"Régression"

Date 10-03-2023 10:39:20 | Catégorie : Annonce


« Régression »










Les médecins spécialisés en psychiatrie ont trouvé un mot pour nommer l’Innommable qu’accompagne l’état mélancolique.
Laisser « transpirer » sa mélancolie, sa merde organique, son pus, son infection s’appelle désormais « régression »…
Le terme est horrible à entendre pour le patient sensible aux mots : il évoque le langage économique. Car il est évident que l’on parle bien souvent de régression de la mortalité infantile : car l’économiste dira volontiers que « la production automobile est en pleine régression »…
En ces temps de « crise », l’heure est ainsi à la « fluctuation » de l’humeur, à l’économisation de la santé…
Le patient est devenu un nombre anonyme, une ombre mal habillée dans un monde où l’on courtise l’Immaculé, l’Impeccable…
C’est pourquoi, je pense que le maniaco-dépressif est inadapté à la société, qu’il est condamné à errer comme un vagabond sur les sentiers boueux de sa vie, tandis que l’« être sain » comme on dit foule l’Asphalte, lieu de l’«Organisation suprême de l’homme fort »…
Vous me direz que le bipolaire jouit de la Nature… Détrompez-vous !!!.... Le bipolaire ne connaîtra jamais l’insouciance au « petit bois de Saint-Amant » ; il est privé de liberté, et ce, jusqu’à son suicide programmé un jour de grisaille urbaine sur un cours en terre battue, celui d’un jeu de raquettes interminable contre lui-même…
Si certains voient la vie en rose, le maniaco-dépressif se regarde se décomposer…
Lorsque sa vie a la « chance » de croiser celle de l’Autre, alors sa souffrance augmente de façon fulgurante ; elle fait une « montée exponentielle » puisqu’il faut parler ainsi… La douleur est décuplée car le sujet devra arborer à la face des gens ses ordures cloacales qui fuiront par tous les pores comme une fontaine désuète recouverte de mousse verdâtre. Ses ordures jailliront, se répandront par terre, offrant ainsi un spectacle d’épouvante. En argot, ça s’appelle « balancer une fusée »…
Alors le sujet ou plutôt le « client » se laissera aller à sa tristesse, c’est-à-dire qu’il reviendra à un état antérieur, qu’il agira avec impuissance, comme téléguidé par ses puanteurs ; il se laissera se salir, s’avilir ; il se laissera redevenir terre…











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