Le pirate aux élastiques chapitre 6 partie 2

Date 27-06-2022 13:40:29 | Catégorie : Nouvelles


Sig le chevaleresque étudiait les options qui se présentaient pour arriver à affronter sans trop de mal l’hamster-ogre. Il faudrait agir avec une grande intelligence pour parvenir à vaincre la bête sans casse, et subir de blessure. L’animal était un sacré morceau, il pouvait tenir tête sans problème à un groupe de vingt chasseurs aguerris dans le cas d’une confrontation au corps-à-corps.
Alors Sig passa en revue les différents enchantements à sa portée. La boule de feu paraissait une bonne option à première vue mais le chevaleresque craignait des conséquences négatives s’il y recourait. Il se trouvait dans une demeure saturée de magie noire, un endroit où les jeteurs de sorts non habitués réalisaient souvent des gaffes monumentales quand ils usaient d’un enchantement. Bien sûr Sig s’entraîna de manière rigoureuse pour supporter un contexte défavorable quand il employait la magie. Cependant il était soumis à des circonstances particulièrement déplaisantes.
Il sentait des forces maléfiques à l’œuvre qui ne demandaient qu’un petit coup de pouce pour être libérées. Alors le chevaleresque décida de se borner à recourir seulement à de la magie mineure. Et encore il estimait ce choix comme plutôt audacieux. Il y avait de sombres entités emprisonnées dans le manoir, qui étaient peut-être asservies de façon irréfutable à l’égard du propriétaire des lieux, mais qui n’avaient aucun lien de soumission vis-à-vis de Sig et ses compagnons. Alors elles se feront une joie de les tromper, les induire en erreur, et de les piéger pour leur infliger de graves tourments, et peut-être même dévorer leur âme.

Sig : Ce serait bien de mettre au point un plan avant d’affronter le hamster-ogre.
Ryu : J’ai une idée, on cherche une mine de cuivre, on collecte du métal, on forge un canon géant de cinquante mètres de large, et on revient afin de dégommer la créature avec notre arme.
Sig : Cela pourrait nous prendre des années pour réaliser ce que tu demandes.
Ryu : Dans ce cas, on n’a qu’à créer un canon de mille mètres de large.
Sig : C’est encore plus problématique.
Ryu : Et si le canon a une largeur d’un million de kilomètres ?
Sig : Je doute que la planète supporte le poids d’une arme pareille.
Armand : J’ai une meilleure idée, un projet grandiose et simple. On se déguise en pigeon.
Sig : En quoi cela nous aidera t-il ?
Armand : En rien du tout mais on aura une tenue originale pour chasser.
Sig : Peut-être mais nous nous couvrirons aussi de honte.
Armand : Je préférerais que nous ayons un costume de plumes, et non une tenue de honte.
Sig : Laisse tomber voici ce que je suggère. Je prépare un enchantement de tintamarre que je déclencherais derrière le hamster-ogre pour le distraire. Pendant ce temps vous attaquez chacun par un côté différent, pour tuer plus facilement la créature.
Armand : J’approuve ton plan, il me semble élaboré mais accessible.
Sig : Merci je propose d’attaquer devant soi quand je dirais trois.
Armand : Entendu cela me convient.

L’hamster-ogre était une bête impressionnante, ses crocs lui permettaient de mâcher le fer, il était capable de décapiter un homme avec une simple gifle. En plus il semblait dopé à la pierre malnérale, il avait des yeux lumineux verts, un signe de consommation intense de ce caillou aux effets dévastateurs. Alors il fallait craindre qu’il n’ait développé des facultés très gênantes pour ses ennemis, comme une résistance terrible à la douleur, ou une régénération très poussée, du style un bras coupé qui repoussait après quelques minutes d’attente.
Sig se sentait profondément écœuré par la présence de la créature qui ingéra sans le moindre doute une quantité impressionnante de pierre. Il se pourrait même qu’il y ait eu des greffes de minéral à l’intérieur du corps du hamster. Ce procédé générait souvent un raccourcissement dramatique de l’espérance de vie chez le cobaye, mais en retour cela le dotait de capacités particulièrement redoutables. La créature avait l’air d’une terrible incarnation de la puissance, elle semblait invincible en matière de combat rapproché, la défier paraissait totalement idiot.
Néanmoins Sig tenait absolument à s’enrichir considérablement. Or d’après ce qu’il comprit, les biens ésotériques de la maison qu’il cambriolait valait une véritable fortune. Si l’effraction se déroulait bien, il serait à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours. Problème il restait à se débarrasser d’un sacré gardien. Or ses deux complices agissaient d’une façon particulière, ils chargèrent bien le hamster comme convenu dès le début du signal, mais ils y allaient à reculons. Au lieu d’une approche frontale, ils présentaient leur dos à l’ennemi, comme s’ils voulaient se suicider. Ils ne manquaient plus qu’une pancarte achevez moi pour compléter le tableau. Sig réalisa avec effarement qu’Armand en brandissait une avec ces mots inscrits dessus.

Sig : Armand, Ryu pourquoi vous vous comportez d’une façon aussi débile ?
Armand : Cela me semblait la meilleure chose à faire.
Ryu : Je pensais que j’entrerai dans la légende en agissant ainsi.
Sig : Comme personnes ridicules c’est probable. Zut le hamster-ogre nous a repérés.

Ryu : Tu sais quoi faire Armand ?
Armand : Oui il faut danser le tango ensemble.
Ryu : Pardon ?
Armand : C’est un ordre de ton capitaine exécution.

Ainsi Armand et Ryu se livrèrent à une danse devant le hamster-ogre pendant une trentaine de secondes. Au début la créature voulut les attaquer, les mettre en pièces, mais elle était confrontée à une tactique si inédite qu’elle perdit tous ses moyens. Elle n’avait été confrontée qu’à deux cas de figures en général, soit les intrus essayaient de fuir à toute vitesse, soit ils cherchaient à se battre. Un autre élément qui perturba le hamster fut l’absence de peur chez ses deux opposants. D’habitude l’animal suscitait de l’angoisse même chez les gens très courageux.
Pourtant là ses adversaires du moment ne présentaient aucun signe de peur. Ils étaient tellement à fond dans leur délire, qu’ils n’arrivaient pas à se rendre compte de leur côté ridicule, et de la menace extrême pesant sur eux. Ils s’obstinaient à danser de façon gracieuse, et élégante. Ils démontraient un véritable talent dans leur chorégraphie artistique, même s’ils optèrent pour une représentation devant une créature capable de les démembrer en deux trois mouvements.
Le capitaine et son subordonné tendaient le bras droit tout se touchant mutuellement la main droite, se passèrent la main gauche dans le dos. Par contre ils agissaient selon un schéma désordonné au niveau des jambes. Ils se mouvaient selon une logique aléatoire, un coup à droite puis à gauche puis le contraire, puis trois fois à gauche, etc trouver un rythme codifié à leur jeu de jambes semblait très difficile.
La bête trouva extrêmement comique les agissements de ses ennemis. Elle perdit tous ses moyens, bien qu’elle soit habituellement féroce avec les intrus, elle n’arrivait pas à se montrer agressive avec ses deux adversaires. Elle se roula par terre, et se tint les côtes tellement elle estimait absurde et hilarante la performance de ses deux antagonistes. L’animal fut tellement décontenancé par ce comportement burlesque qu’il fit une crise de rire, il s’esclaffa si fort qu’il mourut victime d’une crise cardiaque. La pierre malnérale fragilisait son cœur.

Armand : Bon on a réussi notre coup, prélevons le cœur de l’hamster-ogre.
Sig : Tu as eu une chance insolente Armand.
Armand : Pas du tout je savais ce que je faisais. Les gentilles voix que je suis le seul à entendre m’ont affirmé que la solution viendrait du tango.
Sig : Mais bien sûr, bon procédons à l’extraction, heureusement que j’ai sur moi un gros bocal.

La récolte fut très bonne pour Armand le souple et ses camarades. Ils mirent la main sur un butin exceptionnel. Ils disposaient de véritables trésors mystiques, notamment de grimoires de magie. Ils auraient pu prendre la fuite, néanmoins ils décidèrent de se joindre à la bataille entre les forces de la marine et les pirates de Loyal. Armand et ses deux compagnons agissaient pour des raisons différentes. Le souple désirait acquérir un maximum de prestige, Ryu voulait se venger des marins qui le capturèrent et Sig souhaitait pouvoir exercer une vengeance personnelle contre Loyal.
Les combats se déroulaient sur une vaste esplanade, un lieu plat et dégagé qui s’appelait la place de la victoire, elle commémorait l’emplacement d’un triomphe important de la marine sur des pirates. Bien qu’Armand et ses deux camarades soient une troisième force peu importante en termes d’effectifs, ils se distinguaient quand même de façon certaine, ils influençaient de manière conséquente l’équilibre du conflit.
Surtout Ryu, d’ailleurs il fauchait les vies de deux à trois marins ennemis à chaque seconde, il était une vraie tornade avec ses deux épées. Il malmenait sérieusement ses adversaires. Son arrivée signifia un vent de panique chez les marins. Néanmoins il finit par être stoppé net par Lirnir. Dans un combat loyal il l’aurait emporté, mais son ennemi prit une grosse dose de potion de puissance pour renforcer ses aptitudes martiales.
Ainsi Lirnir brisa avec ses poings les lames de Ryu, puis il l’assomma avec un monstrueux direct. Après cela il se prépara à appréhender Loyal le chef de la faction de pirates la plus importante en nombre dans les environs.

Lirnir : Loyal tu es en état d’arrestation, tu connaîtrais bientôt la corde des pendus.
Loyal : Arrêtes de prendre tes rêves pour la réalité.
Lirnir : Si tu te rends maintenant cela aidera tes hommes à rester en vie.
Loyal : Nous préférons la mort à la prison à vie.
Lirnir : Dans ce cas je vais employer la manière forte.
Sig : Je veux pouvoir tabasser moi-même Loyal.

Sig le chevaleresque donna un violent coup de poing au niveau des abdominaux de Lirnir, par contre il ne parvint pas à faire mal à son adversaire. En revanche il hérita d’une violente douleur au poing droit. Autant Sig se révélait intelligent, et adroit autant sa force était dérisoire comparé à celle de son ennemi. Il n’était pas une mauviette, mais face à quelqu’un comme Lirnir il ressemblait à une fourmi qui essayait de renverser un éléphant. Il avait beau avoir un certain potentiel physique, il n’avait absolument pas le niveau pour constituer une menace dans une confrontation contre son ennemi, même dans un contexte très favorable. En effet Lirnir saturait presque son corps avec de la potion de puissance, déjà qu’il était franchement redoutable à la base, alors en ajoutant son dopage surnaturel, il devenait un véritable monstre.
Le chevaleresque fit bonne figure malgré la souffrance importante suscitée par sa main droite. Il demeurait digne, il ne montrait pas qu’il éprouvait une envie violente d’exprimer une grimace. Par contre dès qu’il aura l’occasion d’être seul, il foncera tremper dans de l’eau froide sa main endolorie.
Lirnir s’autorisa un bref sourire, cependant il ne s’agissait pas de moquerie, mais d’estime. Il appréciait la valeur guerrière de son interlocuteur Sig, qui surmontait une douleur physique importante, qui refusait de dévoiler sa faiblesse à l’ennemi. Néanmoins Lirnir sera impitoyable si ses adversaires pirates refusaient de se rendre, dans ce cas ils seront exterminés sans pitié.

Sig : Je ne te laisserai pas t’en prendre à Loyal, je veux pouvoir lever la main sur lui.
Lirnir : Lote ne vous a pas arrêté ? Il est mort ?
Sig : Nous avons emprunté un passage secret pour éviter les mauvaises surprises du genre les autorités.
Lirnir : Pas pour longtemps, aujourd’hui c’est jour de pêche au gros, je mets en prison plein de criminels.
Armand : Tu devras d’abord résister ou esquiver mes super élastiques avant de faire le fanfaron.
Lirnir : Il en faut bien plus pour m’impressionner, mais soit. Tire si tu parviens à me battre avec ton élastique ridicule, je m’avouerai vaincu, et je vous promets la liberté pour aujourd’hui.
Armand : Ta générosité te perdra.

Lirnir s’attendait à une victoire plus que facile, alors il resta immobile, il ne chercha pas à esquiver. Même s’il admettait que la vitesse de l’élastique envoyé s’avérait impressionnante. Armand se formait comme un forcené au lancer d’élastique depuis l’âge de trois ans. Il négligea pendant plusieurs années son travail scolaire et ses relations sociales pour s’adonner à un entraînement intensif avec des élastiques. Il développa aussi une sorte de sixième sens pour choisir des élastiques de qualité, plus résistants que la moyenne. Il savait avec brio sélectionner des élastiques solides parmi des centaines de modèles différents.
Alors il allait montrer les résultats de sa formation, il prouverait que l’élastique c’était une arme d’avenir, un outil de mort redoutable.
Lirnir souriait franchement, il faillit s’esclaffer, puis il se retint à cause d’un accès de pitié. Ce n’était pas honorable de se moquer des débiles comme Armand, même si son adversaire avait un côté franchement rigolo, en imaginant triompher de quelqu’un avec un objet ridicule tel qu’un élastique.
Lirnir tendit la main pour saisir l’élastique se dirigeant vers lui, et il eut une surprise de taille, il ressentit une violente douleur en frôlant l’élastique avec ses doigts. Puis il fit une découverte surprenante, car il remarqua que les élastiques d’Armand pouvaient assommer quelqu’un, l’envoyer valdinguer dans les airs et traverser plusieurs murs épais en pierre. Ainsi Lirnir la légende de la marine fut vaincu suite à la collision d’un élastique sur son visage.

Sig : J’ai besoin d’une explication, tu as battu une légende vivante de la marine avec un malheureux élastique, c’est totalement absurde.
Armand : Pas du tout j’ai la faculté spéciale de rendre mortels mes élastiques pour mes ennemis, en les remplissant d’esprit combattif. Je peux transformer les objets les plus anodins en armes redoutables.

Loyal : Bravo Armand ton aide a été franchement précieuse, donc je suis disposé à t’accorder une faveur, du moment que tu ne sois pas trop gourmand.
Armand : Je désire une alliance avec toi Loyal.
Sig : Je suis absolument contre cette idée.
Armand : Loyal est un pirate prestigieux, cela m’aidera à construire ma légende s’il se lie à moi.
Sig : Peut-être mais j’ai peur que cela te donne une image peu flatteuse au final.
Armand : Je ne vois pas pourquoi. Tu as des arguments valables pour justifier tes propos ?
Sig : Ben euh, en fait non.
Armand : Dans ce cas l’affaire est entendue, acceptes-tu que nous faisions cause commune Loyal ?
Loyal : D’accord je promets de faire mon possible pour t’épauler en cas de coup dur.

Peu après avoir battu Lirnir, une prime de trente mille pièces d’or fut mise sur la tête d’Armand.





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