capables d’après la rumeur de repérer une fourmi à des kilomètres de distance.
Certes les ragots exagéraient souvent, surtout que le mage s’avérait un vantard qui aimait fanfaronner. Mais s’il y avait un soupçon de vérité dans les rumeurs, dans ce cas rester dans l’inaction pendant que l’habitation du mage était cambriolée, vaudrait des ennuis monstres à Lote et ses camarades marins. Cependant Lirnir semblait garder patience, rester dans l’expectative, refuser de bouger avant qu’un événement majeur ne se déroule.

Lote : Les cambrioleurs de la maison de Siméon en mettent du temps pour sortir, il faudrait peut-être jeter un œil ?
Lirnir : Nous n’avons pas de mandat de perquisition pour justifier notre venue. Donc un juge consciencieux pourrait annuler toutes les preuves que nous trouverons dans l’habitation.
Lote : Même si je déteste les pirates, je suis pour leur éviter de mourir d’une autre main que celle de la justice.
Lirnir : Le manoir est immense, et il possède plusieurs niveaux souterrains. Il se peut que les cambrioleurs farfouillent dans le sous-sol.
Lote : J’ai quand même un pressentiment qui m’avertit que quelque chose de louche se trame.
Lirnir : Les intuitions peuvent être très trompeuses, je refuse de compromettre une opération judiciaire importante sans un motif valable.
Lote : Excusez moi, vous avez raison, je dois me ressaisir.

Lote le colonel sentait que la discussion était close, qu’il ne fallait pas chercher à pousser plus loin l’argumentation sous peine de fâcher son interlocuteur. Mais intérieurement il émettait de nombreuses objections. Il admettait qu’un certain niveau de corruption existait dans les échelons supérieurs. Que parfois les normes et les lois ne servaient que les intérêts de puissants, ne visaient qu’à opprimer les faibles et les pauvres. Mais Lote trouvait difficile à avaler l’idée de s’appuyer sur des criminels comme des pirates pour faire progresser la cause de la justice.
Il avait envie de convaincre Lirnir son supérieur hiérarchique de chercher une autre voie, une option plus honorable. Pour l’instant il manquait d’idées, il ne voyait pas d’alternative valable au plan de son chef. Néanmoins Lote persistait à penser que Lirnir valida un choix très risqué. Surtout qu’Armand le criminel était par moment absolument déconcertant, et adoptait un comportement dévastateur. Lote savait que son supérieur avait déjà une vaste collection d’ennemis. Le colonel craignait que si Armand faisait trop de ravages dans la maison qu’il cambriolait, cela fournisse une superbe occasion aux adversaires politiques de Lirnir de se déchaîner de façon très efficace contre lui.
Lote admirait la franchise et l’implication sur le terrain de son chef, mais il considérait parfois comme contestables certaines de ses idées. Il pensait qu’un jour ou l’autre Lirnir ira trop loin, et que là ses ennemis en profiteront pour obtenir sa dégradation ou son renvoi de la marine.
De leur côté Ryu et ses camarades parlaient à voix basse afin de déterminer la marche à suivre, concernant la créature dont ils entendirent un hurlement dans les tunnels.

Ryu : Quelle est la créature qui a poussé un cri terrible ?
Sig : Je dirais que c’est un hamster-ogre, un monstre à tête de hamster et avec un corps rappelant un humain, mais aussi une taille de plus de quatre mètres pour les adultes et une musculature hypertrophiée.
Armand : C’est un animal fort ?
Sig : Plutôt, il peut soulever avec une seule main un rocher de dix tonnes.
Armand : On fait demi-tour ou on continue ? On n’est pas à notre avantage dans un milieu souterrain.
Sig : Tu as raison, cependant le cœur d’un hamster-ogre vaut une fortune. J’ai entendu parler de mages prêts à débourser plus de cinq mille pièces d’or, pour un organe de ce type en mauvais état.
Armand : Dans ce cas je suis d’avis de poursuivre notre route et d’affronter le péril.
Ryu : Moi aussi.

Lirnir le sévère pensait la situation relativement sous contrôle mais des événements néfastes l’obligeront sans doute à faire des choix qui affaibliront les chances d’appréhender Armand et ses compagnons. En effet Lirnir prenait très à cœur la défense de l’ordre et la préservation de la vie des innocents. Or si lui un des atouts maîtres de la marine restait sur place, il sera indirectement responsable de la mort de centaines de civils. Il contribuera involontairement au décès d’un grand nombre de personnes.
Un groupe important de pirates pillait l’intérieur de l’île, et il se livrait à des ravages monumentaux. De plus le sévère avait un compte à régler avec Loyal le chef des pillards se livrant actuellement à des actes criminels, comme le vol et le meurtre. D’un autre côté Lirnir considérait comme sacrée sa tâche de piéger Siméon le mage, et il voyait le cambriolage opéré dans la demeure de son ennemi comme un excellent moyen de fournir des preuves accablantes contre Siméon. De plus la chute du mage constituait une affaire personnelle très chère pour Lirnir, elle hantait certaines de ces nuits.
Le sévère voyait Siméon comme une espèce d’abomination à abattre à tout prix, un monstre de vice. Problème il avait à opérer un choix cornélien, à opter pour deux alternatives douloureuses. Soit il diminuait sérieusement les chances de piéger le mage, et il sauvait aujourd’hui beaucoup de vies. Soit il se forçait à rester sur place, et il aurait des responsabilités dans le carnage d’aujourd’hui, toutefois il garantissait aussi que dans le futur un grand nombre de carrières et d’existences ne soient pas gâchées. Lirnir ne savait pas sur quel pied danser, son sens du devoir ne sera pas satisfait quel que soit l’option privilégiée.

Lirnir : Colonel, je vous charge d’appréhender Loyal.
Lote : On dirait que cette décision ne vous fait pas particulièrement plaisir.
Lirnir : J’avais très envie de passer les menottes à Loyal, j’ai un compte à régler avec lui.
Lote : Ne vous en faites pas, moi et vingt hommes suffiront pour appréhender Ryu et ses deux complices. Prenez le reste des troupes avec vous et faites vous plaisir dans le centre-ville.
Lirnir : Vous êtes sûr de vous ? Ryu peut vous réserver de très mauvaises surprises.
Lote : Même s’il est très fort, il demeure un homme, et une personne prise au dépourvu est beaucoup plus vulnérable.
Lirnir : Très bien je vous laisse vous charger de l’opération d’arrestation près du manoir, et je vous dis merci.
Lote : Vous êtes un marin exemplaire, vous méritez bien que l’on accorde des faveurs de temps en temps.




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