Je me suis longtemps cru immortel...

Date 10-03-2023 10:46:16 | Catégorie : Annonce


Je me suis longtemps cru immortel, surpuissant, parce que doté de cette faculté peu commune à exprimer avec beauté l’Indicible…
Je me suis longtemps cru le bras droit du Christ lorsque mes mots et les couleurs de ma palette s’unifiaient harmonieusement pour créer un nouveau corps céleste, une nouvelle étoile verbale…
Je me suis longtemps cru l’amant de Vénus tant j’ai chanté l’amour par tous les détours possibles du Dit…

J’ai cru beaucoup de choses l’espace d’un pôle positif, l’espace d’un soleil au visage, l’espace d’une passante dans ma vie…

… Puis vinrent les désastres des orages et les ravages des pluies d’hiver…

Aujourd’hui, j’en suis à mes vingt sept années d’état civil et à mes mille années d’état psychique…

… Et je mâche des mots délavés, vespéraux, qui ont trop séjourné dans l’Infect….


Je sais à présent que même le poëte finit entre quatre planches…
Je sais à présent que je suis fait tout comme vous hélas, de sang, de chair, de boue…
Je sais que je pourrai être demain le refuge de la maladie des autres, le berceau de l’Infection des autres, moi qui rêvais hier d’un monde tout bleu, déshumanisé, peuplé de fées jolies, de belles au petit bois de Saint-Amant, d’angelots nus vénitiens…
Je sais à présent que ce n’est guère que dans les poèmes que la Camarde a la saveur exquise d’une mangue…
Je sais à présent que je prendrai mon ultime bain au cœur de l’Angoisse, au cœur des naufrages, au cœur de l’Insupportable, de l’Insoutenable…
Je sais à présent que l’on naît parfois trop humain…
Je sais par contre que le poëte ne devient jamais suffisamment divin car il doit constamment subir sa condition misérable de prétendu enfant de Dieu, laquelle freine son ascension vers les cieux et l’éloigne un peu plus du Seigneur. Le poëte doit lui aussi payer toute sa vie pour une faute qu’il n’a jamais commise ; il restera à jamais un descendant d’Adam éphémère et dégradable malgré ses envolées lyriques…
Je pense qu’il est préférable par ici de se sentir simplement enfant plutôt que de se résigner à sa condition misérable d’enfant de Dieu…









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